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MER

, dieux &de combars djt M. de.

Voh~ire

dans. fon

4fd'l

,'

f

11

r la

poi/ir lpit¡ue ;.

ces fuj<ts plailent·

naturcll~¡nent

,; aux hommes; ils aiment

¡¡e

qui

l~ur.

paroit

ter~ible~31s

,

font comme les

~nfans

qui teoutent

~videment

ces CQf,l·

,' te> de forciers qui les

~Jfni~nt.

ll

y

a des fables

P.9\l.'

•: tout Jge ; il n'r a point de oa

tion

qui n'ait eu l<s

fte~¡~~

,, pes , . Voila. fans doute une d.CS cauCes du plalir

qu~

caule le

mtrvtille~tx-;

mais pqur le fa

ir~

adopter, tout dé·

pend 9u·

ehoi~,

de l'ufage

&

de

l'application que le poere

fera

d~s

idées

re~ues

daos foo !lecle

&

dans fa nation,

pour

ima~tin~r

ces 66lion qui frappent, qui <!tonnent

&

c¡~¡i

plaifent;

CP

qut fuppofe égalernent que ce

m.rwil·

lt11x

·

ne doit ·point choquer la vraiffemblance. Des excn;¡–

pl~s

Yont

écl~ircir

ccci;• qu'l1omere danS-

l'lliade faffe

parler des chevaux, .q1.1'il attribue

i

des trépiés

&

:l

des

fiatues d'or la vertu de fe mouvoir,

&

de fe r-ndre t9U·

tes feules

a

l'affembl~e

des dieur; ql\e daos Vir¡¡ile des

tnontlres hideux

&

dégoutans vieoneot corrompre les

tnets de

1~

troupe d'Enée; que da 0 s M iltoll

les anges

rebelles s'amufent

i

batir un palais imaginaire daos le

m orr¡eut qu'ili' doivent

~tre

unlquement occu¡>és de leur

"engeance; que le Taffe Imagine uu perroquet chantant

des chanfons de fa propre compoíition ! tous ces ,traits oe

font pas atfe1. no!¡les pour l'dpopée, ou forment du fu·

blim~

exrravagant. Mais que Mars bleffé

jette un cri

pareil

a

cclui d'une arm<!e; que Jupiter par le mouve–

tnent de Ces furcils

é~ranle

l'Giympe; que f':lepJune

&

les Trirons d<!gagent

eux·m~mes le~

vailre3ut d'Enie

enfablés daos les· fyrte ; ce tnerveilleux paro1t plus fa.¡e

&

tqnfpqrt< les leéteurs. De-la il S>'eofu\t que pour ju–

ger de la conveoaoce du

""""';//,*x

il faut fe tran–

fporter en efprit daos les tems ou· les Pqé:"t•s ont <!crit,

tpouf~r

pour un mom<ot les 1d6es , les m<l!urs

les fen•

timtns des peuples pour lefq uels ils ont écrit. Le

nur–

'fltilleux

d'Homere

&

de Virgile conlid6ré de ce poir;Jt

de vue, fera roujours admirable:

ti

J

1

ol} s'eD <!carte

il

tlevient faux

&

abfurde

¡

ce font des beautés que l'on peut

nommcr

bea11téJ lora/o.

H

en etl d'autres qui fQnt de

, tous les pays

4

de tous

les tems. Ainú daos la Lu–

fiade lorfque, la tlotte portugaife commandée par Vafco

de Gama, etl

p,r~te

a

doubler le cap de

Bor~ne·Efp<!rance. appel lé alors le

PromMtoirt

Jn

Tempétrs.

9 11

apper~oit

tqut· a·coup un perfonnage formidable qui s'éle·

•e du fond de la mer; fa

t~te

touche aux nues; les tem–

p~tes,

les veots, les tonnerres font sutour de lui; fes

bras s'éteodent fur la furface de> eaux . Ce monllre ou

ce

die~¡

e(} le gardien de cet oc<!an, dont aucun vaif·

feau o'avoit enca re fendu les Bots.

11

menace la flotte •

il fe plait¡t de l'audace

d<s

Ponugais qui vienoecu lui

difputer l'empire de

ce~

mers; il leur aonooce toutes les

!!'alamités qu'il

doi~ent

effuyer dans leur entreprife . ll

~rqit

ditlicile d'en mieuJ allégoder la difficulté,

&

cela

ell grand en tQl¡t teros

&

en tout pays fans doute .

M.

de Vnltaire,

de

q~¡i

nous empruntons cett• reml rq úe.

pqus fournira lui-mé me un exemple de ces 6é):ion< grao·

des

&

n<~bles

qui doivent plaire

a

toutes les oatio ns

&

dan.s tQus les fiecles . D ans le feptieme chant de fon po1i–

me, faint L¡ouis tranfporte Heorl

1V.

en efprit au ciel

&

aux enfers ;

en~o

il l'introduit daos les palah des detlins,

&

lui fait votr fa pollérité

&

les grands hQ'llll)es que la

France dqit produtre .

