![Show Menu](styles/mobile-menu.png)
![Page Background](./../common/page-substrates/page0235.jpg)
CAN
'
mit en déroute,
&
ora aux Vandales tout efpoir de
difputer déformais aux Danois l'ernpire de la mer
Bal-tique.
Bogiílas apprit bientot combien il eft .dangereux
pour un prince foible d'époufer les
que~elles
des
grandes puiífances.
Canut,
revenu au
fe1~
de fes
états, ne refpira plus que la vengeance. Il ref?
lut.deporter le fer
&
la flamme au fein de. la Pomerame :
rinfulte que lui fit l'empereur en lm renvoyant fa
freur defiinée au duc de Souabe, accrut encore fa
fureu;. Il entra daos les états de Bogiilas,
a
la tete
cl'une puilfante armée laiífa un libre cours au bri–
gandage de fes
foldat~,
prit des villes, rafa les for–
tereífes défit le duc en plufieurs remontres, le pour–
fuivit
1~
lance daos les reins, jufques fous les rnurs
de
Ca~in,
oir il fut contraint de fe renfermer. Il
voyoit fa province ravagée, fes foldats découragés,
fes amis chancellans ' l'empereur fe bornant
a
le.
plaindre an lieu de le fecourir , un ennemi triorn–
phant' pret
a
forcer fon afyle; il réfolut de céder
a
fa mauvaife fortune,
&
compta plus fur la généro–
fité de fon vainqueur, que fur l'amitié politique de
Earberouífe.
U
fortit de Camin avec fa famille, daos
tout l'appareil de l'infortune, fe jetta aux pieds de
Canut,
lui rernit fes états,
&
lui demanda la vie :
cette fcene étoit l'infrant du héros.
Canut
lui rendit
la Poméranie,
a
conclition que de valfal de l'empire,
il deviendroit valfal du Danemarck. Le .vainqueur
ne détacha de la principauté qu'il lui Iailfoit, que
la feigneurie de Barth, dont il fit préfent au prince
de Rugen, pour payer fa fidélité,
&
l'indemnifer
des pertes qu-il avoit elfuyées. Tant de grandeur
d'ame fir fur le creur de Bogiílas une impreflion
¡')tO–
fonde , qui ne
s'effa~a
jamais. Il
con~ut
tant d'efrime
'pour
Canut,
que, lorfqu'il mourut en
1
190,
il ne
voulut point partager fes états entre fes enfans ,
~<
Prenez
Canut
pour arbitre, leur dit-il; je connois
~'
fa candeur. N'appellez point de 'fa décifion, elle
~'
fera diétée par l'équité meme . ')
Cependant
Canut,
adoré de fes fujets, craint de
fes vaífaux, efiimé de fes voiíins , fe voy01t en état
de rendre
a
l'empereur tous les maux qu'illui avoit
faits . Il s'empara du Meklembourg, fit prifonniers
Burewin
&
Niclot, qui fe difputoient cette princi–
pauté, la partagea entre les deux concurrens, re<;ut•
leur hommage,
&
leur rendit la liberté. Enflé de ce
fucces, il pénétra plus avant , fournit tour le Hol–
fl:ein,
&
recula les bornes de fa domination, depuis
l'Elbe jufqu'a l'orient de la Poméranie. Ainfi une
démarche imprudente couta
a
Barberouífe une partie
.de fon empire.
.
Camtt
,
ayant fatisfait ainfi fa vengeance
&
fon
ambition, ne fongea plus qu'a verfer ies bienfaits fur
fon peuple
&
fur fa famille; il donna a fon frere Val–
demar le duché de Slefwick, appanage ordmaire des
princes du fang' a condition de foi
&
hommage.
Une circonfiance imprévue fit fa paíx avec l'empe–
ieur. La frénéfie des croifades régnoit alors dans
toute l'Europe : Frédéric avoit pris la croix; il fe
préparoit a paífer en Palefiine ,
&
craignoit que ,
pemlant fon abfence,
Canut
ne fe vengt!h de tant .
d'ho:fiilités accumulées,en s'emparant .d'une partie de
l'empire: il rechercha done fon alliance.
Canut
pro–
mit de ne point rroubler le repos de
1'
Allemagne,
jufqu'au retour de Barberouífe. Cette r éponfe ran–
c¡uillifa i>empereur. Mais, pour afll.trer encore mieux
le calme qui régnoit dans fes états, il appuya, par
fes ambaífadeurs, la lettre que Clément
III
écrivoit
a
Canut.
