MOT
tent pas dam !'ame de celui qui les entend,
ell~s
ne lui
en prefentef1t que !'idee . Vous converfez avea vorre ami
q ue la goutte reticot au lit ; tout·a·eoup il vous interrornpt
par
,.¡,¡,
ahi!
Ce cri arraehó par la douleur en le figne
natorel
de
l'ex itlence de ce fentiment dans fon ame mais
il
n'indique aucune
id~e
dans fon efpriL Par rapporr
a
-vous, ce
mot
vous communique·t·il la
m~rne
atreaion?
Non; vous n'y tiendriez pas
~lus
que v01re ami,
&
vous deviendriez fon écho : il ne fait naitre en vous
que !'idee de l'exiflcnce de ce fentiment
doalourcu~
dans
vo1re ami,
precif~ment
comme s'il vou¡ edt dit :
voil•
'/"'
j e rtffins
,,,.
viv e
&
f ubite
dor~leur.
La ditférencc
qu'il
y
a,
e'en que vous
~te¡
bien plus perfuade par le
cri interjeaif, que vou¡
n-e
le feriez par la propofition
froide que je viens d'y fubnituer : ce qui protsvc, pour
le dire
en
palfant\ que cette propolition n'efl poiqt, com–
.mc le paroit dire le
P.
Buffier,
Gramn<aire frallfo ifo
"'·
163.
&
164.
l'équivalent de l'i[
lterj.eaion
ouf,
ni d'au.
cune autre : le langage du cre ur fe fait auffi entendre
u
ca:u·r, quoiqúc
f13t
occafion
i1
éclairc l'efprit .
J
e donnerois
a
ce prcmier ordre de
mots
le nom d'
,.¡.
{télifs,
pour le dillinguer de ceu x qui appartiennent au
tangago de l'efprit,
&
que
jc
delignerois par le
tirre d'lnon·
ciaeij í.
Ceut-ci fom en plus grand nombre, ne font qoe
peu ou point natorels,
&
doivenr leur exiflence
4
leu1·
lignification
a
la
convention ufuellc
&
fortuit~
de cha–
quc nation . Dcux différences purement mat6rielles, mais
qui tiennent apparemment
a
celles de la nature
m~me '
fcmolent les
pa'u.~er
naturellemeat en deux claffes; les
moti
déclinables dam l'tme ,
&
les ind eclinables daos !'au–
ne.
Voyez.
INDÉCLtNABLE . C es deux propriérés oppofées
font trup uniformément atrachées aux mernes efpeces
dans tous les idiomes , pour
n'~tre
pas des fuites nécd Taires
de l'idée di!linaive des dcu¡ cla:Tes,
&
il ne peut Etre
qu'utile de remnnter , par !'examen analytiq ue de' ces ca–
raacres, jufqu'a l'idée clfentielle
~ ni
en ell le fondement;
rnais il
.n•'y
a que la déclinabtlite qoi puiiTe erre l'objet
de cette anal
y
fe, paree qu'elle efl politive
&
qu'elle tieot
:l
des faits , au-lieu que l'mdeclinabilité n'en qu'tme pra –
pcieté négative,
&
qui ne peut nous cien indiquer que
par fon contraire .
I.
D es maJs dlclintJhles .
Le> variatioas qui réfu ltetlt de
Ja Mclinabilité des
motJ,
font ce qu'on appel le en Gram–
maire, les
nombrts,
les
<tu,
les
genru,
les
pe.rfonnei,
les
tems,
&
les
moJes
.
t ". Les nombres font des variations qui détignent les
4ifférences quotités '
v~yt:t:.
NaMBilE.
C'cll celle qui en
la
plus univerfellemcnt adoptée dan$ les langues ,
&
la
plus conOamment admtfe dans toutes les cfpeces de
motr
declinables, favoir les noms, les pronoms , les ad jeaifs
&
les verbes . Ces 'quatrc efp.eces Je
moti
doiv.ent done
avoir une lignitication fandamentale comtn[!ne, au, moins
jufqu'i un certain point : une propriété matérielle qui le11r
elt
cammune, fuppofc
nécelfaire~ent
quelque chofe de
oommun dans leur naturc,
&
la nature des tignes cap–
fi lie daos leur (Jgnilicarion, mais il en certain qu'on !le
pe\lt nombrer '\ue des
~tres;
&
par conféquent
il
femble
néce(faire <le conclurc que ta ligniticauon fonda mentale,
corn(IIUtl< aur quatre efpeces de
mots
déclinables, COI)·
.ftne
~
prefenter
a
l'efpcit les idées des ctrcs . foit réels'
foir ab11raits; qui peu venr
~\re
les objets de notre penfée .
