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718

GRA

!!los befoio

d'~tre

encouragés que d' erre humiliés;

ils

font a!Ju¡enis fooverainemcnt

a

la pui!Jance royale

&

aux lois; s'ils ont quelque bien, ils n'en fonr que plus

dépendans, que plus fu fcepribles de crainre

&

de puo i·

tion . L'arrogance rollique qu'on leor reproche ell une

forme de leur érat, qui ell fort indifférente au gouver–

nemeot; elle fe borne

a

réliller

a

ceux qui font a· peu–

pri:s de leur efpece, qui foot encare plos arrogans ,

&

qui veuleot dominer. Cette perite

imperfe8ion ne dé–

range point l'ordre ; au cootraire elle repouffo le m é–

pris que le petit bourgeois affe8e pqur l'état le plus

recommandab le

&

le plus effenriel . Que! avantage done

prétondroit· on retirer de l'impotition arbitraire de la taii–

Je, pour réprimer des hommes que le m inillcre a inté·

rét de protéger? feroit-ce pour les expofer

a

l'in¡ulli–

ce de quelques particuliers qui ne pourroient que leur

nuire au préjudice du bien de l'état?

Obfervations fur /'exportatio11

des

grains

.

L'expor–

tation des

grains,

qui ell une autre conditioo elfentiel–

Je au rétablilfement de l'agriculture, oe contribueroit pas

a

augmentcr le prix des

grains.

On peut en juger par

le prix modique qu'en retirent nos voitins qui en ven·

dent aux étrangers; mais elle cmpc!cheroit les noo-u–

leurs du blé . Ce feul effet, comme nous

1'

avons re–

marqué

p.

713.

éviteroit

a

l'agriculture plus de

l j"O

m illions de perte . Ce n'ell pas l'objer de la vente en

lui-mcme qui nous enrichiroit; car il feroit fort borné ,

faute d'acheteurs.

Voyez

FE

R M 1 E R ,

p.

44f·

Vi. vol.

En effet, norre ex portation pourroit

a

peine s' étendre

i

deur millioos de feptiers .

Je ne répondrai pas

a

ceux qui craigoenr que l'ex–

portation n'occaíionne des difettes

(a);

puifque fon effet

ell an conrraire d'afsOrer

1'

abandance ,

&

que l'on a

démontr~

que les moilfons des mauvaifes années

fur·

patreroient celles que nous recueillons aauellement dans

les années ord inaires: aioíi Je nc parlerai pas non plus

des projets chimériques de ceux qui propofenr des é–

rabli lJemens de grcniers publics pour préveoir les fa–

m ines, ni des inconvéoiens, ni des abus inféparables de

pareilles précautions. Qu' oo réfléchiffe feulement un

peu fur ce que dit

a

cet égard un auteur anglois

(b).

, Laiffons au>< autres nations l'inquiérudc fur les mo-

" ycns d'éviter la fa mine; voyons-les éprouver la faim

au m ilieu des pro¡ets qu'el les formenr pour s'eo ga·

rantir: nous avons trou•é par un moyen bien lim–

pie, le fecret de joü tr tranquillement

&

avec aban–

dance du premier bien oécelfaire

a

la vie ; plus hou–

reux que oos peres, ooos n' éprouvons point ces ei-

" ceffives

&

fubites

diff~rences

daos le pr!x des blés,

,

roO¡ours caufées plilt6 1 par craiote que par la réaliré

,

de la difeue . . . . En place de valles

&

nom breux

greniers de relfource

&

de prévoyance, oous avons

,

de valles plaines enfemencées .

, T ant que

1'

Angleterre o' a foogé

a

cultiver que

pour fa propre fu bíi llance , elle s'ell lrouvée fouv enr

,

au-delfous de fes befoins , obligée d'acheter des blés

., étrangers : mais depuis qo'elle s' en ell fair un objet

~

a)

Voyex. le traitl de la poliu des graint, par M.

