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LIB

emporté par un poids

d~

lix. !V.Iais

Ji

un poids d!' cinq

livres

peut

n'~tre

pas ¡:mport!! par

110

poid~

de

fix .,

il ne

le [era pas no11 plus par un poids <:le mi! le; car alorp

ii

réliile

a

un poids de fix livres par un priocipe in¡;lépen–

dam de fa

p~Cameu~; ~

q:

príncipe, quel qu'il Coir, n·'au–

ra pas plus de proporrion avec un poids de mille livres

-qu'ilvec un poids de fix

livres,

paree qu'il faut alors l'JU'il

foit d'une narure

diíféren~e

de eelle des pojds,

Voila

CCr

[ainem.en~

les argumens )es plus forts qu'on

poitre faire

com.re

narre fenriment. Pour en monfrer la

vanité,

i;'

leur opp'!ferai les trois prnpofitions fuiv¡¡ntes

.:

La premtere !'ll qu·t.l ell

fau~

,que tour effet Cojt le

pro–

duit de quelque cauCe !'rterne; qu•au contrai.r.e ,il

f~uJ

de

route néceffité reconnoitre un cnmmencement d'aB:ioo¡,

c'ell·il-dire un pouvoir .d'agif indép.endamment d'ancWtl'

aB:iou précé!lente,

&

que

C!!

pou.,oir peut étre

&

ell ef–

fcB:ivent~nt

dans l'homme. Ma íecond<; propoíirion eCl

que la peo(ée

&

la >rolot¡té ne fom ni ne p.euvem

~rre

des qualités de la matiere.

La

troifieme enfin, que quaod

bien méme !'ame ne Cdoir pas une

CubOªn~e

diClin8e

du co.rps,

&

qo'on Cuppof!!TOÍt que la

P!'nfé~

&

la yo–

Iom~

JJe Cont que des qualités de la roatiere; cela

m~me ne pro':lve.roit pas que la

líber•{

d!'

1'!-

vo)or¡té f!Jt

um: chof!' tmpoffi!>1e. ·

J e dis,

J

0

que tout effet ne peut pas etre produit

p~r

des <;aufes euernes, mais qu'il faut de toute néceffité

reconooitre un commencement d'a8i0n

1

c'erl·i-dire ,

un poyvqir

!l'~gir ir¡~épJ:ndatt)ment

d'aucune a.Uion

on–

técéd~t¡te,

&

que c.e pouvoir ell

aél:uelleme'l~

daos

l'ham>Jle. Cela a 'dé¡a été

pro~v(!

¡laus )'

4rticle du

CoNCQUR&.

Je '¡¡is

!!!l

fecond liel!, que la penfée

~

l3

volonté

n'~rant poin1 !les qualités de la ma¡jere, elles ne peuv9nt

pas par

conféqu~n~ ~tre

foumife$

a

fes lois; car rout ce

qui

efl

fait ou compofé d'unf¡! chofe, il ell toujours cctte

méme chofe

~ont. il

¡:(t

cornpafé. Par exemple, tous

les

changemens, toutes les campofitions, toutes les djvilions

polf!blcs de la

fjg~re

ne fom autre chofe qu¡: ligLue;

~

tomes les cgmpotitions, tous les elfers pojf¡bles du mou–

vemen~

ne Ceront jamais autre chofe que mouvement .

Si done

il

y

a eu un ¡ems ot'i

il

n'y

ait eu dans l'unl–

ver5 autrc cho(e qu¡: matiere

&

qoe mouvement,

il

fau ..

dr~

¡jire qu'il eCl impoffible 91!e Jarnafs il y ait pil

~voir

dans l'univers aurre chofe que matiere

&

que mouve·

ment. Daos cene fuppoli¡ion,

i!

eft auffj impo ffi ble

qu~

l'in¡elligence, la rélléxioo

&

toutes )es diverfes t':nfa–

rions

.~yent

jamais ca

m

meneé

a

exiCl~r;

qu'il cfl main .

tenar•t jmpoffible qul' le mouyement [oit bleu ou ronge,

&

qu~

le triangle [oit transformé eu un fon.

Voye'- 1'ar•

tic/e de

/'AME;,

o\} cela ¡¡

('!r~

prouvé plus au long.

l\1ai$ quand m<!me

j'ac~orderois

a

Spjnofa

&

a

l-fop–

bes qu¡:

l'!

penfée

&

la volomé peuvenr erre

&

Com on

etfet di'S qualic¡;s de la mariere, tout cela ne décideroit

point

~n

.leur faveqr la queOion préfetne fur la

li!>rrtl ,

..&

ne prpuveróit pas qu'une volonré libre fat une chofe

impoffible; car, Pllift]L¡e nous avons ¡léja démomré que

la penfé¡::

&

la volonté ne penvent

p.as

~tre

des produ–

élions de la

figqr~

&

du mouv6rnent, il eft clair que

tour homme qui fuppofe que la penfée

&

la volonté (ont

des qualités de la.

mati~r~,

doit Cuppofer ¡¡uffi q'ue lama–

tiere eft capable de cerraioes

propri~tés

enrierement dif,

férent~s

d¡::

tigun;

1.3!:

d!l

mouvemenr. Or íi la matierc

~en

capable ¡le tell('S propriétés, ¡:ammcnt prouv¡::ra-t-on

que les

~tfets

de la figure

&

du mouv!'ment, ér¡¡nr tous

néceUaires, les elfets des

au~res

proptiér\ls de la

mati~re

eotierem~m diClin~es

de celles-la, doivent

~trc

pareilll'–

ment néeelf:¡•res?

