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M
A
I
Cct établill"ement fut
a
peine formé, .qu'Adam Char–
les quien étoit le proteéleur, qui vifoit au grand,
&
qui
par fon mérire s'étoit é lcvé 3 une place
é tninente
a
la
c::our, fcntit que pour donner un relief 3 cet é tat naif
fant,
il
tui fall oit un titre qui le di0ingu3r aux yeux du
pnblic,
&
qui tui
anir~t
fou efiim'!
&
fa
confi-l.nce .
11
fu pplia le roi d'accordcr 3 chacun des ma'itres de Ja
OOll •
vclle compagnie, dom
i1
~toit
le premier, la qualité de
f~cr/tnir~
ordiHaire de fa
ebamb,·~,
dont fa majellé l'a–
voir décoré . Cotnrne cette qualité engageoic
a
des fon–
élio ns, Charles IX . ne la donna qu'3 deux des maiues
l cri-vainJ
qui étoient obligés de
ft:
trou
~er
3 1:} fuire du
roi, l'un aprC:s l'amre par quartier .
Les maitres
l crivain.r
vériñcateurs, ou do moins les
deu!'\ qui éroient fecrétaires de la
e
hambre de fa majeflé ,
ont été attachés
a
la cour jufqu'en 1633; voici le mo–
tif qni fit cerfer leurs fonél:ions a cet é1prd . R ien de
plns évident que
l'établifft:ment des mattres
lcrivainJ
2VOÍt procuré
3UX
écritures une correaion fenfibJe ;
i!
avoir mCme déja paru fur l'art d'écrire quelques oqvra–
ges gravés avec des préceptes . Cependant malgré
C<S
re–
cours, il régnoir encare en général
un
ma'dV:.tis gout,
un
rene
de BOthique qu'il
ét
oir dangereux de laHfer fub–
fifl er.
11
cooti tl oit en traits
fnperfl.us, en plufieurs ler–
tres quoique ditférentes
qlli
fe rapprochoiem bc:aucou p
po!lr la fi gure; enñn en sbréviations muldpliées dont la
forme roujou rs :arbitrairc, exigeoir une étude partieulierc
de la part de ceux qui en cberchoient
la
fignificarion .
On
peut fent ir que le concours Q.e tous ces vices, rer)–
doít les é critUtC'i au rfives auffi diffi ctÍI!!S
a
ljre
que
fJti–
guanteS aux yeux. P our bannir abfolument ces défaurs,
le parlen'lent de Paris qui n'apportoit pas moios d'atte.n·
t ion que le roi
altX
progrCs de cet art, ordoona aux
rnaitres
lcri·oain.1
de s'affembler
&
de travailler
:i
la cor–
reaion des écriturcs,
&
d,en fixer les principes. Apri:s
plufieurs conférences tenue< a ee fuj et par la fociété des
·maitres
l crivain.1 ,
L ouis Barbedor qui étoit alors fecré–
taire de la
e
hambre dl.l roi
&
fyndic,
e¡écut~
un
excm–
plaire de lcrtres franc;oifes
ou
rondes,
4
l.e Bé un atare
fur les lettres italiennes ou b:\rardes ; ces deux artHl cs
a voient m érite fupé rienr. Le premier, ho mme renorn–
mé dans
(h n
arr, étoit favant dans
la
conttru9ion de
caraaeres pour les
langues o rientales..
Le
fccond, qui
ne lui.
cédoi~
en r!en dans
_Pécrit~ rtJ. ~voir
eu
r~oQDCl!r
d'enfe1gner a.récnre au ro1 L ollls Al V. Ces deux .écrt·
v ains préfenterent au parlement les pieces qu'ils avoient
e xécutées :
e
erre cour ::tprC:s en avoir fai t !'examen, dé–
dda par un arré[ du 26 Fé vrier 1633;
qu'J
l'av~nir
on
H~
f11ivroit point d'
a~rtra
alphabet.l
,.
caraélern ,
lettr.:s
&
formr d'lcrire ,
'fli~
,;eux qrú
ltoi~Ht
fi.fr.IIYb
&
expli–
'{tlh dans les áeux exemplaires. Q.ue "es excmplaira fe·
roieHt gravls, bHri"'ll
&
imprimb au nom
d~
la
com~
munauté des m nitres
é crivains
vlrificatellr.l . Enfin , t¡rte
ees
~x~onplaires r~fleroient
ñ
perpltrtiel au
gr,.fft
de In
cour,
&
t¡ue /u pieces qui
f
o tireroient iles gravurn
f~roieHt
diflri6ul cs par tottt le rt1yat1.mc ,
pour fervir f.1ns
d ome de Jnodele aux paniculiers,
& de regle aux mai–
tres pour enfeigner la jeunell"e.
