LIB
Ce qu'il y a de cert:lin, c'e(l,
t
0 ,
qu'il n'y a pnint
1t11
Dieu de
libtrt!
d'équilibre on d'in;lilféren<Oe. Un
ttrc te! s¡ue Dieu, qui fe rcpréfcr¡te avcc le plus gqnd
d<gré de précifion les diiférences in6niment patires des
ehofes, voir fans doute le bon, le mauvais, le meillcQf,
&
ne faurnit VOU!oir que <OOllfOrmé
li)Cllt
a
Ce ql)l;j \'<¡!t;
!!'•r autremcnt ou
il
agiroit fans raifon ou coture la rai·
fon, deux fuppolirions 6galement injurieufe<. J.)icn f1Ji.t
dn!)e toujours les idécs que fon entcndcment infini luí
préfente eomu¡e préférables aux aurres; il choilit en,tre
plufieurs plans poff)bles le rr¡eilleur;
il
n~
vcut
&
nc
fait ríen que par des raifom Cutfj(mres fondées fl)r la
n~ture des
~tres
&
fur fes divins
~ttributs.
2.
0 •
¡.es bienheurenx dar¡s le eiel n'ont
pa~
nor¡ plus
cette
libere!
<J'équilibre:
aucnn bien ne peut balancer
Dieu dans leur emar.
ll
r~vit
d'abord tuut l'amour de
la vnlonté ,
&
fait di$aroitre rout autre bien con¡me le
~r~n~
jour fait difparoícre les ombres de
l~
nuit ,
La queilion e'l done d' [JVoir 1i l'IJotnme efl libre
de
ectt~
liberJI
d'indilférence ou
d'é~ullibre,
Vnici
l~s
rai·
fans de
C4u~
qui foutiennent la
~~~~ative,
, r9, I.,a
cho~
paroit in¡ooffit>le, 11 efl queilion
de
choi–
tir entre
A
&
B;
vous elites que, toutes chofes 111ift:s
3
part,
vous pouvez choifir l'ua Oll 1'3lltre.
V
ou~
•hoilif–
fez
A,
pourquoi
~
paree
e¡
u
e je le veu•, dites-vous;
m~is
pourquoi vC]ule'L·vous
A
plñtl\t que B
1
vous répliqun,
porce que je le veux: .Qiell
t"N'~
dor¡né
c~ttc
fucul
é,
MJÍS que fif¡Qifje
je 7JetiX
vo¡¡loir,
ou ••
7U1fX p11rce ¡11e
je
'l'~ttx?
Ce$ pato
les
l}'ont d'a..Jtrc
fcn<> que
cdui,
it
veux
A;
mai' vous
n'.,vcz
p1s encare: fatisf;\Ít
~
m:l
que~
Ilion; pourqúoi nc voukz-vous po'm B? eil-cc l'lns rai-
1on qqe
voq~
le rejcncz? Si VOl!< ditc<
!\.
LllC
plait p1r·
cc q\llil tne ¡¡lait, Oll cela ne fignifie rÍen,
OU
doit ctre
cr¡tendu ainli ,
1\.
me plait
~
cante de quelqnc pi Ion qui
me .le fa¡,
p~ruilre
préférable
~
13:
fan< cela
le ndanc
pru Jt¡iroit un elfct, (;3nféqqence qtle
fi>m
obligés
~e
di–
gérer ks <Jéii:nf<urs de la
lib.rtt!
d'équillbrc,
2".
