MET
l'inconv6nient
&
11 néceffité de la regle qui doit les re·
d rerfer. Ceue premiere befogne va lentement les premiers
jours
&
h
chofe n'ell pas fu rprename ; rnais la padmce
du
m~ftre
n'efl pas expo(6e
a
t.:ne tongue 6preuve :
il
verra biemót croitre la
facilit~
a
retenir
&
a
rcpétcr avec
intclligencc: il fentira enCuite qu'il peut augmenter un peu
b
tiche : rnais il le fera s vec difcrétion, pour ne pos re·
buter fes difciples : il fe contemera de peu tant qu ·;1 fera
néceflliire, fe fouven1m tou¡our> que ce peu ell beaucoup,
puifqu'il ell
(olid~
&
qu'il peut devenir f6cond;
&
il ne
renonccra :\
p~rler
le premier qu'au bout de plulieurs fe·
m aines , quand il verra que
1<~ r~pétitions
d'aprcs lui ne
coutcnt pl us rien ou prefque ríen, ou quand il
retrou·
nra quelques phrafes de la li mplicité des premieres par
ou il aura débuté ,
&
(ur
lefquelles il pouna effayer les
é leves en leur en faWmt faire l'analyfc le• premiers, a·
prcs leur en avoir prépa;é les moyens par la conllruaion.
C'efl ici comme le fccond degrt! par ou il doit
les
c onduire quand ils ont acqnis une certaine fo rce .
11
doit
leur faire la conllruaion anolytique , l'explication litéra–
Je ,
&
la verfion exat!e du texte; puis quand ils ont ré·
pété le tout, exiger qu'ils rendent d'eux·mcmes tes rai–
fons anal ytiques de chaque mot : ils héliteront quelque–
fois , mais bicii!Ót ils trouveront peu de diffienlté ,a-moins
qu' ils ne roncontreot quelqnes cas euraordinaires
~
&
je réponds hardiment que te nombre de ceux que l'an–
oazre ne peut expliquer
en
tres·petit .
es éleves fonitiés par ce fecond degré , pourront
paffer atl troifieme, qui confille a préparer etix-memes le
tout, pour faire íeuls ce que le maltre faiíoit au com–
m enccmcnt, l'analyfe, la conflruétion, l'e,.;plication lit–
t6rale,
&
la verfion exaéte. Mais ici ,
ils auroient be·
foin, pour marcher plus furemem, d'un dia ionnairc
13-
tin·fran~ois
qui leu r
préfent~t
uniquement le (ens propre
de e
baque mot, ou qui ne leur affignat aucun fens
fi.
guré !ans
en
avenir
&
fa ns
en
expliquer !'origine
&
le
fondement . Cet ou vra¡;e n'exifle pas,
&
il [eroit néce(–
faire
i
l'exécut ion eotiere des v(ies .que l'on propofe ici
&
1
1
entreprife en efl d'autant plus digne de l'atten¡ion des
bons citoyens , qu'il ne peut qu'étre tri:s-u
ti
le
a
toutes
les
mlthodn ;
il feroit bon qu'on y affignh les radicaux
latins des deriv és
&
des compoíés, le fens propre en ell
plus fenfible.
Exerc~s
que!que tems de cette maniere, les jeunes
gens arriveront au point de ne plus faire que la cop llru–
étion pour expliquer litréralement
&
traduire ettfuite a–
vec correaioo, fans anal yíer préalablement les phrafes .
A lors ils íeront au niveau, de
h
marche ->rdinaire; mais
quelle difiérence entr'eux
&
les enfans qui fu ivent la
mi·
thod•
vulgaire! Saos entrer d:tns aucun détail analyrique,
ils verront pourtant la raifon de tout par l'habitude qu 'ils
auron t conuaaée de ne rien entendre que par raiíon: cer·
tains tou rs, qui font effcnciellemcm ponr les a•Jtres des
difficultés tres-grandes
&
quelquefois infolubles, ou ne les
arr~teut
point
QU
!OUt ,
OU
ne les arretent que l'iullant
qu'il leur fa u¡:Ira pour les analyfer ! tout ce qu'ils expli·
queront, ils le fauront bien,
&
c'efl ici le grand avan–
tage qu'ils •uront for les autres, pour qui il
relle tou·
Jours mille obfcurités dans les tex tes qu'ils ont e1pliqués
le plus (oigneufement,
&
des obícuri tés d'autant plus in–
viucibles
&
plus nuilibles, qu'on n'en a pas méme le
foup~on:
ajoutn·y que dé(ormais ils iront plus vire que
l'on ne peut allu par la route ordinaire,
&
que par con–
féquem rls regagneront en célárité ce qu'ils paroiffent
perdre dans les commeucemcns ; ce qui alfure
i
la
,,¡.
t hod<
analytique la fupériom6 la plus décidéc, puifq u'el·
le donne aux progres des
~leves
une fotidité qui ne peut
fe trouver dans la
mlthod•
vu lgaire, fans rien pcrdre en
effet des avantages que l'on peut íuppofer
a
celle·ci.
