.H
1
S
ti
verra que la reine Elifabeth, par les feules re/Tour–
ees du commerce
&
d'une fage économie, ré(j{la
3U
puilfant Philippe
11.
&
que de cem vaifTeaux qu'elle
mi~
en mer comre la R(me invincible, les' trois quarts étoieut
fournis par les villes
commer~ames
d'Angleterre .
La France non entamée fous Louis XI
V.
apres Qeuf
lIns de la ¡¡uerre la plus malheureufe, mOQtrera
évld~m
tnent I'utillté des places frontieres qu'iI conrtruifit. En .
vain I'auteur des caufes de la ohute de
I'~mpire
romain
' bUme-t-il Jurtinien, d'avoir eu la
m~me
politique que
Louis XIV.
11
ne devoit bamer que les empereurs qui
négligerem ces places fromieres,
&
qui ouvrirent les
portes de I'empire...aux' Barbares .
Enlin la grande utilité de
I'hift.ire
moderne,
&
I'a–
vantage qu'eUe a fur I'ancienne, ert d'apprendre
a
tous
les potemats, que depuis le xv. fi ecle on s'ert toujours
réuoi comre une puilfance trop prépondémnte. Ce fy–
fleme d'éqnilibre a toujours eté inconnn des allGiens,
&
c'ert la raifon des
fucc~s
du peuple romain, qui ayant
formé une milice fupérieure
a
aelle des
autr~s
reuples ,
les fubjugua I'un apres I'amre, du Tibre jufqu
a
I'Eu–
phrate.
D e la certitude de
l'
Hifloire .
Toure certitude qui n'ert
pas démonnration mathématique, n'en qu'une extrome
probabilité.
11
n'y a pas d'amre certitude hirtorique.
Quand Marc Paul parla le premier. mais le Ceul, de
la
g[andeur
&
de la population de la Chine, il ne fut
"as cril,
&
il ne pm exiger de croyance . Les Portu–
gais qui entre[ent dans ce vane empire plufieurs ficales
apres, commencerent
a
rendre la chofe prohable. Elle
efi aujourd'bui cer!aine, de cette certitude qui nair
d~
la difpofition uoanime de mille témoins oct¡laires de dif–
férentes notions, fans que perfonne ait réclamé contre
leur témoigoage.
Si deult ou erois hirtoriens feulement avoient écrit Ila–
vamure du roi Cha[les X,II. qui s'obninant a rerter dans
les états du fui tan fon bienfaiteur, Illalgré lui, fe battit
lIvec fes domeniql\es contre uoe armée
d~
jaailfaires
&
de Tanares, j'.uroís fufpendu mon jugemem; mais ayant
parlé
a
plufieurs témoios oculaires,
&
n'ayant jamais
éntendu révoquer cette
a~ion
en doute,
il
a
b,i~n f~lIu
la eroire, parce qu'apres tout, fi elle n'en ni fage, ni
ordinaire, elle n'efl contraire ni aux loix de la nature,
ni au caraétere du héros .
~'hifl.ire
de I'homme au mafque (k-fer auroit palfé
dans mon efprit pour un rOl'l1an, fi je ne la tenois que
du gendre du chirurgien, qui eut foill de cet homme
daos fa deroiere maladie. Mais I'officier ql\i le gardoit
alors, m'ayam aulli :lnerté le fait,
&
toUS ceux qni de–
voient en
~t[e
illtlruits me I'ayant contirlt\é,
&
les cn–
fans
~es
minirtres d'état, dépo(itai¡es de ce fecret, qui
vivent encore, en étant il1(truits comme moi, j'ai don–
Ilé a cene
bifllJirc
lHI
grand dégr6 de probabilité, dé–
gré jlollrtant au-delIbus de celui qui
f~it
croire I'affaire
ete Bonder, parce que I\:¡vanture de Bencjer a eu plus de
témoins que celle de I'homme au mafque de fer.
Ce qui répugne au cours ordinaire de
\~
nature !le
doit point €tre cru,
a
moins qu'il ne fo,it atteflé par des
hommes animés de I'efprit divin. Voila pourquoi
ii
I'ar–
tiele CIj:R
TITUD,E
de ce Diélionnaire, c'ert un grand
parado~e
de dire qu'on devroit croire 3um-bien tOut Pa–
ris qui affirmeroit avoir vil réfufciter un mort, qu'on
croit tOut Paris quand
il
dit qu'on a gagné la bataille
de Fomenoy. 11 paro.!t évidem que le tél110ignage do
tout Paris fur une chofe improbable, ne fallroit étre égal
au témoignage de tout París fur une chofe probable.
