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GER
:Rulfes , dout les pays foot bornés par des régions in–
cult« du cóté de la Tanarie.
Apres la defcription que nous a donoé Céfar
d~
la
Gumanie,
ooos avons eu celle de S traban, qui a vé–
co rous Augu!le
&
fous Tibere: msis il futlit de le li–
re pour fe
~on•aincre
qu'alors les Romaios oe counoif–
íoient de la
Germanie,
méme imparfaitement , que ce
"lUÍ en
en-de~a
de 1'Elbe : les Romaios ' dit • i1' oous
ont
ouvert
la panie occidentale de 1' Europe JUfqu'
a
l'Eibe , qui coupe
lo
Germa>Úe
par le m ilieu ;
&
ce
qui e!l au-dela de I'Eibe, pourfuit·il, nous efl emiere–
ment inconnu .
Le tableau que Pomponius Mela a tracé de la
Gu·
manit,
prouve que l'on
n'~n
conooTCfoit guere davan–
tage fo us 1' empereur Claude. Les Romains n' étoient
pas plus éclairés fous N¿rou: on peut Juger de
leur
igoorance
a
cet égard par le faux portrait que fait Sé·
neque des Germaius; ils out, dit·il, un ciel tri!le, u–
ne terre riérile, un hyver perpétuel,
&<-
Cepcndant on eut pu acquérir
IDUS
les jours
¡¡
Ro–
me de nouvel\es connoiiTances des Germains ,
li
les
R omains les eurTent fubjugnés. On fait que c'étoit l'u·
fage d'expofer aux yeux du public daos
les paniques
de R ome , des repréfentations des pays vaincus . E u·
méoide \e rhéreur qui vivoit fous D ioclétieo, nous \e
confirme en ces mots., La jeunerTe peut , di
t-i\,
voir
taos les Jnurs ,.
&
conlidérer auentivement toutes les
,
terres
&
toutes les mers fubjuguées par la va leur ou
par la terrear. Vous fave2 vous-meme, pourfuit·
i1
en s'adrelfant au préfideot des Gaules, qu'a6o d'in-
"
llruire les jeunes gens ,
&
pour que leurs yeox vo·
yenr plus clairement ce que leurs arcilles ne
leur
npprendroient qu'avec ditliculté, oo leor montre la
r.tuatiun des lieux, avec leurs ooms, leors di!lances,
,
les fources des A<uves, leurs cours ,
l~urs
embou –
" chures, les finuo li tés des rivages,
la
m~niere
doot
,
la mer cótoye
lo
terre , oo y forme des golfes: on
y trace les beHes aélions des grands capitaioes en di–
" vers pays,
&
on a recours 3 ces tableaux
lnrfqu' il
., arrive \a oouvdle de quelques nouveaux avantages:
,
on y voit les fl•uves de la Perfe, les Cables brOians
de la Lybie , les bouches du N il ,
&
les carnes du
, Rheyn ,
. Remarque?. qu'
i\
ne dit pas qu'on y vo–
yoit
le
Wefer, I'Oder, le D anube, la Villule,
&c.
Pline dunt \es rechuches
iutér<ITantes oe coonurent
de bornes en aucun genre, acquit fans doute des la–
m ieres plus sí'orrs
&
plus éteodaes de la
Germanie,
que
toas
ceu~
qui l'avoient précédé.
¡,
fervit fur \a liliere
de ce pays,
&
écrivit en vingt livres les goerres
des
R ..., m3Íns contrc
lt"s
Germaim,:
mais
cec
oavrag:e pré–
cieo
s'cfl perdu,
&
nous n'avnns fait que profiter de
quelques génera\ités géographiques
a
ce
lujet, qu'il a
ioférées darJs fon hiiloire naturelle' & qu'il cxpo(., m e–
me fuivant
fa coutume avec beaucoup de referve .
Tacite ' ami
&
con temporain de Pline' fit
a
Con
tOUr
un livre des mceurs des Germains qui e!l entre les
maios de wot le monde,
&
qui renferme mil\e chafes
curien les de
la
Germanie.
Comme procurateur de la
B<lgiq ué (ous V<tpa}ien, i\
fut plus i-portée que per·
fonne de s'informcr du pays qu'il fe propofoit de dé–
crire,
&
des peuples qui
l'habitoient: mais aioti que
Pline, il ne parla que d' apres le
rappon d' aurrui,
&
ne mit 1amais le pié daos
la
Germanie
rran(i-hénane .
