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608

GLA

La mt:me induflrie qui forma les diverfes clafTes de

gladtatwrt,

eu rendir 1' ioflitution lucrati ve pour ccux

qni les imagioerenr; oo les appelloit lamiles ,

lanift,c:

on remcttoit entre leurs mains les prifonniers, les cri–

minels,

&

les efclaves coupablcs. lis y ¡oigooient d'au–

tres efclaves adroits,

forcs ,

&

robultes, qu'ils ache–

toient pour les jeu¡,

&

qu'ils encourageoient

a

fe bat–

cre, par l'efpoir de la

liberté; ils

les drefToient, leur

apprenoient

a

fe bien fervir de leurs armes,

&

les e–

xer~oient

fans cefTe

a

leurs combats refpeélifs,

a

fin.

~e

les rendre inrére(Jans pour

le• fpeélateurs: en quot tls

ne réu

tii

rent que trop .

Outre les

gladiatwrt

de ce genre , il

y

avoit

que~·

quefois des gens libres qui fe loüoient pour cette

cíen–

me, foit par la dépravation des rems, foir par 1' ex–

creme indi&ence. qui les portoir pour de l'argenr' a fai–

re ce mfrier; tels éroienr fouvent des efclaves aupa–

ravaut

gladiaewrJ,

&

qui avoienr dé¡

a

obrenu l'cxew–

prion

&

la liberté. Les maleres d'efcrime en loüant tous

ces

gladiatmn

volonraires , les faifoiem ¡urer qu' ils

combauroient ¡ufqu'a la more.

C'éroit

a

ces maitres qu'on s'adrelfoir lorfqu'on vou–

loir donner les ¡cux de

gladiaeeurJ;

&

ils fournifToient

pour un prix convenu, la quantiré de paires qu'on de–

liroit,

&

de différentes

el

alfes.

JI

arriva dans la

fu ice

des rems, que des premicrs de la république eurem

a

eux des

gladiaewrJ

en propre pour ce genre de fpe–

éhcle, ou pour d'aurres morifs :

]

ules Céfar éroit de

ce nombre.

Les édiles eurene d'abord

1'

inrendance de ces jeux

crucis; enfuite les préreurs y préfiderent: enfin Com–

mode amibua cette iofpeélion aux quefleurs .

Les empereurs, par goOt ou pour gagner l'amitié du

peuple, faifoient repréfenter ces ¡eux

le jour de

leur

nai(Jance, daos les dédicaces des édifices publics, daos

les rriomphes , avant qu'on

part~t

pour

la guerre, a–

pres quelque viéloire,

&

daos d'autres occalions fo–

leonelles . ou qu'ils ¡ugeoient

a

propos de reodre telles.

Sué<one rapporte que Tibere donna deux combars de

gladiatturi;

l'un eu l'honneur de fon pere,

&

l'autre

en l'honneur de fon ayeul Drufus . L e premier com–

bar fe donna daos la place publique,

&

le fecond dans

l'amphithéa<re, ou cet empereur tic paroi1re des

gladia–

lturJ

qui avoient eu leur congé,

&

auxquels il promit

cene milie feflerces de récompenfe, c'efl-a-dire enviran

vingr-quarre mille de nos livres • l'argent a cinquante

francs le marc . L'empereur Claude limita d'abord ces

fpeélacles

a

cerrains termes

ti

ses;

mais peu aprcs il an–

nu lla lui-meme fon ordonoance.

Quelque tems avanr le jour

arr~té

du combar , celui

qui prélidoir aux jeux en avertiiToit

le peuple par des

affiches

1

ou 1' on

iodiquoit les efpeces de

gladiatturs

qui devoieo't combattre, leurs noms,

&

le' marques

qui les devoienc diflinguer; car ils prenoient chacun quel–

que marque particuliere, comme des plumes de paon

ou d'autres oifeauJ.

On fpécitioit auffi

le tems que dureroit le fpeélacle,

&

cambien il y auroit de paires différenres de

gladia–

tnlrJ,

paree qu'ils étoient roO¡ours par couples: on re–

préfenroir quelquefois rout cela par un cableau expofé

daos la place publique. .

