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LUX

verfcment de lo conllitotion de l'état, les principaux fé–

nateurs , dévorés de l'amour de h. patrie ,

&

occupés du

foin d'en augmemer h

force

&

la population, o'au

·

roiem pnint acheté le patrimoine de 1'agricalteur pour

en faire un objet de

lux~,

&

n'auroient point convertÍ

Jeurs fermes miles en maifons de plaifance: je fuis

m~m e

affi~ré

que

O

les c•m?agnes d'halie n'avoient pas été

pomgées plufieurS fois entre les foldats des partís de S yl–

la, de Céfur

&

d'AuJ1;ufle qul négligeoient de les cul–

tiver, 1'lta1ie méme fous les empereurs, auroit confcr–

vé plus long-tems fon

a~riculture.

Je porte mes yeux fur des

roy~umes

ou

re~ne

le plus

grand

luxe ,

&

oU les

camp1~ncs

devit'nnem des

defcn s;

mais avam d'attr!butr ce ma\heur ao

luxe

des villes, je

me demmde quelle a été la condnite des

adminillrat~urs

de ces royaomes ;

4

JC

vais

de cette cooduite oaj{re la

dépopulation attribuée

~u

/sor•,

j'el) vois r¡a!tres les

~b\JS

du ''"'" méme.

"

Si <lans ces pays on a furchargé d'imp6ts

&

de cor–

vées les hobitans de

la

campagne;

fi

l'abus d

1

nne auto–

rité

lé~itime

les a ¡enus fouvent daos l'inquiétttde

&

dans

l'avililfe•nent; fi des monopoles or¡t arrElé le Mbit de

Jeurs <lenrées;

ij

on a fait ces fautes

&

d'autres dom jc

nc veu¡: point par1er, une partre des habilans des

cam–

N~n~s

a d\1 les abandonner pour chercher )a fubíillance

d:1ns les villcs

~

ces

m3ll}eL1rcux

y

or¡t

trouv~

le

lux1,

&

en fe confaerant

ii

fc¡n fervíce, ils ont pu vivre daos

lcur patrie. L,e

/'f.Y<

en o ocupant daos les

vill~s

les ha–

bit~ns

de la campagne n'a

f~il

que retarder la dópopu–

htion

d~ l'ét~l,

je dis retarder

&

non emp€cher, paree

que les mariages

fon~

rares dnns des campagnes

mif~ra­

ble¡,

&

plus rares encare parmi l'efpece <l'hommes qoi

fe réfug1em de

1~ can)pa~ne

dans les v'lles : ils arrivem

poqr

~pprendre ~

travail lcr aux am de

luxe,

&

il leur

fau¡ un

t~ms

confidtfrable avant qu'lls fe foient mis en

étal d'al!urer par leor travall la fub(jClance dlune famille,

ils lallfent paCfer les momens oii la namre foll icite for–

teiJl~nt ~

l'unio

n ejes d

eux fexei,

&

le líberti

0

age vienr

~ncore

les gétc

¡qrn.er

diune unlon

lée,itime .

c~ux

qui

prennent le

par~j

de f

e donncr U[!

ll)aitre fonf toqjours

dªns tJne firu:uion incerJaine, ils 'n,nm ni le Jems ·ni la

volonJé

d~

(e

marier; mal• fi quelq!l'un d'eu x fait un

é!abl!IIement, i) en a l'obliga¡l01¡ au

flfxe

&

a

la pro–

d•galnj! de l'homme ppulen¡.

l,.'oppreffion dss

campa~nes

fuffit pour avoir étahli

)"~xtr~me

inégalit!! deS richeCfes don¡ OQ attribne l'ori–

gme .au

lux<,

quoique lui feu) aq contraire p•1iCfe ré•a–

bJir une fortc

d'équjlibr~

entr• les f.>rmneSt le pa.yfan

oppri1T))! ce(fe

c\'~¡re

propriétaire , il ven<j

le champ de

fes pcrcs

'1U

¡n3i'tre

qu'il s'ell donné,

&

tous

lec; bienc;

de

)'é•~t

paffent infeqfiblell)eOt daos ul) plus petit nom..

!¡re de moips.

·

p ans un pays .ou le gouycrn<me¡ll

tomb~

dans de

fi

g rancjos

err~urs

1

¡1 ne faut pas

de

lux<

ponr

étei~dre

)'3mour

de

ta

patr~e

ou

la faire

hll.Yr

atl

ciroyen malheu–

reux ,

oq

~pp'rcnd

aux autres q

u'elle

ell indifférenie pour

ceox quj

1~

eondt.tifeqt,

&

c'ell affez pour que perfonne

ne l'aime plus av¡:c paffion ,

·

·

-

11

y

¡¡

des pays oii le gquverpement

~

pr!s encore

d'au.tres moye¡1S p¡¡ur ·augmt nter'

l'inég~líté

des richeC–

f~·-

&

dat¡s

l~f~u~ls

on a dqnn.é ; on a contiqu.é ejes

pn v!le~cs

exclu fifs :tux entrepreneurs de plnfieur$ manu–

faél ur-s·,

~

quelq ucs cito;yens pour faire valoir 'des ·éo–

Jon'cs,

&

a'

qq<lques compognies pour fajre feuls

Ul)

rirhe

con~ mcrce.

