MON
La
>fwittoi•
oe
re~oit
point fa valeur de l'autolité pu–
blique, co mme M . llofzard prétend: l'empreinte mar–
q ue fon poid
&
Con titre; elle fait connoitre que la piece
eil compofée de telle quamité de matiere, de telle
ti–
llelle, mais elle ne donu
e
pas la • aleur, c'dl la matiere
-qui en
fa!t
la valeur.
L e ptince pcut appellér une piece de \'Íngt fols un
'écú ,
&
la fa ire rccevoir pou t qnatre
livres. C'elt une
m'aniere de taxer fes ftijm qui Jh ut obli5és de la rece–
\loir fut ce pié ; cepeudant il n'augmente pas la piece de
vingt lols,
elle
paife pour quatre livres: mais une livre
alors ne vaudroit que ce que ciuq [ols valoient avaot ce
rth~uffemem.
Si
1~
prin:e donnoit la valeur
~
h
monnoi•,
11
~pour
ro't donner a l'étain, au plomb' ou aux autres métaux
fabriqués eh pieces -d'une once, la valeur d'uu écu,
&
les faire fervir dans le commerce , comme la
m~nnoi•
d'argent fert préfentement. Mais quand le prince auroi t
donné la fabrique ,
&
le nom d'écu ii une once d'étain,
le
fujet ne donneroit pas des inarchandifes de la valeur
d'uu écu pour l'écu d'étain, paree que la matiere de quoi
il efl fait, ne le vaut pas.
La
monnoi•
n'elt pas une va!tur
cert~ine ,
comme M.
Boizard le die encore;
car,
qaoique le prince
o'y
fofle
aucun chaogemenc,
qu~
les efpeces foient cootinuées du
m~ lnc
poids
&
titre ,
&
expofées
a
u méme prix, pourtant
la
monn•i•
efl incertaiqe eh valeur.
Pour prbuver cela, je ferai voir d'ou les effets
re~oi
vent leur valeur, de q!lelle maniere
de
cette
v~let¡r
eCl ap•
préciée,
&
comment elle chaogc.
Les effets
re~oivent
leur vslct¡r des ufages autqu·els
ils font cmployés. S'ils étoieot
incap~bles
d'aucun uíage
1
ils ne feroient d'aucune va)eur.
r
L a valeur
de~
effets efl pl us ·ou moins haute, felon que
leur quanticé eft proportionn(!e
~
la demande . L'eau n'efl
pas vendue, o n la donne, paree que la quancicé en bien
plus g rande que la demande . L es vins fonc veodus , p>r–
ce que la demande pour les vins
~fl
plus ¡;raode que la
qnantité .
L a valcur des effets change , qaand la quantité ou la
demande change. S i les vi¡1s fonc en g rande quancicé, o u
q ue
la
demaqde pour les vins dim inue, le prix bailfe. Si
les vins font rares
1
ou q ue
la derpande augmence, le
prix hanffe.
La bono
e
ou la
mau•• aif~
qualité des effets,
&
la plns
grande ou la moindre des nfages auxquels ils fonc em–
ployés, font comprifes. Quand
j~
dis que leurs valeor
efl plus ou moins haute, felon que la quamicé efl pro–
f>Orrionnée
a
la demande. L a meilleure oo plus mauvaife
qualité n'augmente ni ne diminue le prix, qu'a mefure
qu!
h
différeoce dans la qualit¿, au;;n1eme ou diminuc;
la
demande.
E xemple: les vins ne Cont
pas
de la bonté qu'ils étoient
l'anuée paílée ; la demande pour les vins ne [era pas
(j
grande,
&
le prix diminuera; mais
!i
les vins fonc moins
3bondans '
&
que la diminucion de la quanticé répo ndc
a
la Jiminution de la
d~mande ,
ils conrinueronr d'etre ven–
dus au meme prix , quo!qu'ils nc foienr pas de la
m~
me
bonté. Le diminution de la quantité aqgmentera le prir,
autant que
1~
différcnce dans la qualité l'aqroic baiffé,
&
la qqantité efl fu ppoféí! alors dans la
q1~m~
proportio n,
q u'elle étoit l'année pa:fée avec la detnande.
