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M 'A I

Eípagne . 11 n'y en a point du tout daos nos colonies,

non plus que d:m s quclques-unes·de nos villes modcr–

nes, teHes qoc Lorient, S. Gcrmain, Verf<J.il1es

&

au–

tres. N ous avous mEme des licux

privtlégi~s

3.

París oU

bien des gens trovoillent IX

trafiquent

íons qualité

lé–

gale , le

!Out

a

In latisfaflion du puolic . O 'ailleurs co m –

bien de profeffions qui font encorc tout-3-fait libres ,

&

que l'-on voit fbblitler néanmoin

:\

l'avant~ge

de tous

)es fujets? D"oU je conclus que les

mai&rifts

ne fom

point néce(faires , puiíqu'on s'en ell pl rfé long-tems ,

&

qo'on s'en palie mus les jours fans inco nvénicnc.

Perfonne n'ignorc que les

ma1tri(a

n'aycnt bien

d~généré de leur premiere inUitution . Elle' contifioient

plus dans les commencemC'ns 3 maintenir le bon ordrc

parmi les ouvriers

&

les marchands, qu'3 leur tirer des

fommes conlidérables ; mais depuÍ'; qu'on les a rournét>$

en tribut

1

~e

n•efl piHJ,

co mme dit Furetiere ,

que

~n ­

bale , ivrognuie

&

monopole,

les pl us richcs o u les ph1s

foru vicnnent commundment

a

bout

d~exalure

les plu

foibles'

&

d'auirer

:linfi

(')ll[

a

eux ; abus ca n!h os quo

l'on ne pourra j:un ais déraciner q11'en introd ifaot

la

concurrence

&

la

lib~rt~

daos chaqoe profeffi on :

Ha1

pu –

ni~iofa.s

pejle.s ej icite, re(rtnttte

~oemptionn

i{Jas divitum

1

a c v efut

mo11optJiií

exercendi lh·entiam.

L ib.

l.

Eutopi~

M ori .

]<

crois pouvoir ajouter lil-delfus ce qu

e C o

lbert difoit

a

Louis

XIV .

11

La

riguc:ur Qu'on

dent

dii.OS

la ptap:Ht

, des grandes vil les de votre royaume p

our r

ecevoir un

, marchand, clt un abuc; que vmre

maJc!l ~

a

imér~t

de

" corriger ; car

il

em pdchc que be:mcoup de gens ne re

,, jeuenr

dam

le commercc , o

U

ils réuífiroienr mieu \

, . bien fOu vcnt que ccu x

qui

y

font . Q ue\le néceffi té

, y

a-r-il qu'un ho mme fafTe apprend0:1ge ? cela ne fau·

._, rott

Ce

re bon

tout

au plus que pour les .ouvriers

~

a

fi n

, qu'ils n'ehtreprennent

pas

un métier qu' ils ne favent

,

poim; mais les autres , pourquoi• leur faire perdre le

tems? Pourquoi cmpt!cher que des gens qui en o m

, quelquefois plus appris d:ms

Ice;

pays étrangers qu'il

, n'en fau r po ur s'étnblir ,

ne

le faffem

pa~ ,

paree qu'il

,

leur manque un brevct

d'apprentiiTa~e?

Ell·il jt1fle .

?'

!' ils o ot l'indufl:rie de

g:~.gnt!r

leur vie , qu'on les en

,

empt!che fous le no

m

de vmrc

majcll~,

elle

qui ett

,, le pere co mmun de íes íuiets,

&

qui en obligée de

,

les prendrc en

13

prmeaion ? Je erais done qne qqand

, elle fcroi1

une

0rdonn:m cc par laquellc elle

fupprim~·

' ' roÍt IOUS les

ré~ lemen¡

faÍIS

jof~u'ici

a

CCt 6gard,

,

elle

n'en feroit

pas

ph1s mal ,, .

T eflam. potit.

~h ~v.

Perfonne

ne fe

pl

aint des f

oires franches établies en

plufieurs endroits dn

royau.me

,

&

q ui font

en

quelque

fortr des

déroge~mces

aux ma

itrifu .

On ne f<=

plaim

plS nou 'plus

a

Paris de ce qu'il

eft

pcrmis

d' y

-appor~

~er

des vivres deux fois

la

fcmaine. En fi n

ce

n'efl p:1s

t.ux

maitrifo s

ni

3.1.1 ~

droirs privarifs qu'on

:1

t:lnt

d'heu–

reux

génies qui

o ot

c~ccllé

parmi nous en

tous

genres

de littérature

&

de fcience .