11
en aifé de rentir que
le bu[ de cct
arr~t
étoit de limplifier l'écriture
&
t!m–
p é:cher tome ionovation dans la forme des caraéteres
&
d ans leurs príncipes .
L es deux fecrér.:tires de la ch:tmbre du roi , dont les
fonélinns confifloient
a
écrire
&
a
Tire les ouvrages d'é–
criturcs ad reifés aux rois , devenant imailes par le régle–
Jnc::nt diaé par <:ct arrCt du parlemen e; on jugea ;\-pro–
pos de les fupprimer . M ais, quoique
les maicres
lcri–
-vains
n'euCient plus l'honoeur d'Ctre de
1:1
fuite du roi,
ils ne perdirent pas pour cela le droir d'avoir
tOUJOUrs
dans lcur compagnie deux
fecréta~res
de fa rnajené . Par–
m i ceux qui om joui de ce titre, on remarque Gabriel
Al exandre en 16r8, N icolos l)uval en 1671, Nicolas
Lef~ret
en 1Ó94,
&
R obert Jacqueffon en 1727.
AprCs avoir parlé d'un titre honorable qui fir aurrefois
difl inguer les 1nairres
lcrivains,
ie lailferois quelque chofe
i
defin~r,
lj
JC
négJigeois d'iuflruire des priviJéges qui
leur ont été accordés par les rois fucéecreurs de Char–
les IX. Cette efpece d'mnruair•n en importante· elle
fen connoitre que les fo uverains q'om pas
oubl~é
un
co rps , qui dl'puis fon ulflirolion a
pl!rfe~ionn~
l'écritu–
rc, abregé le dé••cloppe onem des
priocip~s,
limplifié les
opérarious de
l'::~:richmédque ,
déconvert les
trompeufes
m anceuvres des faufraires'
&
cherché continuellement
a
Ctre u
ti
le
a
1eurs concitoyens, do ne l'ing:ratitude
Ya
au–
jou rd'hui jufqu':l le
m~counoitre .
H e.nri
ty
doot la bonté pour fes peuples ne s'effa–
cera Jam:us,
leur a donné des leures patentes qui fout
dat~es
de F olemj:>rai le
u
Déc~mbre
1
;9;, par lefquelles
jls font .¡lifpen[d$ de
tDNte.s
commiifiops
•hjelles
~
<(,
M A I
toutn chm:ges viln'
a
l'exnnple de tOUJ
I~I
rlgnu
&
maítres~?u~tzrtJ a~
l'univet/ité
d~
P ari.l.
C'eft
ft..~r
ce
fujer q11e
~e
' 3 Oaobrc. 1657 ,
}<
ch.Atelet a rendu un j u–
~etnent
o u
cene J\lrlfd1él:!on s expnrne en
termes bien
honorables pour l't"tat de maitre
lcrivain.
11
y
ell di[
que l'excellence de l'art
d~lcri':e
mlrite
c~tte ~xemptiow;
&
pl~s
bas,
f(lte
leJ cba,.,ges 1nles
&
nb;et!lu de p11lhe
{ont
tn~ompnttblu
nvu la .Pitretl
&
la nobleffi
á!'
l"ur
nrt , ,.ectJnmt fans
contr~dtt
pour le pere
&
le
princip~
des [cunen.
Loois X
111 .
ne perdit point do v íle les rnaitres
lcri–
va,nJ .
D ans des lettrcs
p~uentes
qu' il don
na
c:n leur fa- ·•
veur le 30 M ars
I Ó IÓ,
il décl ue qu'il
o'a
point
entcn–
eltl.
C?mprendrl' en
J'
ldit d
e crlatio11 de drux maitru en
chacun m .!tier, lndite m aitri.fe
d'écrivain
ju ,;l,
t¡u'e/1~
nuroit exceptt!e
&
re{erv,le, dlclnrttut nu/les toutes
Id–
tres
:.!1
prov ifions t¡Jti "' pourrf)ient avoir ltl ou ltre
exp!dil es.
Loui< XIV . par un
arr~t
de fon confeil privé da ro
N o vembre 1672., ordonne
t¡N~
la commiUiautl áes mai–
tres
cfcrivains
{eroit e.Yceptl e de la crlaeion de deux let–
t ,·u de rnaitri[r de tous af"tS
&
mltiers, crll n par fon
ldit dn moi.l de ']uin
166o,
e11
favnu de M.
1~
duc
¿,
Choifeul.
C 'ell. par ce
derni~r
t1tre q ue les maitres
lcri–
vnins
out f:iit év3nouir depuis pc;u lOU[eS
les efpérances
d'un particnlic.r
qui
étoir revécu d
1
un pnvilége de mon–
feigl)eur
ls:
Juc de Bourgogne , pour enfeigner 1' art
d'écrire
&
tenir claffe ouverte.