Je ne voudrois pourtaot pas que, pour le prétendu
avaota)le de t'aire voir bien des cha fes aux jeunes gens,
on abandonnát cour-1-coup l'analyíe pour
ne
plus
y
re–
venir: il convient, je erais, de ks y exercer encere peo·
dant qudqoe terns· de fo¡s a autre , en réduifant, psr
exernple, cet exercice a une fois par fe maine dans
les
commencemeros, puis infenfiblement
a
une feule fois par
quinzaine, par rnois,
&c.
¡ufqu'a ce que l'on feote que
J'on peut e!f:1yer d_e faire traduire correacment du pr_e·
mier coup íur la limpie leélure du teue: c'ell te dern1er
point oti l'oo amenera fes difciples,
&
ou il ne slagira
plus que de les
arrete~
un
pe~
P<?Ur leur procurer la
t'.t·
cilité requiíe,
&
les d1fpoíer
a
fa1 fir enCune les obíerva–
tions qui peuvent
~tre
d:un
a~me
reffort qu_e de
c~lui
de
Ja •
Grammaire
&
dom Je do" par cette r21fon m ablle-
oir dé parler
i~i.
·
.
Je ne dois pas dav.antage exammer que!s font tes to·
teurs que l'on doit hre
p~r pr~féreoce ,_m
dans que! ?r-
4rc il cpnvient de
tes
YOJI :
e
cll
un
p010t dé)a
en
mm~
Ñl E T
a:
décidé
pa~
plafieurs bons litcé rateurs,
apr~s
Jefquels
mon avis leroit íuperftu;
&
d'aillcurs ceci n'1pparrient
pas a
la
mhh.d,
méchauique d'étudior ou J' "fei••ner les
langues, qui e!l le (eul ob¡et
e cet
artic/,.
11
~·en ~Jl
p•s de ml:me des vt1es
propo f~es
par
1\1.
du Marfais
&
par M. Plocbe, lefquelles out direaem nt trait :;, ce
mt·
chanifme. •
La
m<tbotl.
de
M.
du Marfais • deuvparties, qu'il
ap–
pelle la
routi»•
&
la
raifon.
Par
13
routine
il
app,end
t
íon difciple
la
ligniti catiou des rnúts tout fimplcmcnt;
il
leu r met fous les yeux
la
conflruaino aualitiqae to te fai –
te avec les fupplémens des ellipfes; il mee au·detlous la
traduaion littérale de chaque mot, qu'il appclle
t,a.lul!io•
intafinlai":
!OUt CeJa ell fur Ja page
a
drOÍte ;
&
fur ce!•
le qui e'll
i
gauche, on voit en haur le texte tel qu'il
di
for–
ti des
m~ins
de l'auteur,
&
au aeffous la rraduaion ena e
de ce texte.
11
ne rend daos tout ceci aucune railon )\ram·
maticale
a
íoo difciple, il ne l'a pas
m~ me
préparé
a
s'eo doUter; s'il rencontre
<DI!filio,
il apprend qu'il ligni·
fie
confoil,
1nais
i1
ne s'attend ni
ne
peut s'attendre qu' il
trouvera quelque jour la m!me idée reodue par
co,Ji·
lium, confilii, ro11jilia, confiliorum, confiliis:
c'cll la
m~me chofe
o\
l'égHd des autres mots décliuables ; l'aureur
veut que l'on mene ainfi
Con
éleve ju(q u'i ce que frap–
pé lui-meme de la diverfité des terrninaiCons des mémes
q¡ots qu'il aura rencootrés,
&
des diverfes
Íl~ni6cation•
quf
Ctl
auront été les fuiteS,
iJ
force le
tnaitre par
(~
queflions
a
luí r6v61er le myllere des déclinaifons , del
conjugsiíons, de la fyntaxe, qu'il ne lui a en core
f•lt
connoltre que par inllina. C'efl alors qu'a lieu la
!~conde p3rtie de la
llflthoJ<
qu'il nomme
la
rar{on ,
&
qui renuc a·peu-prcs daos l'efprit de celle que j'ai
er–
poíée: ainfi nmts ne différot1s M . du M arC1is
&
moi ,
que par la routine, dont il regarde l'exercice comme in–
diCpenl.1blcrnent préliminaire aut procédés raifonnés par
leíquels je débute.