11

nc FJut done pas confondre

<!e

qn'on appclh:

mtti–

Jrif<

&

police : ces idées íont bion difftrentes ,

&

!'une

n'amene peut·étre

j01m1is l'aurre . Aufli ne do1t-on pas

rapporter !'origine d<.!S

maitrifu

ni

a

un perfea ioonement

de police , ni

m~me

au>:

befoins de Pérat, mais uni·

qucmeut

a

l'efprit de monopole qui regoe d'o rdinairc

parmi les ouvriers

&

les marchands . O

o

fait en etfet

que

IQS

mttitrifes

étoienc inconnues

il

y a quatre

a

cinq

fieclcs.

J'ai

vu des reglemens de police de

ce~

tems-t:i

qui commencent par annonccr une franchife parfaire

en

" e qui .:oncerne les A rts

&

le Commerce:

1/

ejl per–

mis

a

e

ti

qui voudra ,

&c.

· L'eíprit de monopole oveugla dnns

la íuite les ou–

~riers

&

les négocians; ils crurent mal-:1-propos que

1:1

ltb~rté

générale du

né~9ce

&

~<S

ans leur óroit préju–

dJc;able:

~~ns

cene

perlua~on

1ls com plorerent enfemble

pour

fe

t:11re dunner certams

réglem~:ns

qui leur fnífent

favorabh:s

a

t•avenir'

&

qui fuffem un obllacle aux nou–

~eanx.

ven

u~ .

lis obtinrem done prcmieremenl une en–

ttere _tranch1fc pour tous ceux qui étoient aétuc:llemc:nt

ét~bhs

dans telle

&

telle profeffi on; en mi! me terns ils

¡:(n rent

de~

mefures pour aiTujeuir les afpirans

a

des cxa·

mens

&

a

des

droas

de récepdon qui n'étoient pas con–

fidcrable~

d'nbord, maiS qui íous divers prétextes íe íont

accrus prodigieufement . Sur quoi je dois faire ici une

p b_fc:rv:u ion qui me paroit _imporcame , c'elt que les pre–

m !ers aucc.:u:s de ¡;es étabhffemens ruineut pour le pu–

phc ,

trava¡lJcrcf!t fans

y

pe.nfer comre leur pollériré

m éme. IJ¡; de.vo1em

co_n~evo1r

en effi.:c, pour peu qu'ils

eulfent réfl éch1íur les VICJ ifitudes des familles

que leurs

percendans ri.c pouvant pas embraífer tous la :neme pro–

fcffi on

1

31\0Jen t

~tre

afferVÍS durant¡¡, les

fiecJes

3

toute

~~

,ge'?e de>

maitri(<~ ;

&

d cfl

'!lle

téfteJio~ qu~

d -

M

A

I

l'roient faire cncorc

~mjourd'hui

ceu s: qui en fonc

les

plus ent€tés

&

qui les croient miles

:l

leur né.<occ, t3n–

dis qu'e,lc;;

font Ncaiment dommageat>les 3

la n:n ion .

]'en appclle

a

J1expéneuce

de

nos voifins' qui s'eori–

c;:hi(fem par

ae

me1lleures voies, en ouvraot

i

tOnt le

monde 13

cJrrierc de$ A rts

&

du Commercc: .

Les

corps

&

communautés ne voient qu'avec jalou{ie

le

gr~md

nombre dcc; afpirans,

&

ils font

en

conféquence

tour

lenr

po lfiblt: pour le diminuer; c'eíl pour cela qu'ils

enRent

pcrpétqellemcnt les droits de réception, dLh·moios

pnur

ceu~

q11i ne font pas fils de maitres . D'uo autre

cóté, lorf<.1ue le mioiltere en

certlin~

cas annonce des

maítrif n

ele

nouvclle crc!atioo

&

d'un

prix mocJique,

ces corps, toujours condoits

p:~.r

l'efprit de mo nopole ,

aimem mieu x les acquérir pour eux-mCmes fous des

noms

emprunt~s '

&

par ce moyen les

~teindre

a

leur

avantoge , que de les voir parfer

ii

de bons fujets quitra–

vaillcro!ent en concurrence avec eux

M ois

ce

que j

tronve de plus

6tran~c

&

de plus ioi–

que,

c'eíl

J1ufage oU font plufieurs co mmunanrés

a

Paris

de privor

u11e

veuve de tout fo n

dron

1

&

de

tui fa iro

quitter

Ca

fabrique

&

Ca n co mmerce lor[qu'elle

~pouío

un homm: qui n'efl pas daos le

~as

de

la

maitrifr :

car

enfi n (ur quoi fondé lui caufer

a

<lle

&

a

res enfans

un dommagc

(j

confidérablc: ,

&

qui ne doit étre que la

peine de quelque grand Mlit. T our le crime qu'on lui

reproche.

