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GRA
Plufieurs uations qui
l'ont renté ont meme o!prouvé
l'•mpoffibiliJé d'y réuffir .
C'dl le feul eas eependant ou le gouvcruemcnt pour·
roit s'oeeuper utilement des progres de l'iudullrie dans
un roya ume fertile.
Car lorfque le commerce du eru e(l faeile
&
libre,
les travaui de maio-d'oeuvre font toO¡ours
atrur~s
in–
failliblement par les revenos des biens-fonds.
V
l.
Une naeion
lJHi
a un grand commerce de
denrlu
de fon crü
,
p~ttt tolijo~trl
cn&re&e1Jir
,
du-moins po:tr
elle
,
ttn grnnd commerct de marchandifa de
m~1iJJ
d'a>IIVrt.
Car elle peut IOUJ<>Urs payer
a
propordon des
revenos de fes biens-fonds les ouvriers qui fabriquent les
ouvrages de main-d'oeuvre, dont elle
a
befoin.
A inti
le eommeree d'ouvrages d'indutlrie apparticnt
nuffi farement
a
ceue nation , que le commerce des
dénrées de
Con
erO.
V
11.
Une nation qui a peu de comm<rce de denrt!eJ
de fon
crll'
&
'fiiÍ
efl ridttite pollr
ft~bfifter
a
tm
com·
merce d'induftrit, efl dans
tln
ltat pr¡caire
&
inccr–
tain.
Car Con commcrce peut tui erre en levé par d'au–
tres nations rivales qui fe
livreroient avec plus de fue–
ces a ce m eme commerce.
D 'ailleurs cette nation efl toOjours tributairc
&
dépen·
dante de celles qui lui venden! les m¡nieres de premic r
befoin . Elle efl réduite a une économie rigoureufe ,
paree qu'elle n'a point de revenu
:1
dépenfer;
&
qu'elle
ne peut érendre
&
foutenir Con
trafic, fon induflrie
&
fa navigatioo, que par l'épargnc; au líeu que eelles qui
ont des b;ens-fonds, augmenrent leurs revenos par leur
confommarion.
V 11
l.
Un grand commer<e intlritttr de marehandifu
de main-d'a>IIVrt ne pmt fubfifter que par leJ
reventa
du biem-fondJ.
11
faut examiner daos un royaume la
proportion do commerce enérieur
&
du commerce
intérieur d' ouvragos d'induflrie ; car
n
le commcrce
intérieur de marchandifes de main-d'ceuvre étoir , par
exemple, de rrois m illions ,
&
le commerce extérieur
d'un miliion, les rrois quarts de tour ce commerce de
marchandifes de main-d'oeuvre fcroient payées par les
revenos des bien1-fonds de la natioo, puilque l'étranger
n'en paycroit qu'un quart.
Daos ce cas. les revenos des · biens-foods ffroienr la
principale richdfe do ro yaumc. Alors le principal ob¡et
du gouverne m ent
feroit de veiller
a
l'enrrelien
&
a
l'accroiffement des revenos des biens-fonds.
Les moyens confiflcnt dan> la Jibené du eommNce
&
dons la eonferv3tion des richeffes des cultivareurs .
San•
ces cundirían>, les revenos, la pO¡)U!ation,
&
les
produit
de l'induilne
s'an~antHfent.
L'a~riculrure
produit deux ti>rtes de richeffes: favoir
le produit annuel des revenu1 des propriótaires ,
&
la
refl itulion des frais de la culture.
Le
revenos doiven t
~tre
d¿peníés pour
~rre
ditlribués
annuellement
a
tous les cuoycns,
&
pour fubvenir au¡
fublides do l'état.
Les richelfes employt!es aux frais de
la culrure, doi–
vcnr
~Jre
refervées
3UI
cultivateurs ,
&
etre exempteS
de rou•es impofition ; car
Ji
on les enlev,e, o o détruit
l'a~ricu!ture,
Oll
Íupprime les fi3ins des habitans de la
campagne ,
&
on arrétc
la
lourc< des
revcnus de
l'érat.