D ans d'amreS pays,

a

ces

fauces on

a ajomé celle de réndre luc"rarives .

a

¡•exces les charges

de "lin>nce q•)'il fallojt honorer .

On

a par

IQUS

ces moyeO!

dqnn~ naiffan~e

a

des for–

tuues

odi~u fes

&

rapi<jes:

fi

les hoiJJmes

f~vorifés .

qui

les om faites n'avoiem P" habité la capi,tale "avant

d'~1re

riches , ils

y

ferolent

venus

depuis comme au centre du

pouvoir

'&

d~s

plaifirs ,_ il

n~' le!J'r

relle

a

defirer que dq

crédit

&

ejes jouiffances,

&

c'cij da1is la capitale qu'ils

v iennel)t les chercher : il

f~ut

vqir ce que doit prq<juire

la réuniqn de tam d'hommcs qpulcns dans le ' meme lieu :

L es hommes daos

1~

fociété fe comparent cootinuel–

lement

le~

UQS aux autres

ils

tentent fans ceffe

a'

éta–

blir dans leur propre opinion,

&

eofuite r!ans' celle des

autres, l'idéc de ¡eur fupériorité : ce,tte

riv~lít~ d~vient

plus vive entre les hommes qui om ut¡ mérite du mé–

me genre; qr il n"y a qu'un gouyernemem qui

~it

reo–

do, f:om q>e e<lni de Sparie, Jes

richetjes

in~tiles,

·

pu

Jes hommes puiffem

n~

pas fe faire on mérite de leurs

richeíies; des

qu'il~

s'en "font un

méri¡~,

jls flojveqt

faire d!;S' eíforts Pi!Ur

¡¡~ro1tre fÍC~es;

il dgit done s'iD•

t¡odoir

e dans tO

uteS les COOOÍIÍQOS une dépenfe fXCeffive

p->ur

1~

fortU.IJ

~

dé craque puticulier ,

&

uo,

/¡,x<

qu'on

appelle

de b•e

n-féance : fans un immeofe íuperflu cha-

s¡ue CO'!ditign

fi

CrOÍI -tniférable -

.

"

LUX

11

fu·n obfen•er que dJns prefque tnure I'Europe l'é–

mutation dt! p:troitrc: riche ,

&

la conli -térauon pour

1~

richdfes ont

s'imroduire iodépendJmmc:ot des

C"JUl~

fi

namreltes dom

JC

vien~

de parler; d:tns

les tc:ms de

barb:~rie

oU le cornmerce éroit ignoré,

&

oñ des ma–

nufa-'lores groffieres n'enri hiffi>ient pa.

les fJbriquans

il

n'y

:~voíl

de richeffes

que

lc:s

fond~

de cc:rre , les

lCur;

homme§ opulen'i étoiem lc:i ,gr:.nd'i

propritcJirc-

; or

ces

grands propriétaire¡ éto1ent des

f•igJtr urs

¿,

fie(s.

Le¡

lois des ñets, le drnir de pnfféder Ceuls certains bi<ns

maintt:ooiem les richeffcs entre ks m

1ins

d

s

no~les

·

mais tes

pro~res

du

co1nmerce,

de l'indltflrie & du

l11x;

3f:lnt

créé ,

pour ainfi dire, nn

nou~u

gen

ce de

ri–

chefres qui furenr le

parta~e

du roturier,

le

pcuple ac–

co•uumé 3 refpeéler l'op•Jience dans fes

fupéri•urs,

la

re(jleéla daos fes

é~au•: ceu~-cl

crurent

s·~~aler

aux

grands en

imitam

leur fjlrte; les gr3nds crurent

voir

rom–

ber

l'hiérarchi~

qui les élevoit au-dcffus du peuple, ils

ou~menterent

leur dépeníe pour conCerver leurs difl!n–

élioos, c'ell •lors que le

luxr

de

bienf~ance

devim oné·

reux

pO!Jr tOllS

les

étau

&

dan~creux

pour

es

ml'l!urs.

Cette frtuatluo des hommes lh dégénérer

l'eo!Yie de

s'enriehir en e<ceffive cupidité; ello devin¡ dans qucl–

ques pays la paffion dominante,

&

fit taire les paffions

nobles quj ne <jevoient point la

<lé~ruire

mais lui com–

mander.