C.<!te co.ncl ufion n'·ell pos conforme, je l'avoue, au1
prj ncipes de la
Cirt~mm.úre
$1nlr41e,
p•r~i,
11.
eh•p.
;.
ni ~ q:u~
d'e M . du , M arfa¡s, de M . Duelos,
de
M.
F romant
¡
elle perd en cola l'ayantag.e d'!tre foutenue pár
'des
autorir~~
d'autant plus pondéranres, que tout le mon–
de connoit les
grande~
lumieres de ces aureurs refpeaa–
bles; mais enfin des autorité.s ne font que des motifs
&
oon des pr.euvl!s ,
&
elles ne doivent ferv ir qu'a eonfir–
mer
d~s
conclufi.pns
déduite~
lég itimemem de príncipes
incontellables.
&
no.[l
a
établir des príncipes
p.eu0\)
point
difcutés . J'o(e me fl atter que l:t fa ite de cette anal y!e
d~montrera
que je ne dis ici
ri~p
de trap : je continue.
Si les
qu~tre
efpeces
~e ~t~•ts
déclinable§ pré.fentent
également
á
l'efprit des
idóe~.
des /!tres; la différenc.e de
ces efpeces c;loit done venir de la dilféreQce des points de
'llilefous lefquels
~lles
font ef\vifager les erres . C ette con–
f~quence
fe contir.r(le par la diffé rence
m~me
des lois qui
r~glent
par-tout l'cmpl.o.i des no!l\bres
relarivcm~m ~
la
drverfité
des
elpeces .
A l'égard des noms
&
des pronoms, ce foht les be–
foms r éels de l'énonciatioa, d'apres co qui etille dans
l'elp.rit
d~
cclui qui parle, qui reglent le cl\oix des nom–
bres . C'e(l tout autre chofe
d.esadjeaifs
&
de~ verbe~. ;
ils ne
~.rennent
tes terminaifons numériques q,ue par une
íorté d ir(litation,
&
pour erre
~!\
concordance avcc les
n o!I\S pu
le.~
proaoms aus:-quels
(ls
OJlt rapport,
~
q,u.i
(OQt
comme lcnrs originaux .
•.
' ·
:I'o!He
X.
MOT
Par C!tcmplc,
d.msc:c;
début de la premiere f.1bte de
Ph edre, ""
rivu.,. eumdan l11pus
&
agnui
vmerant '/iti
eompu/fi;
les quatre norns
rivum ,
lt~pus ,
agnus ,
&
fiti,
font au nombre fiqgulier, puce que l'auteur nc vou loit
&
ne devoit etfeélivemetlt défigner qu' n feul ruiffeau,
un feul loop, un feul ag11eau,
&
un
(el\1
&
m~me
be·
foin de boire. Mais c'e•l par imitation
&
pllur s'accor•
der en nombre avec le no
m
ri'tl~'
m ,
que l'adjeaif
eH
m·
Jem
c(l
au fingulier. C'ell par
1
m! me railon d'ionita· .
tion
&
de concordancc que le
v
rbe
"VfNtrant
&
l'adje–
élif-verbe ou le participe
epmpul(i ,
font au nombre piu–
riel¡ chacun de ces
mtti
s'accorde ainli en nombre avec .
la colleélion des deut ¡¡o rns finguliers,
lupus
&
agnHt
qui font enfemble pluralité.
Les quatrc efpeees de
mots
réunies en une feulc clalfe
par leur Mclinabilité , fe trou ve
m
ici divifées en deut o r–
dr¡:s
caraál~rífés
p;r des pojnts de víle différens .
Les inflexions numériques des noms
&
des pronoms ,
fe dfcident daos le difcou rs
d'apr~s
ce qui eriOe dan•
l'elprit de celui qui parle: mais quand on fe décide par
foi-m!me pour le nombre fingu lier ou pour le nombre
pluriel, on ne peut avoir daos l'elj>rit que des erres dé–
torminés ! les norns
&
les pronoms prófontent done
i
l'cfprit des
~tres
détcnninés ; c'elt -la le point de víle
commun qui leur efl propre.
Mai~
les adjea ifs
&
les verbes ne fe
rev~tent
des ter·
minaifons numériques que par imitation; ils ont done un
rapport néaelfaire aux noms ou aux pronoms leurs co–
rélatifs : c'efl le rapport d'idenrjté qui fuppofe que les
adjeaif>
&
les verbes ne prófement
i
l'efprit que des
~tres
~uelconques
&
indétcrminés
¡
voyn
IUEN TIT É,
&
c'en–
la le point de
vilo
co:nmun qui en propre
i
ces deux
efpeae<,
&
qui les difl fngue dus dcut autres .