Le JOUr du fpeélacle on apportoit fur !'arene de deux

fones d'armes; les premieres éroieut des b:lrons noüeux,

ou Aeurers de beis nommés

rt•dn;

&

les fecondes é–

toient de véritables. poignards , glaives, épées, coute-

1~

,

&c.

Les

pre~1eres

armes s'appelloieor

arma /ufo–

na,

armes courto1fes; les fecoodes,

arma dterttoria

armes décernées, paree qu'elles fe donnoient par decre;

du préreur, ou de celui qui faifoit la dépenfe du fpe–

élacle. Les

gladiaeeurJ

commen~oient

par s' efcrimer

des premieres armes,

&

c'étoit-13 le prélude; enfui re

ils prenoient les fecundes, avec lefquellcs ils fe battoient

nuds ou en ruuique . La premiere force de combar s'ap–

pelloir

pulttdere,

¡oüer;

&

la feconde,

dimicare aá

eert"m

,

fe bame

il

fer émoulu.

J\u premier fang du

gladiaeeur

qui couloit, on crioit

il

•fl

bleffé;

&

fi

daos le momeoe le ble!fé mettoit ba;

les armes, c'étoit un aveu qu'il faifoit lui-m€me de fa

défaite: mais fa vie dépendoit des fpeélateurs ou du

préfidea t des jeux ; néanmoins

fi

l'empereur furvenoit

dans cet inflanc

1

il

lui donnoit fa grace, foit fimple–

m~nt,

foit quelquefois avec la condiuon que s'il rechap–

pOit de fa blelfure, cecee grace ne l'exempreroit pas de

combaure encare une aucre fois .

pans. le. cours ordinaire de

ehofes, c'écoit le peuple

q01

~~CI~Oit

de la

vi~

&

de la more du

gladiateur

blcf–

fé ; s 11 s éro1t condu1r avec adre!fe

&

avec courage, fa

GLA

grace lui éroir prefque toü¡ours accordée; mais s'il s'é–

toit comporté l:lchement daos le combar. fou arre! de

mon éroit rarement douceux. Le pcuple ne faifoir que

moncrer fa maio avec le pouce plié fous

les doigrs,

pour indiquer qu'il fauvoit 13 vie du

gladiatmr;

&

pour

porrer fou arrét de more, il lui fuffifoit de monrrer fa

maio avec le poucc levé

&

dir;gé COillrC

le malheu–

reux. Le

gladiateur

blefTé conoo1lfoir 11- bien que ce

dernier lignal étoit celui de fa pene, qu'il avoit con–

turne, fitllt qu'il l'appercevoit, de préfenrer la gorge pour

recevoir le coup monel . Apres qu

1

il étoit expiré, on

retiroit foo corps de delfus !'arene, afin de cacher cet

objet défiguré

a

la vúe des fpeélateurs .

Tout

gladiateur

qui avoit fervi trois ans daos !'are–

ne, avoir fon congé de droit;

&

méme fans atteodre

ces trois aos, lorfqu'il donnoit co quelque occalion des

marques extraordioaires de fon adre(Je

&

de fon cou–

rage, le peuple luí faifoit donner ce congé fur le champ.

E

o ouendanc, la récompenfe qu'on accordoir aux

gla–

diateuri

viélorieux, étoient une polme, une fomme

d'argent, u

o

prix quelqucfois confidérable,

&

l'empe–

reur Antanin confirma tous ces ufages. Mais comme

il arrivoit aux maitres d'efcrime qui trafiquoient de

gla–

diateflrJ,

pour augmcnter leor gain , de faire encare

combattre daos d'aucres fpcélacles ceux qui avoient dé–

ji!

triomphé, a-moios que le peuple nc leur eOr accor–

dé l'exemption qu'on appelloit en latín

mi.ffio,

Augu–

fle ordonna pour réprimer cee abus des lauiflcs, qu'on

ne feroit plus combame les

gladiateurJ,

faos accordcr a

ceux qui feroient viélorieux un congé abfolu, pour oe

plus combattre s

1

ils ne le vouloienc pas. Cependaot pour

.obtenir 1' affranchifTcment

il falloit au commeocemenc

qu'ils eufTeot éré plufieurs fois vainqueurs; dans la fuite

il

dcvint ordinaire, en

leur accordaot l'exemprion , de

leur donner auffi l'affrnnchi!fcmenr.