Quand !'extremo cupldité remue ¡ous les creurs, le•

enthoufiafmes venueux

difparoHfent,

ceue extre me

Clt–

pidité ne va point fans l'efprit de propriété le plus ex–

cefjif, )'ame s'éteint

~lors,

car elle s'éteint quand elle

fe concentre

.

(,.e g

0

uvernement embarraffé ne peut plus récompen–

fer que par

~es

fomrpcs

immenfes ceux qu'il récom–

penfoi"t par de

lé~eres

marques d'hopncor-

Les imp6ts multipliés fe multlphcnt encoreJ.

&

pcfent

fur les fonds de terre

&

fur l' indu(jr!e néceuaire, qu'il

efi plus ai(é de Jaxer que le

luxr,

foh que par fes con–

tinuel)es viciffitudes il 6chappe

aU

gouyP.rOement, foil

que

!es

hommes les plus riches ayen¡ le crédit de s'Jf–

franc)>lr

~es

imp6ts, il ell ¡noralen¡ent impoffible qu'ils

n'ayent pas plus de crédit qu'ils né

deyroj~m

en avoir;

plus leurs for

tunes f

ont f 0 nqées fur des apus

&

ont étt

ex<:effiyes

&

rapid.es,

plus ils ont bcfoin de crédit

&

de

moyens d'en

obtenir.

lis cherchent

&

réuffilfent

i

cor–

rompre ceux qui f<,nl faits pour les réprimer-

I)ans une rápublique, i)s ¡entent

l~s

magifirats , les

adminiflrateurs: daos une mor¡archie, ils préCentent des

plai"firs

&

des

ria~effes

a

cene nuble/fe, dépofitaire de

l'ef'prit

n~tion~l

&

des mreurs , comme les corps de ma–

gjClrature font les !'lépofitaires des lois.

Un des cffets !Ju cr)!dit des h 0 mmes riches qu•od

!es

richeCfes font inégaleq>ent partagé<s, un effct de l'u·

fage f•llueux' des

rifhelf~s,

uR

~ffet d~

befoin qu'on

a

des hommes riches, de Famon,té

~u

1

1ls

prennet¡t, des

agrémens de Jeur fociété, c'ell la confufiou

~es

rangs

dont j'ai

déj~

dit un mot; alors fe perdent le ¡on, la

déce•¡~e,

les dillinélions de chaque état , qui ferveot

plu• qulpn oe per¡fe -. conferver l'cfprit de chaque état;

quand on ne ¡ient p)us

~H

marques de fot)

r~n~,

on

n'ell plus auaché

a

l'orqre gél}éral; c'ell quar¡cj on oe

veut pas rel]'lpljr ¡es devoirs de fon étnt, qu' OJI ndglige

un eu_érieur ,· un

tqQ, des IT)anieres qui rappelleroient

l'idée de ce• devoirs

au~

autres

&

a

foi-m~me.

D'ail–

leurs on oe conduit le peup)e t¡i par des

r~iConnemens,

ni par des de6qitions

¡

il faut !tnpofer

~

fes fens,

&

lui

annol)cer pªr des marques' diflinétivcs fon fouverain, les

grat¡d•, ¡es

ma¡¡i~rats,

les ll)ioíllres <le la reHgion ;

11

faut

que leur euéneur annonce la

pui!f~n¡:e,

la bon¡é ,

la

gravité, la fainteté, ce qu'efi ou ce que

doit

étre un

homme d'une certaine claffe', le citoyen

r.vé

¡u d'une

cer¡aioe dignité: par

conféqu~n¡

¡'emploi

d~s

riehelfc<

qui

do~neroitau ma~iClrat

l'équipag dlun

jeuu~

feigneur,

l'auirail de la mollelfe

~

la parure atfeélée

~tJ

gqerrier,

l'air de la dillipadqó au pretre , le cortoue de la gran–

deur au f¡mple

~iwyen,

affoibfirc¡it

oéc::traa~mel)t

daos

¡e peqple l'impref!ion

qu~

doit t'aire fur lui

1~

préfence

des hqmmes delliaés ;\

le conduire,

&

~vea

les bicn–

fé•9ce~

de chaqqe état, on verroit 5'etfacer jufq u';\

la

mmiiq

re trace di l'or<lre général, rien ne pourroit rap–

pell.er

le!

~iches ~

des deyoirs

~

&

10~1

les avertiroit de

JOUtr

r

11

d}

ll)Oralement néceffaire que llofage des richeffes

foit con¡raire au bón orllre

&

aux mreors _ quand les

richeCfes font acgujfes fans travail ou par des abu<, les

nouveaux

rich~

fe d9nqeot promr.tement la JOU!ff?_nce

d'une fortune raP.ide,

&

d'abord S

acco0tomen~

a

1

IIIB•

élion

&

au befoin des dif!ipations

frivo~es:

od!CIIX

.a,

la

plilpart de leu" concitoyeos, 2Uiquels lis

001

été m¡u•

·

nemea¡