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572

GES

11

etl certain que les mouvemens extérieurs du vifage

í'oot les

gtftn

les plu, expreiTifs de l'homme: pourquoi

done tous les danfeur;

fe privem-ils liu nos

th~~ues

de l'avaotage que leur procureroit cette expretTioo lupé–

rieure

a

toutes les autres?

Les Grecs

&

les Romains avoicnt une raifon tres–

puHTante pour s'aider du Cecours du mafqoe, non-feu_l•–

m em daos la D an fe, mais eocore daos la déciamauon

chantée de leurs repréfentations tragiques

&

co miques .

Les pinces immenles ou s'aífembloient les fpeébteurs,

formoient de

fi

grands éloignemens, qu'on n

'auro.it

en–

tendu la voix ni difl ingué aucun des uaits

du vtfa

ge,

fi

on n'avoit eu recours

il

l'invemion des mafques qu'oo

ch1ngeoit daos la m <me repréfentatioo, felon les divers

befoios de l'aélion théatrale.

Le mafque ne leur fit rien ptrdre,

&

il leur procura

les deux avantagos dont l'éloignemcnt les nuroit privés.

Nous fommes daos la fituation contraire: le mali¡ue nous

ouit toOjours,

&

n'efl utile prefque pmais.

1°.

Malgré l'habitude qu'on a prife de s'en fervir,

il efl impo!fible qu'il ne géne pas la refpiration;

2°.

il

d im ínue par conféquem les forces;

&

c'cll un inconvé·

oient confidérable dans un pareil exercice, que la gene

&

l'aftoib liífement.

En conlidérant que le mafque, quelque bien de!finé

&

peint qu'on puifle

le faire, el!

!OUJOUrS ioférieu r

a

la teinte de: la natore, ne peot avoir aucun mouvemenr,

&

ne peor erre jamais que ce qu'il a paro d'abord ; peut–

on

Ce

réfufer

a

l'abolition d'un abus

ti

nu ilible

~

la

D an fe? L'habitude daos les

Arts

doit-elle toíl¡ours pré–

valoir fur les moyens fOrs d'un embeiiHTement qu'on

perd par indolencc? que! honneur peut-on trouver

3

imi–

ter fervilement la conduite

&

la maniere des daufeurs

qui onr précédé? ne fe convaincro-t-011 ¡amais que tour

Jeur favoir ne confilloit qu'en quelques traditions tyran–

oiques que le talent véritable dédaigne,

&

que la médio–

crité feo le regarde comme des lois?

Les dnnfeurs qui méritcnt qu'on Icor réponde, m'ont

oppol~

1°.

que la danli: vive demande quelquefois des

ettom qui intluent d'uoe maniere ddogréabie fur le vifa–

ge du danfcur;

2°.

que n'étam pas dans l'ufage de dan–

fer

~

vifage découvert , on n'a poín t pris d'enfance,

comme les femmes, le (oin d'en a¡uflcr les traits avec

les graces qu'elles ont naturellemem,

&

que leur adreUe

fait proponionner aux différeures eotrées de danCe qu'elles

ex¿cutt=nl .

Ces deux raifons ne font que des prétextes; les gra–

c es do vifage fonr en proponion do (enriment;

&

l'ex–

prdli on ma<q uée par les rnouvemens de fes trait<, font

les graces Je, plus delirables pour un homme de théa–

tre.

On

convien r qu'tl y

a

quelques caraaeres

qm

ex i–

genr

k

m~fque;

mais il1 font en petit nombre;

&

ce

o 'tll pns

a

caufc des eft'urts prétendus qu 'il faut faire

pou_r les b;en danftr, que le mafque dev ient néceflaire,

maJS feulement paree qu'un vifage humain

y

feroit un

contre-fcns ridicule, Tels font

les vents, les

fatyres ,

les Mrnons: tous les autres font ou nobles ou tendres ou

gai>;

¡¡,

gn¡;nerniem rou

á

l'expreffion que leur préte–

roiem les traits dn

vifa~e.

