lMP
2
o. Quand on
i,.,p:/tc
une .élion
~
quelqu'lln. en le
rand, eomll1C on l'a d,t, refpol1fable des f"ites bonnes
ou mauvaifes de l'aélioa qo',l a faile.
11
fuil de-ll que
pour rendre
I'i"'putari..,
june,
iI
fau I qu'i1 y ait quel–
que liaifon
n~ceaitire
ou 3ccidenrclle entre ce que I'on a
faít ou omis,
&
lei
fuites bonnes ou mauvaifes de I'a–
élion ou de I'ominioo;
&
que d'ailleurs l.agemail eu
eooooifrance de ceHe liaifon, ou que du moins il . it pll
prévoir les e!fe,s de fon aaion avee quelque vraifrem–
blance . Saos cela,
l'implftatiol1
oc f.-mroir avoir Jieu)
eomme on le feOlira par quelques exemples. Un armu·
rier vcnd des armes
i
un homme fJil qui lui paro't en
fo n bon feos, de f"ng froid,
&
o'avoir aucun mauvais
dclfein. Cependant cet hom:ne va fur le champ aua–
quer quclqu'un injullement,
&
il le me. 00 ne fauroit
rien
impuuy
a
l'drtl)urier, qui n'a faie que ce qu'il avoir
droit de faire,
&
qui d'ailleors ne pouvoit ni devoit.pré–
voir ce qui eO arrivé. Mais
Ii
quelqu'un I.ifroit par né–
gligence des piOolels chargés fur fa lable, dans uo lieu
"Ipofé
¡,
[OUt le moode;
&
qu'uo eofaot qui ne eonnol,
pas le danger, fe blefre ou fe tue ; le premier eO cer–
tainerr.ent refponf.ble du malheur qui ell arrivé; ear
c'étoit une fuite elaire
&
prochaine de ce qu'il a fai"
&
iI
pouvoit
&
devoit le prévoir .
11
faU[ raiConner de la méme maniere
a
l'égard d'une
llélion qui • produit quelque bien: ce bien ne peut nous
clCe amibué , 10rCqu'on eo a élé la caufe f.1ns le fa I'oir
&
fans y penfer; mais auffi il n'eC! pas nécelfaire, pour
qu'on nous en rache quelque gré, que nous euffions uoe
c<nimde emiere du fucces:
iI
fuflit que l'on ait cu lieu
de le préfumer raifonnablemem;
&
quaod l'effet man–
queroit abColumear, l'imeotion n'en fcroit pas moins
¡ou.ble.
L'imputation
cfl jimple
0lI
e!fica« .
Quclqu.fois
l'im–
ptttation
fe borne limplement
a
la louange ou au bla–
me; quelquefois elle. va plus loin. C'eC! ce qOl donne
licu de dittinguer deux fones
d'impHtatioIJ, l'unefimple ,
¡'aUlre
,ffica«.
La premiere eC! celle qui eonfiOe fcule–
ment
a
approuvcr ou
a
defapprouver l'aélion, enfone
qu'il n'eo réfulle aueun aurre e!fet par rapporr
a
I'agem .
Mais la feconde ne fe borne pas au
bl~me
ou
i
la louan–
ge; elle produit encare quelque effet bon ou m.uvais
¡¡
l'.!gard de I'.gent, e'en-a-dire, quelque bien ou quelque
mal réel qui relOmne lur lui .
E./fets
de
/'un.
&
de
/'allt". L 'imptttaei."
fimplc
PCUt
~re
faite indifféremmcm par chacun, foit qu'i1 ait
ou qu'i1 n'ait pas 110
iOlér~l
paniculier
&
perfoonel 1 ce
que l'a¿;tioo fUt flilC ou non: il fufli, d'y avoir uo io–
tér.!I
~én¡!
..1
&
iudireél. Et ,comme I'on peur dire que
tous les membres de la Coc:été fonl iotérefrés
ii
ce gue
les lois oatmelles Coient bien obfcrvées , ils Com tous en
droit de louer ou de blamcr les aélions d'aUlrui , felon
<ju'elles fom conformes
OU
o?pofées
a
ces lois . lis fom
meme
dau~
une fo, te
d'ohli~ation
¡¡
Cel éeard; le refpeél
qu'i!s doivem au
le~¡'¡'te\lf
&
a
fes lois -I'exige d'eux ;
&
ils manqueroienr o ce qu'ils doivent
¡,
la fociélé
&
aux panicul íers , s'i1s
ne témoignoiem plS
1
du
moins
par
leur approb Ilion ou leur
der.~veu,
I'cnime gu'ils fom de
l3
probité
&
de la verru,
&
l'averfion lju'ils om au
contrairc pour la méehancelé
&
pour le erime .
