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GEO
marcher
a
Ieurs c6tés daos lcurs tranfmigrations. N ée,
pour ainG dire, en Egypte comme les au
~res
beaux am,
on la vir fucceffi vemenr occuper l'attention des Grccs,
des Romains, des Arabes,
&
des peuples occidentaux
de 1'Europe.
La prcmiere carre dont parlenr les auteurs anciens,
s'il faor ks en c1oire fur des tems
Í1
éloignés , efi celle
que
S~fofiris
le premier
&
le plus grand couquérant de
I'Egypte, tit expofer
il
Con peuple pour lui faire con–
noltre, dir-on, les narions qu'il a•·oir fo<1m ifes
&
l'é–
rendue de fon empire, dont les embouchures du Danu–
be
&
de l'lnde faifoicnt les bornes.
L'on reconuolr encare l'antiquiré de la
GEographie
dans les defcriptions des Iivres de Moyfe le plus ancien
des hinori<ns, né en Egypre,
&
élevé
il
la cour par
la proprc tille du roí . Ce chef du peuple de D ieu
&
fon fucce(Jeur Jofué ne s'en tinrenr pas
a
des defcri–
prious hinoriques, lorfqu'ils ñrenr le partage de la rerre
promife aux dou?.c tribus d'lfrael. j ofephe
&
les plus
habiles interpretes de 1' Ecriture, af>Orent qu' ils firent
drelfer une
earte glographirru
de ce pnys.
La navigation con1ribua beaucoup au• progres de la
G lographie.
Les Phéniciens les plus habiles navigateurs
de l'an1iqui1é fonderent un grand nombre de colotties en
Europe
&
en Afrique, depuis le fond de 1' Archipel ou
de la mer lEgée Jufqu'a Gades. lis avoienr foin d'en–
treteoir ces colonies pour conferver
&
mcme augmen–
ter leur commeree . Le befoin que nous avons de con–
Jtol~re
les pays o
u
nous faifons des érablilfemens, doit
faire croire que cette connoilfance Ieur étoit indifpen–
fable: la néceffité a prefque toOJours été 1' origine de
la piOpar des fciences
&
des arts .
Il fau< convenir que quelqu'anriquité que I'on puilfe
donner
a
lo
Giographi,,
elle fut long-rems
a
devenir
une fcience foodée fur des príncipes certains. C'efi dans
la fuire que les Grecs afia1iques réunilfant les Iumieres
des afironomes chaldéeos
&
des Géomerres d'Egypte,
commencerem
il
former d:fférens f'yfiemes fur la narure
&
la figure de la recre . Les uns la croyoient nager daos
la mer comme une baile daos on baffin
d'eau~
d'autres
lui doonoient la fi¡;ure d'une futface piare, cnrre-coupée
d'eau : mais en Grece des philofophes plus couféqueos
jugerenr qu'elle furmoir avec les eaux un corps fphé–
t ique.
Thales le Milefien fur le premier qoi travailla fur ce
dernier ryneme ; il confiruirit un globe,
&
repréfeota
fur une table d'airain la rerre
&
la mer. Selon plulieurs
auteurs, Aoaximalhire dif'ciple de Thales e!l le premier
qui ait figuré la rerre fur uo globe. Hécarée , D émo–
crile, Eudoxe
&
autres adnptcreot les plans ou canes
géographiques,
&
en rendireor
1'
uf'age fort commun
daos la Grece.
Arifiagoras de M ilet préfenra
a
Cléorni:ne roi de
S parte une table d'airain, fur laquelle
ii
avoit décrir le
tour de la terre avec les fteuves
&
les mers, pour Iui
expliquer la firuation des peuples qu'il avoit á foOmettre
fucceffivemen1.
Socrate réprima l'orgueil d' Alcibiade par l'iofpeéHon
d'u oe carte du monde , en lui montranl que les do–
main.s dont il é1oir
li
lier oe teooient pas plus d'efpa–
ce fur cette earte qu'un point n'eu pouvoit occuper.