L'eau efl pl us utile
&
plus néceffaire que le vin : done
les qua lités des effecs, ini les ufages auxquels ils fo nt cm–
ployé<, ne changent leur prit, qu'ii mefure que la pro–
portion entre la qualité
&
h\
demande efl changée; oar-la
leur valeur eCl plus ou moins haute, felon que la quantité
eft prnportinnnée
i
la dernaode. J..eur valcQr chaoge,
quand la quantité
Oll
la ejemande change. Ue m eme, l'or
&
l'argent, comme les amres effets,
re~oivent
leur
v~·
!eur des ufages auxqoels ils font employés.
G omme la
monnoi•
re~oic
la
v~leur
des matieres deC::
quellcs elle efl faite,
&
que la valeur de ces matieres efl
incertaint:, la
monnoit
en incertaine en valeur, quoiq ue
eontinuée dll
m~me
poids
&
titre,
&
expo fé~
au mé mc
prix;
(o
la quantité des maticres fouffrc ql\elque changc•
ment de vale,ur, l'écu
Cera
du meme poids
&
titre,
&
aura cou rs ponr le méme nombre de livres ou fols; mais
la
quantité de la m aciere
d'ar~ent
étant augmentée, c u la
demande .;tane
dimioQ~e,
l'éq1 ne Cera pas de la
m
eme
v•leur .
·
Si la mefu(c de blé efl vendue le double de la quantité
de
mo>m oie,
qu'clle étoit vendue il
y
a
5'Q
ans, o o con–
clud que
te
blé et1 plus cher. La di(férence du prix peut
étre caufée par des chan¡¡emens arrlvés dans la quantité ,
<lu daos la demande , pour la
"'"""~¡,:
alors c'efl la
mon–
~t•ic
qui cCl
a
meilleur marché.
MON
Les eípeces écant continuées du
m~me
p'oids
&
ticre
&
expofées au
m~
me prix , nous appercevons peu
le;
changemens dans la valeur de la
m•nnoie
&
des matie–
tes cf'or
&
d'argenc; mais cela
n'empéch~
pas que
kúr
valeur nc change;.
U n
écu, o u une o nce
d'ar~ent,
ni:
vaue pas
tant qu 11
y
a
un liecle. La valeuc de tomes
chofes change,
&
.l'argenc a plus changé que les autres
effets : l'au¡:mentatron de fa q uancité , depuis
la décou•
verte des lndcs , a tellement tliminué la valeur
que dix
onces en '!latiere
&
en e[peces, ue vaJent pas ta'nt qu'une
once valot1 •
P our etr.c fa tisfait de ce
q~c
j'avance , o
o
pea
e
s'infor–
mer du prtx des terres , matf..,ns, blés, vins ,
&
aueres
effets avant la déco uverce de, lndes : alors mille o nces
d'argent, ou en m>tiere ou en efpeces, achecoiem plus de
ces effets, que dix m il lcs n'acheteroiem préleruement .
Les e_ffets
nc
(on t pa<, pl us chets, no different peu; leur
qunn~rt¿
étant
a
pcu-pres daos In métn e proportion qu'elle
étoit alo rs avec la demande' c'efi l'argenc qui efl a meil-
leur marché .
_
Ceux q01 fe fervent de la vniffelle' d'argent, croyent ne
perdre q ue l'intérét de la Iom me cmployée, le contróle ,
&
la
fa~ou;
mais ils perdent ene" ' " ce que la m•tiere
di~
minue en valcur ;
&
la valeur diminuera, tanc q ue la
quantic~
augmcntera,
&
que la demande n'au'gmentera pas
il
proporcion . U ne famille q ui
s'cll
f~t v ie
de Jix m.llcs
o nces de vaitfelle d'argeht depuis deux cens ans, a perdu
de la valeur <le fa vaiffelle plus de ncctf milles o nces, ou–
tre la
fa~on ,
le cootróle,
&
l'intérét ; car les dix milles
ouces tJe valene pas ce que mille o nces valo1ent alors.
