GRA
té.
Le
prúf!nnf
commande ; le
grnnd
a des honneurs.
On a de la
grnndeur
dans l'erprir , daos les
renti–
mens, dnns ks manieres, dsns la conduire. Ceue
cx–
preffion
n'dl
poinr employée pour
les bommes d'un
rang médiocre, mais pour ceux qui par leur état font
obligés
a
monrrtr de
l'élévarion. JI rfl bien vrai que
J'hommc le plus oblcur pcut avoir plus de
grandCIIr
d'ame qu'un monarque. Mais
l'urage ne pcrmet pas
qu'on dire,
ce marchand, ce fermier s'eft cond11it nvec
grandcm·;
a·
moins que dans une circt•nflance flng ulie–
re
&
par oppofltion on ne di re, par exemple ,
le
¡,..
meux nfgociant
'!"¡
repte Charles·Q¿tint da:rs
fl•
mni·
fon,
&
r¡ui alluma ttn fagot de canclle nvec ttne obli·
g ntion de cim¡11nnte mil/e ducaes
r¡t~'il
avoit de ce prin –
u,
montra plus de granderá
á'
ame
'!'"
l'empcrerrr.
On
donnoit aorrefois le titre de
grnndeur
aux hom–
mes conflitués en dignité. Les curés en écrivaot aul
évcques, les appelloient encare
voere grm1dwr
.
Ces
titres que la barTeffe prodigue
&
que la vanité
rc~oit,
ne font plus guere en urage.
La
hautem·
efl rouvent prife pour de la
graJJdwr
.
Qui étale In
gra11dwr,
montre la vanité. Un s'efl é–
puiré
a
~crire
rur la
gra11deur,
felon ce mor de Mon–
tagne :
nota
JU
pottvons
y
atteindre
,
vengeonJ notu
par
en
midire. 1/oyn
GRAN D
~o
R
&
l'article juivnJJt.
Article de M.
DE VoL T A 1 RE .
GRAN D' r. m . (
Philof Mor. Folie. ) les grands;
on nomme ainfi en général ceux qui occupent les pre·
mieres places de l'état' roit dans le gouvernement' foir
aupri:s du rrince.
On pcu t confidérer
les
grands
ou par rapport aux
mceurs de la foc iéré ' ou par rapport
a
la conrtirurion
politique. Par rapport aux mceurs,
voy<>:.
les articln
c·o
u
R
T 1
S
A N ' G Lo 1RE ' GRANDE
u
R ' FA·
S
TE, F LATE
R
1
E ,
N
o
B
LEs
S
E,
&c.
Nous prc–
nom ici les
gra11ds
en qual ité d'hommes publics.
Daos la democrarie pure il n'y a de
grandJ
que les
m agillrars,
o
u plOtót il n'y a de
grand
que le peuple.
L es magiflrats ne fonr
grands
que par
le peuple
&
pour le peuple; c'efl
fon pOUI'Oir, ra dignité, ra tna·
Jellé, qu'il Jeur confie : de· la vient que daos les répu–
bliques bien confl ituées, on faifoit un crime aurrefois
de chcrcher
~
acquérir une autoricé perronnelle . Les
généraux d'arméc n'étoienr
grands
qu'a
In
téte des ar·
mées; leur anrorir< étoit celle de la dilcipline ; ils In
dépoloien t en meme tems que
1
e
íoldar qurttoit les ar–
m es,
&
la pai
t
les rendoir
é¡¡ou x .
11
etl de l'effence de la démocrarie que les grandeurs
foienr élc8ives ,
&
que perlonnc n'en
foit exclu par
état. D es qu'une reule
el
alfe de ciroyens efl condnm–
llée
a
rervir rnns erpoir de commander' le gouvtrne–
ment efl anllocratique.
Vo)<Z.
A
R 1sT o eRA T 1
1! •
L a moins mauvaifc ariilocratie efl celle ou l'aurorité
des
grands
re fait
le moius fcruir . La plus viclcure
efl ccile ou les
grands
rom derpotes '
&
les peuples e–
fclaves. Si
1<>
nubles
íont des
tyrans,
le mal
di
fans
remede: un !i!nat ne m eurt point.
