1
CHA
que
fi
fon
~ucce:ífeur
vonloit
o~tenir
la
pa~~
,
il
devoit )eur hvrer une fornme pare1Jle
a
celle
qu
J{S
ve–
noient de recevoir.
Le~
Francois allarmés de ces pré–
tentions injuftes, &dans
l'i~p uiífance
d'y_fatisfaire ,
vu les dépradations qu'1ls fou.ffroient deplllS un grand
nombre d'années, cherche rent un chef, dont la a–
leur chaífat ces barbares; leur choix tomba fur
Charles-le-gros,
d~ja
empereur
&
roí
?e
Germanie:
leur efpérance fut trompée; il eft vra1 que
Charl s
avoit monrré dans fa jeuneífe le courage d'un hétos,
mais ce prince qui défi01t" les
p éril~ ~
bravoi t l_a
mort devint
tout-a-~oup
lache
&
tnmde , depms
qu'il ;'étoit révolté contre Louis-le-Germanique fo n
pere. Les éveques auxquels il fir
par~
de fes égare–
mens' ne fe bornerent point
a
lui en faire
horr~ur;
féduits par un faux zele ,
il
l'épouvanterent par tout
ce que la fuperfiition a de plus effrayant. Ils luí firent
croire que le diable s'étoit emparé de luí ;les r emords
du jeune prince
donn~nt
paífage
a
l'impofrure ,
Char–
les
leur permit de faire
(
ut hu tous les exorci(¡nes des
énergurrtenes: ces effra:rantes cérémonies, firenr une
telle impreffion fur l'efprit du jeune prince, que de–
puis il crut toujours voir le diable armé de tour ce que
la vengeante offre de plus horrible: cette trifie perfua–
fion l'agitoit jufques dans fes fonges,
&
il
ne pouvoit
penfer
a
la m0rt fans palir. Voila quelle fut la véri–
table caufe des trairés honteux qui déshonorent fon
regne.
Il
étoit dans ces facheufes difpofitions, lorf–
que les Fran<;ois vinrent implorer fon fecours, &
le conjurer de rece voir le diademe
a
l'exclufion de
Charles-le-fimple , fils poíl:hume de Louis-le-begue,
jeune prince '
a
peine agé de cinq ans'
&
dont les
foibles bras ne pouvoient rien dans ces tems ora–
geux. L'empereur ayant agréé leur hommage
&
re<;u
leur ferment, fongea aux moyens de chaffer de la
France les barbares quila défoloient. Ce prince crut
pouvoir ufer de repréfailles;
&
comme les Nor–
mands fe montroient peu fcrupuleux fur la foi des
traités, il fut peu délicat fur le choix des armes gu'il
devoit employer contr'eux. Godefroy, un de leurs
ducs, l'avoit forcé quelque tems auparavant de
Iui
abandonner, par un traité, le
territoir~
de
H~lou
,
avec une partie de la Frife, & de luí donner en ma–
riage la princeífe Gifelle, fille de Carloman
&
de
Valorade. La crainte qu'on ne l'obligeftt
a
de fembla
bies facrifices ' le détermina
a
ufer de pedidie;
&
fur les nouvelles prétenrions de Godefroy, il l'en–
gagea dans une ile du Rhin, fous prétexte d'une
.conférence,
&
le fit maffacrer lui
&
toute fa fui te.
L'empereur ufa des memes armes envers Hugue,
frere de Gifelle,qui réclamoit la fucceffion de Cario–
roan fon pere, & qui aidé des armes des Normands,
dont il avoit embraífé le parri, avec d'autant moins
de répugnance que Godefroy étoit fon beau-frere ,
auroit pu forcer
Charles-Le-gros
a
la lui refiituer.
Cette perfidie excitant l'indignarion des fujets de
Godefroy, preta de nouvelles armes
a
leur fureur;
ils appellerent
a
leur fecours les autres peuplades de
Normands qui s'étoient établis dans l'empire, fous le
regne de
Charles
& des rois fes prédéceíreurs.
A
yant
ainú formé une armée de
quarant~
mille hommes,
ils en déférerent le commandement a Sigefroy , col–
~egue
& parent du duc que l'empereur avoit fait
1~chement aíraffiner. La ville de Pontoife fut prife &
hrulée par ces farouches vainqueurs qui, fiers de ces
premiers fucces, viRrent mettre le fiege devant París.
C ette ville eC1t été forcée de leur ouvrir fes po rtes ,
fans l'étonnante valeur d'Odon ou Eudes, illufire
comte, que fes héroiques vertus placerent dans la
fuite fur le trone des lis. Les Parifi.ens, apres dix-huit
mois de fiege , fouffroient routes les incommodités
de la guerre, lorfque le roi parut aux environs de
Monrmartre., encore éloigné de la ville qui ne con–
flíl:oit alors
que dans
le
quartier
appellé
la
Cid,
Le
CHA
monarqne, quoiqn'a la tete d'une arm 'e infinimen
plus nombreufe que celle des ennemis, n ofa tenter
l'evénement d'une barailte, bien différent desbraves
Parifiens qui s'expofoient chaque jour
a
périr fur
la.
breche;
il
ne pantt devant les Normands que pour,
demander la paix' qu'il obtint
a
des conditions
hu...
mil_ianres; il s'obligea
a
leur donner fept cens livres
pelant d'argenr;
&
comme il ufoit de delais pour
leur remcttre ce
u
e fomme, illeur donna la Bourgo–
gne en ótage .