E ofin Pto\omée donna uno deli:ription de la
Germa·
nie
b<aucoup plus complete
&
plus
détaillé~,
que celle
de toas res prédécerTeors;
&
c'e!l auffi
la defcription
qui a été
re~ue
par prefque tous les Géographes qui
l'ont fui vi.
11
reocontre j urJe en taot de chofe, qu'il
doit l'avoir faite cette deCcription fur d'exce1lens mé·
moires drerTés avant \ui ,
&
vrairTemblab\emeot apres
avoir confuhé toutes les canes qu'on avoit de ce pays·
la
des le teqJs d' Augufle,
&
les tables doot j'ai parlé
ci-derTus qui étoient expofées daos les paniques de Ro·
me. Cepen.lant Ptolomée fe trompe
fouvent;
i1
ne
parle que d'apres des mémoires aociens,
&
pour tour
dire, il n'a pas été plus heoreux que \es autres ; il n'a
pas va les lieux doot
ii
parle; aiilli pourroit-il décrire
1•
Germanie,
non telle qu'elle étoit de ton tems, mais
telle qu'dle avoit été autrefois. En elftt,
il
met
les
Lombards fur
la rive gauche de !'Elbe,
&
l'on fait que
f'ous T ibere, ils avoient été reculés au-dela de 'ce fteu·
ve ;
il
met les L icambres daos la
Germanie,
propre,
&
Tacire dit formelle meot, qu'ils avoient dé1o été tran(–
ponés daos les Gaule>. Enfi n
&
c'efl one autre ob–
fervation
imponan te'
ii
place 'plufieurs villes daos ra
grande
Germanie,
quoiqu'il foit démontré que de fon
tems,
i1
n'y en avoit pas une, non plui que du tems
GER
de Tacite. Ce dernier dit exprcúement que le; peuples
de
Gcrmanit
o'avoiem aucune
\'lile, élO t:lH
Ú
1
1)
uta–
ge de
la
ma~onoerie
&
de; tuiles, ne
h>uttro•tllt pa_s
qoe le mailons futfent J<>Íillt>
1' uue
i
r
aurrt,
ót
le
creufoient pour
haoitltiou~
dc:!l
ca\·erne~
loOtt'rrt:Htc,:, ,
a.·
fin de s'y mettre a 1' abri duram ¡· hper .
Co.¡chwa~s
qu'aucuo géographe ne nou
• doune d <l.ltlc> ddcn·
puons de la •éritable
Germanu,
par ctttt grande rat·
fon, que les Romain> n'y pénétrorent
1•ma1~.
.
Mais cnmmc: ils ne purent la lut>¡ugner , 1ls pnrent
\e pani do re faire une nouvelle
Gumume
eu-de<;l do
Rhin , aox dépeos de la
Bdgiq~e.
S u;'·ll>< dan; In ••ie
de Tibere, remarque que ce pru1cc 11 c!tJnt encare
~que
gendre d' Auguflc, pendan! la gucrrc contrc
le>.
Gcr·
ma;ns, en
tran(porta
da111
la Gaule quaaan« nnlle de
ceux qui fe
rendrent a lui, & leua alfign?
de~
dcmeu–
res
le long du Rhin. Le mt
mc aureur dtt qu .'\ugu!le
voyant que \os Sueves
&
le> S
1.oambres fe foQmettoient
¡,
fes armes, 1« fit paiTer dans la Gaule,
&
k> ,étab.lit
pareillement daos des rerres voifin., du Rh n . C en tut
alle~
pour donner lieu aux R<•mains de nommer
Gor–
manie
,
un cantan de la Gaule ; e' étoit en etfet le
reul cnotoo voilin de lo grande
Gumanie,
<JU'il> eur–
fent véritablement conquis ; car V"'"' qui
>'
"'""~a
un peu trop daos le pays que n11us appellons aUJOOrd'
hui
la JVeftphnlic,
y
péait avec
fo11 armee . L e> Eu–
bleos q01 étoieot d' abord au- del
a
du Rh10, furent
li
odioux aux autres peoples de la
Germanie
,
pour avoir
re
e;:
O le ¡oug de Rome, qu'ils pallercnt de l'autre có–
té du fleuve.
