LET
pour ioflruirc d'un art don¡ ils n'ont eux-memes qu'u–
ne Jégere teinrure,
&
fur-touc de celui d'écrire, qui a
le caraélere unique d'c!tre utJie jl1fqu'au
d~rnier
infiant
de la vie. Dans tcl genre de talens que ce foit, Qn
bo~
ma'ltre doit étre recherché, con(jdéré
&
récompenfé.
Par Con habiletl!
&
Con
expérience, on apprend dans le
beau, dans le Haturel,
&
d'une maniere qui- ne fe cor–
rompt point,
&
qui fe fourient toujours, p•rce ql1e Con
enfeignement efi établi fur des priqcipes cenains
&
vrais.
Je ne puis m ieux dQOI)er pour imit'ltion que ce qui
a
été obfervé :¡ux éclucations de
dc~¡x prin~es
vivans pour
le bonheor des
~o
m
me~.
Ce font M. le duc d'Orléans
&
M.
le, prince de Candé, Tous deux écrivent avec
goO.t
&
avec grace; tol)s dcux ont appris de maltres ti–
tr¿s, écrivains haqiles,
·&
qui avoient donoé des preu–
ves
d~
Jeur fupériorité. C<;: qui
'efl exécuté daos l'é,
tabliQement de t'école royale mili¡aire , alfure eqcore
m on
fen1im~qt.
Oo a fait choix pour
J'~criture
de ma'l·
tres COQO\lS
1
approuvés,
&
COOilQÍffant
a
for¡d Jeur
fHI;
e~
qui
prq~¡ve
qqe
M ,
París du Verney,
a
qui r ie11
n'éch•ppe, le regarde comme une des panies elThntiel–
le~
d!!
l'~ducation
de la jeuqe oobleífe qq'on y
él~ve.
O o peut <jire'
a
la
louang~
de
Cf
grand l]omme, que
les talens font bien re-;us
~hez
Jui,
&
que J'éqiture y
tien¡ \lO<:: place honor'lbh:, Le fiecle de Colbert rena'l–
troj¡ aífQrémem' s'il étoit
a
portée
comml: ce mini–
llrll, de favorjfer les bons-
~crivains.
Je
me
fuis un peu étenqu fur J'art d'écrire, paree
que j'ai crn qu'il étOÍ\
n~celfaire
de fairc Centir com–
pieq on
ayoi~ ~ort
de le négliger. Une f'Qis perfuadé
de cette
véricé,
on doit encore érr;e certain que l'écri–
~ure
ne s'•pprend que par des pri[lcipes. Períbnne, je
croi~,
qe
mee
en doote qu'il n'eft poínt
d'an
qui n'eq
foit poqrvu,
&
il feroit abfurde de foutenir que l'ócri·
wre en efi exemte.
Si
elle étoit naturelle
a
l'homme,
c 'ofl-i-dire, qu'il p(\t écrire avec grace
&
proprement
des qu' il
en .auroit \~vo!ont~
&
fans Pavoir a¡>,prife,
alor~
ji;
convien:lro.isque
~et
art feroit le
feul Cfl:¡i
ne
file pas
fondé fur lesregles , M -ais on fait
qu~
tes arts
ne
s'appr~nnent
point faus le fecours des mattres
&
fans
les príncipes. Comme il fuut toas ces fecours, moins
a
la véri\é pour des feigne11 rS, <¡'li n
1
ont be[oin que
d'une écriturc fimplc
&
régqliere,
&
plus pour ceux
qui veu\ent lpprofondir l'art, il e(l <;lair que daos
l'un
&
l'autre c;:as; on doir c!tre
enreigné
par
d~
bons
mai–
tr~s.
&
P.'!'
les
princip~s.
M
ais
il
ne faut
P'IS
que ces
p•incipe~
íbiem co.nfus
&
mul'iP.lié~
¡
ils c:loi"ent erre an
cootraire limp{es, naturels
&
démontr\!s
(¡
fenfiblemem,
qq'Qn puilfe loi-mell'\e conno'ltre les défa\ltS de fon ca–
pélere' -jQrfqu' it
n'e~
pas trae.; daos la
rorme - que le
m:tí'trc;: a pc:int
a
l'imagination .
T ous In
aru,
dit avec
roifon
M.
de Volt•ire,
fo»t aaablls par
U'!
nombre pro-.
d igieux de r.gl.s, áont la plúpart font
i>?utiles ou f a11[–
.fcs .
En etfet, la multiplicité des
re~l~s.
