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GRA
pr,nter de bonnes récoltes ; on s'applaudit lorfqu'on dit
a
uu homme pauvre qui n'efl pas occupé ,
'Vtl
labou –
rer la tcrre.
Ce font les chevaux, les bceuf> ,
&
non
les hommes, qui doiveot labourer la terre. Ce font les
troupeaux qui doivent la fertilifer; fans ces fecours el–
le récompenfe peu
les
travaux des cultivateurs . Ne
fait·on pas d'ailleurs qu'elle ne fait poinr les avances,
qu'elle fait au contraire attendre long·tems la moiffon?
Quel pourroit done etre le fort de cet homrne indigent
a
qui
l'on dit
va labourer la terre?
Peut·il cultiver
pour fon propre compte? trouvera-t-il de l'ouvrage chel
les fermiers s'ils
font pauvres? Ceux-ci daos
l'impuif–
fance de faire les frais d'une bonne culture, hors d'état
de payer le falaire des domefliques
&
des ouvriers, ne
peuvent occuper les payfaos . La· terre fans engrais
&
prefqu'inculte ne peut que laiíTer languir les uns
&
les
autres daos la mífc:re.
JI faut encore obferver que tous les habitans do ro–
yaurne doivent profitcr des avantages de la bonne cul–
ture , pour qu' elle ppiffe
fe
foOtenir
&
produíre de
grands revenos au fooverain. C'efl ea augmentant
les
re,·enus des propriétaires
&
les profits des fermiers, qu'
elle procure des gains
á
tous les autres états ,
&
qu'el–
le entretient une confommadoo
&
des dépenfcs qui
la
foútiennent
elle-m~
me. Mais fi les irripofitíons du íou–
verain font établies fur
le coltivateur meme ,
fi
elles
enleveot fes profits, la culture dépérit, les revenus des
propriétaires diminuent ; d'ou réfolte une
épa~gne
iné–
vítable qui infloe fur le<
flípendi6, les marchands, les
ouvriers,
les domél1iqoes: le fyfleme général des
dé–
peofes, des travaox, des gaíos,
&
de la coofommation,
efl déraogé; l'érat s'alfoíblit ;
1'
impofitioo devieor de
plus en plus deflruélive.
U
o royaume ne peor dooc
e–
rre fiorilfant
&
formidable que par les produélioos qui
fe renouvellent ou qui renailfent contiouellernent de la
ríchelfe méme d' un people nombreux
&
aélif, doot
J'induflrie efl foiltenue
&
aoímée par k gouvernement.
On s'efl
imaginé que le trooble que peut caofer le
gou,•eroement daos la fortone
des
particoliers, efl io–
différent
a
l'état; paree que, dír-on,
fi
les uns devien–
nent ríches aux dépens des aotres , la riohelfe exifle é–
galemenr daos le royaume. Cette ídé<; efl fa o!Te
&
ab–
furde; car
les rícholl es d'un état ne
le
fofitiennent pas
par elles-memes, elles ne fe confervent
&
s'augmen–
rent qu'aotant qu'elles fe renoovellent par
leur emploi
dirígé avec íntelligence. Sí le culrivateur efl ruiné par
le financíer, les re venus do royaume fonr anéaotis, le
commerce
&
l'índuOrie laoguíffent ;
l'ouvríer manque
de. travail; le foovera;n,
les propriétaíres , le clergé ,
font privés des revenos; les dépenfes
&
les gains lont
abo lis; les
richefles renfermées daos les ooffres du fi–
nancier, foot ínfruéloeofes' o u (¡,elles font placées
a
intéret, elles forchargcnr l'état .
ll faot done que
le
gouvernement liJit trés·atteotíf
a
conferver
a
toutes les
profcffioos produélrices , les richelfes qui leur font né–
celfaíres pour
la prodoélíoo
&
1'
accroilfement des ri–
cheffes du royaome .
Obfervatiom Jur la popttlation Joútentte par la crtl–
tt~re
des grnim
.