2\>.
L' meme. doarine que nous venons d'établir fur
la theorie des nombr<s ,
Ce
déduit de me!me de celle des·
C2S.
~es
cas en ¡¡énéral font des terminailons différontes
quj 3JOiltent a J'tdee principale du
m ot
!' idee acceffoir.e,
d' un rapport determiné
:1
l'ordre analyrique de l'énon–
ciar!on :
Vqye~
C .\S,
&
In
artid es
du
J:jfc~<I1J
eai.
La
drílméhun des ·cas n'ell pas d' ut• ufage ua¡ verfel daos
toutes les langues, mai• elle ell
poffiP.Iedaos toll!es , puif–
qu'elle etiOe dan¡ quelqucs-une>,
&
cela fu f!i t puar en
faire le fondemem d'une théorie générale .
~1
prer(liere a bler vation qu'elle f<>u rn it, c'ell que les
quatre efpeoes de
mott
décl iqab'le.s reqoivent les iaflo xions
eje¡
cas daus les langues qu¡ les admcttent, ce qui indi–
GJUe dans les quatre efpecei une fignitication fondamen–
tale commune : nous avons déja v(\
qu'~lle
oonliile
~
préfenter a l'efprit les idées des <!tres réels ou abflraits
qui peuvent
~tre
les objets de nos
penf~es;
&
l'a n dé–
duiroit la méme
conléq~ence
de lo narnre des oas , par
la raifon qu'il n\y a que des cltres qui foicnt lltfceptibles
de rapports'
&
qui puiffent en etrc l<!s termes-.
La
feeo.qd~obfervation qui naic de l'ufage des cas ,
c'etl que deu; forres de príncipe> en reglent le charx,
ca!J1n¡e celui des nombres ¡ ce fant tes
~efo,ins
de l'é:
nanciation, d'apres ce qui exi!le daos l'efprit de celut
qui parle,
q~i
tixent le chóix des cas pour les noms
&
pour
1~
pronoms; e'on une raifon d'fmitation
&
do (·on–
c.ordance qui en décidee po,ur
~~
?,djeé\if¡
&
pour les
verb,es .
Ainfi le nom
rivum,
dans la' phrafe de p,hedre, ect
i
l'a<;cu fatif, paree qu'il en le cornplérnmt de la pré–
pofitinn
•d,
&
que le camolément de cettc
pr~pn rition .
ect alfujetti p1t l'ufage de la langue latine
a
fe
rev~tir
de
eette tecminaifon ; le.s
no.mslupui
&
a&>r~<I
font au no–
min1tif., paree que chaoutl
d'eu~
exprime UQe partie gram–
maucal~
du fu jet lo¡¡iq•Je du verb.e
venertJnt,
&
que le
nominatif.
e(\
le cas dcniné par l'ufage de la langue la·
tine
a
del1g0er ce rapport a l'ordrc analytique. Voil:i des
railons de nécellité ; en voici d'irnitation : l'ad¡eaif
e.r¿H•
¿,,
c;ll
a
l'accufatif, pour s'accorder en cas
a~ec
fon·
corrél~1if ~ivum.,
l'adjecrif-verbe, ou le participe
eom·
pul/i,
efi
au nominatif, pour
~·accorder au~i
en cas n eo
les no•u.s
lupu¡
&
•K""'
autquels il ell appliqué.
Ceci nous fournit encore les
rn~mes
co.nféquences dé–
ja
~toblics
a t'occalion des
no,t1;
1.br~s .
La divediré des
rnotifs qui dé.cident les cas, d vife pareilfement en deux
ordres,
~·
quatre efpeces de
nuts
déclinables ;
~ ~e!
deux
ordres font
précif~ment
les. rnernes qui ont ér_e doflmgut'.s
par la d>verfic¿. des prin.cipes qui
re~lent
le chvt<_des nom–
bres . Les. noms
&
l~s
pro.noms lo nt du
prcm~er
ordre,,¡
les :t4je8ifs
&
les
vctb~~
fon.t du fecoud.
Les cas d.éfignenr ·des rapports déterrninés ,
&
l<s cas
des noms
&
des
~.ron.oms
fe décídent d'apres
ce
qui
crinc dans l'cfprit de cclui q,ui parle : or on ne peut _fi,x er
dans fon elprit que les
rapp~m
de5 étres
déter n:uo~s,
paree que
~es ~rra iodéternuné~
ne pcavent
avo~r ac~
G
g~' ~
rap·