LUX
ilement
pr~férés,
aux
fortune~ d~fquels
ils ont
ét~
des
~bOactes,
tls. nc cherchent po,mt. a obtenir d'eux ce qu'
tls ne pourrotem en efpércr,
1
ellune
&
la bienveillance;
ce. f?Rt fur-tout les fortunes des monopoleurs , des ad–
mtntChateurs
&
receveurs des fonds publics qqi font les
plus odienfes,
&
par confclqucnt celles dotll on efi lt:
plus tenté d'abuter. Apres avoir facrifié la vertu
&
la
r éputation de probité aux deCirs de s'eur!chjr on
n~
s'avife
guer~
de
fair~
de fes richeífcs un ufage
v~rtqeu
x,
on cherche a couvnr fous le falle
&
les dácorarions du
luxe,
!'origine de fa
f~mille
&
celle de fa fortune on
cherche. a perdre dans les plaitirs le fouvenir de ce' qt¡'
on a fatt
&
de ce qu'oa
¡¡
ét~.
Sous les premiers empereurs, des, hommes <!'une •q–
tre cl•ífe que ceux dom je viens de
p~rler, ~toient
qf–
íemblés dans Ron¡e oll ils venoient apportor les dé,
pouilles des provinces aífujetties; les palficiens fe fuc–
cedoient dans les gouverncrnens de ees provinaes,
be~u
c~up
merne no h:s
habitoi~qt
pas'
&
fe conte.ntoient d'y
fa~re
quelques voyages; le
quelleu~
pilloit pour luj
&
pour le proconfl)l que 'les empereuri airnoient
a
retenir
dans Ro
me,
Cur-to>J~
s'il étoit d'nne famille
puiíf~nte
;
Ji
le patricien n'avoit
a
efpérer ni
cr~dit
ni ¡¡art aq gou:
vernement qui étoit
entre
les mains des affranchis,
il
fe
livroit dona
~
1:¡
molle!fe
&
aqx pjatlirs; on ne trou–
voit plus riet¡ de
1~ forc~
&
qe la ficrt6 ' de
l'~i¡cienng
Rome, dans
d~~
fénateurs qui
:¡~hetoient
la i'écurité par
J'avilitrement; ce u'étoit pas le
{u;;.
q,j¡' les avoic avilis,
c'~roit
la
ty1'1111!]Íe;
cornrne !a paffjon des
fpe~laales
q'ath
rott pas fa!t mon¡er fqr le thé;itre les fanateurs
&
les
empereurs,
(j
l'oubli parfait de tour ordre, de toute
dé~
cence
&
d9 toqte qi&nité
n''\VOi~ p¡é~~dé
&
am~n~
cene
paffion .
S'il y avoit des gouverqen¡ens al'¡ le législateur au,
roit trap
tixé
le$ grands dans la capitale;
~'ils
avoient
des éharges, qc;s CO!IJ!])anderr¡ens,
&c.
qui nc; leur don–
neroknt rier1
~
fairc;; fils
n'~~oient· pa~ obli~~é~
eje mé–
riter pár
di)
grands ferv!•es Jeurs
pi
aces
&
l~urs
hon–
neurs ; Ci
oq
q>~xci¡oit
pas en eux l'émulatiqn
\llJ
tra:
vail
&
de¡¡ vertus; Ci en fin on leur
l~iCfoit oubli~r
ce
qu'ils doiyeqt a
1'\
patrie'
cqnten~
des ayamages de
Jeurs riehc(fes
~
de letJr ran&
1
i!s en flbqferojen¡
dan~
l'oifivett!.
