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CAN

)>

Canut,

efl:

nn cbeval fougueux qui fe croit indomp·

" ta-hle; je lui apprendrai qu'ilne l'efi pasH. Le prince

Danois n'eut pas plutot

re~u

cette réponfe qu'il

s'avan~a

a

la tete de fon armée, invefiit Henri dans

le

ch~heau

Otl

il s'étoit renfermé ,

&

pouífa le íiege

avec tant de chaleur, que le Vandale, craignant

de perdre en un jour, fa fortereífe , fa liberté

&

fa couronne, fe jetta dans une riviere qui baignoit

les murs ' la traverfa

a

la nage '

&

difparut;

Camtt

emporta la place d'aífaur,

y

trouva les dé–

pouilles des habitans de Slefwick,

&

les leur rendir

a

fon retour. La guerre continua avec divers fucces;

enfin Henri fut vaincu dans une bataille rangée,

&

demanda la paix,

Canut

vint la luí apporter lui–

meme fans efcorte , prefque fans armes, avec cette

confiance naturelle aux héros . Henri fe jetta dans

fes bras ,

&

parut atterré par tant de grandeur

d'ame . Leur négociation fut moins une entrevue

politique, qu'une fcene de fentiment. HRéconciliez–

" vons avec le roi de Danemarck, dit

Camtt,

payez–

" lui ce qu'il m'en a

coi'tté

pour acheter le droit de

" vous faire la guerre·; il efi jufie queje rentre dans

~•

mon patrimoine. Henri paya cette fomme; Ni–

'' colas la

re~ut

&

la rendit

a

Canut

»;

mais elle

n'entra dans les mains de ce prince que pour paífer

dans

~elles

du Vandale;

Canut

la lui refiitua

&

fe

crut heureux, au prix de fa fortune, d'avoir acquis

de la gloire

&

un ami.

Par ce récit on peut juger d'apres quels príncipes

le

duc de Slefwick gouverna fes érats, cependant

on confpira contre lui;

&

ce qui efi plus éronnant

encore, tandis qu'on vouloit attenter a fes jours,

ón l'accufoit de· vouloir attenter

a

ceux de Nicolas.

Soit que ce prince fCtt aífez crédule pour fe laiífer

féduire par une calomnie íi groffiere , foit qu'il

faisit l'occafion de perdre un héros dont les vertus

&

la gloire irritoient fa jaloufie ,

Canut

ne put fe

jnftifier aux yeux de Nicolas qui le croyoit coupa–

ble

ou feignoit de le croire.

Il

venoit de recevoir

les derniers foupirs de la reine Marguerite qui

l'avoit défendu avec antant de courage que de fa–

geífe ; abandonné feul a

u

milie

u

de fes ennemis,

cité

devant une cour qui l'efiimoit

&

le ha1ífoit, accufé

par le roi d'avoir affeété une magnificence royale ,

de s'etJ;"e élevé un trone dans le duché de Slefwick,

&

d'avoir voulu ufnrper la couronne de Danemarck,

il répondit avec autant de force que de nobleífe. Ce

qui animoit davantage Nicolas contre luí , c'efi que

Henri avant de mourir l'avoit défigné pour fon fuc–

ceífeur,

&

qu'apres fa tport tous les Vandales,

&

pa: refpeél: pour les dernieres volontés de leur maitre,

&

par efiime pour les hautes qualités de

Canut,

lui

avoient mis la couronne fur la tete; on lui faifoit

un crime de l'avoir acceptée.<<Mais quoi,d1foit

Canut,

»

Magnus regne dans l'Oftrogothie,

&

la calomnie

»

neva point l'artaquer fur fon rrone? Pourqnoi fuis–

»

je feul expofé

a

fes traits ? Eft-ce aux dépens de

'' la puiífance dn roi que j'ai augmenté la mienne?

'' N'efi-il pas glorieux pour lui de compter des rois

" parmi fes vaífaux? Suis-je moins fujet en Dane–

»

marck pour etre fouverain dans la Vandalie ? Si le

,,

roi a quelque guerre

a

foutenir ' c'eft alors qn'il

~'

verra ce que vaut un fujet couronné; tous mes

" vaífaux feront les fiens ,

&

tous les Vandales péri–

~'

ront avec moi, s

1

ille faut, pour la défenfe duDa–

~'

nemarck "·

Nicolas parut touché de ces raifons : mais bien–

tot il chercha un prétexte pour rompre avec

Canut;

la hajne en trouve toujours aífez; il anima contre

lui Magnus fon fils,a quila puiífance de ce prince don–

noit de l'ombrage; fa perte fut r 'folue,

le

complot

fut formé; il étoit aifé

a

Canut

d'en decouvrir lct

trame. Mais il étoit trop grand pour s'abaiífer

a

des

foup<;ons. Magnus lui.demande une entrevue dans

.e

A

P

un bois pres de R hirigílat; des aífaffins

y

étoient

cachés, Magnus atte ndoit fon ennemi,

Canut

arrive

feul

&

court l'embraífer; mais il apper<¡oit une cui–

ra:ífe

&

des armes fous le mantean du prince ; il en

témoigne fa furprife :

