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GLA
La mt:me induflrie qui forma les diverfes clafTes de
gladtatwrt,
eu rendir 1' ioflitution lucrati ve pour ccux
qni les imagioerenr; oo les appelloit lamiles ,
lanift,c:
on remcttoit entre leurs mains les prifonniers, les cri–
minels,
&
les efclaves coupablcs. lis y ¡oigooient d'au–
tres efclaves adroits,
forcs ,
&
robultes, qu'ils ache–
toient pour les jeu¡,
&
qu'ils encourageoient
a
fe bat–
cre, par l'efpoir de la
liberté; ils
les drefToient, leur
apprenoient
a
fe bien fervir de leurs armes,
&
les e–
xer~oient
fans cefTe
a
leurs combats refpeélifs,
a
fin.
~e
les rendre inrére(Jans pour
le• fpeélateurs: en quot tls
ne réu
tii
rent que trop .
Outre les
gladiatwrt
de ce genre , il
y
avoit
que~·
quefois des gens libres qui fe loüoient pour cette
cíen–
me, foit par la dépravation des rems, foir par 1' ex–
creme indi&ence. qui les portoir pour de l'argenr' a fai–
re ce mfrier; tels éroienr fouvent des efclaves aupa–
ravaut
gladiaewrJ,
&
qui avoienr dé¡
a
obrenu l'cxew–
prion
&
la liberté. Les maleres d'efcrime en loüant tous
ces
gladiatmn
volonraires , les faifoiem ¡urer qu' ils
combauroient ¡ufqu'a la more.
C'éroit
a
ces maitres qu'on s'adrelfoir lorfqu'on vou–
loir donner les ¡cux de
gladiaeeurJ;
&
ils fournifToient
pour un prix convenu, la quantiré de paires qu'on de–
liroit,
&
de différentes
el
alfes.
JI
arriva dans la
fu ice
des rems, que des premicrs de la république eurem
a
eux des
gladiaewrJ
en propre pour ce genre de fpe–
éhcle, ou pour d'aurres morifs :
]
ules Céfar éroit de
ce nombre.
Les édiles eurene d'abord
1'
inrendance de ces jeux
crucis; enfuite les préreurs y préfiderent: enfin Com–
mode amibua cette iofpeélion aux quefleurs .
Les empereurs, par goOt ou pour gagner l'amitié du
peuple, faifoient repréfenter ces ¡eux
le jour de
leur
nai(Jance, daos les dédicaces des édifices publics, daos
les rriomphes , avant qu'on
part~t
pour
la guerre, a–
pres quelque viéloire,
&
daos d'autres occalions fo–
leonelles . ou qu'ils ¡ugeoient
a
propos de reodre telles.
Sué<one rapporte que Tibere donna deux combars de
gladiatturi;
l'un eu l'honneur de fon pere,
&
l'autre
en l'honneur de fon ayeul Drufus . L e premier com–
bar fe donna daos la place publique,
&
le fecond dans
l'amphithéa<re, ou cet empereur tic paroi1re des
gladia–
lturJ
qui avoient eu leur congé,
&
auxquels il promit
cene milie feflerces de récompenfe, c'efl-a-dire enviran
vingr-quarre mille de nos livres • l'argent a cinquante
francs le marc . L'empereur Claude limita d'abord ces
fpeélacles
a
cerrains termes
ti
ses;
mais peu aprcs il an–
nu lla lui-meme fon ordonoance.
Quelque tems avanr le jour
arr~té
du combar , celui
qui prélidoir aux jeux en avertiiToit
le peuple par des
affiches
1
ou 1' on
iodiquoit les efpeces de
gladiatturs
qui devoieo't combattre, leurs noms,
&
le' marques
qui les devoienc diflinguer; car ils prenoient chacun quel–
que marque particuliere, comme des plumes de paon
ou d'autres oifeauJ.
On fpécitioit auffi
le tems que dureroit le fpeélacle,
&
cambien il y auroit de paires différenres de
gladia–
tnlrJ,
paree qu'ils étoient roO¡ours par couples: on re–
préfenroir quelquefois rout cela par un cableau expofé
daos la place publique. .