A

u furplus, l'art de> La val

&

des Maree!, qui ont

femi !'un

&

l'autre ce que

la Danfe devoit

~tre,

ell

un aide fOr pour la belle nature; le

gtftt

qu'elle anime

1rouve dans leurs pra11ques mtl le moyens de >'embellir ·

ils ont étUjié les rc lfom fecrets de la namre hu maine:

ils en connoiflent les force1, les po!fibilités, la liaifon:

L es routes que peor leur indiquer une pareille connoi[–

fance, font plus que fnffifames pour rendre les dift'érens

mo~vemens ~u

corps ,

tlex ibles , rapides , brillans

&

moelleux. C ell

lous de tels maltres que la danCe fran–

~oife

peur acquérir cette expreffi on enchantereHe qui tui

donne , fans parler , autam de charmes qu'en é!3lent

la

bonne poéfie

&

l'excellente mufique . Les pa1 de deux,

fur-tout de galamerie ou de paffion; les pas feuls de

grace, les beaux dévelnppemens des bras

&

des nutres

pnrties du corps qui fe font fous un mafque infeofible

recevront en6n qudque ¡our, par les foins de nos

excd~

leos mairre ,

la vie qui leur manque , qui peor feule

rnnim er la DanCe

&

fatisfaire pleinemem les vrais ama–

teurs . (

B)

G

1!

S

TE, (

Dldamatio11.)

Le

g'ft'

~u

théatre doit

toO¡ours précéder la parole : on fent bien p!Otllt que

la paro le ne peor le dire;

&

le

g•ft•

eil beaucoup plus

prefle qn'elle; ti faut des momens

¡¡

la parole pour

re

f<;>cmer

&

pour frappe r

l'oreille ; le

f,tf/<

que la fenft–

bthté rend agite, part toO¡ours au moment m eme ou !'a–

me

éprouve le fenument.

L 'aéleur qui ne fent point

&

qui voit des

g•flu

daos

GES

les 3Utres, croit les égaler au-monH par des mo!lvemens

de bras, par des marches eo-avant

&_

par

d~

trntds re–

culemens en-arriere; par ces toors Otfits entln tOUJOurs

gauche> au théatre, qut refroídtflent

1'

.a

un

&

rcod_e~t

I'aéleur infopportable . J amaís dau> <"es auromates lall•

goans l'ame ne fa,t

a~ir

1t:-

mouvC"mcrh;

die rc:tle

en ..

fevelie daos u

o

ailuupilfemeut protoud:

la

rouune

&

la

mémoire font les chevtlles ouvckres de la machine qui

agic

&

qui parle.

,.

. .. .

.

J3aron avoit

le

g•ft•

do

rlllc qu •l. ¡ouu11 : votla la

feule bunne matdtcc de les adaptor lur k

théatre aux

dilt'érens moovemens du caraéltre

&

de la paffioo.

f/oy,z

Dl:..Ct.AMAT!ON.

Nous voyous au

th éatre

fran~oi<

des

gtflo

&

des

mouvemens qoi noos entrainent; )'ils

nm.h

laiffoient le

tems de réHéchir

nous les trouverinns defordounés,

fans grace,

·peut-~t're

m€me delilgréables: mais leur feu

rapide échaoffe, émeu t, ravit le lp,aareur; tls foot l'ou–

vrage du defordre de l'ame; elle fe peiot daos cene efpe–

ce de

dlgingandag•,

plus beau, plus frappant

que.ne

pour–

roit l'ctre toute l'adrcífe de l'a11: ofuns

l

e dtre

, c'ell

le

fublime de l'agitatioo de l'aélríce ; c'efl

la pa!fiun

c1le-m ~ me

qui parle, qui me trouble,

&

qui tait patrer

daos mon ame tous les [emimens que Con beau dtfordre

me peiut. (

B)

·

GEsTe, (

Chant dtt ehlatr.)

l'opéra fran\Ois a pour

objet de féduirc l'djJrit, de charmer les feos, de uanf–

porter t'ame daos des régioos enchamées.

f/oy.