Dans -plu!lours pays de I'Eqrope,
il
y
a
un~
forre de
propriét6 qui ne
gem~n,d~
au propriétatrc ni
(oills
écq–
nomiques, nf
entretÍen,
Je
veux
pªrler des deues
na~ion
nales,
&
<!e¡t<; fqrte de biens ef! Cl]!;Or!: tres-prqpre
a,
:tugmem<>r. daos les gr'\ndes villes,
le~
de[ordres qni
íom les
~!fe\~
qéci!Cfaires
d'qn~ \!1;tri:rn,~
gpqle¡1ce
uní~
3
l'oillvet~
1
De ces
al:tliS,
de ces
fa•Jt~,
de cet
~tat
des chafes
dans les itatiqqs'
yoye~
que) caraaere le
luxe.
doit pren–
dre,
&
qq~ls
dqivent é\r<:< les
caraé\q~s
des qifféren
ordres
d'qn~
qatiqn.
Che1.
les
hal:tiqns de l'l carnpagne, il n'y
~
nulle
élé~
vation dans
l~s
fenti¡nens, il
y
a· pe11 de c;e ¡:oqrage qu\
tieut a
I'ef!i~Ue
de [oi,mi!rne'
•l\
fentlment de;: fes for–
ces; leurs
o:orps.
ne fqnt point rabu(\:es, ils n'ont nul
amour pour la patrie ql)i q'ell puqr e11x que le théicre
de leur ¡¡,vi!iífemeot
&
de leurs !armes ; che?. les arti–
íans des vllles i!
y
a la mem;: baífeífe d':¡me' ils font
trap
pre~ d~
c:;eux
qui
les méprifent pour s'ellitl)cr
~ux~
m
eme&¡
I<;~JrS
qorp.& c!n<:rvé&
p.arles
trava,u~
fédentalreS'
íont·peu
propr~s
a foutenir tes f•tigues. Les. Iois, qui d•ns
un gouyernement bien r eglé font la fécuri¡é de to)ls,
dans
lll!
gqu vernet11en¡ o
U,
le grand
nomb.reg:~mit
[ons.
l'opprefiian
1ne font pour oe g rand nombre qu'une bar–
rier~>"
qqi hli
ó.tel'.,fpér'lnoe d'un meilleur état;
il
doit
deCirer une plus grande lice(\c(O pltltllt que le rétab.l ilre–
ment
d~
l'qrdTe: voila ' le petjple , voioi les autres
cla(r~s .
Celle ge l'érat interrnédi'lire, en¡re le peuple
&
les.
grands' c owpo.fée des
principal\~
ar¡i[ans du
luxe'
des
homme& qe tjqancc¡:
~
de camt11erce,
&
de prefque tous,
ceux qui occrrpent (es fc;ooqdes pla,ces de la .fociété , tra-.
vaille f.'\n& ceífe pour paífe. <!'une fiJrtuoe médiocre
a
une piQs grande; !'intrigue
'!<
la fripo!Jnerie font fou–
"ent fes rpoyens : lorfque l'habitudc des fentimens hon–
netes ne retiene plus dans de
jq(te~
l:¡ornes la, cupidité &;
J'amour-
~!fréoé
de ce qu'qn appelle pla_itUs, lorCque le
bou
0
rdr<l
~
I'exemple n'impdt'f\ent pas le refpea
&
l'a–
mour de l'honnéteté, le fecond qrdre de l'état réuni¡
ordinairern~nt
les vices dq pre111ier
&
dt¡ dc;:rnier .
