36
FOL
ce
Bayle, d' un lcéleur grave,
&
de la pol'lérité.
(D.
J.)
F
O
K 1
E N, (
Géog.)
province maritime de la Chi–
ne,
&
la onzieme de cet empire . Elle
a
1'
océan des
indes
a
l'dl
&
au lud-en; la provioce de Quanton,
a
u íud- ouet1 ; celle de Kian li
a
l' ouen ,
&
celle de
Tchekian, au nord, íelon M. de L isie .
f/.
le P. Mar–
tini dans Ion
AtlaJ de la Chine . Long.
134. 139.
lae.
2-3.
30.
28-.
(D.'].)
F
O L
ott
F O U,
í. m.
voyn
F
o
L 1 E.
F o
L ,
&
dtpuiJ
F o
u, (
Littirat. mod.
)
bouffoo
de cour emretcuu aux dépens du prince .
L'uíage des rois d'avoir des
fottJ
ou des bouffons
a
lcur cour, pour les divenir par lenrs bons mots, leurs
-genes , kurs plaiíameries , ou lcurs impeninences: cet
uíuge, dis-je, tour ridicule qu'il en, remonte a!fez haut
dans l'hirloire moderne.
Au commencement du neuvieme liecle, l'empereur
Théophile avoit pour
fou
un nommé
D audery
,
qui
par Ion iod iícrétioo penía cauíer les plus cuiíans cha–
grins
3
l'impératrice Théodora.
11
s'aviía d' entrer uo
JOUr bruíquement daos le cabioet de cttte prioce!Te,
Joríqu'elle faifoit fes priercs
deva~t
un oratoire orné
de trcs-belles images qu'elle gardoit en ¡¡rand fecret,
pour éviter que
1'
empereur qui étoit lconoclane , en
ear conooifTance. Daudery, qui u'avoit jamaJS \a d'i–
mages, lui dvmanda vivement ce que c'étoit :
a
quoi
Théodora répondit que c'étoit des poupées qu;elle pré–
paroit pour donner
3
íes fi'lles : íur cela Daudery viot
dire au dioer de l'empcreur, qu'il avoit trouvé l'impé–
ratrice occupée
a
bailer les plus ¡olies poupées du mon–
de. Tbéodora eut bien de la peine
i\
íe tirer de ce mau–
vais pas: mais elle 6t li bien ch&ticr le
fou
de l"l!m"
pereur, qu'elle le corrigea pour jamais de parler de tout
ce
qui pourroit la regarder .
Apre; _I'cxpédition des croiíades, on vit la rnode d'a–
voir des
fouJ
s'établir daos toutes les cours de !'Euro–
pe,
dans celles d'ltalie, d' A llernagne, d'Angleterre,
&
de Fraoce. lci les princes du bon air voulurent avoir
des
fouJ
a
leur íuite, qui leur íervi!feot de joil<t
&
d'amuíemeot. Lá les grandes maiíons fe procuroient
un
fol
~u'on
habilloit ridiculement , afin que l' héritier
préíompnf e,Ot occalion de fe divertir de fes diícours
ou de fes bévOes. En llalie, Nicolas
!JI.
marquis d'Efl
&
de Ferrare , avoit
a
fa cour un
fou
ou bouffoo nom –
mé
Conelle,
qui deviot
c~lebre
par fes reparties .
En Fraoce, oo pou!fa la chofe plus loin que par–
tout ailleurs: car l'emploi de
fou
a
la cour y fut éri–
gé en titre d
'offi.cepaniculier. On conferve daos les
archives de TroJes en Champagne une lenre de Char–
les
V .
qui écrivit au maire
&
aux
éch~vios,
que Ion
fou
étant mon, ils eu!fent
a
lui envoyer un autre
fot~,
íuivant la coOtume .
A
S. Maurice de Sen lis, on lit
ceue épitaphe: , Cy gin Thévcnin de Saint- Ltgier ,
,.
fo"
du roi notre fire , qui trépafTa le premier
J
uillet
,. 1374 :
pricz D ;eu pour !'ame de !y,.