&
l'obfcurilé
doqt !'artille en-veloppe fes démonllranons, rebutent fou–
vent
!'\~leve,
q11i ne.
peu~
leS éclaircir par · foq peu <l'in–
telligellc<; o u de V9lopt<:".
Je n'iqi
pa~
plus lgin fur
la néceffité des príncipes
dans les arts' je poífe
a
)'origine des écritures qui font
~~~ uf~
e ¡;n
Fran~e
&
a
leur~
.;:araéleres diftinél>fs.
Trois écritures font en ufage; la
fran~oife
ou
la
ron–
de,
!'ital ienn~¡
ou la
l¡atard~,
la
coulé~
ou de permif-
[lon.
·
La ronde tire foq origine des.
cara~.teres
gothiques
modernes qui prircnf n•ilfance
¡l~ns
le douzierne Ciecle.
On 1'1\p¡n:lle
fran¡-oife,
paree qu'elle e(l
la feule. écri–
ture qui foit particullerement affeélée
a
cette natJon (j
connu
e pQur la
perfe~ÍOI\
qu'elle comll'\unique
ou~
arts.
Voila
po.urfa nailfancc;, voyons. fon coraélere propr.e.
La
rondeen
unt: écriturc
pielOC,
frappante
&
rnaJC–
fl ueufe . L_a diffo1 mité la déguife entierement. Elle veut
une compo fition abondame; ce n'I!Cl pas qu'el\(! ne llar–
te dans la fimplicité, mais auand elle pr<lQuit des effets
mlles
&
r(!cherchés,
&
qu'il y a une union intime
e~tr'cux, elle acquicrt be•ucoup plus de valeur. Elle exi–
ge
la perfe8 ion daos fa forme, la jufielfe dons fes mo–
jeures, le goút
&
la re.ólitude dans Je choix
&
l'arran–
gement de ft s Clfaéleres, la délicatelle dons le coucher
&
la grace dons l'eníemble. Elle admet les paífes
&
antrcs mou,•emens, 1amót
fimples
&
taqt<'u
compli–
qnés, mais
elle
les yeut
con~us av~c
jugement, exécu–
tés avec une vive modération
&
propO{tionnés
a
fa
grandeur , Elle decua,nde encare dans J'ac-ceífoire, qui
í"ont les c:1deaÚx
&
les_
l<ttres
capitales, qe
la variété,
de la hardieífe
~
d_o piquant.
~ette
é7riture efi la plus
con venablc
:i
1'1.
tanf.~ue
fcan<;01fe, qu1 efi féconde eq
p~rties
courbes .
, LE T
349
L'italiem~e
ou la bharde tire
C.111
origine des caraéle·
res de
anc1ens roma1ns. Elle a le furnom de
bátarde
Jeque!
vient,
fuivant les uns, de ce qu'elle n'eO:
poin~
en France t'éc¡imre nalionale;
&
fuivanr les autres de
fa pente de droite
a
gauche. Cette peore n'a comm'en–
c~
a
paro'j'tre dans
cene
~criturc,
qu'::¡prt!s
les
r3vages
que firent en ltalil!
l~s
Goths ou les L ombards.
L'elfentiel de C(!tte écriture conlille dans
la fimpli–
cité
&
la précilion. Elle ne veut que peu d'ornemens
dans
r~
cnmpolitiop; encare les exi¡¡e-t-elle naturels
&
de faeile i•nitation. Elle reje¡re tou¡
ce
qui fe(lt
J'ex–
traordinaire
&
le furpre1¡ant. Elle a dans fon caraélere
uni bien de< difficultés
~
ralfembler pour la peindre
daos fa perfeélion.
lJ
lui faut nécelfairement pour flat–
ter les yeux,
un~
pofition de ptume fouteoue, une peo–
re jufie, des majeures Cimples
&
correétes, des liaifons
délica1es, de la légereté daos
les
r01¡deurs, du tendre
&
dn moi;lleux qans le touchcr. Son. acceffoire a pour
fondem~nt
le rare
&
le Cimple. R ;en de mieux que les
caraéteres de cette écritnre ponr exécuter la langue
la–
tine, qui efl exrrérnement
~bond~nte ~o p~tties
droitcs
on jamba!leS,
j_.a coulée ou l'écriture de permiffion dérive égale–
ment des deux écritnres done je
-'i~os
de parler: on
!'appelle de
permijJion ,
paree que chacun en
l'écrlvant
y ajoute beaucnnp de Con
imagination . L'orlgiqe de
~en~
écriture efi dq commencement de ce fieclo.
Cette écrfture la plus u61 ée de toutes, ticnt comme
te milieu entre les deux autres.