CharL~s,
apres ce honteux traité
re–
prit le chemi n de la Germanie, chargé de ld
hai~e
&
du mépris des Fran<;ois , qui
fach~
de
oír leur
fcep~re
en des mam
fi
foibles, formerent le projet
hardt de le reprendre. Eudesaugmentoir les murmll..
r es qu'avoit o ccafionnés la conduite de
Ch rles'
vor.anr_bien _par
~'inclination
de fes compauiotes,
qu 1llu1 feroa factle de fe for mer un tróne d'-' d ' bris
de celui de ce monarque.
Charles
avoit
un
puiífant
foutie n daos Ludouart, év"que de Verceil, fon chan–
celier
&
ion premier miniíhe. Les grands, convain–
cus de la fupériorité
d
génie dn prélar, fentirent que
tant qu'il feroit
a
la tete des affaires '
íl
leur feroit
impoílible d'exécuter leur pernicieux deífeins, qui
en réduifant le monarque au plus affreux malheur
~
ne firent qu'augmenter le\,US maux. Ils formerent la
réfolution de le perdre,
&
ce futaupr' s du roi qu'on
l'accufa; chaque jour c'étoit de nou veaux reproches–
Charles
convaÍQCU de l'intégrité de fon miniftre, luí
co~ninuoi~
fa premiere fdveur; mais que ne peut
la
hat~e ex~Hé e
par l'envie
&
par l'ambition ! L'imp ' ....
ratnce Rtcharde, princeífe pit ufe
a
I'exces, vivoi t
~
la cour avec l'aufiérité d'une cénobite;
&
quoiqu'elle
comptat dix années de mariage, jamais
11
n'en avoít
gouré les douceurs. On publia que la religion de
1
im·
pératrice n'étoit qu'un jeu pour mieux cacher
fes
coupables dégoftts,
&
que cette éroufe ,
fi
chafie
dans le lit nuptial' fe profiituoit avec le minifire..
Charles
trop facile
a
féduire, ajouta foi
a
ces calom–
nies; fe livrant
a
tOllS les exces d'une ame foup<;on–
neufe
&
jaloufe, il chaífa Ludouart avec fcandale
&_r~pudia
la vertueufe Richarde. Un repentir
a~
e;
fmvJt.
~e
pres la pene de l'époufe & la dégradation
du mmlilre : fa confcience délicate fut déchirée de
remords; convaincn de leur innocence , il forma le
projet de les rappeller l'un
&
l'a tJtre ; fes volontés
furent mal fuivi es , les grands le pr 'cipiterent 1ui–
meme dans l'abyme. Convoqués
a
un e aífemblée
générale, ils ne s'y rendirent que pour lui ravir
la
couronne. !ama_is révolution ne fut plus prompte;.
Charles
,
qm
un
míl:ant auparavant donnóit des loix::
a tous les peuples, depuis lamer Adriatique jufgu'a
la Manche,
&
de la V.dtule a l'Ebre; empereur
&
roi d'Iralie, d'Allemagne
&
de France , efi
ro
ut-a~
coup renverfé de tant de trones ,
il
tombe dans
l'abandon le plus affreux; fes propres domefiiques
l'outragent; réduit
a
vívre d'aumones ' c'efiaupres
d' Arnoud,
b~tard
de fa maifon, que le fort éleve
a
fa place, qu'il efi forcé de mendier
ces
foibles
&
humilians fecou rs : (( vous eres' luí dir-il
fltf
un
;, trone que j'occupois
il
y a peu de jours.. :. confi–
" dérez mon infortune ,
&
ne fouffr ez pas qu'un ro!
" de votre fang & qui fut le vorre' manque de ce
»
que vous donnez aux pauvres
H.
Arnoud poífef–
feur tranquille de la plus belle partie de fes états!)
eut peine
a
luí accorder le revenu de trois víl lages:
le prince dégradé ne put furvivre
a
fa dilgrace' lecha–
grín termina fes jours deux mois apres cette horrible
carafirophe
e
quelques-uns prétende nt qu'.il fut
étran~
glé par les o rdres fecrets d'Arnoud), il mourut dans
la troiíreme année de fon regne
&
dans la neuvi eme
de fo n empire. On !'inhuma au monaítere de Riche–
no ue dans une ile u lac de Confiance, avec un éclat
peu digne de fa premiere forrune, maís trop grand
pour eelle
qui l'a
voit perfécuté.
Ce
fut un
prince