Pour ·¡es grands, riches fans
fon~ioqs,
dét;orés
f.~ns
·occupa\ions , ils n'ont
pou~
mobile que
~~
fqite de l'en–
nui, qui pe donnant pas
m~we
des goO,ts,
fa.itpaífer
)'ame q'ol;ljets en objets, qui !'11mufent faq> la, remplic
&
fans j'qccuper; on
a
dans c;e\
~¡at
noQ
g~s
enthnu–
(lafmes , mais des
eojoue~ens
pour tout
ce;
qui prome•
LUX
un plaicir: dans
ce
torrem de rnodes, de fantaiCies, d'a–
mnfemet}S, dont aucun ne dure,
&
dont l'no détruit
l'autre, !'ame;: perd jl.lfqu'i la force de jouir,
&
devient
auffj iocªpab)¡: de j:"emir le grand
&
le .beau que de le
produire; c'eJl alors qu'il n'e!l plus quellion de favoic
Jeque! eCl le plus
~llimable
de Carbulon on de
Tr~féas, mais Ci on donnera la préj'érence
ii
Pilade on
:l
13atylle, c'ell alors qu'on abandonne la Médée d'Ovi–
de, le T't¡ielle de Varns,
&
l~s
pieces de Térence pour
les farces de t_abériqs; les talens politiques
&
milit~ires
fOtnbent peu
ii
peu, ain(j qqe la pt¡ilofophie, l'él<>quen–
ce'
&
tous les ans d'imitation: des
no
mmes frivoles qui
ne font que jouir' onr
épuif~
le beau
&
cqercnem J'ex–
¡raorqinaire; aiors il entre de
l'inc~rtain, \~u
reéherché,
d11
pu~rile d~ns
les jdées de la perfeaiqn; de perites
aJlles qu'é¡qnqem
&
humilient le gran<!
ll¡
le fort,
leo.~
c.
préferent le
peti~,
le boulfon, le rldieule, I'atfeéré; les
talens qqj fpn¡ 1; plus el)couragés font
ceu~
qui tlattent
l~s
vi<!es
&
1~
mauvais goílt,
l!i.
ils perpénwm
e¡:
defor–
dre géqér!ll que n'a poin¡ atnené le
luxe,
mais ql!i
a
corrornpu Jj;
/yxe
&
)es
lUI'f!UfS.
L,~
luxe
defordqnné fe qétruit lui-meme,
il
t!pgif~
fes fourees, il t;uit
(~ <;~naux .
'!,.es hqtl)mes qiCifs qu! veulent paífer fans intervalle
J'un
obJ~t
de
l~<xe ~
l'autre' vont chercher les produ–
ttions
ll¡
l'jqduClrie de
rQQt~s
les parties du monde: les
ouvrages eje leQrs natioqs paCfcnt
d~::'mocle
che1. eux,
&;
les ¡lrt!fl¡ns
y
(<ltH décoqragés
1
1'
Egypt~,
le!l'
c~tes
d'
A–
frique, la Grece, la Syrie, I'Efpagne,
fe~yoient
au
lux~
des R,oq¡ains fous
le~ premi~rs
!'mPereqrs,
&
ne lui íuf-
fifoient P3S.
·
L,e goOt d'uoe cj6per¡fe
eraeffiv~;
répandu dans too –
tes lqs claífcs des citoyens' porte les ouvriers a exiger
I.Jnpri~
qceffif de leurs puvrages . !ndépend:¡m111ent de
¡:e golh qe
dépenf~,
ils font forcés
¡¡
pauífer le prix de
!'1
maiq.g'q!uvre' paree qu'ils habitent les gratJ<les
vil–
les.• des vil les
opqlen¡~s,
ou lc;s denri;es qéceCfaires ne
foot jamais
~
l:!on m;¡n;:hé: bienti\t ejes nations p\us pau–
vres
&
dont les mq;urs íqnt plus fimples, forn
J~s m~mes chafes;
&
le~
déQitant a uq prix p\u.s bas, elles les
débitent de préféretlCle. l.,'ir¡c:jnb1rie de
1'1
nation m eme'
l'indutlrie du
luxe
qimin11e, [a puiífance s'af.;>,lb(it, fes
villes fe
dépeupl~nt'
fes
rich~Cfes
paífent a
l'~tranger'
~
d'ordinaire il lui reCle de la,
tnoll~ile
1
de la la,ngueuf,
&
de l'habitude
a
l'efclavage.
