LIB
ou le moins d'efprit dt!pend du plus ou du moins de
<lt!licaterfe des organes: il con!Hle d•ns une cenaine coo–
formation du cerveao, daos une heureufe difpofirioo des
fibres. Toutes ces chafes o'étant nullement foumifes
au
choi~
de ma volonté,
11
ne dt!pend pas de moi de
me mettre en t!tat d'avoir, fi
je veux, beaucoup de di–
fcernemeot
&
de · pénétration . Mais la venu
&
le vicl'
dépendent de ms volonté ; je ne nierai pourtam Ras que
le tempéramem n'y comribue beaucoup ,
&
or<jinaire•
ment on Ce tie plus a une vertu qui e!l naturelle
&
qui
a fa fource dans le Cang, qu'a celle qui el} un pur ef–
fet de la rai(o!),
&
qu'on a
acquif~ ~
force de Coins.
Je fuppofe, continue-t-on, qu'on fe révei)le, lorfqu'
on t!toit réfolu
~
tuer fon ami,
&
qu\l des qu'on
~!l
réveillé, on ne veut plus le tuer. La qifpo!ition Jllat.éril'l)e
du cerveau qui me portoit en (onge
a
vouloir roer mon
ami, é¡oit plus forte que
l'~utre.
Je dís, ou le cl¡an–
gemenr qui arrive
a
mon ce;veau fortifie égalemeQt roo...
tes les deu.t, ou
ell~s
¡lemeurenr <lans la
m~me
difpq–
firioo oñ elles étoienr, !'une rellant p, ex. trois fois plus
forre
que l'autre _ Vous ne faurie1. concevoir pourquoi
]'ame e!t
libr~,
quaqd !'une de ces clifpo!itions a
d i~
degrés de force,
&
l'autre trente;
&
pourquoi elle ¡¡'eil
pas libre quao<j l'une de ¡:es difpo!irlons n'a qn>uo de–
gré de fon:e,
&
l'a¡¡tre 9ue Jrois. Certe
qb¡~~ion n'~
de for<;e
1
que paree qu1qn ne
dé
mele pas a€fe1. e'aéle–
rr¡enr les différences qui fe trouvent entre l'érar de veille
&
celul gu (omq¡eii. Si je ue (uis 'pas liore
d~ns
le
f<>m–
IIle•J,
ce n'efl pas', comll)e le
C.o~ppofe
J'obje<'J:Ion', pa¡ce
qu~
la difpofit1on maténelle do _s:erveau, <¡oi me pone
a
~tl~f
mon ami, efi
troi~
fois plus
fClrte
que .
l'alJtre
.
' l;e défaur de
lib.erté
yient du défaur d'e(prit
&
du re!a–
c~emer¡t
des nerf<. Mais .que )e cerveau foit une
fol~
rer¡¡pJi d>efprjrs,
&
que leJ; nerts foieot
rer¡d~ '.
je..
feq~l
roo¡jours
.é~alement
)il>rel foit ,que Jlune de ces difpo!i–
tiqm ait d1x de,¡rés de torce,
&
J'aurre tren
re;
foir que
l'uÚe de ces difpo!itiqns
n>ai~
qu'un'
de~:rt!
de foree,
&
l'a';ltre que trois .
Si
vous en yon1et.
(avoir la raifon
·,
c':CI't que le ppuvoir
q~i ~!l
d;jns
!'~me
de fe dt,terl))iner
"(l
~l¡folume~n
indépendant des difpof¡rions du ,cerveau ',
p<Íur;vú que le cerveau foit bien
con!l~ru.é,
qu'il foit
rempli d'efprits
&
que le< nerfs foient tehdus.
·
L~aé}ion
des efprits dép
endde trois ¡:hcfes, de
1ª
n~ture du cerveau fur
)~qt¡el
l.lsagl€fen1, <le leur naru.r_e. p•r
t•'díiicre
&
(le'
la 'quanrlt(!, ou de la déterminarian
d~
Jiur ·
¡nouvem~nr.
Dé ces trois chafes, ji n•'Y 'a préci–
f.< •T>ent que
1~
dernjere dont l'ame puilfe
e,,,
malrrer'te ,
JI faut
<l91JC
que le pouvoir f'eul
9c
monvoir les efprirs
fuffife paur la
/ibqté.
Qr,
1°.
,dites-yous,
ti
le pouvoir
de
'd~rjger' le
mouvemenr
de~ efpri~s
(ufllr pour la
liberté,
les entar¡s doiveot étre lib¡es, pt¡ifque Icor ame doit avoir
ce pquyolr.
2Q.
Pou¡quoi llame' dos fous' ne feroir-elle
pa~' lil¡re
auffi? Elle
p~ut
¡::r¡cure ,!liriger le
mauv~'meo-t
de (es efprirs.
?"·
L'ámc ne devroir pmals avoir pJÓ¡
de
facilité
a
d~riger
le mouvement de fes efprirs qué
pendant le fommejl,
!l<
·par cóuféquent elle ¡te devroiJ
Ja•pais étrc plu
)ibre.