IX.
Une nation
'fUÍ
a
tm
grtmd ttrritoire
&
'{tti
fa~t
bn:JTtr
1~ p~ix
du denri<J de fon crlt p;ur favo–
nfer la fabrrratton do ouvragtJ de main-d amvre
,
fe
ditmie de tollttJ partJ.
Car li
le eultivareur n'ell pas
dédnmmagé des grands frais que
13
cu lture exige ,
&
s'il ne gagne pas, l'agriculture périt; la mtion pcrd les
revenos de fes biens-fond s ; les
rravaux des ouvrages
de main·d'reuvre diminuent, p:1rce que ces
rr.nv3ux
oe
peuvent plus etre payés par les propriétaires des bien •
fonds; le pap fe dépe11ple par la
m
·rere
&
par la dder·
tío~
des fabriquans '. artilan<.! manouv.riers
&
payfans ,
qm ne peuveot fubiJiler qu
a
proporuon de; gains que
leur procureot les revenos de la natio o.
A lors les forces du royaume fe détruifeot; les richef–
fes s'an6nnti!fen t , les
impo(ition< furcharg en t
les peu–
ples,
&
les re venus du fouverain dimiouenr .
Ainli une conduite auffi mal enrendue fuffiroit feote
pour ruiner un
~tat
.
X.
Lu nvaneagn
du
eommfret
extlrieur
nf conji–
flt!nl pa1 dauJ
l'accroi.D~ment
de1
ricbtffa
picunialreJ.
Le furcrolt de richctl e; que procure le commerce exré–
rieur d'une nation, peut n'etre pa< un furcrolt de richef–
fes pécuniaires , paree que le commerce extérieu r peut
re
faire avec l'étraugcr par échange d'autrc< marchan–
diCes qui fe confomment par cettc nation . Mais ce n'elt
GRA
pas moins pour cette meme nation une richeífe dor
1
elle JUUit,
&
qu'dle pourroit par économie eoovcrtir
en richtlfes pécuniaires pour d'autres ntagcs.
D'ailleurs
le$
denréc; envifagéc; commc marchandi–
(e;,
lonr tout cnfemble riche!fes pécumaires
&
richeífes
réelles. Un laboUJeur qui vend Con blé a un m archand,
efl payé en argenr; il paye ave
e
eel argent le proprié–
taire' la taille' fe, domelliques' les ouvriers.
&
ache–
te les marchandifcs dont il
a
befoio. Le rnarchand qui
vend le blé
a
l'étranger,
&
qui achete de tui une autre
marchandife, ou qui eommerce avec lui par échaoge,
revend
a
Con
retour la marchaudiíe qu'il a rapportée,
&
a\•ec l'argeot qu'il
re~oit,
il rache te doblé . Le blé
envit3gé comme marchandife, efl done une ncheífe
pécuniairc poor les vendeurs,
&
une richeífe réel le pour
les acheteurs.
1\inli les dcnrées qui peuvent fe vendre, doivent
tot•–
i5Jurs erre regardées indilféremmeot daos un état com–
mc
richeiTes pécuniaires
&
comme richeífes réelles ,
doot les fu¡ets pcuvcnr ufer comme il
leur convieot.
Les richefles d'une nation ne fe reglent pas par la
mafle des richelles pécuoiaires. Celles-ci peuvent aug–
mt:nter oo duninuer
Can~
qu'on s'en
:tpper~oive
; car
elles foot teil¡ours effcétives dans un état par leur quan–
tité , ou par la eélérité de
leur circulation ,
a
raifon
de
l'~bondance
&
de la valeur des denrées. L 'Efpa–
gne qui ¡oüit des thréfors du Pérou, etl toOjours épuitée
par fes befoins . L' Angleterre foOrient
fun opulence
par fes richeífes réelles; le papier qui y repréfeote l'ar–
geot
a
une valcur afTOrée par le commerce
&
p~r
les
revenos des biens de la oatioo .