C etrc différence vienr premierement de ce que M . dt1
Marfais penfe que dans
les enfans, l'organe , pour ainfi
dire, de la raifon, n'efl pas plus proponionné pour fui–
vre les raiíonnemens de la
mlthoti<
analytique, que ne
te font leurs bros pour élever certains fardeaux: ce font
:l- peu·pr~s
fes termes, (
mlth.
p.
t
1.)
quand
il
parte
de
la
mltbod~
ordinaire, mais qui ne peuvent plus étre
a~pliqués a la
mlthod~
analytique préparée felon tes vúel
&
par les moyens que j'ai détaill és .
]e
ne pré(ente aut
enfans aucun príncipe qui tienne
a
des idées qu'ils n'ont
p•s encore acquifes; mais je leu r e1 pufe en ordre tOtt–
tcs cclles don e je pr6vois pour eux
le bcfoin ,
fans ar–
tendre qu'ellcs nailrent fortuitement dans
leur efprit
a
l'occafion des fecouffes, li je puis le dire, d' un in!linét
avcugle: ce qu'ils connoinent par l'uCage non raifonné
de kur langue rnaterneUc me !itffit pour fonder tom l'é–
dificc de leur inllruclion;
&
en panant de-13, le prernier
pas que je leur fa1 s faire en les menant comme par la
main, tend déja au point le plus é levé ; mais c'efl par
une rampe douce
&
lnf'e nfible, telle qu'el le ell néceffai–
re
a
la foiblefle de Jeur age . M . du IV!arfais
YCU!
encare
qu'ils acquiérent un certarn ufage non
raiConn~
de la lan- ,
gue latine,
&
il veu t qu'on les retienne dans cet cterc-i–
ce aveugle
jufy u'
a
"
r¡~t'ils
ruonnoi[!'<Ht
/,
fnll
a'""
mot
a¡,.
u~mm"ifo"
(p,g.
32. )
11 me femble que c'cll:
les faire marcher long· tems
~utour
de la montagne dont
on veut leur !aire atrelndre le fommet , avant que de leuc
faire faire un pas qui les
y
conduife;
&
pour parler fa n1
~l lclgorie ,
c1ell accoutomer leur efprit
a
procéder fzn1
raifon.
A
u relle, je ne defapprouverois pas que l'on cherchftt
l
mettre dans
h
t~te
des enfans bon nombra de mots
latins,
&
par conféqu ent
l~s
idées qut
y
font attachées ;
mais ce ne doit étre que par une fimple nomenclature ,
telle 3-peu· pres qu'e!l
l 'i~tdicuft<s
univufalis
du pere
Pommey, ou telle aurre ilont
un
s'aviíeroit pourvQ que
la propriété des termes
y
fOt bien ob(ervée. Mais , jc
nc erais les erplications non raifonnées des phrafes poo–
nes qu'a abi tardir l'eíprit;
&
ceux c¡ui croient le< enfans
incapabtes de raifonner , doivenc pou r cda
m~me
les
faire raifonner beaucoup, paree qu'il ne manque en effet
que de l'exercice a la faculté de raifonner qu'Íis
Ont
ef·
fentiellernent,
&
qu'on ne peut leur conteOcr. Les fue–
ces de ceux qui reuffiflenr daos la compoGtiou des tbé–
mcs, en fon t une preuve prefque ·prodigieu(<!.
C'e!l principalement pour les forcer
a
flire ufa11e de
leur roifon que je ne voudrois pas qu'on leur mft fous
les yeu1, ni la coo!lruaion a031ytique, oi la trlduaioa
littérale; ils doiveot uouver tout cela en
raiíonoant:
mais s'ils ell daos leurs mains, foye2 silr que les por·
tes des fens demeureront fer mées,
&
que l:s
dil1rafrion~
de toutc cfpece,
G
oatocelles
a
ce; - Sge , rendront ina--
tile