· ]e
répQl)ds, · que le ppuvóir de
diriger le mnuvemem de fes efprirs l)e fe trouve ni daos
les enfans, ni 'dans les fous, ni dans
ceu~
qpf dorment.
La
narure du cerveau des enfans s'y pppofe. La fub–
flance en el'l trap rendre
&
trpp molle;
les fibres en
fon írc¡P. d.élicares, pour que leur n¡pe puiUe ther
&
or–
r~rer .~
'fon gf,é .les efinits qui 'dolvent coulei' de toures
parts, paree qu'¡ls
tr
0
uy~nt
par-tour un pa(fage libre
&
airé.
D ans
les fans ;
le moúvement narurel de leuis
efp~irs
ett
rrop yioleot, f'lUr que leur ame ' en foit la
mallre(fe', Dans cet trat,
)a
force de l'ame n'a nulle
prop<>rtion ave..: celle des efprírs qui
1
empo'rtem
n~cef
fairement. En
fin, ·
le fomm.eil áyant détcndu 'ta
m~chine
du
~orps
1
&
en ayam amorti tous fes mouvemens, les
,l'fpms 11e Pt\lvent couler librerpent . youloir que l'ame
daos cet a!f.,upi¡fement, oñ tous les fcns font enchat–
nés ,
&
ou' rous 'les ' reffi>rrs Cont
rel~chés,
'dirige
a
fon
gré le moo¡veme.n¡
d<~
efprirs; c'ell exiger qu'uo joueur
de lyre falfe reloooer fous fon archet une lyre dont les
co
rdesforn détendues , ··
t.Jndes argurn'ens les plus
terribl~s
qu'on ait jamais
op
pufé contre la
liberté,
e!l
llimpoffibillré d'accorder
avec elle )a prefcjence de Dieu
11
y a eu des philafa–
phes arfq. dé_termints pa11r 'dire que Dieu 'peut
¡res~bieo
Jgnorer
l'av~lll~, a-pe~-P.r~s
s'il ell permi<dj: p'árler ain!i;
co!Y'!Y'e
UJJ
r'?' pet¡t rgnorer ce que fait un g(!oéral
a
qm
•1 aura dooné la
~arte
blanche · c'e!l le fentiment
.de~
Sociniens.
...
·
..
?
-
D'áti~res' fouri~nu¡;nt
'·que J'argument pris ¡le la certi–
~ude ~e )~
prefc1.ence, d1vine
flC
fOUche
n~pement. ~ 1~
~qelhon
de la
hber~e
i
p~rce
que la prefc•ence, drfent–
Jis,
o~ r~nferme pom~ ~
autte certirude 1 que celle
~ui
LIB
fe ·rencootreroit également daos les chofcs, encare qu'il
o'y
e~t
point de prelcience. Tour ce qui exille i10jourd'
hui ex!ila certaioemem,
&
il éroir hicr
&
de toure éter–
oiré auffi cenaioemenr vrai qu'il eÁitleroir aujourd'hui,
qu'il e!l tnaintenant cerrain qu'il exilie. Cene certitude
d'évenement ell toujours la
tn~me,
&
la prefcience n'y
change ríen. Elle cll par rapporr au;a: chafes furores, ce
que la cannoitfance
etl
oux chafes préfenres,
&
la mé–
. maire
>UJt
chafes pa(fées;
dr,
!'une
(,<
l'aurre de c<s
cpunoiffanees ne ft¡ppofe aucuoe oéceffité d'exifier daos
l.a cl¡ofe; mais feulement une certitude d'éveoemeot qui
ne
loitfer<>i~
pas
d'~rre,
quand bien méme ces C'onnoif·
fances ne feroient pas .
J
uú¡u'ici, tour etl iotelligible.
J_,a ditficulté e!l
&
f~ra
tOUJ.Oors
.;i
expliquer, commenl
;Djeu peur prévoir )es chofes fotures, ce qui ne paroit
pas poffib)e,
a
moins de fuppafer une chaine de cau–
(es nécerfaires; pous pouvons cependam nous en faire
·quelque
efp~ce
d'idée gtnérale. Un homme d'efprir
prévoir le p1r¡i que
pr~ndra
daos telle occafion un hom–
me, donr il copnoit le cara,é}ere.
A
plus forre raifon
Dieu
1
donr )a naJUre efi iofiuimeut plus
parfai~e,
peut•il
par la prévifion avoir une coaooilfan¡:e beaucoup plus
certaine des évenemeos libres. j>avoue .que tour cela me
par.o!¡ tres-hafardé, ·
&
que c'dt un
'ay~u
-plurOt 9
u'unefolutinn de la
ditjjcult.~.
J'avaue enfin, qu'oo fait c.on–
rre la
lib<rtl,
d'excellenres objeaioos; majs on en fait
d'auffi bonnes c:;.nnrre l'éxillence de ;Dieu;
~
comme
p1algré les difficultés <Xtre[Jles, contre la _!:réa¡ion
&
coutr.e la
proyidence, je croisnéanmoios la
prqyid~oce
.&
la cré;
ti.on;auffi je me cr
ois libre,malgr,!! les puif–
lsotes objeé\ions'q'ue J'on fcra toujoo.rs cc;>nrr.e
~ene
mal-,
heureufe
li6erté,
Eh! comn¡em ne le crOlfOIS-Je )'liS?