Ell~
n'a ni la force
&
la magniñcence de la premiere, ni 1:¡
limplicité de
le
fec01ide , Elle approche de
toute~
les deux, mais fans
leur
relf~;!Tlbler;
elle
re~oit
dans fa compofition toutes
forres de
¡nouv~mens
&
de varu!1és. Son cífence efi de
paro'itre plus prompte
&
plus animée que les autres éori–
tures . E lle demande daos
Con
exécution eje la facilité;
d'!nS
Con
expédition, de la v'11elfe; daos fa peore, de
la régularité; d:¡ns
fes
lioifo ns, de la finelfe ; dans
fes
majeures, du' feu
&
du prínCiJ?e
¡
&
doos fon toucher ,
un frappanr qui donne dq
r~ilef
avec; de la.
douceu~
,
Son accelfoire
ne
doit
~~r~
01
trap chargé,
m
trap un1 •
C~tte
écriture fi ordinaire
~
tous les
~ta¡s
1
n'cfi nulle–
rríen\ propre
a
écrire le Jati\1 '
Apres cene idée de! écritures, qui ell fuffi faote pour
faire f'entir que le caprice
n'en
doit
djrige!~
au!=?nc ,
it
efi
a
propos de dire un mot fur l'efpnt qul a 131 com–
pofer les PJaqch.<tS qui tes
conc~fl~ent
..L.'•ut.eur fixé
i
1
5',
n'a pu s'étendre autant qu1 1 aur01t dehré; néan•
¡noios. VOU)l\llt reodre fon
ouvra~c
U
tile,
&
a
)a
porté
e
de tOQICS )es perfonnes, il ne s'e(l point
é~arté
du
Íltn~
pie
&
du narurel. En raífemblant le tout a peu de dé–
moofirations
&
de mots, il a rejetté tous les príncipes
introc:jui1~
par la nouveauté,
&
confacrés par uo fome
gout. Tome Cimple que fo1t l'écriture, elle efi déja af–
rez difficile par elle-méme . fans encore
cher.ch~r
a
J'em_–
barralf~r
par des proportions fuperflues
mult1pl1ées,
&
a
la dérno.nrrer avec des termes peu connus
1
&
qut chl\r-
gem \a mémoire fan; aucun fruit.
.
.
Oq
t~rm inera
cet article par 13 compofit1on des dlf–
féreotes encrés,
&
par un moyen de révivifier l'écri-
\U
re effacée, lorfque cela efi poffi.ble ·
,
L.estrois principalas drogues qui ferven t a
la com–
po
filion des eneres, font
1~ noi~
de galle, la coupero•
Ce
verte
&
la gomme arab1que .
L~
noix de galle e(l
boun~
lorfqu'elle
~(l
menue,
tr~s-velue,
ferme ou bien
plein~ ~n·ded~ns,
&
qu'dle
n'e(l point poudreufe.
· La bonne couperofe fe oonno,'lt quand elle efi de
couleur célefie,
tan~
daos t'intérieu( que dans l'exté-
rieur.
.
· La gomme arabique efl bonoc
1
lorfqu'elle
~(l
cla1re
&
qu'elle fe brife
facil~ment.
.
.
Eneres
a
l'ufage de¡
maftres
EcrnJatnJ.
U
faut
pr~~dre quatre onces de
noi~
de ga\le les plus no1res, (!¡>1-
neufes
&
non troqées,
&
tes concaífer feuleule!lt.
Un
morceau de bois, d'inde,
gr~s
co.mme
une,
ruoyen~e
plome,
&
long
comme
lepen~
d01g;, que l'On
ré~Uit
en petits
m.orc
~a.ux;un
mo~ceau.
d'écorce de
figutet:
~
de Ja gr:>Jfeur
de q uatre g01gts, O o mettra CGS
tr~1s
chafes daos un
co.qu~mar
<le terre neuf, avec
de~x
pm–
tes d'c;a13 du c
iel oude riviere, mefure de
Pa_r~s:
on
fer'l. bo01llir le tour jufqu'a diminution de mamé, en
obf~{vaot
que la, liqueu_r ne fe répande pas .en boUit-
lant.
d
· · 1
·
· EnCuite on prendra quotre onces
e vuno
rornam
ql\e t'o1' fera calciner-,
&
une
d~D?i-Jivre
.ou plus de
gomme arabjque. On mettra le VltriOt calcmé daos un
Jinge
&
on J'attacher'\ en mode de poupée. On met–
tra
1~
vomme daos un plat de terre neuf. On dpofera
"
ans