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GES
11
etl certain que les mouvemens extérieurs du vifage
í'oot les
gtftn
les plu, expreiTifs de l'homme: pourquoi
done tous les danfeur;
fe privem-ils liu nos
th~~ues
de l'avaotage que leur procureroit cette expretTioo lupé–
rieure
a
toutes les autres?
Les Grecs
&
les Romains avoicnt une raifon tres–
puHTante pour s'aider du Cecours du mafqoe, non-feu_l•–
m em daos la D an fe, mais eocore daos la déciamauon
chantée de leurs repréfentations tragiques
&
co miques .
Les pinces immenles ou s'aífembloient les fpeébteurs,
formoient de
fi
grands éloignemens, qu'on n
'auro.iten–
tendu la voix ni difl ingué aucun des uaits
du vtfage,
fi
on n'avoit eu recours
il
l'invemion des mafques qu'oo
ch1ngeoit daos la m <me repréfentatioo, felon les divers
befoios de l'aélion théatrale.
Le mafque ne leur fit rien ptrdre,
&
il leur procura
les deux avantagos dont l'éloignemcnt les nuroit privés.
Nous fommes daos la fituation contraire: le mali¡ue nous
ouit toOjours,
&
n'efl utile prefque pmais.
1°.
Malgré l'habitude qu'on a prife de s'en fervir,
il efl impo!fible qu'il ne géne pas la refpiration;
2°.
il
d im ínue par conféquem les forces;
&
c'cll un inconvé·
oient confidérable dans un pareil exercice, que la gene
&
l'aftoib liífement.
En conlidérant que le mafque, quelque bien de!finé
&
peint qu'on puifle
le faire, el!
!OUJOUrS ioférieu r
a
la teinte de: la natore, ne peot avoir aucun mouvemenr,
&
ne peor erre jamais que ce qu'il a paro d'abord ; peut–
on
Ce
réfufer
a
l'abolition d'un abus
ti
nu ilible
~
la
D an fe? L'habitude daos les
Arts
doit-elle toíl¡ours pré–
valoir fur les moyens fOrs d'un embeiiHTement qu'on
perd par indolencc? que! honneur peut-on trouver
3
imi–
ter fervilement la conduite
&
la maniere des daufeurs
qui onr précédé? ne fe convaincro-t-011 ¡amais que tour
Jeur favoir ne confilloit qu'en quelques traditions tyran–
oiques que le talent véritable dédaigne,
&
que la médio–
crité feo le regarde comme des lois?
Les dnnfeurs qui méritcnt qu'on Icor réponde, m'ont
oppol~
1°.
que la danli: vive demande quelquefois des
ettom qui intluent d'uoe maniere ddogréabie fur le vifa–
ge du danfcur;
2°.
que n'étam pas dans l'ufage de dan–
fer
~
vifage découvert , on n'a poín t pris d'enfance,
comme les femmes, le (oin d'en a¡uflcr les traits avec
les graces qu'elles ont naturellemem,
&
que leur adreUe
fait proponionner aux différeures eotrées de danCe qu'elles
ex¿cutt=nl .
Ces deux raifons ne font que des prétextes; les gra–
c es do vifage fonr en proponion do (enriment;
&
l'ex–
prdli on ma<q uée par les rnouvemens de fes trait<, font
les graces Je, plus delirables pour un homme de théa–
tre.
On
convien r qu'tl y
a
quelques caraaeres
qm
ex i–
genr
k
m~fque;
mais il1 font en petit nombre;
&
ce
o 'tll pns
a
caufc des eft'urts prétendus qu 'il faut faire
pou_r les b;en danftr, que le mafque dev ient néceflaire,
maJS feulement paree qu'un vifage humain
y
feroit un
contre-fcns ridicule, Tels font
les vents, les
fatyres ,
les Mrnons: tous les autres font ou nobles ou tendres ou
gai>;
¡¡,
gn¡;nerniem rou
á
l'expreffion que leur préte–
roiem les traits dn
vifa~e.