Elle por(p tous les caraaere' .d'une premiere vérjté •
Jarnai• opinion n'a été
ti
uni\•erfelle .daos le genre hu·
main- C1·e!l une vérité pour
l'lcl~i¡ci,:femenr
de laquelle
il
n'e!l pas néce(faire d'approfondir les raifanoemeos des
livres: c'.efl ce que la nature críe; c'e[t ce que les ber–
gers chanteot fur les moot:Ígoes, les pdere.s fur les théa–
trcs ; c'd} '_ce que les plus habl"'s ,daéteurs enfeignent
dans les chaires ; c'ell e• qui fe répete
&
f~
(uppofe dans
tomes les.copjoné}ures de la . vie .
-~.
<
perit' nombre de
ce
u~
qu(, ·par affe&ation ,!le lingu)ari¡é _; -ou. par ' dei ré·
tléx1ons outrées, ont :voulu dire ou rmagmer le !=OJI·
tra1re, ne f!lOntrenr-ils pas
eux-m~mes
par leur conduire,
la faurfeté de leurs difcours? Donue¡.-moi, dlr l'ill.ullre
F
énelon, un hamme qui fait ' le profood philo(ophe;
&qui.
nie
lo libre arb11re! je ne ' difpute,rai poiot conrrs J.ui;
ma!S JC Je memoi
a
l'épreuve dans les· plo¡s
c9mmo~es
occ3 fions de la vi
e,
~our
le confondre pa
r Jur méme. '
]e
fuppq(e 'que la femme de
c~t
hq¡pms
l.uifoit
infi.
delle, que
!im
fils lui déCobéit
&
11!
mép,rl[,::;
qu" fan
ami le rra,hlt
1
que fon domellique le V<)!
e;
JC
lyi d!rai,
quaoá il fe p)aindra d'eux, oe favez-vous 'pas qu'aucun
d'eux n'a
lOrl,
ll<
qu'ils ne foot pas libres de faire au–
trement.? lis font, de votre avett, aulfi invinciple¡neot
néceffirés á youl.oir ce qo'ils veuleot, qu'uoe pierre
Pe~
a
tomber, quaod qr¡ pe la foutienr pas. N'ell-il done
pas cemio que ce blfarre 'p!¡ilofophe qui ofe nier le ·¡¡.
bre arbitre dans l'tcolc, )e '$0ppqfera comme indubita•
pie
daos fa propre rna•tbn,
'&
qu'il ne fera pas moins
¡mplacable conire ces perfannes, · que ·.s•¡¡ avoit foateDia
fOUte fu vie lf do,sme de la ¡>los
Rraqd~
/ibfrlé?
Voi1
á~
la
liberté
rett ''"1tmi ¡nutln,
Aveugle partiftJn J'un av•ugl• deftin.
Entends
<Om>rfe
il co,fulfe; tJpprDFfVe os• Jélihere,
Entmdf (ir ·
'1"'1
reprucl,e il couvre
""
_adverfoir•
,
VDiJ
com~tell!
d'utJ
rivdl
il
(h~r,h~
a
fo
"vawger;
Comme il punit (on
fils
&
le w'ut corr_iger·.
/{le <royoit
do~tdibrt?
o,;,
farll doMe;
&
IHi-mlme
Dlmmt
a
ebaru• pas fon f11n<j1e .Jyjl;mt
.
JI
mtnroit
a
fow C«ur'
t'!
'1JoulatJt
expliquer
Le dogm• abfurtle
a
croire; abfi•rti.
a
prtJtit¡rur.
JI
ruonnoit tn
/ui
lt
[tnfii'!Jtne
'tfu'i/
/Jravt;
11
tJgit
•.
com"!< libre,
&
parle comme efdaTJt.
M.
Y
oltaue,
2.
difc-
[Hr
1,.
lil.ertl,
~.
Bayle s'e!l appliqué fur-rout
a
rniner l'argument
pris du feprimer¡t vif que nous avor¡s de narre
/ibutl.
•Voici fe¡
r~lfons :
, Difp,ns auffi qt¡e
)!l
fer¡rimenr clair
, &
ner
qp~
,OOl!S avons des aé}es de t¡o,rre yolanté, oe
, peur pas faire difcerQer
ti
naus nous les donnons nous–
" mémes, ' ou
!i'
nous· les recevops de' la· méme caufe
, qui nous' <jonr¡e !'exi!tence: "lt' faur reeo!Jrir
a
la ré–
;, Bexfon pqur faire ce·difcernemeot. Or je mers en fait
que par ·des
';"édirarions purdnent ,P/Jilofophiques on
ne peor JamSis parvenir
i
une cermude b1en foodte
,
qu~
!JOUs fommes la caufe eflicieote de oos vollrions;
·
· ·
•1
car