Ce n'efl done pas
le plus ou le moins de richeffes
pécuniaires qui décide des ricfiefles d'un 6tat ;
&
les
défenfes de fonir de l'argent d'uo royaume au pré¡u–
dice d'un commerce profitable, ne peuveot erre fondées
que fur que! que préjugé deíavanrageux.
JI
faut pour le foütien d'un érat de véritables richef–
fes, c'efl-il-dirc des richeífes toUJOUrs renailfantes, toü–
j ours recherchées
&
tOOjours payées, pon r en a••oJT la
joüi!rance , pour fe procurer des commodités,
&
pour
fali<fairo aux brfoins de la vie .
XI.
On ne peue eo>tnoierc par /'feae de
la balan,;e
d11
commtrce
~ntr~
diver(ts
natzon1.
1'
avantag~
d11 com–
merce
&
J'üat dn rhhtfffs de cbaqtu nation
.
Car
des nntions peuvem
~tre
plus riches en hommes
&
en
bien~-fonds
que les autres ;
&
celles-ci peuvent avoir
moins de commerce in térieur, faire moins de confom–
marion ,
&
avoir p10s de eommerce extérieur que cd–
les ..
fa.
D 'ailleurl quelques-uoes de ces nntioos peovenr avoir
plus de commerce de
rrafic que les autres. Le com–
m~rce
qui leur rend le prix de l'achat des marchaodiles
qu'elles revenden• , forme un plus gros ob¡et dans la
balance, f.1ns que le
fond de ce commerce leur foit
auffi a••antageux que ce!ui d'un moiudre eommerce des
autre< nations ' qui venden!
a
l'étranger leurs propres
produétions.
L e commerce des morchandifes de main-d'ceuvre
en
im~ofe
au
m'
paree qu'on confond dans le produ it
le
prix
des matiere prerniere1, qui doir étre diflingué de celui du
travail de fabrication
X 1
l.
C'eft par le eommerce intériwr
&
pnr le com.
merre ext(ruur,
&
fur-tout par
1'
llal áu commerc..,
intiYIUtr, qu'on
pntt
_111gtr
de la
rhb~J!e
d'tuu
nation.
C.trJi
elle lait une grande confommation de fes den–
rées
il haut p11x , fes
richdTes
feront proportionnées
d
l'abondancc
&
a
o
prix
de~
denrées qu'élle confomme;
paree que ces mcmes dcnré<S loor réelletneiH des
richvl~
fe
en raifon de leur abondance
&
de
leur cherté ;
&
elle~
peuvent par la vcn!e qu'on en pourroi1 faire, étre
fufcept ibres de tour autrt emploi dans les befoins extraor–
dinnires.
JI
futlit d'cn avo1r
le
fonds en richeffes réel–
les.
X [1
l.
Une nation ne doit {'oint mvier le eomm<ree
de fu voifim qua>Jd e/Ir tire de Jon fol, de
]e~
hom–
mtJ,
&
de fa 11avigation, le meil/eur prodttit po.flible,
Car elle ne pourrou cien entreprendre par mau vaife in–
tention coutre le cornm<rce de fes voinns, C3ns dérnn–
ger fon é1at ,
&
fans
fe nuire
a
elle-memo ; lilr-rout
daos
le commerce réciproqoe
qu'elle a établi avec
eux.
Ainfi les oatioos
commer~antes
rivales,
&
m
eme
en–
nernies, doivem Erre
plo~
auentives
a
mainlenir oo
a
étendre, s'il e
U
poffible, leur propre commerce , qu'a
chercher
a
nuire dinélrmen¡
a
celui des autres. Elles
doivent mcme
le
tavorifer ' paree que le comme•ce
ré-