CHA
fui
donnant
la
vllle de Laon.
Il
eft peu important
de
favoir lequel des deux fentimens eft préférable. Le
fort du monarque n'en fut pas plus heureux , ni le
procédé des feigneurs .plus
excufa~le.
11
~ou~ut
l'année
93
o, la cinquanueme de fon age , la vmgue–
me de fon regne.
ll
fut inhumé
a
Péronne daos
l'E–
glife de faint Fourci. Il e
m
le fort des rois détronés
par les tyrans ; perfécuté pendant fa vie ,
il
fut ca–
lomnié apres fa mort: fa fermeté, fa conllance , fes
foíns pour le bien ele l'état, {a valeur
qui
lui fi.t dé–
fier Robert : fa tendreífe pour fes fujéts, qu'il em–
braífoit dans le tems qu'il en étoit trahi, {embloient
lui-mériter un tirre , finon glorieux, au moins plus
décent que celui de
jimple,
que l'injufie pofiérité ne
ne fe laífe pas de
luí
voir. Une chronique lui donne
le nom de
faint:
fa bonté, fa jufiice, fa patience dans
le malheur le lui ont effethvement mériré.
Il
eut
trois femmes : la premiere , dont le nom efr ignoré,
donna le jour a Gifelle, mariée au dnc de Norman–
die qui la traita moins en roi qu'en tyran; Frede–
run; , la feconde, mourut fans enfans; Ogine , la
troifieme, eut Louis, que fon fang
&
fes malheurs
appelloienr au trone de-France. (
T
-N.)
CHARLES
V, (
Hifl. de France.)
fils
&
fucceífeur
du roi ean' étoit agé de vingt-fept ans lorfqu'il par–
vint
a
la couronne. Le furnom de
fage
qui lui fut
donné par fes fujets , lui a été confirmé par la pofré–
rité
qui Ú!nle a droit de
jl~ge~
les.rois.
!1
efl: le pre–
mier des fils de France qm alt pns le tltre de
dau–
phin.
Le commencemen
t defon regne fut agité par
la
guerr~
qu'il eut
a
fout
n.ircont~e Charles~le-~au
vais, ro1 de Navarre,
qUI form01t des pretenuons
fur la Bourgogne, la Champagne
&
la Brie. Cette
querelle fut décidée par la bataille de Cocherel,
entre Evreux
&
Vernon. Le captal de Buch, géné–
ral de l'armée Navaroife, fut défait
&
pris prifon–
tlÍer par le célebre du ?nefclin, le plu.s grand capi–
taine ele fon fiede. Cet echec forc;a le ro1 de Navarre
a
foufcrire aux conclitions qui lui furent impofées.
n
renonca a toutes fes prétentions ;. on ne lui laiífa
que le
c~mté
d'Evreux qui éroit fon patrimoine,
&
meme on en détacha Mante
&
Meulan ; on lui donna
pour dédommagement Montpeliier avec fes dépen–
dances. La France étoit alors ravagée par une fol–
Qatefque licentieufe, plus
a
redouter dans la paix
que dans la guerre. C'étoit les grandes compagnies
qui, mal payées du rréfor public, s'en dédomma–
geoientfur le cultivateur.
Du
Guefclin, pour en pur–
ger l'état, les conduíftt en Efpagne, ou
il
dépouilla
du royaume de Callille Pierre-le-cruel pour le don–
ner
a
Henri de Traníl:amare , frere
b~hard
de ce
prince fanguinaire. Du Guefclin , qui faifoit les rois,.
fut élevé
a
la dignité de connétClble de Cafrille.
Le prince de Galles fe déclara le proteéteur du roi
détroné qui s'étoit réfugié
~n
Guyenne; ille rétablit
dans fes états : mais
Pierr~
accoutumé a violer les
droits les plus facrés, fut bientot ingrat envers fon
bienfaiteur, dont il fut abandonné. Henri , foutenu
de la France, rentre dans la Cafiille dont il fait la
conquete,
&
tue , de fa propre main, Pierre-le-cruel.
La révolte de la Guyenne donna naiífance
a
une
guerre. Les peuples de cette province gémiífant
fous le fardeau des impots, en appellerent aupar–
lement de Patis , o\1 Edouard, com
me vaífal de la
couronne , fut cité. Ce prince, trop
fi.erpour com–
prorriettre fa dignité, refufa de corn
paroitre,
&
fur
ce
refus , tout ce qu'il poffédoit en Fr.ance fut dé–
daré confifqué. Ce n'étoit point par des édits qu'on
devoit efpérer foumettre un prince qui avoit des
armées.
Dn
Guefclin, plus puiífant que les mena
ces
ftériles d'un tribunal pacifique, entra dans la Guyen–
ne , le Poitou, la Saintonge, le Rouergue, le Péri–
gord
&
le Limouún qu'il enleva aux Anglois. Cette
rapide
conquete
lui
mérita l'épée de
connéta~le
de
-
...