Entin oo doit reconooltre que les pro–
duélíons de la terre ne font point des ríchelfes par el–
les-memes ; qu'elles oc foot des richeíT<s qn'autant qu'
elles font nécelfaíres aox hommcs,
&
qu'autant qu'elles
font
commer~able..:
elles ne foot done des richefles qu'
a
proponían de
leur confommatiou
&
de
la quantité
des hommes qoi en ont befoin . Chaqoe homme qui
vít en íociété n'étend pas fon travail
a
tous fes befoios;
mais par la vente de ce que prodoit íon travaíl ,
il fe
procure ce qoi luí manque . Ainfi
tour devient com–
mer~able
,
tour devient
richeffe
par un
tratic mu–
tuel entre les hommcs. Si le nombre des hommes di–
minoe d'un
tiers daos uo état, les
rícheíTes doívent
y
diminoer des deux tiers, paree que la dépeoíe
&
le
produir de chaque homrne formeq t une dooble richef–
fe daos la fociété.
J
1
y avoít enviran 24 millions d'horn–
mes daos le royan me,
il
y a cem ans : aprcs des guer–
res prefque contínuelles pendant quaraote aus,
&
apres
la révocation de J'édit de Nantes , il s'en efl troové
encare par le dénombremenr de 1700, dix·neuf millions
ciuq cents mil le; mais la gocrre ruioeole de la fuccef–
lion
a
la cooronne d'Efpagne, la diminorioo des reve–
nos do royaume, caufée par la gene du Commerce
&
par les impoli tions arbitraires, la mífere des campagnes,
la defenion hors do royaorne,
l'affiueoce de domel1i–
ques que la pauvreté
&
la milice obligent de fe
retirer
d~ns
les grandes vílles ou la débaoche leur tient Jieo de
mariage; les defordres du luxe, donr on fe dédomma–
ge malheureu[ement par une écooornie fur la propaga-
GRA
tion; toutes ees cauCes n'autorifenr que
trop l'opinion
de ceox qui réduifent auj<lUrd'boi le nombre d'hommes
du royaome
a
feiu millions ;
&
il
y en a uo grantl
nombte
a
la campague réduits :\ fe procurer Jeor noor–
rit ore par la culture do blé notr ou d'autres
graim
de
vil prix; aiofi ils font auffl pco utiles
a
l'érat p:n leUr
travail que par leur couíomrnatíon. Le payfau u'eil oti–
le daos la campagne qo'autant qu'íl prodoit
&
qu'il ga–
gne par foo travail ,
&
qu'autant que fa conlommauon
en bons alímens
&
en oons vetemeos conrribue
ll.
lo6-
tenir le príx des denrées
&
le revenu des biens
a
aog- •
menter
&
a
faire gagner les fabríquans
&
les artífans •
qoi
IOOS
peuvent payer au roÍ des fubfides
a
prOpOrtÍOtl
des produíts
&
des gains .
Aínfi on doit appercevoír que fi
la mefure augmen–
toit , nu que
fi
le
royaume perdoit encore qoelques
míllions d'hommes,
les richeíTes aéloelles y diminue–
roienr exceffivernem;
&
d'aotres natioos tireroient un
double a\'antage de ce defaflre : mais fi
la population
fe
réduifoit
a
moítié de ce qo'elle doit etre , c'efl·a–
díre de
ce
qu'elle étoit il y a cent aos, le royaorne fe·
roít déváflé; il o'
y
auroit que quelqur.s villes ou qoel–
ques provioces commers;antes quí feroient habitées, . le
re(]e du royaume Ceroit incultc ; les biens ne prodoi–
roicnt plus de revenos ;
les terres feroient par- tout
furabondantes
&
abandonnées :\ qui vaudroit en ¡oüir,
fans payer ni coonolrre de propriétaires.
