1
,
726
GRA
&
par M.
de
Reaomor .
17oyez l'hiftoir< de l'acadlmic
deJ
Scienc~J,
annieJ
1711
&
1712.
Les
graina
d~
quelqoes efpeces de fucos ont été decouvenes par M.
Samuel D oody: cclles de quelques corallo"ides, par le
doél:eor Taocred Robinfoo; celles de plofieors fongos,
&
en particulier des truffes, des velfes-de-loup,
&
d'au–
tres de ce genre, par le doél:eor LHler.
1/oyez /eJ Tran–
faélioPu phi lofopt,;qtm
.
Qoand toures ces décoovertes o'exifleroient pas , il
fuffit de conlidérer la flroél:ure admirable des plantes,
pour juger qu'il efl impoffible qo'elle réfolte do con–
coors fortuit de quelqoes fucs diverfement agirés,
&
que ce coocours fonuir produife régulieremeot daos cha–
que efpecc
de~
plonres
toüjours parfaitemenr fembla–
bles. Eofin Malpighi a prouvé par fes expériences,
coofirmées depois par r.oos les Phyficiens, qu'une terre
qui oe
re~oir
aucuoe [emeoce , ne produit rieo : c'cfl
done une vériré de raifonnement
&
de fait, que tome
planre vient d'une
graitu.
Arrerons-nous ici quelques momens
a
confidércr les
différentes voies dont
fe
fert la nature pour Cerner
les
graineJ
des plantes auffi¡(l¡ qu'etles font mures;
&
c'eíl
ce qu'elle exécure non -feulement en oqvrant la capfule
ou la
graine
efl enfermée' mais auffi en donnaot a la
graine
une flruélure convenable pour fe répandre pres
ou loin. Or,
1°.
les
graineJ
de p!u (ieu rs plantes qui
demandent un rerroir panículier, comme celles du pié–
de-veao, du pavot,
& c.
font alJez pefanres
&
menues
pour tomber droit en-bas
&
s'inrinuer dans
la
terre ,
fans qu'elles ayent befoin d'aurre [ecours:
2°.
lorfqu'
elles font afle¿ grolfes
&
!egeres pour ponvoir erre en–
!evées par le vent, elles ont Cou vent un r,mple crochet
comme la benoire, ou plufieurs perits crochets , qui
les arretent
&
les empechent d'etre portées trop loin
de leur place ; telles font les
graineJ
de l'aigremoine
&
du grateron :
3°.
il y a au cootraire des femenees
garnies d'ailes ou de plumes' rant pour erre difperfées
par le vent, lorfqu'
elle~
font mures , comme cclles
du freo e, qu'afin qu'e!les puiOimt s'écaner fans tomber
les unes fur
les autres; ainli
les
graina
de la dent de
Jion
&
la plfipart des
graines
a aigrcttes, Ont quantité
de perites plomes longues qui les rnetteot
~n
érat de
Ce
répandre de tous c6tés:
4°.
il y a des
graineJ,
com·
me celle de l'ofeille fauvage, qui foot dnrdées au loin
avec force , par le fecours d'une pellicule ou coque
blanche, épailfe, teodineufe
&
élafliqoe, qui étnnr de
f.
féchée fe creve,
&
de ceue man iere élauce fonement
)a
grnine,
comme daos la laogne-de-cerf
&
la perfi–
caire acre
&
li liqueufe; 10ute la dilférence efl que daos
les unes le reCTnrt
fe roule en-dedans,
&
daos les au–
tres
l"aél:ion fe fait du dedans en-dehors.
Ainfi rant6t le créareur a renfermé les
graíneJ
daos
des capfules
élalliq~es
donr les reffom les écarlenr
a
une
dillance convcnable; !•0161 il a donné aux
graineJ
une
efpece de duver ou d'aigrettes qui
leur fervenr d"alles
pour
~rre
JeUées par le venr;
&
ranr6t daos les
graineJ
legeres, il Icor a mis des crocbers pour fmpecher d'érre
portées lfOp loin.