L<
frm
de Franc;ois
l.
nommé
'I'riboultt,
difoit que
Charles- Quint étoit plus
fott
que lui de paffer par la
Fraoce rour aller aux Pays-bas: mais, lui dit Fran–
c;eis
l.
Si jc le laijfe paf!.r! E11
cr
ca1 ,
dit Tribou–
let,
j'rffaetrai fon nom de mu tablrttts,
&
;'y
met–
trai
1,
••ótrt.
Ccpendant Charles- Qumt avoit raiíoo
d¡: ne pas héfiter, en fe rendant dans les
Pays-ba~,
de
paffer en France fur
1'
invitation d' un monarque, qui
apres la bataillc de Pavie, mandoit
a
la ducheffe d'Ao–
goukme:
to11t efl ptrdu, hormiJ l'honntnr.
Le der nier
fou
de cour dont il foit parlé daos notre
hinnire,
etl
le
f3meux
1'
Angely, que M. le Prince
amena des Pays-bas,
&
qu'il íe fit un plailir de don–
ner
a
L ouis
XIV.
Mai;
1'
Angely étoit en
fou
plein
d'cíptil, qui trouva le íecret de plaire aus uos, de fe
fairc craiodrc des autres,
&
d'amarTer par ceue adre!fe
une fomme de viogt-cinq mille écus de ce rems - lii .
O o íait a ce íuj<t les deux vers de Deípréaux,
&
le
bon mot de M arigny, qui étant un jour ao dlner
do
roi, dit
a
quelqu'un, en voyant !'Angely qui amuíoit
L ouis
XI V.
par Ces bons mots : , De tous nou< autres
,
fous
qui avons íuivi M . le Prioce, il n'y a que l'An–
" gdy
qui ait fait fortune , . Cependant les railleries
piquames de
1'
Angely le firent
:i
la fin cha!fer de la
cour;
&
depuis , cettc eípece de
fotu
o'y a plus paru.
L'
Angel y difoit qu'il o'alloit pas au íermon
,par
<e
qu'
il
n'aimoit raJ
!r
braill.r,
&
qu'il n'entendoit pa; le
raifomur. D .
'j.
)
F o
L
A
p
1' EL. (
'Jnrifprud.)
en -cclui qui en inter–
JCtlé
témér:~irement
<l1
fans cauíe, ni moyens valables .
L 'nmeode du
fol apptl,
proprement dit, en la ¡:rotfe
FOL
amende
a
laquelle on condamne celui que l'on décla
re non rccevabre daos Ion •ppel .
Voytz:.
/'
ordonnan«
de
1
539·
art.
96.
&
1,
pratuien de
Ferriere,
ti
t.
da
appellat.
Cepeudant .;uelqucs- uns emendent par
jo/ ap–
ptl
rout appel dans leque l l'appellaot íuccombc;
&
par
amende du
fol appel
ils entendent auffi l'arnchde ordi–
naire
a
laqutllc en ce cas oo coodamne
1'
appella111 .
(A)'
F O L
1
A
'F
1
O N,
f.
f. (
Bot.
)
e'
en proprement
l'allemblage des ftuilles oo pttales colorés qui compo–
Íent la 6eur meme .
F O L J E,
f.
f. (
Mora/e.-)
S'écaner de la raifon ,
fans lo ÍaVOif, paree qu'on efl privé d'idéeS, c'efl €tre
imbleil/c;
s'écarrer de la rai(oo le r.,chant, mais
ii
re–
gret, pare• qu'on efl eíclave d' une pal!ion violente,
c'eO erre
foible:
mais ;'en écaner avec confiance,
&
daos la ferme períualion qu'un la fuit, voil:i, ce me
íemble, ce qu'on appclle
Etrt
fon .
Tels font du moios
ces malheureus qu'on eufcrme,
&
qui peut-etre ne dif–
fcrent du rene des hornmes' que paree que leurs
foliu
foot d'une eípece moins commune ,
&
qu' elles n' en–
tre
m
pas dans l'ordre de la Cociété .