11

lqt trace les caraét"res de ces

Mr01 d'une manlere aol)rte, yraie,

e\

tres-int<!reffante

pour notre nation. Virgile avoit fatt la m!rr¡e chofe

&

c:!e(l ce qul prouve qu

1

ii

'1

a une li>rte de

m~rwilftr<Jt

'ca·

P-&ble de faire par to•tt

&

en

~out

tems les mt!.,es impref•

nons . Or.

¡,

cet. <!gard tl, r a une force de godt UllÍYerfel'

que le P'•ete dott connoure

&

confulter . Les fiél ions

&

les allégqries , qui fónt le>parties du f)'fleme

n~trvrillnfx

~e

fauroieut piaire

i

des leéteuts

~élatrés,

qu'auram qu'el

~

tes font prtfes dans la

na~\)re ,

fouten ues avec vraillem–

blance

~

JUtleCfé, en fin confonl}es aux id<!cs

re~ucs

¡

ear

ú,

felol)

M.

D efpr<!aux, ji

cfl

des oecafions ou

Le '!Jr'!i P<lll

fNtiVN•foiJ

"'élr' P'!r 'iJr4if)tmqlablf",

• combiel]

~tus ~orte

raifon, une jjétion pourra-t·elle ne

l'~tre

pas, a moms qu

1

elle ne foit imaginl!e

&

eonduite

~yec

tant dlan, que le leéteur fans fe déijer de l"illufion

fl?'on lui fait. s;.r Jine au.

contrai'~e

avec plaiíir

&

facilite

l'tmpretlion qu ti en

re~ott ~ Q~¡c.tque

M ilwn foit tpmbé

i

cet égard daos des fautcs gro(Jiercs

&

ioexcufables

il

fjnit nl!antpoins fon poeme par une 6élion admirabie

L'ange qut vient par l'ordre de P ieu pour chalfer

Ada~

du Paradis terreftrc,

con~uit

cet infortun<! fur uoe haute

!ll?ntagne ;

Ji

_l'~•enjr

fe peiné aut yeux d'A dam; le pre·

p11er

ODJCI

q¡¡t frappe fa vue, efl un homme dlune dou–

Feur quí

le

touche, fur lequel fond un autre homme

fé–

ro¿~

q"i le

¡p~lfacre.

Ada!ll

COilJpc~qd

alqrf

qqe

c'eq

MER

.que la mort . JI' s'informe qui font ces perfonnes, l'ange

lui répoad que

.ce

fom fes fi ls. C 'efl ainli que l'angc

m~t

.en afJ:im;¡

fous

I<!.S

yeux m

o!

mes

d'

Ada

m,

tou~es

les ruitei

d_e fon erime

&

les malheureux de fa p<>tléraé , doot

1~

,(implé rÚit o'auroít pil

~ere

que

tr~s-froid

.

' Qua"' aux

~tres

pe,rfot}(lifiés , qooique Boileau fe m•

¡li>l,e' dire qu'on pe\lt

1.~~ e~ployer

tous

i{ldifféremmen'

dan¡

l' ópopée,

La

pour n9u1 ,,,h.,n,ttr toul eft mis m

t~[age,

Tous prend

N» 1orp1

1

'!"~

ame, un cfprit, un

vifate .

il

n'ell p;¡.s moif,ls cert:Vo q u' il y a dans cctte

fccond~

branche du

mtr'IIÚII<ux,

uoe certaine difcrétion

a

garder

&

des conven3nce; a ob"ferver cornme

d~n~

la premiere.

T omes les idées abllraites

llG

font

P.••

propres

a

cette

rné.

tamorphofe . L e pécbé par ,e.¡,etÚp\e , qui n' oll q u'un et;e

tnOral , fait

.Uil

perfonnnJ(e

UI,J

peu forcé Cl\[re

Ja

n¡.

·t

&

le

di~ble

dans un tpifode de

~iltOI,l,

adr.n.trable pour la

jotleífe ,

&

touJe-fois dl!gou.u n.t pour les pemtures de

M–

tail .

l)

oe regle qu'on ¡ie urroit p•npr,>fer fur cer article,

ce feroit de n.e

j

0

mais entrelace

e

de9 énes r<!els avec des

~tres ~oraux

ou métaphyl,iqnes · par e que

~e

deux

c~o­

fes l'une' ou .l'allégQrie domit:te

~ .f~it

p;endre les

e

tres

phyfiques pour des

perfonnage~ tma~t)atres,

ou

el

k

f-e

déll)ent

&

de vieot un compofé bifarre de 6gures

&:

de

réalit<!s qui fe détruifent mutuellemeot. En effet,

li

daos

M ilton la morl

&

le p<!cl

¡é pr6p

ofés 2 la garde des er¡·

fers

&

peiots comme des

mo

n.ll res, faiCoieot 11ne fcene

avec quelque

~tre

fuppof<! de leur efpece, la fautc ¡nro)·

troit moins, ou peut·étre n'y en auroit·il pt>S; maij on les

fait parler, aglr, fe préparcr au combat vis-3-vis de fa·

Jan, que daos tout le cours du pv,e noe, oo regarde

&

ayec

fondement, comme

u

o étre phyfiqut!