Telles font
les viles conllantes de la nature pour la
confervation
~
la propagation des efpeces par le (ecours
des
graineJ.
,
La plame qui éroit cachée fous un petit
, volume acquiert une grande ér cndue,
&
rend fenfible
, avec le tem s ce que les yeux ne pouvoient apperce–
" voir dans !'origine , . C'eíl un palJage remarquable
de Plutarque.
Pour comprendre ce développemen t des
graineJ ,
on
en peor JUger par un pois, une fe ve, un pepin de me–
Ion ; mais les panies d'uoe feve étanr plus groffes
&
plus fenlibles, nous la prendrons pour exemple. Apri:s
avoir fait u emper une feve vingr·quatre heures dans de
!'eau plus que tiede , 6rez fa robe ,
il
vous reíle
a
In
main deux pieces qui .fe déracheut
&
qu"on appe!le
/a
dmx
loba
de
la grarne
;
au bout de !'un de ces !abes
efl le germe, enfoncé comme un petit clou : ce germe
tient aux deox !abes par deu:<" petits liens.
Ces deu.:< lieos , qoi fonl deux vrais !Uyaux, fe for–
ritien t
&
s' alongenr en diflt!renres branches , qui vont
[OUt !e
long deS !obes recevoir
a
chaque inflant de
nouveaux fucs; ils les épuifent infeoíiblement au profi t
de la petirc plante . La plus
tioe pellicule qui couvre
les deux lobes, végete aaíli quelque peu;
&
les deux
exrrémités de ce fa
e
qui embraífent la rére du gerrne,
s'alongenr
&
monrent avec loi poor lui ferv ir de dé–
fenfe conrre les frottemens qui en pourroient alrérer le
tiO:u délicat : Le germe monte droit
&
perce l'air de fa
pomre ; ma1s les deux bouts da fac étant d' un tilfo
moios oourri que la Lige , obéitTent
a
l' efl"ort de
l'
air
GRA
qui pe fe delfus,
&
s'abaiffent de c6té
&
d'autre foos
la forme de deux petites feuilles vertes , toutes. dilfé–
rentes du véritable feu illage que la planre produrra par
la fuite.
Cette pel!icule eíl comrne la chemife ou la robe de
la
graine;
&
les
deo~
bouts qui en
forreDt , font le
col!et qui fe rabar de pan
&
d'autre. Qoand les deux
lobcs ont fourni
toute lear fubfhnce au germe éclos
ho~s
de terre,
&
qu'ils vienneot il
fe féch er , la
~ea
u
q·u1
les enveloppe fe feche auffi,
&
les deox prem1eres
feuil!es que naos avons appellées
le collet
,
&
qui ne
font que les deux boms de cette peau , fe fecheot de
meme par une fuite néceífaire : alors
la petite plante
qoi s'eO groffie de toure la chair que les lobes conte–
noieor , n'y trouvant plus ríen, va chercher fa nourri–
ture daos la terre
m~
me.
Tome
graine
a un germe: ce germe, foit d'uoe fe–
ve, d'uo pepin de meion,
o
o d'un pepio de pommc
&
de toute aurre plante efl ce qu'on appelle
la plantule,
&
efl compofé de
!~
radicole, de la tige
&
de la p!u-.
me .
La radicule eíl le bas de la perite plan re; c'efl la
parrie par ou elle s'attachera a la rerre : la rige
en
le
corps de la plante;
&
la plome en ell la
tete ou le
feuillage en pctit efl enveloppé: c'cíl ce qui fort
toO.–
jour~
de recre
&
qui s'élevc pea-a-peo.