Les armées romaines fubjuguerent néanmoins quelques
peuples, doot le pays étOit en partie au-de\a do Rhin,
comme les Nérnetes qui étoient aux environs de Spi–
re, les Vangions aux environs de Worms,
&
les
Tri·
bocei
aux enviroos de Mayencc .
C~me
ces peuple>
étoiem principalement
&
par rappon
a
\eurs capitales'
daos
la Gaule
&
au couchant du Rhin; on les ran–
gea fous
\e gouvernement de la GJule,
&
on les JOÍ–
gnit
a
la Be!gi<¡ue, cela veut dire qu'on vit une partie
de la Belgique jointe
a
un_e
liti<r~
dc la grande
.Cer–
manit:,
porter le nom de
G
~rmanl~;
&
Ct'Ue ranlt
tut
divtfée en
Germanie
fupérieure,
&
en
Germanie
infé–
rieure. Voila qui peut futlire, pour p10uvu que la
Gor–
manic
o's pas
to0jour~
ea \es me mes bornes, ni
le>
m~mes
pcuples daos fon fein; & cdl un fait qo'il nc
faut jamais perdre de vOe.
11
li:roit 3-préfent d'auaant plus inutile de rnhercher
ecurieufement avec Spenerus, Melanchton, Rudbeck ,
ou
LeibuÍ('Z.,
!'origine inconnue des uoms
G(rmainJ
&
Germunie,
que ces no ms mt-mes oe furem plmr
a10ti
dire plus en ufage, apres la chute de l'em pire romain.
Les nations fcpteotrio nales re portant en
ftOtl
vers le
rnidi, produilirent des changemeos etonoans dans ce va–
rJe pays. Les Lombards rtlltrrés a'abord aug eovirons
de I'Elbe, pallemH en
l talie, o•l
av~c
le tems ils
fe
formerent un royau me . L e\ Sucves k
jmeae1n fur les
Gaules,
&
de-la daos
l'Eipag ne , otl il> értgtr<nt une
,rlomination rivale de cellc de' Gothl: ces dtrniers a·
pres avoir
traverré
la
Germanie,
occope1eo[ une partie
de la Gau\e; les Bnrguodioos
y
tbnderent le royaume
do Bourgogoe; les Francs y avnient déJa le lour; les
Saxons qui étoient de l'autre cóté de I'Eibe, s'avaocerent
jufque daos la W dlphalie. Les Van dale. apres s'etre é–
tendus daos ce qu'on appel\c aujourd'hui la
har<te
&
ba./Je Saxe,
lir~t
des
conqu~tes
en Efpagne, & alle·
rent périr en Afrique, leu r pays entre l'Elbe
&
la Wi–
ílule, fut la proie des Vendes ou Venttes, qui s'en
emparerent, &
fe
firent appeller
Sla7Jer,
&c.
Cepeodant il ne faut pas imagincr que tous ces peu·
pies abandonnalfenr a-la-fois leur patrie , il n'en fort oir
que les hommes, qui étant en éaat de poner les armes,
vouloient avoir leur part du butio. Ceux-ci <mmenoieot
avec eux une partie de leurs familles: ce qui rd1oit au
pays, fe uouva11t réduit
:l
un petir nombre , comparé
a
ce qu'il avoit été auparavaot, de,·enoit aif<meot la
proie d'un voifin qui ne s'étoit pas affoibli. Ainfi naos
voyons les va!les pays que les Sueves avoient occupés ,
pafler eo d'autres mains,
&
\e nnm de
Srd7Jie
,
con–
fervé
a
peine
a
on petit cantan qui el\ au1ourd'hui
la
Suabe, eotieremenr obfcurci par celui d' A llemagne, qoi
n'étoit d'abord que le oom d'one rontrée fort perite.
Le> Saxons entre I'Eibt
&
le Wefcr, otl i\s étoient
encare au commencemtnt du regne de Charlemagne,
y avoient pris la place des Francs; car nous avons re–
marqué qo'ils étoieot d'abord de l'autre cóté de I'El·
be; mais les Francs s'étant avancés vers le midi,
&
s'étam de-lá répandui daos la
Gaul~,
otl ili Jeltereot
les