S cylax de Caryaode publia lous le reg ne de Darius–
H ynafpes roi de Per(e, uu n ai1é de
Glographi<
&
un
périple .
f/O)'<Z
p
E'R
1
P Le.
L' on voi1 daos les
nR¡n
d' Arifiophane un difciple
de Soerare monrranr
a
Strepliade une defcriptioo de la
terre.
Ce fut foos les Grecs que la
Q¡ographi<
commen~a
i
proñ1er des fecours que 1' A(lrouomie pouvoit lui
procurer; la prot<él:ion qu'elle trouvoir daos
les
princes
conrribua beaucoup
:l
fes progres.
Alexandre é1oir tOOJOUIS accompagné de fes deux
ingeoieurs D iogoeres
&
Be1on, pour lever la carte des
pays que leur prioce rraverfo't . lis prenoiettt cxaél:e–
.menl
!~~
Ji(lances des villes
&
des rivieres de 1 AGe,
depuis les portes Caf'pienne> ¡ufqu'a la mer des Indes.
lis employ<l'ent les obfavarions que Néorque
&
Oné–
licrire avoicnr faite
a
b<)td des vaitT<aux qu' Alexandre
leur a<oit donnés pour recoonoitre la mer des Jodes
&
le gol fe Perliqoe. lis obfervoient les difiances des
l ieux, non·feulemen t par l'efiime du ch,mio, mais en–
care par la mefure des nades ' lorfqoe cela leur étoit
poffible ;
&
le> obf<rvatinos aOrooomique$,
a
la vériré
beaucoup moins eiaél:es
&
moins nombreufes que les
n6tres. pouvnienr remplir
a
quelque; égards ' quoiqoe
tres-
imparfaitemenr, les vuides que caufoit le défaut
des mefu res aél:uelles.
GEO
Pyrheas géogr3phe de Marf<ille florilfoit fous Ale–
xandre: fa paffion pour la
GEographt<
ne lui p<tmir
pns de s'en tenir aux obfervatiou.) faite> dan) Ion pays.
11
parcourUt 1' Europe depuis les cnlonn<S d' H ercule
jufqu'a l'embouchurc du Tann'ts.
11
avan~a
par I'Océao
occidental JUfque fous le cercle polaire atélique. Ayanr
remarqué que plus il litoil vers
le
nord, piu> le> Jours
deveuoieot grands, il fur le prem1er
~
Mfigner ce> d
f–
féreoces de JOOr par climats .
f/oy<Z
eL
1
M A
r . Srra–
bon croyoir ces pays inhabttables ,
&
malgré 1' opioion
qu'Eratotlhene
&
Hipparque avoieot do contraire, il ne
put s'<mpecher d' acculer Pytheas de menfonge; mais
celui-ci fut Ju(iifié plcinemenr dans la fuire,
&
fa ré–
pulation a élé enticremenr ré1abl ie de nos jours par un
favam mémoire de M . de Bougainvillc membre de l'a–
cadémie des Be lles· Lemes .
Ari(Jote difciple de Pla1011, étoir auffi verfé daos la
connoílfance de la
Giographie
que daos la Philofophie .
Les obfervation, aOrnnomiques lui fervirenr
~
détermi–
ner la figure
&
la grandeur de la terre. L'on auribue
a
cer ancien un livre
de mrmdo,
dédié
ii
Aleuodre,
daos lequel on trouve une dcfcriprton alfez eiaél:e des
parties de la terre connues de fon 1ems ; favotr , de
l'Europe, de !'Afie
&
de I'Afriquc.
Thimofihenes donna un rrai1é des
ports d< mtrJ
,
dont Pline nous a cootfervé des fragmens , de meme
que les obfervations de S<fleucus-Nicanor qui fuccéda
11
la puiiTance d'Aiexaodre daos la haute AGe, ;ufque
dans une partie de l' lnde .
