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34

FOI

¡nemier coup-d'ceil, paroit

~tre

celle qui determine or–

dinairement daos l'ufage l"application de ces deux mots;

mais elle provient elle-memc d'une autre dilférencc plus

cachée,

&

pour ainfi dire plus radicale entre ces deux

chofes. Nous allons la développer.

11

efi év ident que les marchands

&

les acheteurs ne

peuvent fe ralfembler daos cenains tems

&

dans cer–

tains lieux , fans un attrait, un intérct, qui compenfe

ou m€me qui furpalfe les frais du voyoge

&

du tranf–

port des denrées; fans cet amait, chacun refieroit che¡

foi : plus

il

fera confidérable, plus les denrées fuppor–

teront de loogs traofpot!S, plus le concours des mar–

chands

&

des achetcurs fera nombreux

&

folennel, plus

le difiriél dont ce concours efi le centre, pourra étre

étendu. Le cours naturel du ;commerce fuffit pour for–

rner ce concours,

&

pour

·l~rnenter

¡ufqu'á un cer–

tain poiot. La

concurrence=·~des

vendeurs limite le prix

des denrées ,

&

le prix

des•~n.r.&.s

limite

:i

Ion

tour

le nombre des vendeurs : en etfet, tout commerce de–

vant nourrit celui qui l'entreprend, il faut bien que le

11ombre des ventes dédommage le marchand de

lo

mo–

dicité des protits qu'il fait fur chacune,

&

que par con–

féquent le nombre cles marchands

fe

proportionne au

11ombrc aéluel des confommateurs, enforte que choque

marchand correfponc\e

a

un cenain nombre de ceux–

ci.

Cela pofé,

¡e

fuppo[e que le prix d'une denrée foit

tel que pour en foütenir le commerce, il foit nécef–

faírc d'en vendre pour la confommation de tenis cents

familles, il efi évident que trois villages daos chacun

deCquels il n'y aura que cent familles

1

ne ponrront fou–

tenir qu'un

feul marchand de cette denrée; ce mar–

chand fe trouv era probablement dans celui des

trois

villages, ou le plus grand nombre des acheteurs pour–

ra

fe

raffembler plus commodemcnt

1

ou

a

moins de

frais; paree que cetre diminution de frais fera préférer

le marchand

~t2bli

dans ce village,

a

ceus qoi feroient

ten tés de s'établir dnns l'un des dcux autres: mais plu–

fieurs efpeces de denrées feront vrailfemblabkment dans

le meme cas,

&

les marchands de ehacune de ces den–

rées fe

réunironr daos le meme lieu' par la mérne rai–

foo de la diminution des frais

1

&

par ce qu'un hom–

me qui a befoin de deux efpeces de denrées, aime micux

ne faire qu'un voyage pour fe

les procurer, que d'en

f~irc

deux; c'efi rédlement commc s'il payoir chaque

matchandife moios cher. Le lieu de"enu plus con ti dé–

rabie par cene réunion meme des diftcrens commer–

c«, le devient de plus en plus; paree que tous les ar–

tifans que le genre de leur travail ne retient pas

a

la

Campagne,

!OUS

les homtneS

a

qui lour richelfc permet

d'i:rre

oififs, s'y ra!Tembleot pour

y

chercher les com–

modités de la vie. La concurreoce des acheteurs at–

tire les marchands par l'efpérance de vendre; il s'en

é–

tablit plulieurs pour la

me

m~

deorée . La concurrence

des marchands attire les acheteurs par

l'

efpérance du

bon marché;

&

toutes deux continuent

a

s'augmenter

mutuellement, jufqu'a ce que le defavanrage de la di–

tlancc compenfe pour les acheteurs éloignés le bon mar–

ché "de la denrée produit par la coticurrence

1

&

meme

ce que l'ufage

&

la force de l' habitude a¡outent

a

l'at–

uait du bon marché. Ain6

fe formcnt naturellement

diíl"érens ceotres de commerce ou marchés

1

auxquels

répoudent autant de caotons ou d'arrondilfemens plus

ou moios érendus, fuivant la nature des denrées, la fa–

cilité plus ou moins grande des communicotions ,

&

l'état de la population plus ou moins nombreufe . Et

telle efi, pour le dire en palfant, la premiere

&

la plus

commune origine des bourgodes

&

des vill.s .

La méme raifon de commodit¿ qui détermioe le con–

cours des marchands

&

des acheteurs

a

certains lieux

1

le

dé termine

~uffi

:i

certains jours, lorfque les deorées

font trop viles pour foOrenir de longs trañfports ,

.&

que le cantan n'efi pos alftz peuplé pour fournir

a

un

concours fuffifant

&

¡ournalier. Ces ¡ours fe tixent par

une efpece de convention tacire,

&

la moindre circon–

!laoce fuffit pour cela . Le nombre des jouroées de che–

m

in entre les lieuJ les plus confldérables des environs,

combiné avec certaines époques qui déterminent le dé–

part des voyngeurs, telles que le voifioage de certoinos

fetes

1

certaioes échéancos d'ufage daos

les payemens ,

tomes Cortes de folennités périodiques, eofio

tout ce

qui

ralfet~ble

il

certains ¡ours un certain nombre d'hoar–

me>, devtenr

le príncipe de l'établilfement d'un mar–

ché.

:l

ce~

memes Jours;

par.ce

que les marchands on t

toilJOUrs IDtérat de cher

cher le

s acheteurs

1

&

récipro–

qoome~t.

