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344
CHA
avec Louis le Germanique ,
&
partagea
avec
lui la
Lorraine au préjudice de Louis
¡r,
empereur & r9i
d'Italie, que cette fucceilion regardoit ,<:omme frere
du défnnt. Adrien II
1
qui occupoit le fiege pontifi-
-cal , fit d'inutiles efforts pour engager
Citarles
.a
refiitoer ce qu'il venoit d'ufurper. Piqué d un refus,
il s'en vengea, en rendant le monarque frans:ois
odieux
&
méprifable; il le traitoit dans fes lettres
d'injujle, d'avare
,
de ravif[eur, de parjure
,
d'impie
,
d'ame dénaturte, d'lzomme plus crueL que les hétes fero–
ces
,
&
digne de tous 'les anathemes.
Charles
diffimu–
loit ces_ outra,ge_s
~
fans fonge:_ qu'il _n'y en avoit au–
cun qm ne TeJallht fut fon trone. Hmcmar, farheux
archeveque de Reims, fut le feul qui s'y montra fen–
fible; il écrivit
a
Adrien ,
&
lui retras:a fes devoirs ;
·illeva l'excommunication que Hintmar fon neveu,
-éveque de Laon,
avoit
fulminée centre
Clzarüs
,
a
la follicitation du fougueux ppntife. Adríen, croyant
{on
autorité bleffée , écrivit de nouvelles lettres a u
:roí,
&
tuujours dtns le fiy le le plus
a
mer , 1ui or–
donnant par la puiífance apoíl:olique d'envoyer a
Rome les éveques de Reims
&
de Laon, afin qu'il
·examinar leur conduite. .C'éroit une entreprife nou–
velle
&
contraire aux libertés de Péglife Gallicane,
qui jamais n'avoit fouffért que les caufes commen–
cées dans le royaume en paífaífent les limites.
Charles
fuivant alors les confeils de Hincmar , déféndit
a
Adrien d'ufer davantage de ce fiyle
~
&
lui fit confi–
dérer que les rois de France , fouverains dans leurs
états , ne s'avilíífoient jamais jufqu'a fe regarder
"COmme les lieurenans des papes. Heureux s'il
eih
toujours confervé cette noble fermeté!
Charles
chan–
--gea prefqu'auffi-tot de langage ,
&
il fut aífez ma
u
vais
politique pour fouffrir que le pape nommat un vi–
caire-général en France. La fanté délicate de l'empe–
reur Louis
H ,
f-on neven , étoit le
éritable rnotif
de fes complaifances pour le faint
ege . Jaloux de
poíréder feulle royaume d'Italie avec
le
titre d'em–
pereur '
il
fongeoit a fe faire des partifans centre
Louis le Germanique, fon concurrent. Louis
II
mou–
rut pendant la négociation fecrette du rnonarqu·e
Frans:ois ave-e les pontifes Romains
:
je dis les pon–
tifes, paree que Jean VIII avait fuccédé
a
Adrien.
Charles
paífe auffi-t-üt en Italie. Arreté par Carlo–
man fon neveu , qui lui oppofe pne armée , il a re–
cours a la négociation'
&
fait fes efforts pour cor–
rompre le jeune prince.
Il
lui offre de riches pré–
fens, s'il veut trahir
la
caufe de fon pere. Carlornan
indigné de la propofition de fon oncle, le fomme de
renoncer au fceptre qu'il réclame-, ou de s'en rnon-
. trer digne.
Charles,
humilié par fon neveu , qu'il ne
fait
hi vaincre ni corrompre' met fa gloire a )e trom–
per ; ille conjure de ne pas céder au feu de fon cou–
rage,
&
de confentir au partage de la fucceffion qui
les divifoit.. Carloman devoit fans doute fe défier
d'un priñce aífez lache, pour avoir voulu l'engager
a
trahir les intérets de fon pere.
n
ne fongea qu'a
e-xaminer la demande qui étoit fondée fur les loix ; il
confentit a une fufpenfion d'armes'
a
con.dition qu'ils
fortiroient l'un
&
l'autre d'Italie.
Charles
prodigue
de fermens, jure par tout ce qu'il y a de plus facré
de rentrer dans fes états; mais des qu'il apprend que
Carloman e!l: fur les terres d'Allemagne , il vole
a
Rome , oit il demande avec baífeífe une couronn-e
que Charlemagne avoit long- tems dédaignée. Le
politique Jean VIII ne manqua pas de traiter en
fujet un prince qn'une ambition ÍAconféquente rnet–
toit
a
fes pieds.
Le
pontife , pendant les cérémonies
de cette
inat~guration,
eut foin d'élever la thia-re
(lU–
déífus du d1ademe.
u
Nous l'avo,ns jubé digne du
fceptr '
dit~il,
nous l'avons
evé
a
la dignité
imp éría~
le,& nous l'avons décoré du titre
d'
Augufie "·A
u
titre
d'empereur, Jean VIH en ajouta un nouveau qu'au–
~un
des
pr~déceífeurs
de
Charles
n'avoit brigué ; ille
CHA
fit
fon 'confeiiler fecret. T elle efi la véritable origine
de l'autorité que les fucceífeurs de Jean VIII fe font
arrogée fur le temporel des empe reurs
&
des rois.