A
u furplus, l'art de> La val
&
des Maree!, qui ont
femi !'un
&
l'autre ce que
la Danfe devoit
~tre,
ell
un aide fOr pour la belle nature; le
gtftt
qu'elle anime
1rouve dans leurs pra11ques mtl le moyens de >'embellir ·
ils ont étUjié les rc lfom fecrets de la namre hu maine:
ils en connoiflent les force1, les po!fibilités, la liaifon:
L es routes que peor leur indiquer une pareille connoi[–
fance, font plus que fnffifames pour rendre les dift'érens
mo~vemens ~u
corps ,
tlex ibles , rapides , brillans
&
moelleux. C ell
lous de tels maltres que la danCe fran–
~oife
peur acquérir cette expreffi on enchantereHe qui tui
donne , fans parler , autam de charmes qu'en é!3lent
la
bonne poéfie
&
l'excellente mufique . Les pa1 de deux,
fur-tout de galamerie ou de paffion; les pas feuls de
grace, les beaux dévelnppemens des bras
&
des nutres
pnrties du corps qui fe font fous un mafque infeofible
recevront en6n qudque ¡our, par les foins de nos
excd~
leos mairre ,
la vie qui leur manque , qui peor feule
rnnim er la DanCe
&
fatisfaire pleinemem les vrais ama–
teurs . (
B)
G
1!
S
TE, (
Dldamatio11.)
Le
g'ft'
~u
théatre doit
toO¡ours précéder la parole : on fent bien p!Otllt que
la paro le ne peor le dire;
&
le
g•ft•
eil beaucoup plus
prefle qn'elle; ti faut des momens
¡¡
la parole pour
re
f<;>cmer
&
pour frappe r
l'oreille ; le
f,tf/<
que la fenft–
bthté rend agite, part toO¡ours au moment m eme ou !'a–
me
éprouve le fenument.
L 'aéleur qui ne fent point
&
qui voit des
g•flu
daos
GES
les 3Utres, croit les égaler au-monH par des mo!lvemens
de bras, par des marches eo-avant
&_
par
d~
trntds re–
culemens en-arriere; par ces toors Otfits entln tOUJOurs
gauche> au théatre, qut refroídtflent
1'
.a
un
&
rcod_e~t
I'aéleur infopportable . J amaís dau> <"es auromates lall•
goans l'ame ne fa,t
a~ir
1t:-
mouvC"mcrh;
die rc:tle
en ..
fevelie daos u
o
ailuupilfemeut protoud:
la
rouune
&
la
mémoire font les chevtlles ouvckres de la machine qui
agic
&
qui parle.
,.
. .. .
.
J3aron avoit
le
g•ft•
do
rlllc qu •l. ¡ouu11 : votla la
feule bunne matdtcc de les adaptor lur k
théatre aux
dilt'érens moovemens du caraéltre
&
de la paffioo.
f/oy,z
Dl:..Ct.AMAT!ON.
Nous voyous au
th éatre
fran~oi<
des
gtflo
&
des
mouvemens qoi noos entrainent; )'ils
nm.h
laiffoient le
tems de réHéchir
nous les trouverinns defordounés,
fans grace,
·peut-~t're
m€me delilgréables: mais leur feu
rapide échaoffe, émeu t, ravit le lp,aareur; tls foot l'ou–
vrage du defordre de l'ame; elle fe peiot daos cene efpe–
ce de
dlgingandag•,
plus beau, plus frappant
que.nepour–
roit l'ctre toute l'adrcífe de l'a11: ofuns
l
e dtre, c'ell
le
fublime de l'agitatioo de l'aélríce ; c'efl
la pa!fiun
c1le-m ~ me
qui parle, qui me trouble,
&
qui tait patrer
daos mon ame tous les [emimens que Con beau dtfordre
me peiut. (
B)
·
GEsTe, (
Chant dtt ehlatr.)
l'opéra fran\Ois a pour
objet de féduirc l'djJrit, de charmer les feos, de uanf–
porter t'ame daos des régioos enchamées.
f/oy.