Cmi:
!ibe~tl
eil opp'>fée
~~
prit¡cipe de la rsif>Jn
fu ·1i f1:1te: car ri nous choi(im,ns <ntre
deu~
ou plulieurs
o!lj~ts ,
C:w;
<¡•J'il
y
ait une
~~ifo:t
qui nous porte vers
l'n
1
p' 6t'¡t que
ver~
tlautre, vol!
a
una ddtermination
q
1i arri•••
f~01
aucune cauCe , Les défeqfeurs de l'illdif–
férence répondet¡t que cette détermination n'arrive pl s
faqsa"
(",
p ,¡,-¡ue !?ame
elle·m~rne,
entant que prin–
c.pena r',
efl
la cauCe eificientc do
~oaccs
fos aélions ,
c~Jl
elr
V
.ti' mais la déten]lination de ceue aélion'
In
p
' fe
oe
n-ti luí efl donnée fur le pani oppnfé, d'ou
luí
I~<Hc~l k?,
Vouloir, dit M, l¡é"ibnitz, qu'une dé-
te ·mlnotion vienne d'unc plcinc
indilf~ronce
abfolu–
,,
mc.·tlt
indc!term'né~,
c'ell
vonluir qq'clle vicune
pa·
,
turelle:oent de ríen, L'on inppufe que Dku nc don–
,,
ue pas
ccr~e
dérerminatiou: d ie n'a poiut d\! fourcc
,. dans
!'~fiJe,
ni daos le corps, ni
<j1n~
ll's
circonllan–
" cos, pllifqne to.H efl
fnpp~t;s
ínJt'!crminé;
&
la voila
, pounant qui paroit
&
qui
e~ifle
C1ns préparation, fans
,, que Dieu mcme pnille voir ou faire vo'r comment
,, elle extflo: , ,
Un
effi:t ne peut avoir licq fans qu'il
y
ait dal)s la
c~nfe
qui le doit prod•1ire une d·fpolitÍon
a
ªgir de la m1niere qn'il le
fa~t
P"'"
prod•1ire cct etfct,
Or un ch•>ix, un adc de la volonté ell un effc¡ dorH
!'ame ell la
c~·,te,
11
faqt done, pour que nous fuffions
un te! choix, Que !'ame foit dj(poféo:
3
le faire plt'h6t
qu1un autre: d'ml
il
réfulte qu'clle n'ell pa1 indétermi·
née
&
indilfér<ntc,
~
0
•
La doc5lrine de la parfaite indiffgrence détruit
ton–
te tdéc de 1'lgerfe
&
de vcrtu, Si jc choiCt$ un partí, r¡on
paree que je le trouve conforme
au~
lois de la
fa~crfe,
mai5 fans aucune q ifm vraie
011
fauífe, bonne ou mau·
Tlife,
&
uniqlJe
mentpar une impétuofité
avcq~Je
qui fe
détcpnine au hal'
l.rd,quelle louangc" pourrai--je méritcr
$'il
~rrive
que J'aie bien ohoili, pnifquc je u'ai poim pris
le partí paree qu'il éroit le rqeillcur,
&
Que j'aurois ptl
faire le cor¡tra;re aycc la
m,eme ,
f.1cil ité? Commeot fup–
pofor
~n
moi de la fagelfe,
fi
¡e ne 11'\e déterminc pas
rar des raiCons
~
!..¡a
condui1o
d
un
~ere
doué d'une pl·
rcillc
libuté,
Ceroit parfaitement femblaqle
~
cclle d'un
~omme
qui décideraít touto:s fes,a&ions par un coup de
dez ou eh tirant
i
la CQttrte pnille
¡
ce
f<roit en valn
que !!on feroit de; ¡echerehes fur les 'motifs por lcfqqels
les
ho~rno~ a~irfen¡
1
ce f1iroit en
va
in qu'on leur pro·
pofero•¡ de$ lms
1
des peines
&
des récomp.onfes
(i
tour
cela n'opere pas fur
leu.r
volonté inditférente
it.
lout ,
·
4°,
La
libertl
,d'iqdilféreqce ell
inQomp~tible
avee la
nature d\1J1
érre
JQt~llig~nt
qui
des-la qu'il fe fent
&
fe connoit, ai
m~ eífcqtiell~me;u
fo11 bonhcur ,
&
pat
c'?oféquent
almc;
~~~m
tour,
ce
qu'il croit peuvoir y con–
tnbuer.
