MET
O u donnes fouvent le nom de l'ouvríer
~
,l'ouvrsge :
on dit d'un drap que c'efl un
Van-Ru.aiJ,
un
Roufluu,
un
Pagnon,
c'eCI-a-dire, un drap de la maoufaéture de
Van-Rabais, ou de celle de Rouífeau,
&c.
C'ell ainr.
qu'on donne le nom du peintre au rableau : on dir, j'ai
v u un beau
Rembranl,
pour dire un be•u tableau fait par
le R embrant. O n dit d'un curieu x en eflampes, qu'il a
uu grand nombre de
CallotJ,
c'efl-ii-dire, un gund nom–
bre d'eflampes grav ées par Callot .
On trouve fouvent daos I'Ecriture-fainte,
']acob, lfra–
il , '}uda ,
qui
fo~on
des noms de patriarches, pris daos un
fet!S O:rendu pour marquer tom le peuple juif. M.
Fié- '
ehter,
Oraif [Hn . de M . de Turennt,
parlant du fage
&
v_aillanr Machabée, auquel il compare M . de Turenne
a dtt , Cet homme qui réjouiífoit
']acob
par fes verrus
&
par fes exploirs , .
']aco6 ,
c'efl-a-dire
le peuple juif
A o lieu do nom de l'effet, on fe fert foovent do nom
de la caufe inflrumentale qui fert
i
le prodoire : ainfi ,
pour dire _que quelqu'un écrít bien , c'eft-a-dire, qu'il for–
me bien les caraéteres de l'écrirure onr dit
qu'il
a
Nne
be/le m
a
in .
L a
plume
ell auffi une caufe inflrumentale
de l'écrirure,
&
par conféqueot de la compolition ; ainÍI
plume
[e
dit par
mlto11ymie,
de la maniere de former les
caraéleres de l'écriture,
&
de la maniere de compofer .
Plume
fe prend auffi pour l'aureur mcme :
c'ef/ rtlle bon–
ne plumt,
c'efl-a-dire, c'efl un auteur qui écrit bien;
c'tft
;me de nos mcillmrn
pl~<mn,
c'efl·a-dire , un de nos meil–
leurs auteurs .
Style
fignifie 2.11ffi par fi gure la maniere d'exprimer
les penfées. L es ancíes avoienr deux manieres de former
les caraéleres de l'écriture. L'une étoir
pingmdo,
en pei–
gnant les lettres ou fur des feuilles d'arbres, ou fur des
peaux préparées, ou fur l:t perite membrane intérieure de
·l'é~or~e
de certains arbres: ( cette membrane s'appelk
~n
la~tn ltl~<r,
d'ou vient
li'Vre)
ou fur de perires rabienes
fatt~s ~e
l'arbriífeau
papyrur,
ou fur de
la
taile
&c.
lis
~CrJYOient
alors avec de petits rofeau x ,
&
dans la fuire
il~
fe fervirent auffi de plomes comme nous .L'autre ma–
niere d'écrier des ancieus étoit
inciliendo,
en gravant les
lettres fur les lames de plomb ou de cuivre, ou bien
fur des rablettes de bois enduites de cire . Or, pour gra–
't"er l7s le!!res fur ces lames ou fur ces tablertes, ils fe
fervorem d'un poinc;on qui étoit pointu par un bout
&
applati par l'autre : la pointe fervoir
a
graver,
&
l'éxrré–
rnité appl:ttie fervoit
a
effacer;
&
c'efl pour cela qu'Ho–
race
di~,
l .
Sae.
x .
72.
j lylum 'Vertere,
tourner le flyle,
pour d1re
~ffac~r, corrig~r, rtt~uch~r
a
un ouvrage .
Ce
poi~~on
s'appelloit
jlyhu,
de ...,., ,
columna, colum•lla
pem colonnc; te! e!l le fens propre de ces mots: dans
!e feos fi guré, il ligni(ie la maniere d'exprimer les peo–
fées. C 'dl en ce fens que l'on dit le
jlyle
fn51ime,
le
jlyü
limpie, le
ftyl•
médiocre , le
jlyle
foutonu, le
jlyle
grave,
lejlyle
eomique,
lejly le
poédque,
!ejlyle
de la
cooverfati"on,
&r.
Voya:.
STYLE.
Pinceau,
oucre Con íens propre , Ce dit auffi quelque–
fois par
mltonymie,
comme
plume, jly/e:
on dit d'un
nabile peintre, que c'efl un favaor
pinuau .