Le JOUr du fpeélacle on apportoit fur !'arene de deux
fones d'armes; les premieres éroieut des b:lrons noüeux,
ou Aeurers de beis nommés
rt•dn;
&
les fecondes é–
toient de véritables. poignards , glaives, épées, coute-
1~
,
&c.
Les
pre~1eres
armes s'appelloieor
arma /ufo–
na,
armes courto1fes; les fecoodes,
arma dterttoria
armes décernées, paree qu'elles fe donnoient par decre;
du préreur, ou de celui qui faifoit la dépenfe du fpe–
élacle. Les
gladiaeeurJ
commen~oient
par s' efcrimer
des premieres armes,
&
c'étoit-13 le prélude; enfui re
ils prenoient les fecundes, avec lefquellcs ils fe battoient
nuds ou en ruuique . La premiere force de combar s'ap–
pelloir
pulttdere,
¡oüer;
&
la feconde,
dimicare aá
eert"m
,
fe bame
il
fer émoulu.
J\u premier fang du
gladiaeeur
qui couloit, on crioit
il
•fl
bleffé;
&
fi
daos le momeoe le ble!fé mettoit ba;
les armes, c'étoit un aveu qu'il faifoit lui-m€me de fa
défaite: mais fa vie dépendoit des fpeélateurs ou du
préfidea t des jeux ; néanmoins
fi
l'empereur furvenoit
dans cet inflanc
1
il
lui donnoit fa grace, foit fimple–
m~nt,
foit quelquefois avec la condiuon que s'il rechap–
pOit de fa blelfure, cecee grace ne l'exempreroit pas de
combaure encare une aucre fois .
pans. le. cours ordinaire de
ehofes, c'écoit le peuple
q01
~~CI~Oit
de la
vi~
&
de la more du
gladiateur
blcf–
fé ; s 11 s éro1t condu1r avec adre!fe
&
avec courage, fa
GLA
grace lui éroir prefque toü¡ours accordée; mais s'il s'é–
toit comporté l:lchement daos le combar. fou arre! de
mon éroit rarement douceux. Le pcuple ne faifoir que
moncrer fa maio avec le pouce plié fous
les doigrs,
pour indiquer qu'il fauvoit 13 vie du
gladiatmr;
&
pour
porrer fou arrét de more, il lui fuffifoit de monrrer fa
maio avec le poucc levé
&
dir;gé COillrC
le malheu–
reux. Le
gladiateur
blefTé conoo1lfoir 11- bien que ce
dernier lignal étoit celui de fa pene, qu'il avoit con–
turne, fitllt qu'il l'appercevoit, de préfenrer la gorge pour
recevoir le coup monel . Apres qu
1
il étoit expiré, on
retiroit foo corps de delfus !'arene, afin de cacher cet
objet défiguré
a
la vúe des fpeélateurs .
Tout
gladiateur
qui avoit fervi trois ans daos !'are–
ne, avoir fon congé de droit;
&
méme fans atteodre
ces trois aos, lorfqu'il donnoit co quelque occalion des
marques extraordioaires de fon adre(Je
&
de fon cou–
rage, le peuple luí faifoit donner ce congé fur le champ.
E
o ouendanc, la récompenfe qu'on accordoir aux
gla–
diateuri
viélorieux, étoient une polme, une fomme
d'argent, u
o
prix quelqucfois confidérable,
&
l'empe–
reur Antanin confirma tous ces ufages. Mais comme
il arrivoit aux maitres d'efcrime qui trafiquoient de
gla–
diateflrJ,
pour augmcnter leor gain , de faire encare
combattre daos d'aucres fpcélacles ceux qui avoient dé–
ji!
triomphé, a-moios que le peuple nc leur eOr accor–
dé l'exemption qu'on appelloit en latín
mi.ffio,
Augu–
fle ordonna pour réprimer cee abus des lauiflcs, qu'on
ne feroit plus combame les
gladiateurJ,
faos accordcr a
ceux qui feroient viélorieux un congé abfolu, pour oe
plus combattre s
1
ils ne le vouloienc pas. Cependaot pour
.obtenir 1' affranchifTcment
il falloit au commeocemenc
qu'ils eufTeot éré plufieurs fois vainqueurs; dans la fuite
il
dcvint ordinaire, en
leur accordaot l'exemprion , de
leur donner auffi l'affrnnchi!fcmenr.
