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CHA

fit

partir auffi-tot Louis, fon fils; mais cette dé–

marche ne fit qu'augmenter le défordre

,,

&

n'op 'ra

aucune crévolution.

Citarles

fit relfouvemr le germa–

n.ique de leur ancienne alliance ,

&

le d

f

termina

a

r.appeller fon fils. Les Aquitains fe

~oyant

aban–

donnés

cléputerent ven;

CharLes,

hu d€mandant

pour

le~ gouv~rne~ u~

d; fes fils qui

porto~t f<~n

r:om;

mais ayant éte degoutes de ce Jeune

prm~e,

1ls

le

chaíferent du trone ou ils venoient' de le placer,

&

rappellerent Pepin leur ancien maitre , auquel íls

nrent bien-tot eífuyer le meme affront. Il n'étoit pas

au pouvoir dn fouve:ain defaire ceífer.ces

fc~nes

avi–

lilfantes. Plufieurs fe1gneurs de Neufine avo1ent part

<\

ces

mouvemens ; ils firent quelques démarches

pour rentrer daos le devoir.

Charles,

pendanr cette

négociation, parut ·enco:e en

fubaltern~,

.&

leur fit

des offres au lieu'<ie leunmpofer des lotx: tlleur en–

voya des députés de la

~remiere conf:dérat~o? ~es

féliciter fur leur retour;

ü

les exhortolt

a

hu ectnre

fur ce qu'ils trouvoient de ?éfeétueux,

da~s

fa

~on­

duite, promettant de fe

~ornger. S~s

?eputes avment

ordre d'ajouter que , s 1l manqumt a fa parole , les

grands, dont ils faifoient partie;

f~nroient

bi.en

l'y

contraindre ; qu'au reíl:e, comme 1l ne voulon let!r

faire aucune violence , ils feroient toujours libres de

fe ho1fir un antre maitre. Ce n'étoit pas ainfi que

Charlemagne, fon a!eul, en ufoit envers les rebel–

les; c'éroit le fer a la main qu'il fignoit lenr grace;

&

qu'elque cher que lui fut un coupable, fon fang

lui rérondoit toujours d'l'lne feconde faute. Les re–

beUes fe rendirent

a

l'aífemblée générale , qui fut

indiquée"

a

V erberie '·non

pou~

y en;e?dre

pr~noncer

leur arre't , com

Ils y aur01ent ete contramts ,

fi

les loix euífent-été dans leur premie re vigueur; ces

hommes flétris, par leur défobéiífance , d 'libére–

rent avec les nobles

&

les prélats -qui !='étoient

dií:

tingués par la

fidé~~té. Le~ Aquitain~

rappellerent .!e

prince

Charles

qutls avment chaífe,

&

auquel.Ils

clevoient doqner de nouvetles preuves d€ leur m–

(:onfiance. Les rebetles de Neufrrie fortirent du con–

feil fans donner auc;une marque de leur foumiffion.

Le monarque, au lieu de s'alfurer de leur perfonne,

leur envoya une fe conde députation leu ·faire des ré–

préfentations les plus modérées

&

les plus contrai–

res au bonheur de l'état : il les prioit de lui dire le

fujet de leur m 'contentement, ajoutant que

fi.

l'ab-

.{ence de q.uelques feigneurs qui avoient trempé dans

leur révolte les empechoit de terminer, il fe con–

tenteroit d'un ferment conditionnel : il 1 ur fit une

peintt1re vive

&

touchante des ¡pamc anxquels l'état

étoit en proie; leur retrac;a les ravages des Nor–

rnands ; ce fut inutilernent. L'efprit d'indépendance

flattoit ces ames fuperbes ,

&

étouffoit en eux tout

fentiment patriotique ; ils négocierent avec Louis

de Germanie, moins pour fe foumettre

a

f<;>n empi–

re , que pour tenir le fouverain dans d'érernelles

fr yeurs. De Verberie ,

Charles

fe rendit

a

Chartres

&

a

Que

í '

Otl

l'on fit

plufj~urs

réglemens. Ma1s

que peuvent les loix les plus fages, lorfque le prince

met le glaive fous les pieds du coupable?

Charles

eut

encore recours

a

des rnains étranger-es pour civiter le

naufrage ; il rechercha l'alliance de Lothaire

1I

,

fils

de l'empereur fon frere, qui étoit mort depuis quel–

ques années. Mais cette nonvelle alliance ne put ar–

reter le défordre ; Louis de Germanie , ft!dnit par

l'attrait d'une feconde couronne , paffa le Rhin

a

la

tete d'une armée formidable ,

&

fe rendir dans l'Or–

léanois.

Charles,

n'ayant que de foibles armes

a

lui

oppofer, fe réconcilia avec le clergé, fit lancer con–

tre lui les foudres fpiriruelles. Les éveques murmu–

r_e:e nt conrre Louis, difant que s'il

~ voit

quelques

ÍtlJets de plaintes contre fon frere , 11 pouvoit les

l)ropofer

a

l'aífemblée des états' fans ve rfer le fang

des peuples;

&

qu'enfin,

íj.