M ais
a
I'é~ard
de
l'imputntion
eflic.ee,il faut, pour
la pouvoir falCe légilil1lemen!, que 1'0n . it un ioréret
particu lier
&
direél
¡,
ce que l'aéhon dom il s'agit fe
faffe ou ne fe faffe pas. Or ceux qui om un tel imé–
re" ce Com
10.
eeux
¡,
qui
iI
apparrient de régler l'aélion ;
2°.
Ct:UX
qui en ront l'o=>jct, c'eCl-:l -dirc,
CCUI
cnvers
lcf~uels
011
3~it,
&
¡,
I'avamage ou au defavamage def–
qnels la
~hofe
peuI 1Ourner . Ainfi un fouverai.. qui a
é,abli des lois, qui ordonne cerlaioes chafes fous la pro–
melle de <luelql1e récompenfe,
&
ql1i en Mfend d'au–
tres lo u, la menace de ql1elquc peioe , doit faos doulC
s'intérefrer
¡,
I'obfcrvaliolt de Ces lois ,
&
i!
eC! en droit
d'implIter
~
fes fllJetS leurs aélions d'ulle maniere efli–
cace, e'.O-o-dire, de les réeompcnfer ou de les punir.
11
en ctl de
m~me
·de celui qui a
re~u
ql1elquc inJure
011 quel,!ue dommage par une aélion d'autrui .
Remarquons , enfin, qu'il ya qnelqne difterellce ell–
tre
I"i"'putation
des boooes
&
des mau'·ailes aaions .
L orfque le législateur a établi ulle certaine réeompenfe
pour une bOllne aélion, il s'oblige par cela méme
:i
don–
ner cene récompenfe,
&
il accorde le droit de l'exiger
:i
ceux qui s'eo [om rendos dignes par leur ol:¡éilfanee;
mais:' I'égard des peines décernées pour les aélioRs mau–
v aiCes, le léjlislateur peut effeélivement les ioO;ger s'il
le veut; malS il ne s'enCui, pas de-Jil que le
fouv~rain
foil
obli~é
de punir
¡,
la rigueur : il demeure toujours le
malrre d'ufer de fon droit ou de faire gl3ce,
&
il peut
avoir de bonnes n ifons de faire l'un ou l'autre .
IMP
Application
du
principes prlclJenJ .
rO.
I~
fuit de ce
que nou; avons.uic, que l'on
;mpflt~ 3ve~
ratfo,n 3 quel–
ql1'un toute aéllDn ou ominion , dom II ei! 1auteur ou
I~
caufe,
&
qu'il pouvoit
&
devoil faire ou omemo .
2 0 .
L es affions de ceux qui n'om pas I'ufage de la
uílen oe doivem point leur etce
imPlllln .
Car ces per–
fonnes o'étant pas en état de favoir ce qu'elles fom, ni
de le comparer avee les lois, leurs aaions ne fom pas
propreroem des aélioos
hrlinafnU,
&
n'oO!
~oint
de mo- '
raliré . Si l'on grunde on fi l'on bar un eot'lnt, ce n'ea
poiO! eo forme de peine; ce fom de umples correélions ,
par lefquelles 00 fc propofe prmcipalcmem d'empécher
qu'ils ne conrraéle de mau vaifes habillldes.
3
0 •
A l'égard de ce· qui eO fait dans l'ivrefre toute
ivrelfe contra8éc volomliremeot
1
o'empeche
point
¡';m–
pJttatifll1
d'une mauvaife
aaioo
commifc
daos cet
état .
4
0 .
U on
n'implttt
a
perfollne les choCes qui fom vé–
ritablemem au-deffus de iCs forces, non plus que I'omif–
fion d' une chofe ordoonée fi l'oecafion a maoqué : Car
l'imputflt¡tJn
d'unc
omiffion
fuppofe
n13,nifeClemellt
ces
dcul chafes ,
1°.
que 1'00 ait eu fes forces
&
les moyens
ot:cdhlircs pOl" agir;
2°.
que l'on ait pll faire malle de
ccs moyeos f30S préJudice de quelqu'aUlre devoir plus
indifpenfable. Bien emendu que 1'00 ne fe foil pas mis
par fa faute daos l'impuilfaltce d'agir : car alors le lé –
gisl:uour pourroit oum légitimemem puoir
ceux
qui fe
ÚlOt mis daos une telle impuifraoce que fi étnnt en état
d'agir ils refu foienl de le faire. Tel étoit
¡,
Rome le eas
de ceux qui fe eoupoient le pouce, pour fe meme hors
d'élJt de maoier les armes,
&
pour fe d.fpenfer d'aller
, la guerre .