·
ll,pr~
avoir vu -que! efi le
cara~cr<;
d'une nation oU.
rc;go~n~
oertains abus
dJ.nsle
gouvernef(1<;~t ~
aprCs
aveir
vu que
le~
vices de cette nation 1om moiQS \es eífets du
/r,¡xe
que
<!e
ces qbus, voyons ce que doit c!1tre \'efprir
n:~tion•l
d'u'l peqple qui raífcrnble che1. lui toq& Jc;s opjets
poffiblcs du plns grand.
lt~xe,
mais que . fait
~Uaiqtenir
dans l'ordre un gouverr¡ement fage
&
vtgoureul\, éga–
lement attentif
i\
con.f,.rver les véritables richeiles d<;
!'~{3\
&
les mmqrs.
- c,_s richetres
&
ces mceurs font le frnit de J'aifance
du grand nombre,
&
fur-t
0
ut d\; l'attention
extrem~
de
¡~
part du gouvernell\ellt
~
drriger routes fes opérations
pour le l:!ieu
gén~ral,
fans acceptions ni de
el
alfes ni d<:
particuliers,
~
de fe 'parer fans
«e
!fe
'\U
JI
y~u'l
du public
¡:le ces intell\ÍOI!i ver1ueqfes .
·
p,artout ce grand
qombre
efi ou doir
~tre
co.m,poft!
des
hahitan~
<\e la caUJpl\gne, des cultivateurs¡ po,u( qu'–
ils fo.ient
qan~
11alfan.ce,
ji
faut qu'ils foiet't
lab.Qri~u¡¡
¡
peur q11'ils faicr¡t
lal:\ori~ux,
il faut qu.'ils
ai~n~
l'cfJ?,é•
rance que
l~w
travail leur pracurcra uq état a.gréa,ble ;
il
faut
a~ífi
q¡>'ils en aient
1~
<\eGr. Les
pc:;uple~
tom–
\>és dans le découragement, fe
content~nt
'<oton,tiefs- dq
(\mpie néceífa,ire' a,infi que les hab.itans, de ces contrées
fertiles ou la nature donne tout,
&
Oll,
to.utla,nguit,
C1
le
législa,teu,r qe fai\ poio¡
lntro~nire
1'1
vanité
&
~
la
.(hite un
p~u e;!~ lr~x.•,
11
faut qu.'tl
y
at~ dqq~
les, ytlla–
ges
d~ns.
les. plus petits b.ntJrgs, de9 manufaal\res. d'u–
(ten'files~
d'éroffes,
&e,
néce(ll\ires
:i
l'en.tret(en.
&;
mé–
me
ii
la parQre groffiere
de~
babitans, de la campagne ;
ces
m;¡n.ufa,~ures.
y
aug_mc~uerout
encare l'"'ifa,nce
!k
la
population. C'étoit le PrOJer du grand Colbert, qu on a
trap accuJ;'é d.'a,volr
vou.lu,
fair~
des
f~a~'ois
une na1ion
feulement commer9,aqte.
Lor'fque les habiians
d~
ta. C'!,tnpagne font bien 1roirés
x
(nfenCiblement le nom.bre des propriétai"res s' aw¡meme
parrri.i
eu~x
i
on. y
voit
diminu~er l'ex~reme
diflancc;
&
la
vil«
Q.~eendan,e<;
du ¡>auvre at\ ri<;he
¡
de-ta ce, P<t\ple a
des
fentimen~ ~levés,
du co.urage, de; lo, fotce d all1e, des
QOtQ~ 'rol?.l\(l~s, l'~mour
de Ja
patri~;>,_
dU,
ref~eé\,
de l'at•
tachet11enr pour des
magt(lrat~,
pOl\f
un pnqce, un, or–
d•e -des Jois auxquelles.
il
qoi~
fon. bh;,n:('tre
&;
[oq
re,
pqs ',
K
iretJ.lble moins devam ron_ feigneuf, mais
n
crain~
fa conft:ience, la perte de fes btens, de Con qanneur
&;
--
· ·
de fa