Les terres, je le répete , ne fnnt des
rkheífes que
paree que Jcurs produélions font néceffaires pour fatis–
faire nux befoíns des hommes,
&
que ce foot
ces
be–
foius eux·memes qui établílfent les richeífes: aiofi plus
il y a d'hommes daos un royaume dont le
territoire
efl fort éteodo
&
fertíle, plus il
y
a de richelfes. C'eflla
culture animée par le befoio des hommes, qui en ef1 la
fource la plus féconde,
&
le principal foíltien de la popu–
latíon; elle fournit les matieres néce!Taíres
a
nos bcfoíns,
&
procure des re venus au f<•u verain
&
aux propríétaíres .
La popolatioo s'accrolt beaucoop plus par les revenos
&
par les dépenfes que par )a propagat:on de la oation meme.
Obfervatio¡u fur le
prix
des grains.
Les re venus
moltiplient
les dépe11fes,
&
les dépenfes atrirenr
les
hommes qoi cherchent le gain ; les étrangers qorrrent
Jeor pncrie poor venir
pardciper 3 Paifance d
'une nation
opulento,
&
Jeur affinence aogrneote encare feS riche[–
fes, en foOteoant par la confommation le bon prix des
produél:ions de l'agricolture,
&
en provoqoant par
le
bon pri
X
1
'abondance de ces produéltons: car non-feu–
lemetll le bon prix favorife les progt es de J'agrícultor e,
mais c'<fl daos le bon prix mC,me que confiflent
les
richelfes qo'elle procure . La valeur d' nn feptier de blé
conftdéré cornme richeffe , oe confifle que daos loo
príx : ainfi plus le blé , le vin, les laínes, les befliaux,
font ehers
&
abondaus , plus
íJ
y
a de
ríchcfle daos
l'état .La
non·valeur avu l'abondnnce n'efl point
ri–
che.De.La cherté
avu
plnttrie
•fi
mifere,
L't~bondan
ceavec
cbertl
efl opulen<e
.
J'entends une cherté
&
une abondance permanentes ; car une cherté paíTagere
ne procureroit pas une diflribution générale de rícheífes
a
tome la natíon , elle n'augmeoteroít pas
les revenos
des propriétaires ni les re,•enus du Roi; cli'e ne feroit
avantageofe qu'a quelques particuliers qoi aoroienr alors
des denrées
a
vendre
~
haut prix .
Les denrées ne peuvent done etrc des ¡icheffes pour
toure natíoo, que par
1
'abondaoce
&
par le bon prix
entreteoo conflammcnt par une bonoe culture, por une
grande confommatioo,
&
par un commerce extérieur:
Of.l
doít
m~me
reconno\tre que reJatÍvement
a
toute
une oation , J'aboodaoce
&
uo bon prix qoi a coors
chel l'étranger ,
en
grande richelfe pour cette natíon,
fur-toot
fi
cette ríchefse coofifle daos les produél:ioos
de l'agricoltore; car c'efl une richelfe en propriéré bor–
oée daos chaqoe royaume au territOíre quí peot la pro–
duire: ainli elle e(]
toOjours par fon abondance
&
par
fa cberté
a
l'avaotage de la nation qui en a le plus
&
qui en vend aux autres: car plus uo royaume peut fe
procurer de richelfes en argent , plus
il e(] puiOam,
&
plus les faculrés des particuliers font étcndues , paree
que l'argeot efl la feule richeffe qui puiife fe prerer
a
rous les ufages,
&
décider de la force des oatíons re–
lativement les unes aox autres.
Les natious font paovres par·toot ou les produftions du
pays les plus néceflaires
a
la víe, fonr
a
bas prix; ces pro–
duélions fom les biens les plus précíeux
&
le> plus com–
mers;ables ,elles oe peuvent tomber eo non-1•aleor que par
le defaot de popolat;on
&
de cammerce euérieur. Daos
ces cas, la íource de\ richelfe, pécuníaíres fe pcrd dans des
pays privés des avanrages du Cornmerce, ou les homme
5
r~