Mais il ne faut qu'une dillance alfez métliocr< pour

,uc

cc:1 intc!rét

4t

le

bon marché prodnit par la con-

FOI

currence, foient contr<balancés par

les frais de voyage

&

de tranfport des denrées. Co n'efi done point nu

cours naturel d'un commerce animé par la liberté. qu'

il faur auribuer ces grandes

foirn

1

ou le. produélions

d'uno partie de l'Europe fe raOemblenr

a

grands frais,

&

qui femblenr etre le rendez-v ous de> natioos. L'iu·

tér~t

qui doit compenfer ces frais exorbitans, ne vient

point do la nature des chofes; mais

il

refulte des pri–

viléges

&

des franchi(es aécordées au commerce eo cer–

talns lieux

&

en certains tems, tandis qu'il etl accablé

par-tour ailleurs de taxes

&

de d10i1s. ·

11

u'efi pas é·

tonnant que l'état de gene

&

de vexatioo habituelle

daos lequel le commerce s'efi

trouvé

loog-tems daos

toute l'Europe, en ait Qéterminé le cours avec vio–

lene< daos los lieux ou on lui otfroit un peu plus de

liberté .

efi ainfi que les princes en accordant des

exemptions de droits,

om

établi tant de

joirti

daos les

dilférenres porties de l'Europe;

&

il efi évident que ces

foirtJ

doivent etre d'aut20t plus confidérables' que le

commercc daos

les tems ordinaires en plus furchargé

de droits.

Uoe

foirt

&

un marché fonr done

1'

un

&

1'

autre

un concours de marchands

&

d'acheteurs

1

daos des lieux

&

des

tems mbrqués ; mais dnns

les mnrchés

1

e' ell

l'interet réciproque que les vendeurs

&

les acheteurs

ont de fe chercher; daos les

foirti,

c'efi le defir de

joüir de cerrains priviléges qui forme

ce

concours: d'ou

il

fuit qu'il doit étre bien plus nombreux

&

bien plus

folennel daos les

foirti.

Quoique le cours narurel du

commerce fu tEfe pour établir des marchés, il efi ar–

tivé

1

par une fuite de ce malheureux príncipe, qui daos

prefque tous

les gouvernemens a

fi

long_.tQms

infeélé

l'adminifiration du Commerce, je veux'-dire la manie

de tout cónduire, de toot regler,

&

de ne ¡amais s'en

rapporter aux hommes fur leur propre intéret; il efi ar–

rivé, dis-je, que pour établir des marchés , on a fait

intervenir la police; qu'on en a borné le nombre, fous

prétexte d'empecher qu' ils ne fe nuifent

les uns aux

autres ; qu'on a défendu de •endre cerraioes marchan–

difes ailleurs que da

m

certains lieux délignés, foit pour

la commodité des commis chargés de recevo1r les droirs

dont ellos font chargées, foit paree qu'on a voulo les

arTujettir

a

des forma lités do vifite

&

de marque

1

&

qu•on n< peut pas mettre par-tout des bureaux . Oo ne

peut trop faifir toutes los occafions de combattre ce fy–

fleme fatal a l'indufiric

1

il s'eo trouvera plus d'une daos

l'Encyclopédie.

Los

foirtJ

les plus célebres font en France celles de

Lyon. de Bordeaux , de Guibray, de Beaucaire,

&c.

En Allemagne, celles de Leiptic, de Francforr,

&c.

Mon objet' n'ell poi

m

ici d'en fa

~re

l'énumération, oi

d'expofer en dérail les priviléges accordés par difl"éreos

fouverains. foit aul

foir<I

en général, foil a quelques

foirn

en particulier; Je me borne

:l

quelques reBexions

contre l'illufion alfez commune, qui fait citer

a

quel–

ques pcrfonnes la grandeur

&

l'étendue du commerce

de certaioes

foirei,

comme une preuve de la grandeur

du commerce d'on érat.

Saos doute une

foirc

doit cnrichir le lieu ou elle fe

tieor,

&

faire la grandeur d'une ville particul iere:

&

lorfque toute l'Europe gémilfoit daos les entraves mul–

tipliées du gouvernemenr féodal; lorfque chaque villa–

ge, pour ainfl dire, formoit une fouveraineré indépen–

dante; lorfque les feigneurs reofermés daos leor ch!reao,

ne voyoienr dans le Commerce qu'une occafion d 'aug–

mcnter leurs revenus

1

en foOmettant

~

des contriba–

tions

&

a

des péages eJorbitans , tOUS ceux que la oé–

celfité for,oit de palfer fur

leurs

terres;

il

'!l'

ell pas

douteux que ceux qui les premiers furenr afia écl31rés

pour fentir qo'en fe relkhant un

~o

de

1~

rigueur de

leurs droits

1

ils feroienr plus que .dédommagél par l'aug–

mentation du commerce

&

des conrommations, vi–

ren! bicn-tllt les

lieux de leer réfiden'ce enrichis

1

ag–

graodis , embellis.

11

n'efi pas douteux que lorfque les

rois

&

les empereurs eurent alfez augmentc! leur •uro–

rité, pour foufiraire aux laxes levées par leurs vatfaul

les marchnndifes defiioées p.our

les

foirn

de cenaines

villes qu'ils vouloient

favorifer , ces villes devinrent

nécelfairemeot le centre d'ou rri:s·grand C•>mmerce,

&

viren! accroltre leur puilfance avec leor< rirhefle1: mats

depuis que toutes ces petites

fouverainet~s

fe fnnt réu–

nies pour ne former qu' un grand état foos un feu)

prince,

f1

la nc!gligence, la force de l'habirude, la d•f–

ticulté de réformer les abus lors meme qu'on le veur.

&

la d1fficulté de le vou loir, om engagé

a

lailfer fab –

fiCler

&

les memes genes

&

les

m~mes

droits locaux'

4t

les

m~mes

privilé¡:e¡

qui

avoi,nt 4té

~tabli1

lorfquc

'ha-