S r J'arillocratie
cil
miliraire ,
l'autorité des
grands
tcod
il
re
r~unir
daos
Ull
reul ; le gouvernement toO·
-che
a
la rnonarchie ou au defpotiline . Si
1'
ariflocrntie
·n'a que le bouclier des lois' il
faut pou r rubliller qu'
elle li>it le plus JUfle
&
le plus modéré de rous les gou–
vernemens . Le peuple pnur fopportcr l'autorité cxclu–
fil·e des
grands,
doit étre heureux comme
a
Venile,
ou Jiu pide comme en Pologne.
D e quelle fag<!lle, de quelle modeflie la nobleffe V
é–
nititone n'a-r-elle pas beroin pour ménager l'obéifTance
du peuple
!
de quels moyeus n'ufe-t·elle pas pour le
co·,rnler de l'inégalité
1
L es counifnnes
&
le carnaval
de
V enife
Íl>ot
d'w flirution poliriq ue. Par l'un de ces
moyem, les richelTes des
grmtds
refluent
fans f•fle
&
13ns éclat vers le peuple: par l'aurre, le peuple fe rrou–
"~
(i1(
"\OÍs de l'année au pair des
grands,
&
ou–
blle avcc eux fous le marque ra dépendance
&
leur do–
mination.
La liberté romaine avoit chéri l'aurorité
de~
roi1 ; el–
le
ne put routfrir l'aurorité des
grands.
L'erprh
répu–
blicain fut indigné d'une diflinébon humi liante. Le peu–
ple voulut bien s'exclure des premicres places, ma is il
ne voulut pus en etre
ex
el
u;
&
la preu ve qu'il rnéri–
toit d'y prérendre , c'efl qu'il eur la fagdfe
&
la venu
de •'en abll<nir.
En un moL la république n'efl une que dans
le cas
du Jroit uni•erfcl aux premicres dignités. T ome preé–
mi~ence héréd~ra_ire
y détruir l'égalité, rompt la chaine
poltuque ,
&
d1v1re
l<s ciroyens.
¡.~
danger de la liberté o ' efl done pas que le peu-
GRA
pie prétende élire entre les citoyens fans exception, fes
magiflrars
&
fes ¡uges, mais qu'il les m econnoilfe
a–
pri:s les avoir éllis .
e·
efl ainfi que les Romains
Ont
palfé de la liberté
a
la lieence ' de la liceoce
a
la fer–
vitude.
D aos les gouvernemens républicains , les
grands
re·
vetos de l'aurorité l'exercent dans toure fa force . Dans
le gouvernemenr monarchique, ils
1'
cxercent quelque–
fois
&
ne la poffedent jamais :
e'
efl par eux qu' elle
parTe ; ce n'efl poiot en eux qu'elle rélide; íls en font
comme les canaux, mais le prince co ouvre
&
ferme
la rource'
la divire en ruiíieaux. en me rore le volu–
m<, en obferve
&
dirige le eoors .
Les
grand¡
comblés d'honneurs
&
dénués de force,
repréfentent le monarque aupri:s du peuple,
&
le peu·
pie aupres do monarque. Si le príncipe do gouverne–
meot en corrompu daos les
gra,ds
'
il faudra bien de
13
vertu
&
dans le prioce
&
daos le peuple pour maio–
tenir daos un jufle équilibre
1'
autoricé proreftrice de
l'un,
&
la liberté légirime de l'autre : mais fi cet or–
dre efl compofé de fideles rujets
&
de
bons patrtotes,
il fera le point d'appui des forces de l'état, le líen de
l'obéitrance
&
de l'autorité .
I1
efl de
1'
elTcnce du goovernement monarchique
comme do républicain , que
1'
état ne roit qu'un, que
les parties donf il ell comparé forment un tour rolide
&
compaéle. Ceue machine vafle roure limpie qu'ellc
efl, oe rauroit
fubflfler que par une exafte combinai–
fon de fes pieces ;
&
fi
les mouvemens font ínter·
rom pus ou opporés, le príncipe meme de l'aftiviré de–
vienr celui de la deflruftion.