Ce font lii les. premieres nations de la faioe Métaphyfi–
<¡ue. Ce Diélfonnaire
ea
conr.~cré
a
la vérité ; un ar–
t.cle doit corriger I'autre;
&
s'il fe !rouve id quelque
erreur, elle do'it étre relevée par un homme plus éclliré .
lnccrtitflde de l'Hifloire.
On a dillingué
le~
tems en
fabuleux
&
hirtoriques. Mais les tems hlnoriques au–
roient da
e.rediQingués
eux-m~mes
en vérités
&
en
fables _ Je ne parle pas ici des fables
recOlu~ues
aujourd'
hui peur telles;
iI
o'ert pas 'luellio,n. par exemple, des
prodiges done Tite-Live a emb,elli eu g3té ion
bifloire,
Mais dans les faits les plus relius que de raifon.s de dou–
ter-? Ql\'on falfe
attentio~ q,~e
la
r~p\\bJiqu,:
rott;'alne a
tlé cinq ceos ans fans h.rtoClell.s,
&
que 'I
'lIe-L.velul–
méme déplore la perte des annales des poiuifes
&
d,es
autres.' mO.ll.umens qui pé.[irent preL1:¡ue toUS daos l'iocen–
die de Rome,
pl.raque meeriere;
qu'an fonge que dan.s
les trois cens premieres aonées, l'lIN d'écrire étoit trcs–
ra[e,
"..
r4. per e"d"m tempora litteN! .
11 fera p,ermls
alors de douter de 'touS les
é
véoemens qui De fo.m pas
dans I'ordre ordinaire des chofes humaines. Sera-t-íI bien
probable
qu~
Romulus, ie petit-iils du ' roi
d~s
Sabins,
"ura été forcé d'enlever des Sabines pOllr aVOlr des fem-
H 1
S
mes.
l/hij1oire
de
Lucrec~
fera-t-elle bien vrailfembla–
bl~?
eroira-t-on aifémel)t f
u[
la foi de Ti.e-L ive que
I!; rQi Porfenna s'enfuit plein
d'~dmiration
pour le; Ro–
mains, parce qu'un
fan~tique
avoit voulu l'alfa.1iner ?
Ne fera-!-on pas porté
3U
cOlUraire,
a
croire Poi ybe ,
américur 3 Tite-["ive de deux cens années, 'lui dit que
Porfenna fubjugua les Romains. L'avanture de Regu–
lus, enfermé par les Carthaginois dans un tonoeau ga[–
ni de poilJtcs de fer, merite-t-elle qlt'on la cro.e? Po–
Iybe cQntemporain o'en auroit-il pas parlé, fi elle avoit
été vraie? il n'en dit pas 'Jn mot . N'efi-ce pas une
grande préfomption que ce con¡e ne fut inventé que
long-tems apres pour rendre les Cartl¡aginois odieux?
Ouvrez le diétionnaire de Moréri ,\ I'artiele
R Igllllu
il
vous affitre que le fupplice de ce"Ro'llain el!
rappo~té
dans Tite- Live. Oepeudant la D écade ol¡ Tite- Live au–
roit
pu
en parler en pcrdue; on n'a que le fupplémell,t
de Freinfemius,
&
iI fe trQuve que ce di.:lionllaire
n'a
cité qu'l\n allemand du xvi]. (iecle, oroyant citer un ro–
main du tems d'A,¡gl\lle. 011 fero;t des volumes i111-
menfes de tous les fáits c¿lebres
&
re~us ,
dont il fau t
douter. Mais les bOrlles de cet artiele Ile permettent pas
de s'ételldre.
Lu
11JQNTemenl.,
le! cérbnonin
annuolleJ.,
les módail–
lu m2mes, [unt-elles des p,.euves hifloritl"CS?
011 el1 na–
turellement porté ii croire qu'lIn mOlll\Jllem érigé par
une narion pOllr célébrer un évenemem, en attelle!a
certitude. Cependant,
(j
ces monumens n'om pas été
éievés par des conteq¡porains; s'i1s célebrent quelques
faits peu vrailfemblables, prouvem-i1s lutre chofe, 'finon
qu'oll a voulu conracrer une opin!on populaire?