Mais conlment arrive· t-il que la plome fort toujours
de terre
&
non la radicule; car
il
eíl cenain qu" les
graineJ
porrées en terre par le ven! ou par l'homme,
wmbent au hafard daos une intiniré de pofitions diffé–
rentes? Quand un laboureur feme , il jette Con blé
a
l'avanture; quaod un jardioier plante des feves ou des
pois, il n'obferve poiot ou eíl le bas ni le haot de la
graine,
(i
le c6té auquel répond la plome fe trouve
en bas,
&
fi ce!ui aoque! répond la radicole du germe
fe trouve en-haot . Qu'eíl-ce done qui force la plome
ii
reman ter droit en l'air'
&
la rad icole
a
demeurer en
terre; car il fe paífe ici cenainement une aél:ion de vio–
lence? Oo a bien de la peine
a
concevoir ce phéno–
rnene,
&
l'on n'a donné jufqo'a ce jour que des hy–
pothi:fes ingénieufes pour l'expliquer: telles fonr celles
de MM. Dodard , La H ire, Geoffroi
&
aatres, rap–
porrées daos l"hifloire de l'académie des Sciences ,
&
que je regarde comme autant de romans de la végéta–
rion des plantes.
(D .
J .)
G
R A 1 N E, (
Agricul.)
on diflingue en Agriculture
les
graÍneJ'
en
graines
potageres'
graineJ
a
fleurs '
&
grainu
d'arbres .
Les
graineJ
potageres fe fernent en tout rems for des
couches préparées , ou dÍaque efpece a fon rayan
a
part. On les éloigoe les unes des autres ;
&
en arra–
chaot les méchantes herbes, on prend garde d'arracher
les
graineJ'
car on peut s' y tromper' jufqo'
a
ce que
la plaote paroilfe . Quand les
grainu
fonr femées ,
fi
la couche eíl feche on l'arrofe,
&
l'on continue les ar–
roft mens felon le befoin . Comme les ge!ées blanches
foor rnourir les
graineJ,
on a foin de les couvrir pen–
dant !á ouit ,
&
on éleve les coovertures
i\
un demi–
pié au- delfus, poor qu' elles ne pofent point for
les
couches. Lorfque le foleil eíl favorable, oo les dé–
couvre toas
les matins,
&
on les
recouvre tous
les
foirs avaot la gelée. Des que les
graina
fcnt
~
la hao–
teur qu'oo juge a-propos' on les rranfplante
a
une cer–
taine diOance les unes des aurres, fe!on leur grolfeur.
L es
graines
des
t!eurs
fe fement ftmblablement en
tome faifa
o ,
&
demandeot au- moins
les mémes ap–
prérs
&
les mémes foios que les
graines
porageres ,
c'eO·a-dire
un~
couche garnie de bon fumier chaod ,
&
par·deífus un demi-pié de vieux terreau pourri.
A–
pres que
la grande cha!eur efl paífée , on fait fur la
couche des rayons
ii
quatre doigts les uns des autres ,
pour femer daos chacun les
graineJ
de la meme
cl~·e
ce. Quaod les
graines
foot femées
&
qu'on les a coa–
verles de deur rravers de doigt de rerreau, oo arrofe
JOUrnellement les couches avec un perit arrofoir dans
les rems fe es: on les couvre encare, de peur des ge–
lées blanches, commc on fait pour les
graineJ
potage–
res , en érendan t les couverrures fur des
cercean~,
&
on les découvre
le jour quand le foleil donuc (ur
la
couche. L "auention <JU'on doit avoir, c'eíl de ne rieo
arracher daos les rayons de ces couches , que les ¡eo–
nes fieu rs levées ne foienr déjil grandes , de peur de
les arracher pour de l'herbe, car elles vienoeot de
rnc!–
me.
Les
graineJ
d'arbres fe plantent ordin3iremeot au prin–
rems
&
en amomne. On preod de la terre forre , de
la rerre neo ve, de la terre de ¡ardio
&
du terreau; oo
m
ele le rout eofernble, qu'oo paUe
a
la claie . Si oo
feme