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CAN

arracha le confentement des feigneurs, éloigna les

enfans d'Edmond,

&

fut reconnu roi de toute la

Grande-Bretagne.

Des

qu'il n'eut plus d'ennemis

a

combattre, il devint le plus doux des hommes, ré–

tablit les anciennes loix Saxonnes, en fnt le premier

efclave, favorifa l'agriculture , fit régner l'abon–

dance dans les villes, verfa fes bienfaits fur le peu–

ple ;

&

pour achever la conquete de tous les creurs,

il fit trancher Ia tete

a

ce

m

"me

Stréon qui avoit

apporcé

a

!i

s pieds celle de fon concurrent,

&

épou–

fa la reine Emme, veuve d'Ethelred.

Cependant les Danois s'ennuyoient de fon ab–

fence ; l'abandon o1t il les laiífoit leur parut une

infulte : une indignation générale s'empara bientot

de ces ames fieres que l'ombre rneme du rnépris

révoltoit.

Canut,

pour les calmer, fit une appari–

tion dans fes états,

&

retourna en Angleterre, ne

laiífant

a

fa place en Danemarck qu'un fantome de

.roí : c'étoit

Canut-Horda,

fon fils. Ulfon , beau–

frere de

Canut,

étoit

chargé de la conduite du jeune

prince; celui-ci avoit les talens d'un rninifire

&

l'am–

bition d'un régent. Il échauffa, par de fourdes me–

nées

le mécontentement qu'excitoit l'abfence du

pere:

&

fit couronner le fils pour régner fous fon

nom.

Canut

,

poífeífeur de deux royaumes, qui ne

pouvoit quitter l'un fans hafarder la perte de l'autre,

médita cependant la conquete d'un nonvel empire.

Son pere avoit Ioumis une partie de la Norwege;

Ollails, prince du fang des anciens rois, y

'toit

rentré.

Canut

lui envoya des ambaífadeurs pour lui

t·edemander fon patrirnoine : en le réclamant, il de–

firoit qu'on le lui refuHl.t, afin d'avoir un prétexte

pour conquérir le refte

~e

la, N

orwe~e.

Sa politique

réuffit: la guerre fut declaree. Ollaus fecouru par

Amund, roi de Suede, entra dans la Zélande.

Ca–

nut

repaífa en Danemarck avec une

flo~te ~ u,n~

armée formidables, fit aífailiner U]fon qm avo1t ete

1

'auteur de la révolution' pardonna

a

fon fils qui

n'en avoit été que l'inftrument, marcha centre les

princes ligués, leur préfenta la bataille

d~n.s

la

Sc~nie

fut vaincu, raífembla fes troupes fugtt1ves, de·

tacha Arnund de l'alliance d'Ollaiis, fut ainqueur

a

fon tour;

&

tandis que le prince détroné cherchoit

un afyle en Ruffie,iltoum1t toute la

Norwege~ re~ut

les

hommage~

des habitans, leur donna un vice-roí,

revint en Danemarck,

&

fit couronner fon fils vers

l'an

1028,

pour prévenir une feconde. rév.olution.

Ollaiis rappellé en Norwege par un paru fo1ble que

fon imprudence aff?ibli,t

enco~e,

?afar?a

~m co,~b~t,

fut vaincu

&

ne iurvecut pomt a fa defa

tte. L eg

hfe

l'a placé at; rang des

faint~.

On dit qu'il

fa.ifo.it

des

miracles en Ruffie, tand1s que

Canut

fa1foit

des

conquetes en Norwege. Dans la derniere aB:ion, il

renvoya tous les Paiens de fon armée , de peur

qu'ils n'attiraífent fur elle !a colere du ciel. ll fut

battu le

29

J

uillet

103

o.

Canut

raífafié de triomphes

&

de gloire, ne trou–

vant plus de plaifirs nouveaux dan une cour barbare

&

dans un pays difgracié de la nature , fe jetta

dans la dévotion, peut-etre pour jetter quelque

variété fur l'ennuyeufe uniformité de fa vie. Le

conquérant de la N

orwe~e

&

de 1'

A?gleterr~

d:–

vint le courtifan de momes; la mame des pelen–

nages, épidémique alors , s'empara de ce prince ; il

alla aRome;

&

fes fujets qui lui avoient fait un crime

de fon féjour en Angleterre, lui pardonnerent un

voyage long, difpendieux,

&

dont il ne rapporta

que des buUes. Il repaífa en Angleterre,

&

y rnou–

rut entre les bras des pretres en

103).

