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$66

GER

:Rulfes , dout les pays foot bornés par des régions in–

cult« du cóté de la Tanarie.

Apres la defcription que nous a donoé Céfar

d~

la

Gumanie,

ooos avons eu celle de S traban, qui a vé–

co rous Augu!le

&

fous Tibere: msis il futlit de le li–

re pour fe

~on•aincre

qu'alors les Romaios oe counoif–

íoient de la

Germanie,

méme imparfaitement , que ce

"lUÍ en

en-de~a

de 1'Elbe : les Romaios ' dit • i1' oous

ont

ouvert

la panie occidentale de 1' Europe JUfqu'

a

l'Eibe , qui coupe

lo

Germa>Úe

par le m ilieu ;

&

ce

qui e!l au-dela de I'Eibe, pourfuit·il, nous efl emiere–

ment inconnu .

Le tableau que Pomponius Mela a tracé de la

Gu·

manit,

prouve que l'on

n'~n

conooTCfoit guere davan–

tage fo us 1' empereur Claude. Les Romains n' étoient

pas plus éclairés fous N¿rou: on peut Juger de

leur

igoorance

a

cet égard par le faux portrait que fait Sé·

neque des Germaius; ils out, dit·il, un ciel tri!le, u–

ne terre riérile, un hyver perpétuel,

&<-

Cepcndant on eut pu acquérir

IDUS

les jours

¡¡

Ro–

me de nouvel\es connoiiTances des Germains ,

li

les

R omains les eurTent fubjugnés. On fait que c'étoit l'u·

fage d'expofer aux yeux du public daos

les paniques

de R ome , des repréfentations des pays vaincus . E u·

méoide \e rhéreur qui vivoit fous D ioclétieo, nous \e

confirme en ces mots., La jeunerTe peut , di

t-i\,

voir

taos les Jnurs ,.

&

conlidérer auentivement toutes les

,

terres

&

toutes les mers fubjuguées par la va leur ou

par la terrear. Vous fave2 vous-meme, pourfuit·

i1

en s'adrelfant au préfideot des Gaules, qu'a6o d'in-

"

llruire les jeunes gens ,

&

pour que leurs yeox vo·

yenr plus clairement ce que leurs arcilles ne

leur

npprendroient qu'avec ditliculté, oo leor montre la

r.tuatiun des lieux, avec leurs ooms, leors di!lances,

,

les fources des A<uves, leurs cours ,

l~urs

embou –

" chures, les finuo li tés des rivages,

la

m~niere

doot

,

la mer cótoye

lo

terre , oo y forme des golfes: on

y trace les beHes aélions des grands capitaioes en di–

" vers pays,

&

on a recours 3 ces tableaux

lnrfqu' il

., arrive \a oouvdle de quelques nouveaux avantages:

,

on y voit les fl•uves de la Perfe, les Cables brOians

de la Lybie , les bouches du N il ,

&

les carnes du

, Rheyn ,

. Remarque?. qu'

i\

ne dit pas qu'on y vo–

yoit

le

Wefer, I'Oder, le D anube, la Villule,

&c.

Pline dunt \es rechuches

iutér<ITantes oe coonurent

de bornes en aucun genre, acquit fans doute des la–

m ieres plus sí'orrs

&

plus éteodaes de la

Germanie,

que

toas

ceu~

qui l'avoient précédé.

¡,

fervit fur \a liliere

de ce pays,

&

écrivit en vingt livres les goerres

des

R ..., m3Íns contrc

lt"s

Germaim,:

mais

cec

oavrag:e pré–

cieo

s'cfl perdu,

&

nous n'avnns fait que profiter de

quelques génera\ités géographiques

a

ce

lujet, qu'il a

ioférées darJs fon hiiloire naturelle' & qu'il cxpo(., m e–

me fuivant

fa coutume avec beaucoup de referve .

Tacite ' ami

&

con temporain de Pline' fit

a

Con

tOUr

un livre des mceurs des Germains qui e!l entre les

maios de wot le monde,

&

qui renferme mil\e chafes

curien les de

la

Germanie.

Comme procurateur de la

B<lgiq ué (ous V<tpa}ien, i\

fut plus i-portée que per·

fonne de s'informcr du pays qu'il fe propofoit de dé–

crire,

&

des peuples qui

l'habitoient: mais aioti que

Pline, il ne parla que d' apres le

rappon d' aurrui,

&

ne mit 1amais le pié daos

la

Germanie

rran(i-hénane .

