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714

GRA

l'i\griculturc feroient ao-moins de quatrc mHii3rts, f.1ns

y

comprendrc

les produirs dos chauvrcs, des bois, de

h

p~che,

&

e.

N ous ne padons pas non plus des

re–

venus

d~s

maifons, des rentes, du fd , des mines, ni

des prodoits des Ares

&

Métiers, de la Navi¡:ation ,

&c.

qui augmenteroient

a-

propon ion que les revenos

&

lo popularion s'accroitroient; mais le príncipe de tous

ces avanrages e!l dans

1'

Agriculture, qui fournit les ma–

rieres de premier bcfoin, qui donne des revenos

a

u roi

~r

aux propriéraircs, des

di~mes

atl clergé, des pro–

fits

aux

cultivateurs. Ce font ces premieres richdles ,

tOUJOUrs renouve\lées, qui fot'ttiennent rous

les

a

utres

états du

royaume, qui donnent de

1'

atlivité

iJ

tootes

les autres profeffions, qoi font Heurir le Commerce, qui

favorifent la population, qui animcnt l'indullrie, qui en·

tretieooent la profpérité de la nation. Mais il s'en faJt

beaucoup que

la

Francc JOÜ

JT.,

de tous ces millians de

revenos que nous avons eotre-v(} qu'elle pourroit tirer

d'elle-ml!me. On o' efiime guere qu'a .dcux milliarts la

confommatioo ou la dépenfc anouelle de la nation . Or

la dépeofe efi 3-peu-prcs égalc aux revenos, confon–

dus avec les frais de la main-d'reuvre, qui procurent

la fubli[iance aux ouvriers de taos genres, qui font prcf–

que tous payés par les produtlions tde la terre; car,

1

la

referve de la peche

&

du fe!, les protits de la na–

vigation ne peuvent etre

enx-m~mes

fort conlidér ables ,

que par le commerce des denrées de notre ero. On

regardc continue!!ement !'Agriculrure

&

le Commer–

ce

comm~

les deux reiTonrces de nos richeiTes; le Com–

merce, aínfl que la main-d'reuvre, n'cfi qu'une bran–

che de !'Agriculture : mais

la main-d'reuvre. efi beau–

coup plus étendue

&

beaucoup plus confldérab!e que

le Commerce. Ces deux états ne

fublifient que par

1

'Agriculture. C'ell !'Agriculrure qui fournit la matiere

de la main-d'reuvre

&

du Commerce,

&

qui paye

!'une

&

l'autre: mais ces deux branches refiituent Jeurs

gains

a

!'

Agriculture, qui renouvellc les richdfes, qui

fe dépenfent

&

fe confomment chaque annéc.

En ef–

fet, fans les produits de nos rerres, fans

les

revenos

&

les dépenfes des propriéraires

&

des cu!tivareurs, d'ou

nalrroit le profit do Commerce

&

le falaire de la main–

d'reuvre? La difiintlion du Commerce d'avec !'Agri–

culture, efl une abflratlion qui ne préfente qn'uoe idée

imparfaire,

&

qui féduit des auteurs qui écrivent lur

Cetre matiere

1

meme ceux qui en

00!

la diroéfioo,

&

qui rapportent au commerce proJutl f le commerce in–

t~rieur

qui ne produir ricn, qui fert la nation,

&

qui

en payé par la nation.

On ne peur trop admirer la fupériorité des vOes de

M. de Sully: ce grand minillre avoit faili

les vrais

príncipes do gouvernement économiyue du royaumo,

en érablitrant les richdlcs do roi, la puilfance de r¿rar,

le bonheur du peuple, fur les revenos des terrcs, e dl–

a-dire fur !' Agriculture

&

fur le commerce extérieur

de fes produtl1oos; il difoit que fans l'exportation des

blés, les fuJe<>

fcroient bitnt6t fans argent

&

le fou–

vcrain fans re venus. Les prétendus avantages des ma·

!tufaélures de toote efpcce ne

1'

avoient pas féduit;

il

ne

proregeoit

qu~

celles des étoffes de laine, paree qu'

i1

avoit reeonnu que l'ahoodance des récoltes dépenduit

du débir des !aines, qui favorife

la mulriplicarion des

troupeaux néceiTaires pour fertilifer les terres .