O PE'–

R A:

fi

les rdrorrs de cene ainuble fédua ton font ro–

des, gaucbes, groffiers , l'elprit. ne peut étre entrainé_,

le goOc I'arrete; le froid

&

la dtllraaioo fuccedem rapr–

derneot aux premiers momens d' anentioo

&

de cha–

leur.

j'eotens des fons mélodieux; je vo's un lieu orné

de tout ce qui peor

fianer les regards d'un fpeélateur

avide; le JOur qui l'éclaire efl celui que ]'imagine daos

les Jardm délicieux de l'O lympe. Me> yeux

tombent

fur

le

perfonnage dont l'apparit 'on , par la ma¡eOé

&

par

fes graces , doit remplir la premitre idée qui m'a fédu11;

jc ne vois qu'uoe figure rudc qui marche d'un pas ap·

preu!, qui remue au hafard dcux grand bras

qu'~u

mou–

vement monmone de

p~ndule

ag •re; mu.n aucrHton

c~:f­

fe; le froid me gagne; le charme

1

dílporu ,

&

¡e oc

vois plus qu 'une char¡:e

ridicu e d'un dku ou d'unc

déeífe,

~

la place de la figure impufante qu'un fi beau

prélude m'a•oit pcomi>.

Le contre-fens du

gtjlt

paOe rapidement au théatre

de

la C" médie ; l'alleO!I\111 y

C<>Url

de pen(i!e en penfée,

&

l'aa cur o'a pas le

t<tns de s'appe(antir fur la faute

qui lui échappe quelquefob .

Ji

n·en etl pa< ainli nu

théntre do chant; les dérails

y

font

rnlentis

&

répétés par

la mulique ;

&

c'ell-la

que le co ntre-fens , quand il

y

ell

une fuis amené ,

a

to ur le tems d'afrommer le fpeaateur.

O o a dé¡

a

dit, en parlanr de la danfe, que les traits

do vifage formoieot les

grft<J

les plus expre!fifs: ils fon t

en eftet daos l'aéleur, lorfqu'ils font vrais, l'ouvrage

fublime de l'an, paree qu'ils paroiilent l'image vivante

de la nature : mais l'art feul

&

fans elle, ne peor rien

fur ceue partie de In figure humaint; il n'a que l'avau–

tage d'un mafque doot J'reil découvre bieo-tllt l'impo–

flure.

JI faut, pour peindre fur celte roile animée

&

chnn–

genote, un fenr iment ¡uOe, le

taél fin

&

prompt, le

talent enfin qui feul peu t peindre, paree qu'il peut feo!

e! primer. Ce grand reffort dans l'aéleur, qui le po!rede,

pofe, détermine , arrange toutes les par

ti

es fans que l'arr

s'en mele; les bras' les piés ' le corp

'[e

trouvent d'eux–

memes daos

les places ' daos lts mouvemens o

u

ils

doivent étre . Tour fu it l'ordre avec l'aifance de l'in–

llina .

Voytz

G

RAe E'

eH

ñ

"T.

Mais fouveot le talenr efl égaré par l'cfprit; alors il

fait toO¡ours plus mal, pour vouluir rnieux fane. A;nli

3

ce théaue il arrive -quelquetois que

les aaeurs les

plus eflimnblcs abandonnent l'ob¡et qui les amen

e,

pour

JOÜer fur les mots,

&

pour peíndre en contre- fens ce

qu'ils chantent . On en

a

vO

faire murmurer les

rai[–

feaux dans l'o rchdlre

&

dans le parterre; les y Cuivre

de

yeux

&

de

la main ; alle.r chercher

les zéphir

&

les échos dans les balcons

&

daos les

loges ou ils ne

pouvoienc cue ;

&

lailfer uanquillemenr pend aot toure

la lente durée de ces beaux chants, les berceaux

&

l'on–

de pure qu'oft'roieot

les cótts

&

le fonds do

théatre

fans leur donner le moindre figne de vie .

(B)

'

GESTICULATJQN,

f.

f.

(Bdles·Lettw)

s'entend des gcfles aileaés, indéceos, ou trop fréquens .

Voy.

G

1!

S T

1! •

La