L ouis
X
V.
aujourd'hui régnant o'a pas été moins fa–
vorable aux matrre!"
écrivninr,
que
fc;s
prédécdlc:urs
dans une occafion
d~ou
dépendoi[ toute leur fortune'.
Les maitres de perites é colcs avoient obtcnu un arrét dtt
confeit d
u 9 M ai171 9,
qui leur donnoit le droit
d'en–
{eigner l'
lcrit:1.re,l'or:.ographe ,
l'arithméti7u~
&
toue ce
'/Ni
en e{l / man/, COrnme les &omptn
a
partÍeJ doub/e.s
&
./impla
&
'"
cbanges ltrangers.
Un arrer de cette
conféqy.enc.e,
3
qui l':llltOrité fupreme donnOi[ un poids
qn'il n'écoit pas poffible de renver[er, écoir un coup de
foudre pour les rnaitrcs
lcrivains;
en effe[, illes dépouil–
loic
du
plus
folid~
de leurs avantages.
J'i~nore
les
mo–
yens done fe ft'rvirent les maitres des petites écoles pour
tUrprcudre la cour
&
p3rvenir
:l
le polfédc:r; rnai¡ il e11
cerrain que le roi ayam été fidclement inrlruit de l'in ..
JUf!icc: de ccc arrét, l'annulla
&
le caíla par un autrc
du
4 Anil 17>4.
]e;
ne m'ércndrai pas davantage fur les titres
&
privi–
légcs des mairres
ée,.iv ains ;
mais avant
d~enrrer
dans
un dé cai1 fornmake de leurs fiatu ts, qu'it
me
foit per–
mis
dt!
parler
d~s
grands mairres qui ont illu1hé cette
compagoi~.
L es Grecs
&
les Ro m3ins
~levoient
des natues aur
gr :mds homrnes, qui s éroiem dift ingués daos les arre;
&
dans les fcience.s. Cet ul3ge n\t point
lien
parmr nous.
mais on confacre leurs noms dans
l~hiOoirt";
jufqu'c\ pré–
[cnt aucun ouvrage n'a parlé de ceux qui fe-
font
fait
adtnirc:r
par
la beamé
de
leur écritore,
&
par leur talent
3
former des belles ffi'lÍilS pour le fervice de l'étac, cotn–
me
fi
les grands m:1irres dans ce g-cnre ne pouvoiem p3s
parvenir au tnCmc
de~n~
de célébrité que ces fameux
artifles dont les noms fon r imm 1rtels.
U
:1
aureur daos
le journat
de
v~rdun
en a dit la raifon;
f:'efl que
le fra –
cas efl
nlce_ffuir~
pour
r~"11111er l'ima~ination
áu pluJ ¡,ra11d
uombre de.1 homme.J,
&
qu'11n bien riel qrú
.1'op~re
Jan¡
bruit ;u tottche '{tte In
g~ns
.fenfl.s.
Je
pourrois palfer fous fiknct.<
le
t~ms
qui s'efl:
écoul~
depui' l'établirfemen[ des
mn,·tru
l~nvnins
vérificau;urs ,
julqu' a l'arrct du parlement de t633, dont j'ai parlé plus
h3ut . Mais daos
cet
intervalle
il
a paru des
écriyain~
re·
fpeél:ables que les amateurs feronr bien atfés de reconnoi–
cre .
L es laiffer dans l'oubli ,
ce
feroir une injuflice
&
m~me une ingraticuGe : les voici.
] can de Beauchcne fe tir de la réputation par une
me~
thode fur l'arr
d'~crire
qui parm en
I
r~o.
]e3n de Beaugran\1,
re~
u pro fcll"eur en 1f94, étoit
Utl
habile homme: é crivain du roi
&
de fes btbliothequt!s,
&
fecr.étaire ordipaire
d<:
fa
e
hambre. JI fue chodi pour
enfeigner 3
écrir~
au roi L ouis X 111. lorCqu'il é toic dau–
phin,
&
pour lequel
íl
a fait un livre gravé par Firens,
oU
l~on
trouve des cadeauK, fur-tout aux deux premieres
pieces, iogénieufement compofés
&
d'un feul
trair .
Guillaume le Gangneur, natif d'
Ang~rs,
&
fecrétaire
ordh1aire de la chambre du roi, fut un artifie célebre
dans fon
tems .
Ses
ceuvres fur J'écriture paruren[ en
1)99· ils font g ravés favamrnent par Frifius, qui étoit
poqr..Jqrs le plus expen graveur en lettres,
&
contiennent
les écritures franc;oife , italienne
&
greque. C haque mor..
ccau
tr~it!! d~s
dimenlions qui conviennent
a
chaque let–
tre
&
a
cllaque
~cri¡ure
1
avec
démon~ratjoas.
!Yl.
l'abb~
J oly,