Or la pofltion des
grands
daos un état monarchique,
fen merveilleurement
a
établir
&
a
conrerver cette
commuoication , ceue
harmoni~
, cer enremble , d' ou
réfulte la conrinuiré régu liere do mouvemenr général.
JI o' en ell
p~s
ainfi dans un gnuvernemenr mixre,
ou l'aurorité ell parragée
&
balancée entre le prince
&
la nation. S i le prince dirpenre les graces, les
grands
feront les m ercenaires do prince,
&
1
es corrupteurs de
l'état: au nombre des
rubfldes impofés fur le peuple,
fera compris
tacircment
l'achat annuel des futfrages,
c'efl-l -dire
ce
qu'il en coOr<! au
prin~e
pour payer au:"
grands
la liberté du peuple . Le prrnce aóra
le tartf
des voix,
&
l'oo calculcrn en fon cooreil combieo rel–
le
&
telle verru peuvenr lui coOter a corrompre .
Mais dans uo état monarchique bien conflitué ou la
plénirude de l'aurorité rélide daos un fcul rans jaloufie
&
rans partage' ou par conréqueot
toote la pui!fanc<!
do rouverain efl daos la richeffe, le bonh:ur
&
la fi •
délité de fes fuJets, le prince n'a aucunc rairon de fur–
preudre
le peuple: le peuple o' a
~ueune
rairon de fe
défier du prince: les
grands
ne peuvcnr fervir ni trahir
l'un rans l'autre;
ce
feroit en eux une fureur abrurde
que de porter le prince
a
la tyrannie' ou
le peuple
il
la révolte. Premiers roJe t>, premiers ciroyen , ils font
cíe laves fi
l"état devien e derporique; ils retombent dans
la foule,
Ji
l'état devient républicain: ils t ieouent done
au prince par
leur fupériorité fur le peuple :
ils
ticn–
uenr
a
u peuple par leur dépcndance du prince,
&
par·
tour ce qui leur efl comrnun ave
e
le peupie,
liber~t!,
propriété' rúreté'
&<.
auffi
les
grands
fom attachés
a
la conflirurion monarchique par intérét
&
par devoir ,
deux liens indiffolubles lorrqu'ils font eotrelacés.
Ceptndaor l'ambition des
grands
femblc devoir cen–
dre
~
l'ariflocratie; mais qoand le peuple s'y laifferoit
conduire, la limpie nobleffe s'
y
opporeroit ,
a-
moins
qn'elle oc fOt admire au partage de
1'
aurorité; coodi–
tion qui donoeroir aux premiers de
1'
écar vingt mille
égaux au
lieu d'un m aitre '
&
a
Jaquelle par cooré–
quent ils ne fe réroudron r J•mais ; car l'orgueil de do·
miner qui fait
reul
les
révolutions, foulfre bien moins
impatiemmenr la
fupérioriré d' uu feul , que
1'
égalité
d'un grand nombre.
Le derordre le plus elfroyable de
la monarchie ,
c'ell que les
grands
parviennent
3
ururper l'autorité qui
Ico r efl confi ée ,
&
qu'ils rournent co11tre le prince
&
conue l'état
Jui·m~me,
les forces de l'état déchiré par
les fa8ions. Telle étoit la lituation de la France lorf–
que le cardinal de Richelieu, ce génie hardi
&
valle,
ramena les
grands
rom
1'
obéirTance du priuce'
&
les
peuples fous la proteftion de la
loi . On luí reproche
d'avoir été rrop loilf; mais peut·etre n'avoir- il pas d'au–
tre moyen d'alfermir la monarchie , de rétablir daos fa
direélion narurellc ce grand arbre courbé par l'orage,
que de le plier dans le reos oppofé .
La Fraoce formoi_r autrefois un gouvernemenr fédé–
ratif tres· mal combmé,
&
fans
ceffc
e
u
guerre nvec
lai-