Le pontife invitoit le roi de Dan marck
a
venir maífacrer les Sarrafins qui ne luí avoit
Ú1Ít
aucun mal, pour venger un Dieu qui prioit
poJ.trfes
ennemis en expirant fous leurs coups. L'enrhou–
:fiafme de la chevalerie, préto:it
t
ne nouvelle force
J!UX
confeils du faint-pere. En effet, quelques
~
i-
e
A
r~
gneurs s'enrolerent pour cette expédition. Les moi"'
nes exciterem les autres gentilshornmes
a
aller la.
ver leurs péch!'s dans le úmg des
Sarrafi.ns,&
fe
firent donner ou acheterent
a
vil prix des terres
que leurs mains laborieufes rendirent tres-fertiles.
Mais l'exemple du fage
Cama
contint le refie de la
nobleífe. 11 oppofa aux follicitation _ dll pape une
r ' íifiance tres-fenfée ; il aima mieux continuer pai–
fiblement
a
répandre le bonheur fur fes états' que
d'aller avec les atltres princes chrétiens , poner
dans ceux de Saladin, la terrenr, la mort,
&
l'exem–
ple de tous les crimes.
Cc:nut
auroit joui du calme le plus profond,
fi
fon 1rnprudence n'avoit pas confié aux mains d'un
prélat ambirieux, le dépot dangereux d'ftne autorité
palfagere.
Valdema~
étoit trop jeune encore pour
gouverner par lui -meme le duché de Slefwich.
Ué–
v~que
de Slefwich, batard de
Canut V,
&
qui por–
ton auffi le nom de
Valdemar,
fut done chargé de
tenir' jufqu'a la majorité du prince' les renes de
l'adminifiration.
Il
eíl: pen de régens peut-etre qui,
dans le fecret de leur ame, n'aient été tentés d'en–
vahir le patrimoine de leur pupile. Le pr ' lat Valde–
mar prétendit que, les batards n'étant point exclus du
trone par les loix fondamentales de la monat·chie
Danoi(e, il dsvoit au moins la partager avec
Canut.
Ce prétex'te éolouit les efprits avicies de nouveau–
tés,
&
fur-tout cette claífe d'inrriguans, dont la
fortune eit fondée fur les rnalheurs de l'érat,
&
qui attendemt de :fanglantes révolutions pour for·
t1r du néant. Un parti fut biemot formé; Val–
demar paífa d'abord en Norwege,
Otl
il prit le
titre
d~
roi,
&
fe ligua avec Adolphe de Schaf–
fembourg , comte de Holfiein, ennem.i né de
Ca-–
nut,
&
tous les princes -que divers intér "rs ani-.
moient contre ce prince.
L'armée des confédérés s'avan<;a done, en
1192,
vers l'Eider;
Canut,
avare du fang des hommes,
plus jaloux du bonheur de fon peuple, que de fa
propre gloire , fe contenta de garnir fa frontiere ,
&
ordonna-a fes généraux de fe tenir fur la défenfive,
fans eng¡:¡ger aucune aétion. L'officier s'indigna d'un
ordre qm captivoit fon courage; le foldat murmura
de ce qu'on lui.enlevoit l'efpoir d'un riche burin. Le
Fabius du nord períifia dans fa fage indolence;
&
l'événement fit voír la juíleífe de
íes
vues. La dif–
corde s'alluma biemot parmi des chefs de nations
différentes , divifés d'intérets ,
&
tous jaloux du
commandement fupreme , leurs finances s'épuife–
rent, les rigueurs de la faifon rallentirent leur mar–
che,
&
les retranchemens de Danemarck l'a rrete–
renr; les foldat ennny
's
de tenir la campagne fans
combattre, fe licentierent d'enx-memes ; le prélat
défefpéré vint fe jetter aux pied.-. de
Canut,
&
tout
le Danemarck rendir jufiice
a
fon roí .
Ad~lphe
fit fa paix;
Camtt
di&a les articles dtt
traité; mais lt! comte ne voulut point fe
reconno~tre
valfal du prince Danois. La guerre fut done raUu–
mée en r
19
5 ; Adolphe fe ligua ave e Othon,
&
remporta quelques avantages.
Cama
marcha contre
les confédérés; mais les r.igueurs de la faifon ayant
empeché les deux armées de fe joindre, les Danois
{e
bornerent
a
tenir la campagne,
&
les Allemands
a la ravager. L'année fnivante,
Cama
couvrit d'une
armée nombrenfe les bords de l'Eider; Adolphe de–
manda la paix une feconde fois ,
&
Carzut
une fe–
conde fois la lui accorda.
Adolphe étoit vaincu,
&
non pas foumis. Il tourna
fes armes contre le duc de Saxe,
&
forma le fiege
de Lawembourg. Les habitans implorerent le fe–
cours d
Canut,
&
arborerent le drapean Danois tur
leurs murs. La vue de cette enfeign e d.: ant laquerle
Adolphe s'étoit déja deux
fois
hnmilié, ne rallenrit