&

pour lequel on la ptmic

avt;c

tant Qe rigucur ,

a'ef\

qu'elle prend, commo on dit , un mari

rans qua,

lité. M ois quolle police ou q ue!le loi , quelle puilfauco

ml!me

fur

la

terrc

petlt

~ener

:1iníi

les inclinat1ons des

perfonnes libres '

&

emoechcr des

maria~cs

d'ailleurs hon-,

n~tes

&

Iép,itimes ? D e plus , ou cll la junice de puuir

los eofa ns

d' un

premier lit

~

qui font fi ls de maitre .

ou e(l , dis·je , la junioe de les puni¡ pour lc;s recondcs

nóces de leur mere?

Si I'on prétendoit flmplement qu'en époufam une veu•

ve de mairre

l'homme f.1ns qualit6 n'acquiert aucun

droit pour

lui-m~me,

&

qu'avenaot la mort de fa

fcm–

me

il doit ccfTer

\10

négoce auquel

il

n'cll pas admi¡;

par la communal!tc! ' a

la bonne heun:: , j'y trouverois

moins

~

redire; mnis qu'une veuvc qui a par

elle·me–

mc

la liberté du commerce

tant

qu'elle relle

cu

viduir~ ~

que cette vcuve remariéc vienne

a

perdre fon droit

&

en que!que lo rtc celui de íes enfnns , par la raiíon íeule

que

le~

ftatUt'i donnent J'exclnfton

3

fon

marÍ,

C~en ,

JO

le dis haUJemcnt , l'in) ullice la plus criame . R ien

d~

plus

oppoíé

a

ce que D1eu preferir dans I'E;xode n ij.

u ,

v iáutt

&

puf'il/o

11on

11ocebitis.

11

e(l

vifible co

effet qu'

un ufnge

li

déraifonnable

1

fi contraire

au

droit nnturel"

tend

il

I'opprellion de la veQYe

&

de l'or

phclin;

&

l'on

feotira ,

fi

l'on

y

rcHéchit , qu,il-n'a

p.u

s

'éubl.ir

9u'i

la

Coordine

í~us

avoir

j~mais

été bien diC.:uté m b1eo,

·~profondi1.

V oil3.

done

fllr

tes

m&ÍtrifeJ

une légis1arure arbitraire ,

d'ou

il

~mano

de prétendu; réglemens fnvo; ables

it

.quel–

ques-uns

&

nuitibles au g rand no mbre; mats con.v1cm-1l

a

des p3rticu1iers fans :lUtorité' fans lnmieres

&

fans let""

tres, d'impofcr

UO

joug

3

leurs C.JOCÍtoyens,

d·é~ab\ir

pour leur milité propre des lois onéreufos

a

In ÍOC!été ?

Et

notre

ma~iflrature

enfin peut·elle

:1pprouver de tels

attentats"contre la liberté pul¡lique?

.

On parle beoucoup depuis quelques

.~nné~s

de favon–

fer la population,

&

fans doute que

e

eij

1

mtenuon

du

tnininere · m:1is fur cela ·malheureufement naos fommcs

en contr; dia ioi:l ayec

oous~m~mes ,

puifqu!il n'efl

rien

en général de plos contraire

au

rnariage

qltC

d'alfujeuir

les ciroyens aux emb:1rras des

maitrt[ef ,

~

de

g~ncr

.les

veuves fur cet article au poim de teur t:tcer er¡

certams

cas

toutc~

les reffources de leur n6hoce . C eue 1nau:–

vaiíe politique réduit bien des gens au céli9•t ; olle oc–

caf!onnc le vice

&

1~

cjéfordre,

&

elle

dunmu~

nos vé,

ritables rich<rfes .

E n effet

comme

i1

en d;ffi cile de parfer mai tte

&

qu'il n'ell guere pollible fans cela de íomenir une. fe m,–

me

&

des enfans, bien de$ gens qui fentc:nt

&

qu1

cr~t­

gnent cet embarras , rcnoncent pour w O¡ours a.u

man1·

ge,

&

s'abandonnem enCuite

ii

la pare!fe.

&

a

la déban:

che: d'nutres effrayés des

m!

mes difficultés, penfent a

chercher au Ioin de

meill~ures

pofitiqns ;

/!i.

perfuadés íur

le bruit commun que les pays étrangers íont plus favo–

rables , ils

y

pon ent commc

a

l'cnvi leur courage

&::

leurs talens. D u reOe , ce oe íont pas le• difgr1c}és, de

la natnre, les foibles ni les im bécilles qui ía ngem a s ex–

patrier; ce font toujours les plus vigoureux

&

les plus

entreprenans qui vont tenter fonune che?. .l'érranger ,.

&

qui vont quelquefois dans la meme v0e JUÍqu'aux ex,

trémités de h

terre . Ces émigratiClnS

fi

desh01~orantes

pour ootre p,qlice,

&

que

diff~rfnt¡:s

CliUÍes occa1•onncn1

·

19U$