Herbert.

b)

'Vant.

(7

tkfa'Vant. de la Grande-Breragne.

e)

Si , malgré des raifons fi décifi,•es , on avoit encare de

l'inquiéntde fur les difettes dans le cas d'exportation ,

il

eft facile de fe raffúrer; Clr on peut. en pennettant r cx-

portation, permettre auffi l"imponation des blés érrangers

fans exiger de droits: par-la le prix du blé ne pourra

pas etre plus haut cbc7. nous que cbez les autres nations

qui en exportent. Or on fait par une longuc expérien–

ce qu'elles font dans l'abondance,

&

qu"elles éprouvent

rarement de cbené; amli la concurrence de leurs blés

dans notre p.tys , cmpecheroit nos marchands de fenner

leurs greniers dans l'efpérance d'une cherté,

&

l'inquié–

tude du p_euple ne

f~roi_r

pomt aug

men

ter" le prix du blé

par la cramre de la t:untne; ce qm e.ft prefque roújours

l'unique caufe des chertés exccílives. Mais quand on le

''oudra, de teUes ccufes dJfparottront

a

la vúe des bareaux

de blés étrangers qui arriveroient

a

PJris. Les cherrés n'ar–

rivent toujours que par le défaut de liberte dans le com–

mercc du blé. Les grandes difettes rcelles font rres-rares

en France,

&

elles le font encare plus dans les pays ou

la liberté du commerce du blé fotltient I'Agricuhure. En

1709 ,

la

gelee fit par-tout manquer la récolre;

le

feptier

de blé valoit en France roo ltvres de narre monn01c a–

élueUe,

&

on ne le vendoit en Angleterre que 43 liv.

ou enviran le double du prix ordinairc dans ces tems-h;

amfi ce n:étoit pas pour la n>Uon une grande chené.

Da1_1s la d1fme de 1693

&

t69+. le blé couroit moitié

mom.s e!' A_ngleterre qu'en France, quoique l"exporration

ne

f11t

erabli~

en Angleterre que depuis trois ou qua-

GRA

, de commerce, fa cu Iráre a tellement augmeoté, qo'

, une bonne récolte peut

1~

nourrir cinq an5;

&

elle

, ell en état maintenant de poner les blés au s na·

,

tion~

qoi en rnanquent .

, Si l'on parcourr quelques-ones des pro vinces de la

, Fraoce, on trouve que non-feulcmen t pluheurs de fes

,

terres rellent en fricho, qui pourroient produire des

,

blés ou nourrir de; belliaux, mai> que les terres cul–

"

tivées ne reu dent pa

á

bcaUCt>Up prCS

a

proportion

, de Icor bontc! ; paree que le labvureur manque de m o–

" yen pour les m eure en valeur .

, Ce n'ell pas fans uno Joie {oníible que j'ai remar–

qué dans

le gouvernemenr de France un vice done

,

les con(équencos font

(i

éteodues,

&

¡'en ai félicité ma

patrie; mais je n'ai pO m'empecher de fentir en

m~me

,

tems ca mbien form idable feroit devenue cetre poif–

" Canee ,

li

elle

et11

protiré des avantages que fes pof–

"

feffi ons

&

fe> hommes loi olfroient ,

.

O fu

a

ji

bo·

na norint!

(e )

JI

n'y a done que les nations ou la culture ell bar•

née

a

leur propre lubtillance, qui doivent redouter les

fam ines .

11

femble ao comraire que daos le cas d'un

commerce libre des

grains,

oo pourroir craindre un

effet

tour oppofé . L' abondance des produ8ions q ue

procureroit en France l'agriculture portée

a

un haut de–

gré, nc pourroit-elle pas les

faire romber en non-\'3·

leur? On peut s' épargner ceue

inquiétude; la poíition

de ce royaume, fes ports, fes riv ieres qui le traverfenr

de roores parrs, réun ilfent rous les avaotages pour le

commerce; rout favorife

le

tranfport

&

le débil de

fes denrées . Les Cocees de l'agrrcolrure y rétabliroicnc

la popu latioo

&

l'aifance;

la

~onfommarion

de

toote

efpece de produétions premieres ou fabriqoées, qui aug–

menteroit avec le nombre de fes habirans, oe laifferoir

que le petit fuperflu qu'oo pourroit vendre

a

l'étranger.