H

paroir par-la que l'argun¡em doo¡

Hobbes

&

fes

fe~are11rs

font lcl!r gra,nd- bouclier, n'ell

qu'un pur fophit'me; car ils fuppo(cnt d'un córé que la

marier\' eCl capable de pcnfée

&

de volonté, d'ot'i ils

co~cluenr

que l'ame n't:O qu'une p.ure rpatiere . Sachat]t

d'un a"rre cóté que les effets de la figu re

&

du mouve–

menr <IPiYent tous

<!tr~

péce(laires, ils en ooncluent que

toutes les opératioos de l'ame fq'!t tJf5celfaircs; c'e(l,a_,

dire, que lorfqu'il s'agit de prouver que l'ame n'cfi qne

pure matiere, ils fuppofent la matiere c;ap1ble non fcu.

lemeot de ti¡¡ure

&

de nwuvement,

t"~Jais

aulli d'aurres

propriérés ·incoqnuc;s. Au comra,ire, s'a,git-il <le

prouv~r

que la volonté

&

les au¡re• qpérations de J'amc Cont

des chafes qéceí[aircs, ils dépoqtllent la matiere de

ce~

prétcndues propriérés ipconnues,

&

n'en fom plus qu'un

pur Colide, compofó de rigqre

&

¡le moqvetpenr.

Apres avoir fatisfa;r

~

quelques objeé¡ions qu'on fai t

contre la

libertt!'

attat¡uons

a

notre tour les partifans de

l'aveuole fatalité .

La

{;b~rtt!

brille dan> tout Con ¡our,

foit

q~'on

la coníidere daos l'efprit, fait qu'on ¡'exami–

ne

par rappprt

~

l'empirc

qu'~lle

exercy fur le corps.

•Er

1°.

quand je veux penfer a

qu~lque

chofe, cornme

LIB

375

a

la . vertn <¡ne l'airnant

.a

d•attirer le fer; n'ell-il pag

certatn .qu_e j'appliq11e mon ame a méditer ceue quefiion

.tou.res

les

fois q1,1'il me

pla.lt

,

&

.que je J'en déreurne

qu~nd.1e .veu~?

Ce feroit cníeaner honteu[emenr que de

-voulo1.r en deuter.

·ll

ne s"agit

plus

que .d'en décoHvrir

la

cau~e.

On

'VOit,

l 0 • .

que l'.obje.t n'ell pas de:vanr mes

o/e~x;

:fe n'ai ni fcr ni

~imant,

ce n'e(l .done pls

l'obJet

.qm

m'~

d¡!terroiné

.il

;y

peo[er. je .fais bien que

quar~d

nous avot)s vu une fois <¡uelque chofe, il reUc q11elques

tr:l!'es _¡lans te ccrveao qtu

fa~il¡tent

la dérennina<ion .des

efprirs. ll peut arriv¡:r de·lil que quelquefois· ces cfprie>

coulent

d'eo,u-m~rnes

¡:hns ces traces, f.:tos que npos en

.fachioos la qufe; ou méme

\111

objet qui

.a

quelque rap–

port avec celui qu'jls repréfement, peut les a.voir etcités

.&

réveillés ponr

~gir ,

alors l'objet "'ient de lui-méme .fe

pr~f¡:n~er

a

QOtre imaginatioo. De meme' quand

les

efprirs

¡¡mmaux_ Con.t érnus par quelque forre paffion , l'objer fe

re_préfente malgr.é n<>us;

&

quoi

q_u~

naus faffions,

il

o¡:eupe notre penfée. Tout cela fe latt; on n'cn difcon–

:vient pas. Mais

il

n•en pas quedion de cela: car outre

tou.tes

~es

raifons

q~i p~llvent

e,¡:dter en mon

efprit

une

t~)le

penfée, je feos que j'ai le pouvoir de la produire

tout.<S

I_!'S

fois que je

Y~UX.