Il efp 'roit ,

en comblant l'églife de bienfaits, expiet tant d'in–

juíl:ices; Edmond dépouillé de la rnoititb de fes états,

íes de\.tx en fans privés de 1autre moitié, Ollalis cHaf–

de fon patrimoine, Ulfon mort fous les coups de

pojgnard, tandis qu'on pouvoit le faire périr

10

ts

Tome JI,

CAN

le gla_ive

d

~s loix. Il

en avoit formé un code qui

ft:

fentmt de

~

tgnoran.ce

de fon fiecle; on en peut juger

par cet

~rt1

~le :

<<

S1 u~

1

hon,tme eíl: accufé ,

&

qu'au·

,

cun temom ne veuiile depofer contre lui

il fera

»

condamné ou abfous par le jt1gernent de Dieu, en

»

portant le fer chaud ,;. Le meurtre n'étoit puni que

d'une amende . Ayant lui-meme, dans un acces d'y–

vreífe , égorgé un de fes domefiiques, il joua le Ly–

cur~ue,

&

fe mettant devant fes o.fficiers dans la

podure d'un crimine}, illeur otdonna de prononcer

fur fon fort. On fent que les juges étoient plus em–

barraífés que le coupable. Une Iache flatterie les tira

d'aff'aire : íl la haiífoit cependant,

&

un courtifan

maladroit ayant ofé le comparer au rnaitre de la na–

ture,

Canut,

~our

toute réponfe, ordonna

a

lamer

de fufpendre ion reflux. ll étoit petit

fo1ble

&

mal

pro_porrionné ; mais fon génie étoit v;fie , fécond en

refiour~es,

&

fouvent rna!tre des événemens par

des

CO~Jeétures

fages. L'art

~e

,conquérir des état ,

&.

~ellll

de les gouverner, hu etoient également fa–

nuhers. Son courage étoit

a

l'épreuve des revers

{a

mo~efiie

a

l'épreuve

?es

pr<:>fréri_tés .. ll ne par:

dorm01t pas

a

fes ennemJS, maiS 1l ÍaVOit contenÍl"

fon reífentiment.,

&

ne fe

v~nger

9u'en

p~roiífant

venger o u les lotx, ou la natiOn. St

Canut,

fati~fait

des états qu'il avoit rec;us de fes aieux,

flü

reíté dans

le

Danemarc~,

il auroit jufiifié le.norn de

grand

que

fon fiecle lm donna; on n'auroir plus

a

luí repro–

cher que fon exceffive libéralité pour les monaíle–

res. Il 'toit impo.ffible que des bienfaits fi multipliés

ne fuífent pas pns fur la rnaífe des impots: c'étoit

engraiífer des religieux riches de la fubfiftance de

l'homme pauvre

&

laborieux. Il avouoit luí meme

qu'il ne verfoit les

b~ens

fur

~'églife

avec tant de pro–

fufion, que püt_tr exl?1er fes cnmes. Aufú fes injuftices

ne trouverent Jamals de e nfeurs parrni les rnoines.

(M.

DE SACY.)

CANUT

III,

HORDA (

Hifla.ire de Danemark

&

d'Angleterre.)

roi de Danemark,

&

dernier roí Da–

neis d' Angleterre. Il éroit fils du pr 'e' dent · il h 'rita

d'une partie des états, de fon pere; mais

d

n'hérita

ni de fon courage ni de fa fortune. Harald

au pied de

lieyre,

fon frere, prince aétif

&

ambitieux lui dif–

puta la couronne d'Angleterre, verfa l'or ; pleines

mains dans la Mercie, conquit les creurs pour con–

quérir plus furement

les

érats,

&

fut proclamé.

Ca–

nut

affembloit des confeils, donnoit des avis en

.

'

,

.

'

recevoit, n en ex cuto1t aucun,

&

cependant fon

frere fournettoit des provinces.

L

ambirieux Haraid

ne fe

!i

roit peur-etre pas borné au royaume d'An–

gleterre; mais la mort l'arreta dans le cours de fes

triomphes en 1

039·

Alors

C.znut

fut appellé au trone

par le cri unanime de la nation angloiíe. I1 n'avoit

ofé arraquer fon ri al vi ant; il l'infulta mort

fit

qétern:r ion corps, le fit jetter dans la Tamife, 'ac–

cabla fon peuple d'impors, livra aux flammes la ville

de

~

orcefier, pour quelques légers murnutres,

&

mourut en

1042,

hai en Angleterre, méprifé en Da·

nemark ,

&

ignoré dans

le refie de l'Europe.

(M.

DE ACY.)

CANUT

l

V.

ou

SAINT-CANUT, (

Hifloire de Da–

nemark.)

roi de Danemarck, il

'toit fils de Su' non

U. &

monta fur le trone apres la rnorr d'Harald

III. fon frere en ro8o. Son z.ele pour le Chriftianifne

tour~ a

S

armes du co:é de la Livonie' qui ' toit

depm long-tem en prote aux guerres de religior.

Les Chrériens lui furent redevables de leurs Cueces,

&

il

revint triornphant. Son premier foin fut de

fubfrituer des loix vigoureuíi s aux loix indulo'entes

&

foibles, qui avoient régné jufqu'alors: il %tablir

celle du tallion our les moindres crimes, celle de

mort pour les grands attentat , purgea

la

rner des pi·

rares qui l'infeftoient,

&

délivra

s

'rats de bri–

gands plus dangereux encore, d'une foule de tyrans

E

e

ij