11
cCI ndtcule de <ltre 11ue ces objets
Cont
indif·
fé•'!JS
a
qn
'ql
~¡re,
&
~11e,
Lqr.fqll'il
cor¡noit
cl~ire~
L
LB
ment
que de deuz partís !'un luj ,elt avantagmu
&
1'~•·
tre luí eil t¡uilible'
,¡
puirfe elpilir aaiii ancment l'un
que l'autre.
~éja
il ne peut pas
~p;¡rouver
l'uo ¡;:ommw
l'am;e; or donner fon approb1ti<Jil en dernfer reffim,
c'ctl la
m~
me c(1ofe que fe
détcrn~ioer:
voila done
1,
dércnnination qut Yient des raifons ou des motifs.
Do
plus, on conyoit dans la volonté l'effort d'agir qui en
f:tit m!me l'eueoce,
&
qui la
diflin~ue
dl# limpie jugo–
me~,
Qr u11 efjlrit n'étant point fufceptible d'une inl–
pulljon méchani4ue, qui cCI-cc qui pourroit l'inciter
1
a~ir,
ti
qc
n'ell l'amour qu'il
a
pour
lui-m~•ne
&
pour
C<m
propre bonl¡eur? C'efl-la le gral)d mobile de to1,1s
)es efprits; jamais ils n'agif¡j¡nt que quaod
il
dcfirent
d'agir: or qu'elt-cc qui rend ce defir
cffi~aee,
finnn le
plailir qu'on trquve :\ le falistiire? Et d'u¡l peut naitre
ce defir,
fi
ce o'ell de la répréfentation de la pcrception
de l'objet? Un
~tre
inlelligenl ne pet¡t done l!tre
pon~
a
a~Ír
QUC par quelque
mo~jf,
queJque raifon prife d'UIJ
bien réel ou apparent qu'il re promet de ron aélion'
To1JS ces
raifonnem~ns,
qaelq•Je fpdaieu.: qu'ils p1•
roi!Tem, n'ont ríen d
1
arfez folide
a
quoi ne répOJhlcnr
l~s
défenfeurs de la
libcrtl
d'indítf~rence.
M, K
eing,
archevéque de Dublin, !'a foutenue en Dleu
meme,
dans
fou livre fur l'Clrigine du rnal; mais en difant
q<~e
ríen
n'ert bon ni mauyais on D ieu
p~r
rap?ort aux cré .•rura>
;van¡ foo choix, il enfeigne une dnil·inc qui va ,¡ ren·
dru la
juilic~
3rbitraire,
&
a
confon:tre
la
u~turc
du
JU~
tl~
&
de l'injulle,
M.
Crouzas plaide en fa t:JVcur
dan>
la plypart de fes ouvrages, Mais il y
a
des philoG>phc;
qui
s'y
fimt prjs amremer¡t pnur fqoter¡ir l'mditférencc¡
d•abord i's
3\'ouent qu'une
parcil!c
liberté
ne
t:turoit
con–
venir
3
Di~u; m~is,
continnent-ils,
iJ
fao~
r
~,:orm<:r
rout
autrement
il
l'égard des intelligcnces hot,¡¡ce;
&
lh!'l, :–
[Crnes.
Rcnfcnnées daos
une ccrtainc
fphcn:
d'adiviuí
plm ou moins grande, leurs idées n'alt:ignent que JUf·
qu'4 un certain degr.! dans la connoirfan.;c des objets ;
&
«n conféqucnce
i1
doit leut arrivcr de prend:e pour
ég~lc;
dc1 ahoJes qui ne le
Iom
poinr dn tnut, Los ap·
parcnces follt ici le
m~me
etfet que la réalité;
&
l'on
ne difconviendra pas, qne lorfqu'i! s'agit dCj\l¡;cr, de f;
dé¡~rmir¡er,
d'agir,
il
importe pe11
qu~
l<s <!bofes foient
égales ou inégalcs, pourvu que les impreffions .qn'clles
font fur nous foient les mémes. On pr<'voit bien que
les arr¡ngonitles de l'inditférence re hitcror¡t de nier que
des Ílpprefljor¡s ép;alcs pnilfent réfulter d'objcts inégam:.