CHA
349
France. te
duc
deBtetagne,qui avoit
eihbraífé
la caufe
d'Edouard, fut déclaré rebelle par arret du parle..
ment. Ces arrets impuiffans étoient toujours les pre..
mi~res
armes qu'on
~mployoit; rna~s
elles ne frap ...
potent que le plus f01ble,
&
leur pomte s'émouífoit
centre le plus forr . Une treve conclue avec l'An–
glererre,rendit
a
la France tour ce qu'elle avoit perdu
fous le roí
J
ean. Les Anglois fi.rent une plus gr.ande
perte en perdant le prince de Galles, l'efpérance de
fa nation. La mort l'enleva
a
l'age de quarante-fix
ans.
Il
fe. rendir a jamais célebre fous 1e no
m
dtt
prince noir:
ce ne fut point la couleur de fon teint
qui
le fit ainfi appeller, mais c¡'eft qu'il portoit des armes
noires pour paroitre plus terrible. La mort du roi
d'Angleterre facilita
a
Charles
les moyens d'achever
la
conquete de la Guyenne. Le roi, apres avoir fait
prononcer la confifcation de la Bretagne, la réunit
a la couronne pour crime de félonie; mais la France
avoit trop
d'emban~as,
&
le duc étqit trop puiífant
pour qu'on put réalifer cette réunion. La rnort priva
l'état de fon plus brave défenfeur.
Dn
Guefclin,
do
m
la vie n'avoit été qu'une continuité de
iaoires
~
mourut
a '
e foixante-ftx ans. La juile reconnoif–
[¡
ce de
maitre fi.t placer fes cendres
a
Saint–
Denis , dans le tombeau des rois. Sa mémoire fut
r_efpettée des ennemis qui avoient éprouvé fa va–
leur. Les capitaines qui avoient appris a vaincre fous
lui,
refuferent l'épée de connétable comme n'étant
pas dignes de la porte
r apres unfi
grand homme;
il
fallut faire violence a
Olivier.deCliífon, fon émule
de gloire, pour 1acc
epter.Charles
Y.
ne furvécut pas long-tems au héros qui
avoit fait fa gloíre.
Il
avoit été empoifonné n'érant
encore que dauphin, par le roi de Navarre. Les rné–
decins arreterent les progres du mal' fans en tarir la
fource; fa plaie fe referma,
&
fentant fa fin appro–
cher, il donna plufieurs. édits pour fupprimer quel–
ques impots dont le peuple étoit furchargé. C'étoit
faiúr trop tard le moment de faire des heureux;
mais on abandonne fans 'regret le bien dont on ne
peut plus jouir.
Charles
mourut en
13
8o, laiffant une
mérnoire précieufe.
Ce prince , lent dans fes délibérations, ne prit
ja–
mais de parti avant d'avoir confulté ceux qui pou–
voient l'éclairer. Mais trop infiruit luí meme pour
fe laiffer gouverner, il pefoit les confeils,
&
ce
n~é
toit qu'apres un févere examen qu'il fe décidoit.
Quoique fon regne fftt unregne de guerre
~
il ne pa•
rut jamais a la tete de fes armées. Appréciateur de
fes propres talens, il eut le courage de reconnoitre
la fupériorité de Du Guefclin
&
de Cliffon dans l'art
de la guerre.
11
crut
qu'il
étoit auffi glorieux de fa–
V9ir
choiftr fes généraux; 9ue de remporter foi-me–
me des viél:oires. Les differentes guerres qu 'il eut
a·
foutenir contre les Anglois, lui firent fentir la né–
ceffité de créer une marine. Le feigneur de Couci fut
le premier amiral qu'on vit en France. Mais cet éta–
bliífement tomha dans le dépériffement fous les re-.
gnes fuivans,
&
ne fnt renouvellé que {ous le
rni–
nifrre de Richelieu. Ce fut
Charles
V.
qui fonda cette
fameufe bibliotheque du roí qui a res;u tant d'ac..
croiffemens fous les rois fes fucceífeurs,
&
fur-tout
fons Louis XIV.
&
Louis XV. Le roi Je
an n'avoit
laiífé qu'une vingtaine de volumes,
&
fQn
fi.lsen raf–
fernbla jufqu'a neuf cens.
11
efi vrai qu'
ils étoient
plus propres
a
arreter les progres de l'efprit qu'a
les étendre. La plupart traitoient de
1'
Afrrologie, de
prétendus fecrets magiques
&
d'hifioires fabuleufes
&
romanefques. Les écrivains du íiecle d'Augufre
&
des beaux jours de la Grece n'étoient point encore
tirés de l'oubli. Ce fut
Charles V.
qui donna l'ordon–
nance qui déclare les rois majeurs
a
quator'ze ans.
Ce réglernent avoit befoin d'interprétation. Le chan..
celier de
l'Hopi_tal ,
fous le
regne de
Charl~s
IX
1