E ofin Pto\omée donna uno deli:ription de la

Germa·

nie

b<aucoup plus complete

&

plus

détaillé~,

que celle

de toas res prédécerTeors;

&

c'e!l auffi

la defcription

qui a été

re~ue

par prefque tous les Géographes qui

l'ont fui vi.

11

reocontre j urJe en taot de chofe, qu'il

doit l'avoir faite cette deCcription fur d'exce1lens mé·

moires drerTés avant \ui ,

&

vrairTemblab\emeot apres

avoir confuhé toutes les canes qu'on avoit de ce pays·

la

des le teqJs d' Augufle,

&

les tables doot j'ai parlé

ci-derTus qui étoient expofées daos les paniques de Ro·

me. Cepen.lant Ptolomée fe trompe

fouvent;

i1

ne

parle que d'apres des mémoires aociens,

&

pour tour

dire, il n'a pas été plus heoreux que \es autres ; il n'a

pas va les lieux doot

ii

parle; aiilli pourroit-il décrire

1•

Germanie,

non telle qu'elle étoit de ton tems, mais

telle qu'dle avoit été autrefois. En elftt,

il

met

les

Lombards fur

la rive gauche de !'Elbe,

&

l'on fait que

f'ous T ibere, ils avoient été reculés au-dela de 'ce fteu·

ve ;

il

met les L icambres daos la

Germanie,

propre,

&

Tacire dit formelle meot, qu'ils avoient dé1o été tran(–

ponés daos les Gaule>. Enfi n

&

c'efl one autre ob–

fervation

imponan te'

ii

place 'plufieurs villes daos ra

grande

Germanie,

quoiqu'il foit démontré que de fon

tems,

i1

n'y en avoit pas une, non plui que du tems

GER

de Tacite. Ce dernier dit exprcúement que le; peuples

de

Gcrmanit

o'avoiem aucune

\'lile, élO t:lH

Ú

1

1)

uta–

ge de

la

ma~onoerie

&

de; tuiles, ne

h>uttro•tllt pa_s

qoe le mailons futfent J<>Íillt>

1' uue

i

r

aurrt,

ót

le

creufoient pour

haoitltiou~

dc:!l

ca\·erne~

loOtt'rrt:Htc,:, ,

a.·

fin de s'y mettre a 1' abri duram ¡· hper .

Co.¡chwa~s

qu'aucuo géographe ne nou

• doune d <l.ltlc> ddcn·

puons de la •éritable

Germanu,

par ctttt grande rat·

fon, que les Romain> n'y pénétrorent

1•ma1~.

.

Mais cnmmc: ils ne purent la lut>¡ugner , 1ls pnrent

\e pani do re faire une nouvelle

Gumume

eu-de<;l do

Rhin , aox dépeos de la

Bdgiq~e.

S u;'·ll>< dan; In ••ie

de Tibere, remarque que ce pru1cc 11 c!tJnt encare

~que

gendre d' Auguflc, pendan! la gucrrc contrc

le>.

Gcr·

ma;ns, en

tran(porta

da111

la Gaule quaaan« nnlle de

ceux qui fe

rendrent a lui, & leua alfign?

de~

dcmeu–

res

le long du Rhin. Le mt

mc a

ureur dtt qu .'\ugu!le

voyant que \os Sueves

&

le> S

1.oa

mbres fe foQmettoient

¡,

fes armes, 1« fit paiTer dans la Gaule,

&

k> ,étab.lit

pareillement daos des rerres voifin., du Rh n . C en tut

alle~

pour donner lieu aux R<•mains de nommer

Gor–

manie

,

un cantan de la Gaule ; e' étoit en etfet le

reul cnotoo voilin de lo grande

Gumanie,

<JU'il> eur–

fent véritablement conquis ; car V"'"' qui

>'

"'""~a

un peu trop daos le pays que n11us appellons aUJOOrd'

hui

la JVeftphnlic,

y

péait avec

fo11 armee . L e> Eu–

bleos q01 étoieot d' abord au- del

a

du Rh10, furent

li

odioux aux autres peoples de la

Germanie

,

pour avoir

re

e;:

O le ¡oug de Rome, qu'ils pallercnt de l'autre có–

té du fleuve.