Voici encme quelques exemples tirés de I'Ecriture·
, fainre, ou la cau[e dl priíe pour l'elfct.
Si peeca'Verit
anzma, . .. portabit ini'{uitatem f•.am , Le'Vit.
V.
1.
elle
-portera
jon ini'!Nitl,
·c'efl-3-dire , la peine de fon iniqu[–
té .
!rarA
D tJmini portaba ,
t¡Noniam p(c&avi ei,
M ich.
/(II.
9·
ou vous voyez que par la
colere du Seigne*r
ti faut encendre la
peine
qui efl une fu ite de la colere :
N on
morabit Hr
f.lpuJ merctnarii
ttti
apud
tt
sfc¡ N;
ma–
'"·'
L e'Vit.
XIX .
13.
opus ,
/'qu'V~a$e,
c'efl-a-dire ; /,
fa·
l~tre,
la réCOli'lpeo(e qui efl dile
~
l'ouvrier a caufe de
fo n travail . T obie
a
dit la me me chofe
a
fon tils tour
ti!nplem'tnr,
i'V.
1
í·
Quicunrue tibi alif{uid operatuJ fue–
rlt., ftattm e1
m.ercedem
r1jlitue,
&
merces
mercenarii
~ut
apud te
om11m~
non remaneat.
Le prophete Ofée dit,
t'V.
8. que
le~
pre_cres rn-•ngeront les
plchéJ
du people,
peccaea popult
mtt
comedent
c'efl-i-dire les viaimes
' otferres pour les péchés. '
'
·
11.
L'effetpourlacaufe .
C omme lorfqu 10v ide
Me–
l a>norp.
Xll.
.P3·
dit q!le le mont Pélion o'a
'poin~
d'ombres,
ne&
habet Peii•n NmbraJ
¡
c'efl-a-dire qll'il
n'a poim d'arbres, qui font la qu[e de l'ombre ·
l'om–
!Jre ;
qui efl l'elfet des arbros, ell 'prife ioi pqur
'~es
ar·
bres mémes.
..
D ans .la
Genef!, XX 'V.
23. il efl dit de Rébecca, qne
· deux natlo'!s étotent en elle ;
dua~
gentes funt in uter•
t:eo ,
&
drto
popult
ex 'l.'entre
tuo
dividentur
·
c'ell~ i.dire , Efaii
&
Jacob, les peres des deux
natio~s
· Jaccil:¡
des
J
uifs, E íaü des lduméens .
'
• L es Poeres dilent
la pále mort , les páleJ maladia;
la more
&
les maladies rendent pil le;
palli</amrru Py–
l'enff! ,
P~rf.
prq/.
la
¡alt
fQD!~in~
de
Pyre11r;
c'étoit une
MET
fontaine confaérée ·aux muCes, l'application
~
la
po~fie
rond pille, comme taute autre application violente.
Par
la méme raifon Virgile a dit:
.lEn.
VI.
27f.
Pallenen habila1fl morbi, trijlift¡•• feneéluJ:
&
Horace,
l. Od. i'V. p1111ida moYJ.
La mort, la ma·
ladie
&
les fomaioes confacrées aux mules ne fonr poim
pales, mais elles produifem la paleur: ainli oo donne
a
la caufe une épithete qui oe conviene qu'á l'effet .
111.
Le conte11ant pour le rontenu .
Comme quand on
dit
i/
aime la bouteille,
c'efl-a-dire,
i/llime le 'Vin .
V
ir–
gil~
dit,
.lEn.
l .
743·
que D idon ayanr préíemé
a
Bi·
tias une coupe d'or pleine de vio, Bitias la prit,
&
fe
la'V(I,
1'
arrof• de cet or plei>1;
c'etl-a-dire, de la liqueur
cootenue daos certe coupe d'or:
lile impiger hau./it
Sp11mA1ftt"' patera"'
&
pleno fe proluit auro:
A11ro
efl pris ponr la
coupe;
c'efl la matiere pollr la
chofe qui en efl faire (
'Voyez
SYNECDOQUE), enfuite
la
coupe
eft prife pour le
'Vin.
Le del ou les anges
&
les faiots jouitrent de la pré·
fence de D ieu, fe prend fouvent pour D ieu
m~me :
im·
plorer le
fec,ourJ
Ju
tia;
grace a
u cíe/;
pater,
p~ccavi
in ctrlurn
&
cor•m te,
(
mon pere, j'ai péché contre
le
ciel
&
contre vous) dit l'enfant prodigue
a
fon pere,
(
Luc, éh. X'V.