Cet affranchi!femcnt qui tiroit les

gladiaeeurJ

de l'é–

tat de fervitude, qui de plus leur permeuoit de rcflcr,

mais qui oe leur procuroit pas la qua lité de cicoyeo;

cet affranchifTemcnt, dis-¡e , fe faifoit par le préreur ,

en leur meuam

a

la maio un bacon noücur comme un

bftton d'épine' le meme qui fervoit d'armc counoife,

&

qu'on nommoir

rfldiJ .

Ccux qui avoieo1 obreno ce

bft1on , étoient appcllés rudiaires,

rudiarii .

On joigooit

encare quelquefois

a

l'affraochilfement une récompenfe

purement hooorai.·e, pour témoi¡(nage de la bravoure

du

gladiateur;

c'ét.Oit une guirlande ou cfpece de cou–

ronne de Acurs entortillée de rubans de laine, qu'on nom–

moit

lemtJifci,

qu'il meuoic fur

la tete,

&

dont les

bours de ruban pendoient fur les épaules: de-la vient

qu'oo appelloit

lemnifcati

ceux qui portoient ceue mar–

que de d1fliuélion .

Quoique ces gens-la fu(fenr libres, qu'on ne pOt plus

les obliger

il

combattre,

&

qu'ils futfent diflingués de

Ieurs camarades par le b3ton

&

le bonnet cooronné ,

neanmoins on en voyoit rous les ¡ours qui pour de l'ar–

gcnt rerourooieot daos !'arene.

&

S

1

expofoient aux me–

mes daugers dont ils étoient fortis vainqueurs; leur fu–

reur pour les combars de !'arene égaloit la patrian que

le peuple y porroit.

Quand on recevoit des

glaáiatettrJ

daos la troupe, la

céremonie s'en faifoir daos le

temple d' Hercule;

&

quand aprcs avoir obrenu l'exemption, la liberté

&

le

b3ron, ils quiuoienc pour roú¡ours la profe!Tion de

gla–

diattur,

ils alloieot offrir leurs armes au 61s de

J

u–

pitcr

&

d'i\lcmeoe, comme

~

leur dieu rutélaire,

&

les attachoient

a

la pone de fon temple. C'e(l pour ce–

la qu'encore aujourd'hui oo mer pour cnfeigne aux

¡;,¡.

les d'armes un bras armé d'un Aeuret .

On employa fouvem des

gladiatwrJ

daos les trou–

pes; on le prariqua daos les guerres civiles de la ré–

publique

&

du triumvirat,

&

1' on continua ceue pra–

rique fous le regoe des empereors. Ochon allanc com–

bame Vitellias, enróla deur milie

gladiaemrJ

daos fon

armé

e:

on en entretenoit toü¡ours

:l

ce delfein un grand

nombre aux dépens du fifc. Snos Gordien 111. on en

comproit ¡ufqu'a mille paires: Marc-Aurele les cmme–

na roas daos la guerre centre

les Marcomans;

&

le

peuple romain les vir partir avec douleur, craignanc que

l'empereur nc lui doooát plus des ¡eux qui

lui éroienr

fi chers .

11

y avoit déja

fi

long-tems qu'on voyoit ce peuple

en faire fes dél.ices '. qu'il

f~t

détC:n?u fous la républi–

que

1

par la

Io1 cullreone, a rout Cltnyen qui briguoit

les magiflrarures, de donoer a

o

con fpeéhcle de

gladia–

twri

au peuple, de peur que. ceux qu1 employeroieut

ce mayeo, ne gagoafTent fa blenve11lance

&

fes fuft'ra–

ges, au pr¿¡uJice des aucres poflu lans.

Mai,