Les bonoes

r~colres

.produili:nr beaucoup de fourra–

ges ponr la nourrirure des bdliaux; les trente millions

d'arp<ns de tercos médiocres feroiem en parrie dcllinés

auffi

a

CCI

ufage. L' aureur des

Prnirio artificirlla

décide "i:s-judicieufement qu'i! faut 3-peu-pr

e<

la

me–

me

quanrir~

d'arpens de prairies arrificicl!es qu' il

y

a

de terre eufemencée en blé chaque année. Aiu(i pour

tren

re

rni!lions d'arpens

il

faudroir dix rnil!ions d'arpens de

prairies arrificielles pour nourrir des belliaux qui procure–

roienr alfe•¿ de fumier pour fournir un hon engrais aux rer·

res qui chaqoe année doivenr erre enfemencées en blé.

Cene prarique efi bien entendue; car fi on fe procure par

l'engrai> de la terre un feprier de blé de plus par chaque

arp<nr, on doub!e 3-peu-pres le profir. Un arpent de blé

qui porte cinq feptiers

a

tf !iv. le feptíer, donne, tous frais

déduits,

20

!iv. de reveno; mais un feprior

de

plus dou–

b!eroit pr<l';¡ue loi feu!

le reveou d'un arpenr; car

ti

un

arpent donnc r.x feptiers, le

reveno efi 3f liv.

&

s'i!

en portoit fept,

le rcvenu feroit fO liv. ou

!

de reveno

de plus que dans le premier cas: le reveno n'efi pos

fimpl meut

a

raifon du produit , mais

a

railon du pro-

(4)

Cantillon,

tf[ai fur lt Commtrce, chap.

"'·

vj,

GRA

duít

&

des frais. Or J'augmenration des fraís cfi en be·

fi iaux qui onr aufti

leur produit; ainli les pro6rs ¡:l'u–

ne culture imparfaite oe font pai comparables

a

ceut

d'une bonne culture.

Ainfi on ''OÍr que la fortune du fermier en érat

de

faire

les frais d'une boonc culture, dépend du produit d'un

feptier ou deux de plus par arpent de terre;

&

quoi–

qu'il en panage la valeur pour la taille

&

pour le fer–

mage , fon gain en efi beaucoup plus confidérab!e,

&.

la meilleure portian elt to()¡ours pour lui; car

il

recueil–

le des fourrages a-proporrion avec !efquels i! nourrit des

belliaux qui augmement fon profit.

fl

ne peut obtenir cer avanrage que par le moyen

des bel1iaux ; mais i! gagneroit beaucoup

M(ii

fur

le

produit de ces memes belliaux .

11

efi vrai qu' un fer–

mier borné

a

l'emp!oi d' une charcue' ne peut préten–

dre

fl

110

gain conlidérab!e; il n'y a que ceux qui font

alfe-¿ riches pour fe

former de plus gr3'ods établiífc,

mens , qui puilfem retirer un bon profit,

&

mettre par

les dépenfcs qu'i!s peuvent faire, les terres daus la meil–

!eure va!eur.