Charles

méritoit de perdre

CHA

343

fa COtiroñne , ée n'étoit pas

a

luÍ mais

~

éUX

a

l'en

.

'

pnver, paree qu_'it n'appartenoit qu'a

de6

mains

fa-

crées de

toucher

a

l'oint

du

feigneur.

Louis voulut re–

úfrer d'abord; il fit meme lever l'excommunication.

par un éveque de fes amis ; mais

ía

fermeté l'aban–

donna

to~lt-a-coup

, il ,onfirma l'autorité des éve–

ques,

&

confentit a un arrangement. Ce p'tince

trem~

b!~it

devant ces foudres que fon a1eul avo;.t fc¡u

dir~ger

; elles étoient'

a

la vérité ' d'un tres-grand

po1ds dans ces tems d'ignorance. Le peuple qui juge

de l'exc ellence des ufages par leur antiquité, avoit

d'autant r!us de foi a celui-ci ' qu'il remontoit parrtü

les Gaulo1s aux tems voifins de leur -origine ;

il_

~

voit meme les plus terribles effets. Quiconque étoit

~rappé

d'anatheme, ne rrouvoit de fure(é nulle part;

Il

n~y

av oit aucun afyle pour ces infortunés · c'étoit

1\

'

meme un cnme puniírable de lui donner de l'eau,

ou"de fe trouver en fa compagnie.

Ces

druides, ces

pretres defpotes & cruels , conferverent précieufe-

l

.

ment ce droit,

&

le regarderent toujours comme

1~

plus fur moyen de tenir les peupl€s dans leur dé•

pendance.

Charles;

apr€s avoir défarmé le roi de Germanie ·

fe rendir dans la Bretagne, qu'il prétendoit

remettr~

fous fon obéiífance. Ereípoge étoít mortdepuis trois

ans ; Salom t:? n , fon meurtrier, lui avoit fuccédé.

Salomen avoit tous les talens qui pouvoient le confer–

ver fur un trone ufurpé , s'il eflt eu pour fujets des

peuples moins faétieux. La crainte de devenir la

viétime de fa tyrannie' l'avoit engagé

a

faire hom–

mage au.monarque Neufirien; mais des que le tems

eur emporté les regrets dont on honoroit la mémoi–

re d'Erefpoge ,

il rompit

les

no\IVeaux liens-

&

prit le diademe. L'approche de l'armée franc;oife

ne fut pas capable de changer fa réfolution,

&

le

fucces d\m combat qui dura plufieurs jours , cou–

ronna fon aud

e.

Charles

fe voyant fur le poinr-de

tomber en.

capt.ivit~

'· n'évita ce

~alheur

qu'en pre–

nant la futte ; 1l la1íla au pouvo1r de l'ennemi _f0n

s_amp, fes tentes

&

fes bagages..

.

-

Ce fut au retour de cette expéditioh que

Charles

forma le projet d'envahir fa Provence fur

Charles

fon neven , troifiema fils de Lothaire. Quelle con•

duite pour un prince qui venoit d'éprouver une

dé~

faite

!

Avoit-il befoin de nouveaux ennemis? Elle

ne fervit

qu'a

faire connoitre Jon peu de génie

&

a

le couvrir de ridicüle. Forcé de rentrer fur fes ter–

tes, ilconfeífa que jamais il n'auroitdí't

entreprendr~

cette démarche. Des chagrins domefiiques fe joigni–

rent aux humiliations qu'il recevoit de toutes partso

Baudouin, comte

&

grand forefiier de Flandre, avoit

enlevé

J

udith fa filie.

Charles

fon fils, roi d'Aqui_..

tain€ ( ce

prim~e

étoit

a

peine agé de quinze ans ) fe

maria fans le confulter. Louis, íon atare fils , s'étoit

condllÍt avec la meme irrévérence. Il voulut en vain

venger le mépris de la puiífal!ce paternelle : fes fils

obtinrent leur grace le fer

a

la main ;

&

le comte

Baudouin, raviífeur de fa fille, le forc;a de l'avouer

pour fon ge.ndre.

La fortune jufqu'alors ennemie, fembla fe récon·•

cilier

ave~

le monarque Franc;ois ; elle lui

Ji

vra Salo–

mon qu,i confentit

a

lui rendre hommage

&

a

lui

pay~r

tribut fuivant

l'ancienne co:uume.

C'efi ainfi

que s'expriment les auteurs contemporains; ce qui

prouve que les Bretons , fous la premiere

&

fons la

,

feconde race , conferverent leur gouvernement ,

&

qu'ils étoient moins fujets que tribntaires.

Charles

eftt pu profiter de ces cir<;:onfiances heureufes pour

reírerrer les cha1nes qui lioient fe§ fujets au trone;

mais il manGfuoit toujours dans le confeil. Illes aban–

don na

a

leurs divifion. , ainfi qu'aux ravag

s

des

Normands;

&

c'étoit ao milieu de ces défafires qu'il

formoit de nouveaux projets de conquetes. Lothai-

re II foJl neveu, étant mort fans

poftéri~é;

il fe ligua.

·,