Il ell vrai qu'on poorroit redouter la ferrilité des colo–

nies de

1'

Amérique

&

1'

accroiiTemenr de

1'

agriculture

dans ce nouveau monde, mais la qualité des

graim

en

F rance ell íi fupérieure

a

celle des

grains

qui naiffent

dans ces pays-13,

&

meme daos les autres, que no_us

ne devons pas craindre

1'

égalité de concurrence ; tls

donnent moins de farine,

&

elle ell moios boone; cel –

le des colooies qui pa!Je les m ers, fe déprave facile–

mem,

&

ne peot fe conferver que fort peo de tems;

celle qu'on exporte de Fraoce efl préférée , paree qu'

elle ell plus profirable, qu'elle fait de meilleur pain,

&

'qu'on peur

la garder long-rems. Ainíi nos blés

&

nos

farines feront IOOjOUrS m ieux vendos

a

1'

érranger. Mais

une aurre raifon qui doir tranquillifer, c'ell que l'ag ri–

cul ture oe peur pas augmenrer dans

les colonies, fans

q ue

la population

&

la confommation des

grai>n

n'y

aug rnonre

a

proportion; ainú

leor

fuperBu n'

y

aog·

m enlera pas en raifon de l'accroilfemenr de

1'

agricul–

ture .

Le défaut de débir

&

la non-•aleur de nos denré"es

qui ruinetH nos provioces, ne font que

1'

effet de

la

m ifere du peuple

&

des empechemens qu'oo oppofe au

com-

rre ans: avant cene exportation, les Anglois effuyoient

foU\•ent de grandes cbenés , dont nous profitioos par

13

liberté du commerce de nos

graim

fous les regnes d'Hen–

ri

VI. de Louis XIII.

&

dans les premiers rems du rc–

gne de Louis XIV. L 'abondance

&

le bon prix entrete–

noient les richeffes de la

nari~>n :

ccr le prix commun du

blé en France étoit fouvent 1.5 liv.

&

plus de notre mon–

noie, ce qui formoit annuellement une ricbeffe d•ns le

royaume de plas de trois milliarts , qui réduits

á

la

monnoie de ces tems-lü, étoient enviran

1100

mJJlions

~

Cette richeffe ell diminuéc aujourd"hui de cinq lixie–

mes . L' exporration ne doit pas cependant etre ilhmt–

tée; il faut qu' elle foit comme en Anglererre , mterdt–

te, lorfque le blé pa!le un prix marqué par

la

lot. L'An–

gleterre vient d ' elluyer une cherté, paree que le mar–

chand eft conrre,•enu 3 cene regle par des abus

&

des

monopoles que le gouvemement a tolérés,

&

qui ont

toújours de foneftes effets dans un éttt qui a recour; l

des reffources

fL

od culo>; ainti la nation a éprou'

é

une

chené dont rexporration m€me l'avoit préfervée depuJS

plus de fotxante ans. En France, les famines font fré–

quenres , paree que l'exporranon du blé y éroit fouvcnt

défcndue;

&

que l'abondance eft autant defavanrngeufe

aux fermiers, que les. dJfenes fonr funelles aux peuples .

Le prétexte de remedter aux fammes dans un royaume ,

en

intercept:mt le commercc des

grailu

entre les provin–

ces, donne encare lieu a _des abus qui augmenrent la mi–

fere, qui dérruifent

1'

Agnculture ,

&

qw anéannlfent les

revenus du royaume.