18. )
le
riel
fe prend auffi pour les dieuz:
du paganifme.
La terre fe tue
devane Aleundre,
(l. Machab.
j .
3 )
ji/Hit &erra in confpeéiN ej us;
c'efl-a-dire, les peu–
ples de la terre fe foumirem :1
lui.
Rome ldlfapprouv.•
la conduite d' Appius, c'efl-a-dire, les Romains défap–
prouverent ....
Lucrece
a
dit
(V.
ufo. ) que les chiens de chatre
mcttoient une
forb
en m'o uvemenr
;fepire plagiJ faltttm
•
canibufqu e citre :
oü l'on voit qu'il prend la
forlt
pour.
les
animaux
quí font dans la
for~t
.
Un
nid
fe prend auffi pour les
peti&J oifeaux
qui fonl
encare
a
u nid.
C
ArC( r
(
prif00) fe dÍ! en latín d'UO ha tnme qui mé•
rire la prifon .
IV.
Le nom du lie11
ou une chofe fe fait, fe prenil
pour la chofe meme. On dit un
caude!Ju,
au lieu de di•
re un
rhapeau
fait a Caudebec, ville de Norrnandie.
On dit de certaines étoffes, c'efl une
marfúlle,
c'efl·
a-dire- une étotfe de la manufaéture de Marfeille : c'dl
une
pe~
fe,
c'efl-:1-dire , une toile peime qui vient de Perfe.
A- propos de ces Cortes de noms , j' obferverai id
une méprife de .M. Ménage , qui a été fuivie par les au–
teurs du D i.étionnaire univerfel, appellé communément .
D ic1io>m. de Tri'V.
c'e!l au fujet d'une Corre de lame
d'épée qu'on appelle
olinde:
les olindes nous ·viennent
d'A IIcmaone,
&
fur-tout de la ville de
Solil<g(n,
dans
le Gerde d e Wellphalie: on prononce
Soling11e.
11
y
a
apparence que
c'efl
du nom de cetre ville que les éptes
dom je parle ont été appellées des
o/i, dn
par abus. Le
nom
d'O/inde,
no
m
romanefque, étoit déja connu
com–
me le nom de
Syl11ie;
ces forres d':tbus font
a
!fez ordinaires
en fait d'érymologie . Quoi qu'il en foit, M. Ménage
&
les ameurs du D ia ionnaire de Trévoux n'ont point
renconrré heureufemenr, quand ils ont dit que
/u olindu
ont itl dinji appellt!eJ de la 'Vil/e á'OiinJe da,J le Brl•
ji/
d'ou ils nous dífem que
«J {or-tts de lam" f•nt 'Vt'"
mieJ .
Les ouvrages de fer ne viennent point de ce p:ys•
¡a:
il nous vienr du Bréfil une forre de !>nis que nous
appellons
brff¡l,
il en vient auffi du fuere, du tabac, d11
baume de l'or, de l'argent,
&<.
mais on
y
porte le fer
de
I'E~rope,
&
fur-tout le
~er
travaillé.
.
1
La ville de Damas en Syrre, au pté du mont L1ban,
a donné fon nom a une Corte de
fabru
ou de
couteiiUJt
qu'on y
f~it:
il "
""
'Vrai d11m#J,
c'eCl-a-dire, un fabre
ou un aouteau qui a été fa[t
:i
Damas. On donne auffl
le nom de
dRm•r
:1 une forre d'étotfe de foie , qui a été
fabriquée originairement daos la ville de D amas; on
a
depui~
imité cene Corte d'étoffe
a
Venife, a Genes,
a
L yoo,
&c.
ainfi on dit
JamaJ de Vmife, de L yon,
&c.
On donne enaore ce nom
a
une forre de
pruru,
dont
la peau efl fleurie de
fa~on
qu'elle imite l'éroffe dont
nous venons de parler .
Fai"mce
efl une ville d'ltalie daos la R omagne; on
y
a trouvé la maniere de faire une forre de vai¡feJie de ter–
re vernitrée qu'on appelle de la
faumce;
on a dit enfui–
te par
mltony»úe ,
qu'on fait de torr belles
faianceJ
en
Hollande,
a
N evers,
il
Rouen, &c.
C'efl ainfi que le
L ycle
!~
preod Pc;>Ur les
di~cipl':'
¡!'hriflóte, Oll pour la doéhmc: qu'Anflote enfetgoott
dana