Théophtane difci?le d' AriO ore, ne fe contenta pas
de po(Jéder des carres
glographi'f"";
il ordonoa par
fon retlament que ces ouvrages qui avoieot fa ir fes dé–
lices pendan! fa vie,
&
done il avott reconnu l'impor–
tance
&
l'u1iliré, fu(Jenr attaehés au portique qu'il avoit
doooé ordre de conOruire.
A cer athénien fuccéda Era101lhcne donr la répura–
rion répoodoir
a
l'érendue de génie. D 'aprcs les obler–
var ions qo' il avoit recueillies de plufieurs aureurs , il
corriges le premier la carre
d'Ana~imandte,
& en pu–
blia une noovelle qui concenoir la forface do
mond~
cn–
tier , 3 laq uelle
ii
donnoit cinq cen11 m ille ilades de
circuir. Le fruit de fes recherchcs fu1 trois livr<S de
commenraires géographiques.
11
comballoit dans le pre–
mier les erreurs
re~Oes
de fon rems: le leeond conte–
noit les correél:ioos qu'il avoit faitcs
a
l'ancienne
Glo–
graphie;
&
le troilieme renfermoit fes oouvelles obfer–
vauons.
Les fciences
&
les arts préfenrent toOjours des objets
a
perfeél:ionner ; auffi rclcva- t·OO des fautes daos Era–
tonheoe,
&
l'on aJoOta de nouvelles corrtél:ions
a
cel–
les qu'il avoir faircs. Son ouvrage eut de grandes con–
tefiar ions
a
eiTuyer de la pan de Serapion
&
d'Hippar–
que . Ce deroier écoi1 , f<lon Pline , auf!i admirable
dans la critique que daos toute autre matiere ; cepen–
dant Srrabon le repréfen1e d' un caraél:ore
fi
opiniirre
daos fes prévenrinos' qu'il ofa prét'ertr meme l'ancien–
ne can e d' A naximandre
il
celle qu' Erarollhcoe a voit
corrigée. Ces difputes excirerenr les efprits des Grecs,
&
leur donnerent une vive émularion qui fervir
a
per–
feél:ionner les príncipes de la
Glographit
.
Agatharchide
le
Cnidien , qui fiori(Joit fous Prolo–
mée· Philome1or, compofa un ouvrage fur le golfe a–
rabique; Phorius oous a confervé quelques enraics de
ce1 aureur daos fa bibliorheque.
Enviran
so
ans apres, MnéGas publia une defcription
do monde entier.
Arrémidore d' Ephefc donna une defcriptioo de la
terre en on1.e livre1, fouveot citée par Strabon, Pline
&
Erienne de Byzance . Marcieo d' Héraclée en avoit
fai1 un abrégé qu'on a perdu; il oe rene de cer ouvra–
ge que le Périple de la Bithynie
&
de la Paphlagonie.
Cer amour pour la
Glographi<
ne tarda pas
a
palfer
avec les arrs de la Grece
:i
Rome. Les Romaios com–
men~oienr
dé1á
a
fe faire coooottre, ils avoieut étendu
leurs conquéres hors de 1' ltalie ,
&
porté leurs armes
v1él:orieofes duns I'Afrique. Scipion-Emilien Jaloux du
progres des fciences daos fa patrte aurant que de )'cm–
pire qu'elle dif'pu1oir
a
Carthage, donna des vaiiTeaux
á
Polybe pour reconoo7tre les c6tes d' Afrique, d' E–
fpagne
&
des Gaules • Polybe pou!Ta ¡ufqu' au pro–
mouloire des Hefpérides (le Cap verd),
&
tit de plo<
un vnyage par 1erre pour mefurer les difiances de rou<
les Iieox qu'Annibal avoir fair parcourir
a
fon arml!e
eo rraverfant les Pyréoées
&
les Alpes.
L 'on duir cooclure encore que I'ufage de< carres géo–
graphique• étoir bien
co~nn
:l
Rome, de ce que Var–
roo rapporre daos fon ltvre de
r<
rufti<á,
au fo;et de
la