Les armées romaines fubjuguerent néanmoins quelques

peuples, doot le pays étOit en partie au-de\a do Rhin,

comme les Nérnetes qui étoient aux environs de Spi–

re, les Vangions aux environs de Worms,

&

les

Tri·

bocei

aux enviroos de Mayencc .

C~me

ces peuple>

étoiem principalement

&

par rappon

a

\eurs capitales'

daos

la Gaule

&

au couchant du Rhin; on les ran–

gea fous

\e gouvernement de la GJule,

&

on les JOÍ–

gnit

a

la Be!gi<¡ue, cela veut dire qu'on vit une partie

de la Belgique jointe

a

un_e

liti<r~

dc la grande

.Cer–

manit:,

porter le nom de

G

~rmanl~;

&

Ct'Ue ranlt

tut

divtfée en

Germanie

fupérieure,

&

en

Germanie

infé–

rieure. Voila qui peut futlire, pour p10uvu que la

Gor–

manic

o's pas

to0jour~

ea \es me mes bornes, ni

le>

m~mes

pcuples daos fon fein; & cdl un fait qo'il nc

faut jamais perdre de vOe.

11

li:roit 3-préfent d'auaant plus inutile de rnhercher

ecurieufement avec Spenerus, Melanchton, Rudbeck ,

ou

LeibuÍ('Z.,

!'origine inconnue des uoms

G(rmainJ

&

Germunie,

que ces no ms mt-mes oe furem plmr

a10ti

dire plus en ufage, apres la chute de l'em pire romain.

Les nations fcpteotrio nales re portant en

ftOtl

vers le

rnidi, produilirent des changemeos etonoans dans ce va–

rJe pays. Les Lombards rtlltrrés a'abord aug eovirons

de I'Elbe, pallemH en

l talie, o•l

av~c

le tems ils

fe

formerent un royau me . L e\ Sucves k

jmeae1n fur les

Gaules,

&

de-la daos

l'Eipag ne , otl il> értgtr<nt une

,rlomination rivale de cellc de' Gothl: ces dtrniers a·

pres avoir

traverré

la

Germanie,

occope1eo[ une partie

de la Gau\e; les Bnrguodioos

y

tbnderent le royaume

do Bourgogoe; les Francs y avnient déJa le lour; les

Saxons qui étoient de l'autre cóté de I'Eibe, s'avaocerent

jufque daos la W dlphalie. Les Van dale. apres s'etre é–

tendus daos ce qu'on appel\c aujourd'hui la

har<te

&

ba./Je Saxe,

lir~t

des

conqu~tes

en Efpagne, & alle·

rent périr en Afrique, leu r pays entre l'Elbe

&

la Wi–

ílule, fut la proie des Vendes ou Venttes, qui s'en

emparerent, &

fe

firent appeller

Sla7Jer,

&c.

Cepeodant il ne faut pas imagincr que tous ces peu·

pies abandonnalfenr a-la-fois leur patrie , il n'en fort oir

que les hommes, qui étant en éaat de poner les armes,

vouloient avoir leur part du butio. Ceux-ci <mmenoieot

avec eux une partie de leurs familles: ce qui rd1oit au

pays, fe uouva11t réduit

:l

un petir nombre , comparé

a

ce qu'il avoit été auparavaot, de,·enoit aif<meot la

proie d'un voifin qui ne s'étoit pas affoibli. Ainfi naos

voyons les va!les pays que les Sueves avoient occupés ,

pafler eo d'autres mains,

&

\e nnm de

Srd7Jie

,

con–

fervé

a

peine

a

on petit cantan qui el\ au1ourd'hui

la

Suabe, eotieremenr obfcurci par celui d' A llemagne, qoi

n'étoit d'abord que le oom d'one rontrée fort perite.

Le> Saxons entre I'Eibt

&

le Wefcr, otl i\s étoient

encare au commencemtnt du regne de Charlemagne,

y avoient pris la place des Francs; car nous avons re–

marqué qo'ils étoieot d'abord de l'autre cóté de I'El·

be; mais les Francs s'étant avancés vers le midi,

&

s'étam de-lá répandui daos la

Gaul~,

otl ili Jeltereot

les