H

j'ai refolu, dit Magnus , de

·~,

punir de ma propre main un vaífal infolent ,

&

»

c'efi pour cela queje me fuis armé: qui vous! dit

»

Canut

,

vous abaiffer jufqu'a frapper un malheu–

>'

reux ; c'efi la fonaion des bourreaux , celle des

>>

rois efr de pardonner: je vous demande Ja grace

»

du coupable '

&

je me jette

a

vos genoux pour

" lui ),,

Canut

ne fe fCtt point abaiífé jufques-la s'il

avoit fu q tte le poignard étoit préparé ponr lui–

meme. Magnus le releve

&

le prie de s'aít oir aupres

de lui.

H

A qui, lui dit-il , appartient le royaume

»

de Danemarck?. . A votre pere . .... Vous vou–

,,

lez l'ufurper tout entier , mais votre ambition

»

rencontrera des obfiacles; croyez moi, partageons

»

aujourd'hui ce royaume entre·nous.. • . •

11

n'eft

" ni a vous ni

a

moi '

il

efi

a

votre pere '

&

nous

»

ne pouvons le partager

».

La fureur de Magnus

s'allumoit par dégrés, fes yeux étincelloient.

H

Je

"l'aurai, dit-il, ce royaume,

&

ce jour va m'en

»

aífurer la poífeffion. A moi, mes amis! Que vous

>•

ai-je fait, dit

Canut,

le ciel voit mon innocence,

" que ne puis-je lui cacher votre crime

»! ..

cepen–

dant les conjurés fortent de leur re traite, Magnus

porte le premier coup, fa troupe en furie fe jetre

fur le prince mourant, le mutile, le déchire,

&

abandonne fon cadavre aux betes feroces.

Ce crime ne refra pas impuni, le peuple indigné

ne regardoit Magnus qu'avec horreur. Harald

&

Eric l'animoient

a

la vengeance en lui montrant au

lieu des drapeaux, les habits fanglans de leur mal–

heureux frere.

Il

prit les armes,

&

la révolte de–

vint générale .

('M

DE SACY . )

*

§

CAOR ou CAHOR ,

e

Géogr.

)

royaume

d'Ajie dans L'lnde, au-dela du Gange, La capitale

porte le merne nom.

On ne connoit ni royaume ni capitale de ce nom.

M.

de la Martiniere croit avec raifon, que c'efi la

meme chofe qu'Aracan.

Lettres jur l' Encyc!opédie.

CAPABLE, adj . mafc.

&

fém.

ePhyftque

&

lrlo–

rale.)

dans fon fens propre, íignifie la qualité qui

mer un etre phyfique en état de contenir en lui un

autre corps fec ou liquide:

il

vient du verbe

ca–

pere

,

prendre , contenir,

&

de l'adjeétif

habilis,

ha–

hile ,

&

veut dire littéralement

ce qui peut contenir

&

renfermer une chofe.

On a étendu le fens de ce mot

a

toute forte- d'aél:ions phyfiques' morales

&

intel–

leél:uelles : dans cetfc acception générale, on défigne

par ce mot

celui qui peut produire un ejfet quelconque.

Un .vafe eft

capable

de contenir une telle quantité de

matlere ; une colonne efi

capable

de foutenir le poids

~'un

tel batiment ; une bete de fomme efi

capable

de

porter un fardeau; un homme efr

capable

de faire

une telle aétion, de réuffir dans telle entreprife de

pratiquer telle vertu, de fe rendre coupable d; tel

crime

,

de comprendre telle propofition , d 'acquérir

la

connoiífance de telle fcience.

Le qualificatif efi done toujours relatif

a

cet effet,

&

défigne la réunion dans l'etre

capahle

,

de toutes

les qualirés

&

les facultés fans Iefquelles il ne pour–

roit

pas produire l'effet defiré.

e

G. M.)

CAPACITÉ, (

Mufique.)

mot donton fe fert quei–

quefois au lieu

d'amhitus. Yoy.

AMBITUS (

Muji–

que) Diél. raif. des Sciences,

&

Suppl. (F.

D.

C.)

CAPION , (

Mujique des anc.)

il paro1t

1

par

un

paífage de Pollux (

Onomafl, liv. VI. chap. 9

)

qu'il

y

avoit un nome ou air iMventé p

ar Serpa

ndre,

&

nommé

Capion;

c'écoit un air de

cytha.re,

puifque

fon auteur profefFoit cet infirument.

(F

. D. C.)

CAPITAL, adJ. (

Mujique)

on donne quelquefois

cetre