Mais corre fuppqlipon
n'a
pourr3nt ricn qui ne li1ivc ué–
cetr.•'romcnt de
In
limltation qui fait le caraélerc
crf~ncicl
de lo
cré~turc,
Dh-ll que notro intelligcnce
cfl
borne!~,
ce qui dillcrencie les ob¡cts doit nous échappcr
int~illh
blcmcnt' lorfqu'il etl do nato
re
a
(IC
pouvoir Crru
~'lp
per~u
que par m¡e me extri:memcnt
fh~
&
dé!icate,
Et
de-11,
que fuit·il?
linon, que dans plulicQrs o¡:¡:a·
liou; l'ame doit fe trouvcr
d~ns
un état do
\ioot<
&
de
fu lpcnfioq, fans favoir précifément
~
que! paui
fe
<!C:–
termincr, C'efl aulli
ce
que
)ull¡Ji~
une
nréticucc frc–
qucnte,
Cas prinolpes pofús, il en rc!lillte que la
líber/¿
d'équi–
librc cfl moins une prémgativl! donr nous
dcvion~
n<>us
glorificr, qu'uue im¡>eríec"tion dans potra nowrc
/S¡
nns
connoifhnces, qui croh ou décrolt
cm
raitbn réc;proqu;:
de nos !umicres•, Dieu prévoyanr q·u\! uotre
ame,
par une
Cuite qe Con
imperfeélion , feroit fouvent irréfoluc
&
com:n9 Cufpendue entre deux partís, luí
a
donnó le pon•
voir de fortir de Gette C\)[penfion, par une
détcrmiu~tioq dont le príncipe fdt elle-meme.
Ce
u'dl point Cup–
pofer que
!e
rien prqquife quolque ohofu, Ell·cc en cf•
fet allégucr un ríen, quand on donue la volonté pour
e•ufe de nos aélions eu
cert~iq>
cas? Que
d~vícndroit
ccttc aéliviié qui efl le propre des inte:Jigenoes,
ti
!'ame
dans l'occalion no pouvoir agir par elle·
m~
me,
&
fans
erre mifc en a
él
ion par une ¡;.uilfance .:'trangerc?
11
y
a d'ailleurs
mille
cas dnns
la vic
oi\
le parfait
clquilibre a
li~ll; p~r
nemple, ¡¡uand il s'agit de choilir
enrr~
dcux lpn!s-d'or qu'ou
me
préfeme, Si l'on
s'avilil
de me foutenir
tcri~ufement
qne je fuis uéceffité,
&
qu'il
y a
une
raifon cu fave11r de ce!
m
que j'ai pris; pour
ré~
poofe
jo
me
mct~
a
rire, tant je fUts intimcmcr.t perfila–
dé ,'lu'!l clt en mon pouvoir de prenqre un des d<·ux
louts-d or, plmót que l'autre,
&
qu'il n'y a potnt pour
ce choix de raifon prévalente, puifque ces denx louis·
d'o• fom entierement
fembla~les,
o.n qu'ils
m~
paroir–
fent rels.
· De tour ce que nous
avon~
dit fur la
lil<rtl,
on en
peut conclure que fon erfcnce conlille daos l'iutclligen–
ce qui covcloppe une connoirfance diflin&e de l'obJet de
la
délibération, D.ans la fponronéi'té avec laqnclle
nuu~
nous déterminons,
&
dans la comingence,
c'~fi-a · dirc
d~ ~·~xcluúoq
de la
néc~{lité
la,¡:iquc oq rnétapnyfi-
qut:._