!.,.es co tnpagnies de>
lndes
d'
A.ngletcrre
&
d'Hollande
ont porté une grande quantit¿ d'ofpeces
&
d" rnatiere¡
d'argent aux ludes orientales ,
&
il s'en conf..,mme daos
l'Et)rope ; éc qui a un pen fo •uenu
r,,
vnleur ; mai> uo n–
obfl:l nt le ttanl'port
&
la confo mmat;o n, la g roiTe quan–
tité qui a été appo rc¿e, a diminué fa valeur de quatre • ·
vingt dix pour cent .
L a q natltité d'or a augmenté plus q ue la demande,
&
l'or a dimmué
1,'11
vaiC<Jr: rnais comme fa quantité n'a pl<
augrnenté dnns la
lll~me
propartion que l'argent '
r~
va–
leur n'a pas taru diminué.
11
y a dent ceus aos que l'o n–
c-e d'or valoic en l"rance feize livrcs cinq f<¡ls quatre de–
piers,
&
J'o nce d'argcnt une iivre doute Cols. L 'oncc
d'or en ruatiere ou en efpcces, valoit alors dix onces
d'argent ; ii' pré fent elle en vaut plus de quinze: do ne ces
métaux ne fo nt pas- de la valeur qu'il< étoienc a l'égard
des áurres effets, ni :\ l'égard l'uo de l'a utre. L'or, quoi–
que diminué en valeur, vaut la moitié plus d'argent qu'il
n'a val u.
Par ce queje viens de dire, il cfl évident que le prince
ne donne pas la valeur
a
la
m onnoie ,
comme M . Boizard
pr~tend:
car fa val ur confi tl9 dans
la
matiere dont elle
eíl compofée; aum cfl-il év ident q ue
(a
valeur u'e[l pas
certai~e , puif~ue
J'expérieoce a f,tit voir qu'elle
.a
dimi–
nu~
depnis la découverte des ludes de plus de quacre–
viog t-dix pour cent .
Par ces dimónutions arrivóes
lt
la
mownoit',
je n'en–
tends pas ?arler des affoiblilfemens que les prioces
o nt
fait dans les efpeccs, je parle fculemenr de la diminn –
tion des m•tieres cauféc par
l'aqg mcntacion de
leur
q uanticé .
•
Quand on exa111inera les atfoibliffemens , on trouvera
que de cinquanre parde<, il n'en refle ¡¡ u'une, je veux di–
re , qutil
y
avoir
auranr d•argenc eu vingr fols, qu'il
y
en
a prcfentement en cjnqoante livres . C'efl ce qui etl
prouvé par les ordonnances to ucham
lo
fabri4uc des
[ou s
de France l'anoée
75'5' ;
il
y
avoit alo rs la méme quanticé
d'argent fin dans un fol, qu'il
y
en a pré femement dans
le demi écu qui vaut cinquante fols . Mais pour ne
p~s
remo nter fi loin, les efpeces
d'ar~cnt
o nc
~ té
affoiblies en
France depuis denx cens ans
1
q'environ les deux tiers de
leur valeur .
Ceu x qui ont eu leur bien payable en
mo~noi•,
ont
fo uffert er¡core par les diminutions des remes •
A
vaot la
découvertc des lndes , les rentes étoient conflituées au
denier dix; elles le font préfencement a<l denier
vio~t .
·une donation faite il y a deux cens nns, deflinée
pou~
l'entreticn de cinquaote perfonnes, peur ii peine anJourd'h ut
en encretenir une, Je fuppofcrai cette donacion hypothe·
quée pour la fornme de dix rnille livres, la
manno!<
ét~nr
alors rare, les
r~nces
étoieot conOituées au
~en.rer
dtx:
mille livres d'intéret pouvoieot alo rs encretemr
cHlq~~ute
perfooncs; la
monnqi•
a
caufe de fa rareté, étant d une
plus
~rande
valeur, devenue plus abond,:;nte par la
9uan~
tité des rnatieres apporcées en EuroPe'
1
Jntéréc a batffé
~
cinq pour cent; ainfi
l'iotér~t
de
l'hypot~eque
efl rédutt
plr"l~,
de m ille :\ cin q ceos livrcs.
11
n
Y.
a _plus qut le
titrc ó'ar"'ent dans la
mfnnoit
par lei atfozbhlfemem
~ut
•
•
lei