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~88

S U B

mer ou

a

qualifier les etres? Ceux qui [eryent

~

nom–

mer les etres {ont'donc

lesfubjlantifs:

or Je k ceman–

de , quelle lumiere

pet~t

{ortir d'une ,Pareille ,défini–

tion?Les

nomsfubftantift{ont

ceux q1ll {ervent a nom–

mer les etres c'eil dire , ce me {emble, que les

nomsfllbjlantlfsfont

ceux qui {ont des noms; défini–

t ion admirable! Que peut - elle nous apprendre" fi

elle ne nouS conduit

a

condure , que les noms adJe–

aifs font ceux qui ne {ont pas des nO,m,s? C'efr en

effet ce g,ue

j'en~r:pr~nds

de prouver lCl.

.

J'ai

déJ~

apprecle allleurs (

'JIoye{

GENRE) , les

r~l,fons alléguées par l'abbé Fromant,

Sup¡:l. aux clz.

l/.

¡¡j.

&

¡'JI. de La fl.part. de La Gramm. gen.

e~

faveur

de la vieille difrinB:ion des noms

enfubJlanti/s

&

ad–

jeétifs ; & je dois ajouter ici, qu<:; dans une lettre

, qu'il écrivit

a

mon (ollegue &

a

~Ol

le

12.

Novembre

1759,

il eut le courage de nOus dlre du Plen de

ce~te

critique." La critique, dit - iI, que vous avez falte

"au

mOl

GENRE , d'un endroit de mon fupplément,

" efr philoíophillue & judicieufe

».

Cette louange fi

flatteufe n'efr corrigée enfuite ni par

fi

ni par

mais;

elle efr diétée par la candeur, & elle eH d'autant

plus digne d'éloaes, qu'elle efr un exemple malheu–

reufement trop orare dans la république des lettres.

Je reprends done le raifonnement, que je n'ai. ponr

ainfi-dire qu'indiqué au

mot

GENRE, pour en mon

J

trer ici le développement & les conféquences.

La néceffité de difringuer entre les

fubjlantift

&

les adjeB:ifs pour- étabIir les regles qui concernent

•, l'ufage des genres, efr la feuIe raifon que j'aye em–

ployée direB:ement, & meme ,fans trop I'approfon–

dir; je l'ai examinée plus particuIierement en par-

1ant du

mot" anicle l.

& les ufages de tontes les lan–

gues, a l'égard des nombres & des cas, n'om fah

que forti6er & étendre le meme principe. L'analyfe

la plus rigoureufe m'a conduit invariablement a par–

tager les mots dédinables en deux claífes généraIes ;

-la

premiere pour les noms & les pronoms,

&

la fe–

conde pour fes adjeétifs

&

les verbes; les mots de la

premiere claífe ont pour nature commune , de pré–

{enter a l'e{prit des etres déterminés; eeux de la fe–

conde daífe, de ne préfenter

a

l'erprit que des etres

indéterminés. Les adjeB:ifs font done auffi éloignés

que lés verbes de ne faire avec les noms qu'une fenle

&

meme efpece. ' ,

Ce qui a pu induire Ul-deífus en erreur les Gram–

maiiiens ,c'efr qúe les adjeél:ifs re<;oivent, daos pref–

que toutes les langues, les

m~mes

variations que les

noms, des terminaifons pour les genres, pour les

nombres,

&

des cas meme pour les idiomes qui le

comportent : la déclinaifon efr la meme pour les uns

&

pour les autres par-tout oft on les décline, en

grec, en latin , en allemand,

&c.

Ajoutez

el

cela la

~ol1cordance

de l'adjeB:if avee le nom, & de plus l'u–

ni~é

de 1'objet défigné dans la phrafe par l'union des

deux mots; que de raifons d"errer pour ceux qu.i

n'approfondiífent pas aífez, & pour ceux qui fe

t:roient grammairiens paree qu'ils en ont appris la

parrie pofitive & les faits, quoiqu'ils n'en aient ja–

mais pénétré les principes!

Les noms, que l'on appelle communément

fubf–

zanúfs,

& que je n'appelle que

noms,

font des mots qui

préfentent a l'efprit des etres déterminés ,par l'idée

précife de leut nature:

&

les adjeétifs font des mots

qui préfentent

a

l'efprit des etres indéterminés, défi–

gnés feulement par une idée précife qui peut s'adap–

t ed plufieurs natures.

Yoy'z.

MOT ,

anide

l.

&

NOM.

~'efr

parce que l'idée individuelle de

l'adJ~B:if

peut

etre commune

el

plufieurs natures, & que le filjet en

efr indéterminé, que l'adjeétifre<;oit prefque partout

les rr.emes accidens que les noms & d'apres les me–

rn~s

,regles , afin que la

~oncordance

des aceidens

pUlfi,e fervir

a

conírater le fujet particulier auguel on

applIque l'adjeél:if,

&

el la

nature duquel on adapte

/

s

U B

l'idée

parti~uliere

'lui en "eonilitue la fignification

propre. Ma!s la

ma~lere m~me do~t

fe regle par-tour

la coneordance, 10111 de falre crOlre que le nom

&

l'adjeétif font une meme forte de mots, prouve a

contraire c¡u'ils font néceífairement d'efpeces

diffi~

rentes, plllfqu'il n'y a que les terminaifons de I'ad–

jeB:if qui {oient aífujetties

a

la concordance

&

que

celles des noms {e déeiderit d'apres les TIles différen.

tes de l'efprit & les be{o':ns de l'énonciation.