Ce!ui qui n'occupe qu'une charrue, tire fur ce petit

emploi tous les

frais nécetraires pour la

fubflllance

&

!'enrrerien de fa famille; il faut

m~me

<ijU'i!

faiTe plus

de

dépenfe

á

proportion pour les dilférens objets de

fon entreprife: n'ayant qu'uoe charrue i! ne peut avoir,

par exemple, qu'uo petit troupeau de moutons, qui oc !ui

coure pao moins pour le berger , que ce que couteroir

un plus grand troupeau qui produiroit un plus grand pro–

lit. Un pctit emp!oi

&

un grand emp!oi exigent done,

a

bien des égards, des dépeofes qui ne font pas de part

&

d'aurre dans la mcme proportion avec le gain. Ainfi

les riches

laboureurs qui occupent p!ufieurs charrues ,

cultiven! beaucoup plus avaotageufemeot pour cux

&

pour l'étar, que ceux qui font bornés

a

une feu!e char–

rne; car

iJ

y

a épargne d'hommes, moins de dt!penfe,

&

en plus grand produit : or

les frais

&

les uavaux

des hommes ne font profitables

;l

l'état, qu'autant que

leurs produits renouvellent

&

augmeoteQt les

richelles

de la natioo • Les rerres ne doivenr pas .nourfir feule–

menr ceux qui les cu!ri,veot, elles doiveor f?uroir

3

l~é­

tat la plus grande parrie de¡ fubfides, produrre

des

di

x–

mes a

u

clérgé, des reven)lS aux propriéraires, des pro–

tirs au' fermiers' des gains

a

ceux ,qu'ils emp!oyeot

i

la

culrure. Les revenos du roi, du c!ergé, des pro–

pri¿raires, les gains du fermier

&

de ceux qu'il cmp!o–

ye, toornent en dépenfes

1

qui fe diflribuent

a

!OUS

!es

autres états

&

a

toutes Les autres profoffions . Un au–

teur

(a)

a reconnu ces vérités foodamentales lorfqu' il

dir:, que l'alfcmblage de p!uf.eurs riches propriétnires

" de terres qui rélidenr dans un meme lieu. fuffit pour

former ce qu• on appel!e

rme vil/e

,

ou

les

mar–

ehands, les fabriquans, les artifans, les

o~·Y<iers,

les

" domcfiiques fe ratremblenr,

a

proportioo des revenos

, que les propriétaires y dépenfent: aoque! cas la gran–

" deur d'une v¡Jie efi

o~turelkment

proportionnée au

, nombre des propriéraires des

terres , ou plútót au

, produit des terres qui leur apparrienoent.

U

oe vil le

" capirale fe forme de la meme maniere qu' une vil! e

, de provincc; nvec cette dilféreoce que les gros pro–

" priéraires de rout !'érar rélideot dans la capitale.

Les

terres cu!tivées en dérail par de petits fcrmiers ,

exigc~r

plus d'hommes

&

de dépenfes ,

&

les profits

fimr beanc<>up plus bornés. Or les hommes

&

1

es

dé–

penfes ne doivenr pas érre prodiguls

a

des travaux qui

feroient plus proñtables

a

l'état , s'ils étoient exécurés

avcc moins d'hommes

&

moins de frais . Ce mauvais

cmp!oi des hommes pour la culture des terres fcroir

pr<ljudiciab!e, méme daos un royaume fort peuplé; car

plus i! efi peuplé, plus

i!

cfi néce!Taire de

rirer un

grand produit de la t<rre : mais il feroit encare plus de–

favantageux dans

un

royaume qui ne feroit pas alfe-¿

peuplé; car a!ors i! faudroit erre plus atteotif a difiri–

buer les hommes aux rravnux les plus nécelfaires

&

les

plus protitab!eo

a

la nation. Les avantages de !' Agri–

culture dépendeot done beaucoup de la réunion des ter–

res en grulfes·fermcs , mif'es dons

la meil!eure valcur

par de rithes fermiers.

La culture qui ne s' exécote que par

le travai! des

hommes, efi ce!!e de la vigne ; elle pourroit occuper

un plus

grand nombre d'hommes en Francc, ti on fa–

vorifo.ir

la ven

re

des vins,

&

li

la popu!ation augmen–

toir

. Cette culture

&

le commerce des vins

&

des

caux-de-vie font trap genés; e' efi cepeodant un obJet

qui