Mais puill¡ue la
ful~e
o'en qu'une privarioo, pour en
acquérir des idées plus din' néles,
t~chons
de cooool–
trc fon contraire. Qu'dl-cc que la raCon ? Ce qu'on
appelle ainli , au-muins dans un íens comraire
3
la
fo–
lie,
n'eO autre chofe en géhéral que
la
connoifTance du
Vrai; non de ce vra.i que
l,auccur
de la nature a réfer ...
vé pour fui íeul, qu'il a mis loin -de la portée de no–
tre eíprit, ou dont la connolflance
exi~e
des combinai–
fgns multipliées ; maJS de ce vrai fenfible, de ce vrai
qui en
a
la portée de
IDUS
Jcs hommes,
&
qu'iJs
OOl
la faculté de coonoltre, paree qu'il leu r en néce!faire,
foil pour la confeo·ation de leur erre, íoit pour leur
bonheur particulier, íoit pour le bien général de la ro–
ciété.
Le vrai en phylique ou moral: le vrai phyGque con–
Cine dans le ¡une rappon de nos íeníations avec les ob–
jets phyfique;, ce qui arrive quand ces objets nous af–
feélent de la
me
me maniere que le rene des hommes:
par exernple, c·en une
folie
que d'entendre les concerts
des anges comme cenams enthoulianes, ou de voir,
comme dom Quichoue, des géans au lieu de moulins
a
vem,
&
l'armée d'Alifanfaroo, au lieu d'oo troupeau
de moutons.
Le vrai moral confine dans la juflefTe des rapports
que nous voyons, loit entre les objets moraux, íoit en–
tre ces ob¡ets
&
nous . JI réíulte de-la que toutc erreur
qui nous eotraine el!
folie.
Ce íont done de véritable¡
folitJ
que tous les rravers de norre eíprit, toutes les il–
lulions de l'amour propre,
&
routes nos paffions, quand
elles íont ponées Jl!Íqu'a I'aveuglcment; car l'aveugle–
mcnt en le caraélere di!ln1élif de la
folie.
Qu'un hom–
me commeue une aétinn crimineJie,
av~c
connoiffancc
de caule, c'en un ícé.érat;
qu
'il la commeue, per[ua–
dé qu'elle en ¡uOe,
c'efl
un
fo11.
Ce qu'on appelle daos
la íociété
dire
ou
faire da folin,
ce ri'en pas etre
fou,
cor on les donue pour ce qu'dles íont. C'efl peur–
etre ÍagefTC,
{j
l'o11 VeUI faire atlention
O
Ja lOJble!fe de
notre oature. Quelque haut que nous faffions fonner
les nvantages de narre raiíon' il en aiíé de voir qu'el–
le en pour nous un fardeau pénible.
&
que, pour
e
o
íoulager notre ame, nous avons beíoin de tems-en-tems
au moins de l'apparence de la
folie.
La
folie
pan.\1 venir quelqueiois de l'altération de
!'ame qui fe communiquc aux organes du corps, quel–
quefois du dérangemenr des organes du corps qui in–
flue íur les opérations de !'ame; c·en
ce
qu'il efl fort
ditllcile de démeler. Quelle
qu'~n
íoit la cauíe, les ef–
fets font les memes.
Suivant la définitioo que j'ai donoée de la
folie
phy–
lique
&
morale,
il
)'a
mili~
gens- daos le monJe, dont
les
folin
íont vraiment phyfiques,
&
beaucoup dans les
maiíons de force qui n'ont que
desfolitJ
morales. N'en–
ce pas, par exemple, une
fulit
phyfique que celle du
malade imaginaire?
Toct ex ces en
folie,
meme dans les choíes Ioüables.
L'amitic!, le délintéreiTement, l'amour de la gloire,
íont des fent imens loüables, mais la raiíon doit
y
met–
tre des bornes ; c'en une
folie
que d'y facrifier fans o·<–
ceffité fa
r~putatioo,
ía fortune,
&
Ion bonheur .
Quelquefois néanrnoins cet exces efl vertu, quand il
p3rt d'uo príncipe de devoir généralemellt re.:onou. C'efl
qu'alors l'exci:s o'en pas réel; car li le príncipe erl tel
qu'il oe foit pas permis de s'en écaner, il ne peut plus
y avoir d'exccs. En rctournant
¡¡
Carthage, Régulos
fut un hommc vertucus, il ne fut pas un
[ott.
Que!-