La colonne rolh;ale
éri~ée dall~
Rome par les con–
temp6rains de Dmllius, efr
f~lls
dome une prcuve de
la
viétoire navale de Duillius . Mais la rtatUe de I'augu're
Navius, qui coupolt un caillQu
a\'~c
un rnfoir, prol1-
voit-elle que Navius avqit qpéré c¡e prodige ? Les fia–
tues ' de Céres
&
de Triptoleme, dans A,henes, étoient–
elles des témoignages i1lcont..
fl~bles
que Céres eilt en–
feigné l'Agrioulmre
au~
Athéniens? l,e fameux Lao–
cQon, qui fubfirte aujourd'hui li elltier, anefle-t-il b:en
la vérité de
I'h;floire
du cheval de Troie?
Les cérémonies, les fetes aonuelles établies par toute
une na!lon, na connnellt pas mieux l'origine a laquelle
on les at!ribue . La féte d' Arion porté ¡ur U.1 dauphlll,
fe célébroit chez les ROInaios comme
c~e
... les Grecs.
Calle de F3une rappelloit fon aventure avec Hercule
&
Ompf1ale, quand ce dieu amOllreux d'Omphale prit le
lit d'Hercule p.our celui de fa maitrclfc .
l,a fameufe fétc des l,uporcales étcit établie en I'hon–
neur de la louve qui allaita Romulus
&
Remus .
Sur quoi étoit fondée la féte d'Orion, célébrée le
f
des ides de Mai? Le voici. Hiré"
re~ut
chez Illi Ju–
piter, Nepmne
&
Merc"re
¡
&
qlland fes bÓtes prirent
congé, ce bon homme, qui n'avoit poil'\t de femm e ,
&
qui voulo1t avo;r un enrallt, témoi¡;na
f~
douleur aUl:
teois dieux. On n'o[e exprimer ce ql1'ils firellt Cur la
peau du breuf qu'Hir6e leur avoi! l"rvi
a
manger; il.
couvrirem enfuite cette peau d'un peu de terre,
&
de-la
naqu!t Orien au bout de neuf 1110is .
Prefque toutes les
f~tes
romaiues , (yricnnes, greques,
égyptiennes, étoient fo,ndées fUr de p.areils contes, ainli
que les temples
&
les (lames des ancicns héro.s . C'e;–
toiem des monumens que la crédulité confacroit
a
I'er–
reur
~
Une médaille, meme contemporaioe, n'efi pas quel–
quefois une preuve. Combien la R:ltteríe n'a-t-elle pas
frap.péde médailles fur des b;Hailles tri:>-ind¿cife; , qUl–
litiées de viétoires,
&
fur des emreprifes manquées , qui
n'om été achevées que
da.nsla légendc, N'a-t-on pas ,
en deroier !ieu, pendant la guerre de 1740 des Anglois
eerure le roi d'Efpagne, frappé une médaille qui atte–
rtoit la prife de Carthagene par I'amiral Veruon, taudis
que cet amiral levoit le
fié~e?
L.esmédailles ne font des témoignages irréproehables
que lorfque I'événe}nent di at\erté par de; autenrs- con–
temparains; alors ces preuves fe foutenant I'une par I'au–
tre confiatgnt la vérité.
b.oit·on danJ
rhiUoire
in[/rer des
htz.rllng/4ef,
&
¡/Jire
des portr"its?
Si, dans une oCCafiO)l importante, un gé–
n,éral d'armée, un homme d'état a parl é d'u,ne maniere
finguliere
&
forte qui caraétérife fon génie
&
celui de
fon
fi~c1e,
il
fau,t fa,ns doute [apporter fon
difcou~s.
mot
pClur mot; de telles ha,rangues font
peut-~tre
la parlle de
l'biftoirc
la plus utile. Mais pourquoi faire dire
a
un
homme ce qu'il n'a pas dit? 11
vaud~oit
prefque autant
lui a¡tribuer ce 'lu'il n'a pas fait; c'en une liCkion imi–
tée d'Homere. Mais ce qui ert liaion dans un po.cme,
devient
a
la rigpcur menfonge dans. un hirtoriel\ . Plu,.-
fieurs
f