Cet affranchi!femcnt qui tiroit les
gladiaeeurJ
de l'é–
tat de fervitude, qui de plus leur permeuoit de rcflcr,
mais qui oe leur procuroit pas la qua lité de cicoyeo;
cet affranchifTemcnt, dis-¡e , fe faifoit par le préreur ,
en leur meuam
a
la maio un bacon noücur comme un
bftton d'épine' le meme qui fervoit d'armc counoife,
&
qu'on nommoir
rfldiJ .
Ccux qui avoieo1 obreno ce
bft1on , étoient appcllés rudiaires,
rudiarii .
On joigooit
encare quelquefois
a
l'affraochilfement une récompenfe
purement hooorai.·e, pour témoi¡(nage de la bravoure
du
gladiateur;
c'ét.Oit une guirlande ou cfpece de cou–
ronne de Acurs entortillée de rubans de laine, qu'on nom–
moit
lemtJifci,
qu'il meuoic fur
la tete,
&
dont les
bours de ruban pendoient fur les épaules: de-la vient
qu'oo appelloit
lemnifcati
ceux qui portoient ceue mar–
que de d1fliuélion .
Quoique ces gens-la fu(fenr libres, qu'on ne pOt plus
les obliger
il
combattre,
&
qu'ils futfent diflingués de
Ieurs camarades par le b3ton
&
le bonnet cooronné ,
neanmoins on en voyoit rous les ¡ours qui pour de l'ar–
gcnt rerourooieot daos !'arene.
&
S
1
expofoient aux me–
mes daugers dont ils étoient fortis vainqueurs; leur fu–
reur pour les combars de !'arene égaloit la patrian que
le peuple y porroit.
Quand on recevoit des
glaáiatettrJ
daos la troupe, la
céremonie s'en faifoir daos le
temple d' Hercule;
&
quand aprcs avoir obrenu l'exemption, la liberté
&
le
b3ron, ils quiuoienc pour roú¡ours la profe!Tion de
gla–
diattur,
ils alloieot offrir leurs armes au 61s de
J
u–
pitcr
&
d'i\lcmeoe, comme
~
leur dieu rutélaire,
&
les attachoient
a
la pone de fon temple. C'e(l pour ce–
la qu'encore aujourd'hui oo mer pour cnfeigne aux
¡;,¡.
les d'armes un bras armé d'un Aeuret .
On employa fouvem des
gladiatwrJ
daos les trou–
pes; on le prariqua daos les guerres civiles de la ré–
publique
&
du triumvirat,
&
1' on continua ceue pra–
rique fous le regoe des empereors. Ochon allanc com–
bame Vitellias, enróla deur milie
gladiaemrJ
daos fon
armé
e:
on en entretenoit toü¡ours
:l
ce delfein un grand
nombre aux dépens du fifc. Snos Gordien 111. on en
comproit ¡ufqu'a mille paires: Marc-Aurele les cmme–
na roas daos la guerre centre
les Marcomans;
&
le
peuple romain les vir partir avec douleur, craignanc que
l'empereur nc lui doooát plus des ¡eux qui
lui éroienr
fi chers .
11
y avoit déja
fi
long-tems qu'on voyoit ce peuple
en faire fes dél.ices '. qu'il
f~t
détC:n?u fous la républi–
que
1
par la
Io1 cullreone, a rout Cltnyen qui briguoit
les magiflrarures, de donoer a
o
con fpeéhcle de
gladia–
twri
au peuple, de peur que. ceux qu1 employeroieut
ce mayeo, ne gagoafTent fa blenve11lance
&
fes fuft'ra–
ges, au pr¿¡uJice des aucres poflu lans.
Mai,