J~

crois done av?ir

en

raifon de réferver la quali.

beauon de

fubflantifs

pour les feuls Iloms qui défi.

gnent des etres qui ont·, ou qui peuvent avoir une

exifrence propre & indépendante de tout fujet ce

que les Philofophes appellent des

fubjlances

:

tels lont

les noms

étre, fubJlance , efPrit, corps, animal, ftom.

me, Ciceron "plan""

arbr~

,pommier, pomme, armoirt

&e. La branchede noms oppofés

el

cellx-ci, eficeU:

des abfrraB:ifs.

Voyez.

NOM.

n.

Verbe fubjlantif.

Le verbe efr un mot qui pre–

fente

el

t'efprit un etre indétennÍné, défigné fen/e–

ment par l'idée précife de l'exifrence fous un attrihut.

f/oye{

VERBE. Un verbe qui énonce I'exifience fons

un attribut quelconque & indéterminé, qlli doit etre

enfuite exprimé a'part, efr celui que les Grarnrn'ai.

riens appellent

lIerb, fubflantif:

c'efi en

fran~ois

le

verbe

étre,

quand on l'emploie eomme dans cette

phrafe,

Diw ejl jujle,

ohiln'exprime que l'exifien–

ce intelleB:uelle, fans aucune détermination d'attri–

but,

puifque l'on diroit de meme

Dieu eftJage,

Dieu

efl tout-puiffant, Dieu efl attentif

ti

nos befoins,

&c.

roye{

VERBE.

La difrinB:ion des noms en

fubflantifs

&

adjet1ifs ,

me femble avoir été la feule caufe qui ait occafionné

une difrinél:ion de meme nom entre les verbes;

&

cette dénomination n'efr pas mieuxfondée d'un coté

que de l'autre. Je erois, qu'il y auroit plus de jufieífe

&

de vérité

el

appeller

abftrait,

le verbe que l'on

nomme

/ubjlantif,

paree qu'en effet il fait al;,firac–

tion de toute maniere d'étre détenninée;

&

alors

ceux que 1'on nomme

adje8ifs

devrorent s'appeller

concrets,

paree qu'i1s

exprime~t

tout-a-la-fois l'exi·

frence & la modifieafion déterminée qui confritue

l'attribut, eomme

aim'er, partir,

&c.

SUBSTANTIVEMENT, adv. c'efr-a direa

la ma·

niere des fubflantils.

On dit en Grammaire qu'un ad·

jeB:ifefr pris

fubJqantivement,

pour dire qu'il

efr

em–

ployé dans la phrafe

el

la maniere des fubfiantifs, on

plutot

a

la maniere des noms ; (( Ce qui ne pellt arri–

" ver, dit M. du Marfais

(Trop. parto

111.

arto j.),

" que paree qu'il y a a10rs quelque autre norn fOllf–

" entendu qui efr dans l'efprit, par exemple,

le

V,RAI

"

peifuade,

c'efr-a-dire

ce qui ejlllrai, l'étre yrat,

ou

" La lIérité; le

TOUT-PUISSANT

yengua les

FOI–

"

llLES

qft'on opprime,

e'efr-a-dire

Dieuquiefltollt–

" puij{ant yengera les hO,?lmes foibles

n.

Si, quand un adjeétif efr employé [eul dans une

phrafe, on le rapporte

a

quelque nom fou[entendu

qu'on a dans l'efprit,

ii

efr évident qu'alors

ti

efr

~m­

ployé comme tous les autres adjeB:ifs, qu'il

e~Tl?1e

un

etre déterminé aceidentellement par

l'appl.~cat;on ~

aB:uelle

el

ee nom foufentendu ,en un mot

qln/

n efi

pas pris

fubjlamiyement,

pour parler encore le lan–

gage ordinaire. Ainfi quand on dit',

D ie¡¿

yenge;~

les

F01 BL ES,

l'adjeél:iffoibles

demeure

un pur &.

venta–

ble adjeB:if;

&

il nOefr au plurie1 & au ma(cU!lIl, que

par concordance avec le nom foufentendu

les hom-

mes,

que l'on a dans l'efprit.

.

11 Y

a cependant'des eas ou les adjeétifs ,deV1en–

nent véritablement noms: c'efr lorfque 1'0n s'enFert

comme de mots propr(¡!s

a

marquer d'une manIere

déterminée la nature des etres dont on veut parler,

& que l'on n'envifage que

re1ativem~nt

a

cette idee,

en quoi eonftfre etFeB:ivementla notlOn des nems.

,Que j'e

dife,

par :xernple;

cedifcours

efl

rRAr,