]e

peore

a

ce moment pour–

quol l'a:rnant ,at:tire

le

fer

e

daos

un m oment,

fi

Je veux

je n'y penferªi plu>,

4

j'oJ:cuper;¡.i mon efprir

a

rnédí~t· ~

fur le {jux

~

le retlnx de la mer. Pe-13 je palferai, s'il

n¡~

plalr,

;i

rechers:h~r

la cau[¡: de la pefanteur; eofuire

je

rappeller~i,

fi je

v~ux,

la

p~nfée

de l'aimaot,

&

¡e la

conferverai rant qn'il me pla·lra. On pe peut agir plus

hbremeur , N'on feuJement J'ai ce pouvoir, mais je fens

&

¡e Cais que je J'ai , Pnis done que c'eU ur¡e vériré

d'expérience, de copnoifTance

&

de Cenriment, on doic

plfirót la confiJérer comme un fait jncontellable que

comrpe une quefiion donr on (!ojve <!ifputer.

!1

y

a

done

fans contreditt

~u-dedans

de moi, un

prindpe,

une caufe

fup~rieure

qui régir rnes penfé<s, qui les fair uahre, qui

lo$

éloign~,

qui Jes rappelle

~:n

un inClant

&

a Ion

com–

mandernenr;

~

par con[équct)f il

y

a

~ans

l'hooimc un

~fprir

libre, quí agit fur foi·meme comme

il

lui pla1r.

.'\

l'~gard d~s op~rations

du corp•, le pouvoic abfolLJ

de la volonré n'ell pas moins Cen(ible.

h

veux rnou–

\'air mon br:¡s, je le rl"nue au!Ji-tót; jc veux parler,

&

Je

parle

á

l'infiant,

&/c.

On eCl

intéri~urcmenr

c on–

vail)cu de loutes ces véricés

~

perfonn·e

n~

les nie; rien

au monde

n'~Cl cap~ble

de

J~s

obfcurl'ir . On ne peu r

donner ni fe former une

id~e

de la

libertl,

q¡¡clque

grande, quclque indépendante qu'elle

puilf~ ~tre,

que jc

n'éprouve

&

ne r'cconnoilfe en moi-meme a cet égard.

lt

ell ridicule de dire que je crojs l!tre libre, paree que

je fuis c¡¡pable

&

íh[ccptible de plulieprs dércrminarions

occafionnées par

'divers

mouvemens que je ne coonois

pas: car je fais, je connois

&

je fens que !es #•ermi–

narions, qui font que je parle, o

u

que

¡e

me tais,

de·

pendcnt de ana volouré; nous ne fommes done pas

li–

bres C¡;uletnenc en l'e Cons, que nous avons la connoif–

fance de

no~

mouvemer¡s,

&

que nous ne

[en

ton• ni

force oi

contraint~p

au contraire: , nous

ftoton~

que nons

o.vons

che?. noqs le m1itre de la .machine qui en con–

duit les re(fprts comme

il

lni plalt . Malgré toutes les

raifons

&

tomes les dét('rminations qui me portom

&

me poulfctn

:i

me

promen~r,

je fer¡s

~

je Cois

p~rfuadé

que ma volonté peut

a

fon gré arréter

&

fufpeodre

a

s:haque inOant l'etfet de tous ces re!Tort cachés qui me

f.Jnr

¡tgir. Si je n'ar,illbis qQe par ces

r~trons

q¡chés,

par les imprcffions des objets, il faudroir né<;elfairement

que j'accomplifTe tOQS les OIQUVetnens

qq'il~

feroient ca–

pab!es de produlre; de

m~me

qn'unc; bille pou!Tée ache–

ve fur la ¡able <;!u bi)lard tallt le mouvement qu'elle

íl

<Ct;U •

Qn poQrroir

all~guer

plu(ieurs

occ~llons

daos la v1e

Pumainc oll

1'

cmpire de cette

libertl

s'exercc "vc:c

f3nt de

pc~uvoir

qu'clle Jotnpte les ,orps,

&

en répd me

avcc violence

tou~

les mouvemas. Dans l'exercict: de

la ''Crtu,

o

ti

il s'agit de réfiller '!l"nne.

forte

pallion, tous

les mouvemcos du corps funt

dérermm~s

par la pa(Jion ;

¡nais

13

volonré

•'Y

oppoC.;

&

les repnn1e par

~a

feule

raifo11 du devoir. D'un aurre cl\ré, quand on fatt réflé–

xioo f11r tant de p9rfonnes qui f..: font priv<!es de

vie,

fans y

err~

pourfées, ni par fa

~aloe,

ni par la fureur,&c.

¡nais par la fcutc va

m

té de

fa!r~

parte: d.'eux,

OI.J

P?"'

m onrrer la force de lcur efpnt,

&~.

tl taut nécelfaore·

mene recounoirre ce poQvoir de ta

lib~rt¿ plu~

f¡Jrr qul!

tous les mou

vem~QS

de la nature. Qucl pou voir ne fout•

il

pas excrcer fur ce corps poqr contraindre

ele:

fang–

frood la mrtill

a

prendre un pt•ignard pour fe J'enfoncer

dans Je cccur .

Un des plus beaux cfprlts de notrc

fiecl~

elf~yer

jufqu'ii quel point on pouvoit foutcnor

~

voulu

un para·

do~e.

\