Le Chauve avoit prodigué tant d'or , il
s'
'toit plié
av ec tant
de
foupl eífe, que le pape fembla moins
faire les cérémonies d'un facre, que confornmer une
vente.
Charles,
apres avoir res:u Ja couronne impé–
riale , fe rendit
a
Pavie pour y recevoir celle des
Lombarcls qui le traiterent a-peu-pres comme avoit
fait le pontife Romain. Les Frans:ois furent fideles
a
fuivre ces exemples; ils n'eurent aucun égard
a
l'hé–
rédité,
&
avant de luí rendre hommage comme
a
1
eur empereur , ils examinerent s'il en étoit digne ,
&
d~libérerent
comme s'il
eíH
été quefiion d'une
éleétion nouvelle.
4(
N
ous qui fommes aífemblés ,
c'eft ainfi que s'expliquent les états de la France, de
la Bourgogne, de· la Septimanie , de la
N
eu!l:rie
&
de la Provence, l'élifons
&
le confirrnons d'un com–
p1Un
confentement
».
L'empereur parut fi jaloux de
fa nouvelle dignité, qu'elle ne fervit qu'a le r endre ri–
dicnle
&
a le faire méprifer des Frans:ois; ils pen–
foient, ave e raifon, qu'il n'y avoit aucune couronne
fur la terre qui fUt préférable
a
celle qu'avoit portée
leurs fouverains. Trop fiers pour ufer de diffimula–
tion, ils lui donnerent en public les marques du plus
offenfant mépris,
&
s'oublierent jufqu'au point de
luí refufer le falut un jour
qu'il
parut daos l'aífem–
blée paré de tous les ornemens qu'avoient portés les
empereurs Grees
&
Romains.
Il
s'étoit fait accom–
pagner de Richilde fa femme, ce que les aureurs
contemporains ont traité de folie. Ap paremment
que les femmes des rois , c¡uoique qualifiées du titre
de reines, n'avoient point d'entr: 'e dans les aífem–
blées publiques. Cependant le roi de Germanie,
doublement faché d'etre exclu de la fucceffion de
fon neveu ,
&
de voír fon frere fe parer d'un titre
qu'ir avoit acheté par tan t de baífeífes , lorfqu'il
pouvoit le partager fans honte avec lui , jura de le
priver du fruit de fes ufurpations. Les préparatifs
de guerre glacerent d'effroi le monarque Frans:ois.
Ayant paífé le Rhin
&
la Meufe, fon armée porta le
ravage en des:a de ces fleuves; mais la mort qui le
furprit
a
A
tigny, raífura
Charles ,
dont la cupi·
dité n'étoit pas encere fatisfaite. Ce prince, qui ne '
favoit ni gouverner, ni vaincre , étoit fans ceífe en
mouvement pour ufmper de nouveaux états. On ne
l'eut pas.plutót infGrmé de la mórt de fon frere, qu'il
raífembla fes troupes de toutes parts , réfolu
de
dé–
pouiller fes neveux. T elles étoient les funérailles dont
il prétendoit honorer la mémoire de fon frere. Louis
II,
fils du roi de Germanie , voyant l'orage pret
a
inonder fes états, invoque en va in la foi des tr?ités,
la voix du fang
&
de la religion. L'infatiable monar–
que , fans frein dans fes defirs, periifla dans le deffin
de le dépouiller; mais comme
il
ne vouloit rien don–
ner au hazard '
il
feignit de confentir a la paix avec
le jeune prince, tandis qu'il s'avans:a par des chemins
détournés
&
couverts ' a deffein de le fu
rendre
&
de l'égorg er, o u au
mo~ns
de lui créver les yeux.
Il
auroit exécuté cet .affreux projet, úms la ju!l:e
horreur de l'éveque de Cologne pour ce crime. Ce
digne
&
vertueux prélat craignant de paffer pour le
complice de {on maitre, fit dire
a
Louis
de fe
défier
d-e~
embttches de fon oAcle barbare. Le combat s'en–
gagea pres de Meyen ;
&
cé fut pres de ce bonrg que
la viaoire cou ronna le droit,
&
qn e
1a
valeur
:1
· m–
porta fur le nombre. L'arm
'e
de
Charüs
fttt
v~incue,
mife en fuite, fon camp
{}t'ÍS
&
pi
1' ,
tout, fufqu'a
fes équipages , fut la p-roie du vainqueur.
Le
ro!
hontenx de fa défaite , alla fe c;.cher cla ns le monaf–
t ere de Saint-Lambert fur la Meufe, ott la peur ne
lui permit pas de fa ire un long féjopr ;
il
s'enfuit
a
Samouci, pres de Laon, enfuite
a
Querci fur l'Oife.
Tous les peuples éclatoient en lllUrmlll:es centre la
foibleífe