O PE'–
R A:
fi
les rdrorrs de cene ainuble fédua ton font ro–
des, gaucbes, groffiers , l'elprit. ne peut étre entrainé_,
le goOc I'arrete; le froid
&
la dtllraaioo fuccedem rapr–
derneot aux premiers momens d' anentioo
&
de cha–
leur.
j'eotens des fons mélodieux; je vo's un lieu orné
de tout ce qui peor
fianer les regards d'un fpeélateur
avide; le JOur qui l'éclaire efl celui que ]'imagine daos
les Jardm délicieux de l'O lympe. Me> yeux
tombent
fur
le
perfonnage dont l'apparit 'on , par la ma¡eOé
&
par
fes graces , doit remplir la premitre idée qui m'a fédu11;
jc ne vois qu'uoe figure rudc qui marche d'un pas ap·
preu!, qui remue au hafard dcux grand bras
qu'~u
mou–
vement monmone de
p~ndule
ag •re; mu.n aucrHton
c~:f
fe; le froid me gagne; le charme
1
dílporu ,
&
¡e oc
vois plus qu 'une char¡:e
ridicu e d'un dku ou d'unc
déeífe,
~
la place de la figure impufante qu'un fi beau
prélude m'a•oit pcomi>.
Le contre-fens du
gtjlt
paOe rapidement au théatre
de
la C" médie ; l'alleO!I\111 y
C<>Url
de pen(i!e en penfée,
&
l'aa cur o'a pas le
t<tns de s'appe(antir fur la faute
qui lui échappe quelquefob .
Ji
n·en etl pa< ainli nu
théntre do chant; les dérails
y
font
rnlentis
&
répétés par
la mulique ;
&
c'ell-la
que le co ntre-fens , quand il
y
ell
une fuis amené ,
a
to ur le tems d'afrommer le fpeaateur.
O o a dé¡
a
dit, en parlanr de la danfe, que les traits
do vifage formoieot les
grft<J
les plus expre!fifs: ils fon t
en eftet daos l'aéleur, lorfqu'ils font vrais, l'ouvrage
fublime de l'an, paree qu'ils paroiilent l'image vivante
de la nature : mais l'art feul
&
fans elle, ne peor rien
fur ceue partie de In figure humaint; il n'a que l'avau–
tage d'un mafque doot J'reil découvre bieo-tllt l'impo–
flure.
JI faut, pour peindre fur celte roile animée
&
chnn–
genote, un fenr iment ¡uOe, le
taél fin
&
prompt, le
talent enfin qui feul peu t peindre, paree qu'il peut feo!
e! primer. Ce grand reffort dans l'aéleur, qui le po!rede,
pofe, détermine , arrange toutes les par
ti
es fans que l'arr
s'en mele; les bras' les piés ' le corp
'[e
trouvent d'eux–
memes daos
les places ' daos lts mouvemens o
u
ils
doivent étre . Tour fu it l'ordre avec l'aifance de l'in–
llina .
Voytz
G
RAe E'
eH
ñ
"T.
Mais fouveot le talenr efl égaré par l'cfprit; alors il
fait toO¡ours plus mal, pour vouluir rnieux fane. A;nli
3
ce théaue il arrive -quelquetois que
les aaeurs les
plus eflimnblcs abandonnent l'ob¡et qui les amen
e,
pour
JOÜer fur les mots,
&
pour peíndre en contre- fens ce
qu'ils chantent . On en
a
vO
faire murmurer les
rai[–
feaux dans l'o rchdlre
&
dans le parterre; les y Cuivre
de
yeux
&
de
la main ; alle.r chercher
les zéphir
&
les échos dans les balcons
&
daos les
loges ou ils ne
pouvoienc cue ;
&
lailfer uanquillemenr pend aot toure
la lente durée de ces beaux chants, les berceaux
&
l'on–
de pure qu'oft'roieot
les cótts
&
le fonds do
théatre
fans leur donner le moindre figne de vie .
(B)
'
GESTICULATJQN,
f.
f.
(Bdles·Lettw)
s'entend des gcfles aileaés, indéceos, ou trop fréquens .
Voy.
G
1!
S T
1! •
La