&

réel . L'efprit du

leéteu¡ ne bouleverfe pas

li

aif<!ment les idées

re~ne¡, ~

ne fe

pr~te

point au

chao~ementl

que

1e

poete imagine

&

veut iotroduire daos la nature des chafes qu'il lui pré·

feote, fur-tou t lorfqu'il

apper~oit

entre elte9 un cootrar

fie marqu<!;

2

quoi il faut ajooter qu'il en e(l de cer·

ulnes patlions comme de certaines fables, toutes ne funt

pu propres

a

étre allégori<!es;

il

n'y

~

peut-étre q_ue le¡:

grandes paaions, celles dont les

mouve~ens

font

tt e~·

vifs

&

les effets bien marqués , qoi putílem jouer ua

perfoona~e

avec fucces.

J.

0 •

L iutervention des dieux <!tant

uoe

des grande¡¡

machines du

,,rv.illeux,

les po_¡¡ces é piques n•unt piJ

manqué d'en faire u Cage, a.vec cen e ditférence que les

anciens n'ont fait agir daos leurs

¡>o~Ges

que le; divini·

t<!s c:oonues daos leur rems

&

daos leur pays

1

<lont le

cul¡e l!toit au·rnoins

~ile1.

¡¡4néralement

~raah

daos le

pag3nifme ,

&

non des dÍvinités inconnues o u é<ranget

res, ou qu'ils

~uroient

regard<! cornme fauffetpent ho·

nor<~cs

de ce

titre~

au-liet¡ que les

mod~rnes

perfuadés

de l'abfu rdit.6 du paganifme, n'ont pas

laifT<! que ci'et)

a!focier les dteux daos leors poeme1,

a~:~

vrai O teu.

1-Jo·

m~re

&

V irgile oot admis Jupjter,

Ma"

&

V

éou ,

&.<.·

Mai~

ils n'ont fait aucuoe rr¡entlon d'O rus, d'ltis ,

4

d'O!iris , dorlt le

c~lte

n'<!toit p,¡int établi daos la

Gre~

ce ni daos R ome, quoique leurs no ms n'y fuii'eot pas

inconnus. N'ell·il pas étoonant apres cela de voir le

Camduens !aire rencontrer en me me rems

dan~

fon

poeme Jefus-Chrill

&

Véous, Bacchus

&

la

Vier~e

i'vlarie? fair¡ t D tdier, dans fon poe me de C lo vis , ref·

fu fcirc.r tous les noms des divinités du paganiftl}e, leu,

faire exciter des tetnpétes,

6t

fo rmer m ille autras obtla·

~les

a

la converfioq de ce prioce ?

Le

talle

a

eu de

m~·

me l'inad vertance de donner au < diaoles, qai joucm

UIJ

grand r61e dans la

Jéruf~lem

délivrée , les nom< de P lu,

ton

&:

d' Aleéton . ,

11

etl étrange ,

dtt

i

ce fujet

M.

do

, Voltaire dons fon

Effai f•r

fa

P.l{ie /pique,

que la

¡,

pl6part des poetes moderne< foi•nt ro!llnés daos cette

,

faure . On ditoit que nos diables

~

notre en

.fu

chr<!tiar¡

, auroient quelque cl¡ofe de biS

&

de ridicule, qal dc-

1,

maodtroit

d'~tre

ennobli par l'idóc de l'enfer payen .

11

¡

1

etl vrai que Plutoo, Proferpine,

~hadamante,

T i

ti~

, phot1e, fom des noms plus agrt'ables que

Bel~ebut

llt

,

./'¡.llaroth : t¡.ous rions du

mot de

tliable ,

nous rcfpe–

" 4ons celui de

f~trie

, •

01)

peut

e~core

alleguer en faveur

de

ees aureurs,

qu'accoiltum<!s

i

voir ees noms daos

l.

es anciens poe·

tes, ils ont iofenfiblemem

&

fans y faire trop

¡!'anw•

tion, contrael6 l'habitqde de les employer comme

de~

termes cw nnos dans la f•ble,

&

plus harmonieux pour

la

veríification que d'autres qu'on

y

pourroit fubtlituer.

Rai!ón frivólt, car les poeres payeus anachoieot aut

noms de leors diyinités quelque idée de pniffance ,

de

grandeur , de bonté

rel~tive

aux befoins des hom•

~Jl•• :

9'

un poj:re

chc~tico

p'y

pourrqi( attacl¡er les mé·

tp~s