A l'égard des chafes faites par ignorance ou p.r er–
reur,
0 11
peut dire en gélléral que I'on u'eC! poim rc–
fpon(able de ce que 1'0n fai, par une ignoranco invioei–
ble,
&c. Vo)'<z
IGN ORANCE .
Quoique le tempéramellt, les habitudes
&
les pamons
ayent par eux-mc\nes une graode furce pour déterminer
a
certaines aélions; certe force n'eC! pourtant pas telle
qu'elle empeche abfolumem I'ufage de la raifon
&
dc la
liberté, du moios quant
¡,
I'exécution des mauvais déf–
[eius qu'ils infpirent. Les difpofitions naturelles, les ha–
bitud.;
&
les pamons De ponem poim inviociblemcm les
hommes
a
violer les lois nalllrelles ,
&
ces maladies de
I'ame ne fom poi
O!
íncurables. Que fi au lieu de tra–
vailler
¡¡
eorriger ces dirpofitions vicieufes; on les forri–
tie par l'habilllde, l'on ne deviem pas cIcuf. ble pour
cela. L e pouvoir des habitudes ell,
a
la vérité, fort
grand; il femble meme qu'elles nous emralnem par unc
efpece de néceffité
a
faire eertaines cha fes. Cependant
l'expérience momre qu'il n'eO poiO! impo nible de s'en
déf.1ire , fi (ln le veut férieufemeO!;
&
quand meme
iI
feroi, vrai que les habillldes bien formées auroiem fur
nous plus d'empire que la raifon; comme il dépendoit
toüj"ur~
de nous de ne pas les eomraéler, elles ne di–
mínuen! en ríen le vice des aélions mauvaifes,
&
ne fau–
roient cn
empecher
l'imputatiQn .
Au
contraire, commc
l'habimde
i\
faire le bien rend les aétions plus louables ,
l'h3birude au vicc ne peut qu'augmenter le blime. En
un mo!, li les inclinalÍons, les paffioos
&
les habitudes
pouvoiem empecher I'effet des lois, il L1e faud roit plus
parler d'aucune direélian pour les aaions humaioes; car
le principal objet des lois en
~énéral
eC! de corriger les
mauvais peoch.IIS, de prével1lr les habitudes vicieuCes ,
d'eo empi:cher les e!fels,
&
de dér.ciner les paffions, ou
du moins de les eontenir dans leurs julles bornes.
Les différeos cas que nous avons pareourus jufqu'id
O'Ont cien de bien dim cile .
11
en relle quelques aUlfes
uu peu plus embarraffaos,
&
qui demandem une diCeuf–
fion uo peu plus détaillée.
Premierement 00 demande ce qu'il faut penfer dc,
.aioos auxquelles on ell forcé; fout-elles de narure
:l.
p,,"voir elfe
imp"tleJ,
&
doivenr-elles l'e<re effeétive–
mcDt ?
Je réponds,
¡ Q.
qu'une violenec phyfiquo,
&
telle qu'
il eC! abfolumem impuffible d'y réfiller, produit uue
.élian involontaire, qui bien-Ioin de mérirer d'elfe aéluel–
lomen!
imptltle,
n'ell pas meme
imputAble
de fa na!ure .
¡ Q.
M ais
Ii
la
(o>Jtraint,
eO produite par la craiO!. de
quelque IIraod mal, il faut dire que I'aélioo
¡
laquelle
on fe pOrt. en eouféquence ,. ne lailfe pas d'clCe voloo–
t.ire,
&
~ue
par conféquem elle eC! de oature
¡,
pouvoir
ctre
imputée .
Pour eonnolrre enfuite fi elle doit l'clre e!feélivemeOl,
il faU[ voir fi eelui envers qui on ufc de contraimc eC!
dans I'obligation rigoureufe d. faire une chofe ou de s 'en
abC!enir, 3U hafard de fouffrir le mal dom
iI
eC! melll –
eé . Si cela ell,
&
qu'il le délCrmine cOOlre fon devoir,
la conttainte n'eC! poiot une raifon fufliCame
pp~r
le met,
tre