GEO
Pendant que la
Glographie
étoir cultivée par les orien–
taux , elle
commen~oit
a
fe réveiller parmi les euro–
péens; mais
il
o'y avoit guerc que ceoK qui avoient
connoiffance de la fphere qui puffent dire quelque chofe
d'un peu fenfé fur cene fcience. L'état des fcieoces en
France depuis Charlemagne jufqu'au roi Roben,
&
de–
puis ce dernier jufqu'a Philippe·le-Bel,
a
été le fujet
des recherches de M. l'abbé le Bceuf de l'académie des
Belles-Lettres : l'on y voit cambien les connoilfances
étoient groffieres non·feulement eu France, mais me–
me che1. les peuples voilios.
Les voyages de Marc- Poi, de Rubruqois,
&
de
Plan·Carpin en Tartarie
a
u rrci"Lieme fiecle, furent fort
utiles
a
la
Glographie.
D aos le quator"Lieme Geclc l'on vit paroltre en Fran–
ce une traduélion des livres d' Arillote
dt< ciel
&
dt<
munde,
que Nicolas Orefme avoit entreprire par ordrc
de Charles
V.
En ltalie
Fran~ois
Berlinghieri Borentin , publia en
1470 un poc me italien en fix livres, daos Jeque! il eK–
pliquoit la
Giographie
de Ptolomée. Cet ouvrage fut
dédié
a
Frédéric duc d'
U
rbin,
&
orné de plufieurs
cartes gravées fur le cuivre.
"\Jo vénitien nommé
D ominieo M ario NeJro
com–
pota en r490 une
Giographie
co vingt-fiK livres, dont
1'
Europe
&
1'
Afie occupoient chacun on1.e livres ,
&
!'
Afrique les quatre autres.
Daos le rei?.ieme fiecle Guillaume Pollel publia un
traité de Cofmographie. Un voyage que ce favant
~voit
fait daos l'orient enrichit l'Europe de la
Giogra–
phie
d'Abulfeda . De retour
a
Venifc il en lailfa un
abrégé
a
Ramufius, qui le premier cita cet ouvrage,
&
indiqua l'ufage que l'on en pouvoit faire. Callaldo s'en
fervit eofuite pour corriger les longitudes
&
les latitudes
des ditférens lieux ;
&
c'ell rur la foi de ce dernier ,
qu:Onelius parle d'Abulfeda dans fon thréror géogra–
phJque.
Ce -t'ut daos cé fiecle que la
Géographie
commenca
a
prendre vigueur en Europe. L 'art de la gravure en
bois multiplia les ouvra¡¡es; mais
a
cet art fuccéda ce–
lui de la gravure en CU\Vre, qui par la promptitude
&
la netteté produifit encare une plus grande aboodance de
morceaux capables de conteoter la curiolité des ama–
teurs.
L'Allemagne, l'Angleterre, l'Italie,
1'
Efpagne, la
Suede , la Ruffie
&
la France ont procuré beaueoup
de travaux précieux qui font d'autant plus enimables ,
qu' ils loor les fruits de la perfeélion
a
laquelle les au–
tres parties de Mathématiques ont été pouffées.
Il
feroit ioutile de rapporter ici tous les favans qui
ont fait leur étude particoliere de cettc rcieuce. L'on
con noir parmi ceux d'
111/cmagne
les ouvrages de Clu–
vier, de Jean Mayer, de Mathieu Mérian, des Ho–
mann
&
de leurs héritiers, d'Hafius, de Wieland géo–
metre, aureur du nouvel
&
grand atlas de Silélie ;
&
enñn de Micovini mort
il
Vienne en
17fO,
qui avoit
levé géométriquement toote la Hongrie autrichienne.
En
llngleterre
l'oo a vO Hum freid, Saxton, Speed,
Timothée Pont, Roben Gordoo , Petty, Ogilby, El–
phinllon, Douvet,
&c.
&
fur-tout Cambdeo. Quoi–
que la pltlpart de ces favans ayent porté leurs viles fur
tour le monde eotier, l'oo ell redevable cependant a
plulieurs d'entr'eux de la connoiffance exaéle des Etats
britaoniques .
La
H ollande
&
la
Flandre
ont eu de la réputation
par les travaux confidérables de Mercator
&
d'Ortelius;
on ne doit pas oublier Hondius, Wircher
&
les céle–
bres Janron
&
Blaeu, dont on voit encare aujourd'hui
l'amour pour la
G!ographie,
par les dépenfes coolidé–
rables qu'ils ont faites pour publier leur
atlai
en qua–
tre langues ditférentes. L'on doit pnrler encere des cé–
lebres Dominique Villem Carie
&
Antaine Hattioaa
freres, iogénieurs des Etats- Généraux. Les cartes
no~v elles de la Z c!lande , levées fur
les lieux depuis
r
744
jufqu'en r7p, font fi bien exécatées, qu'elles devrOJent
oren ilnimer ces habiles géometres
il
lever les autres
provioces de la Hollande, ou du-moins
a
corriger les
cartes qoi eo oot été publiées jufqu'a·prérent .
Qaant
a
l'E[pagne,
l'on ne peut pas
y
trouver taot
de géograpbes; mais le petit nombre qu'elle fournit elt
digne d'une ellime auffi grande que ceux doot je viens
de parlcr. On confultera, li l'oo le juge a-propos
l'ef–
fai jitr la Géographie
cité ci-deífus. Il
me
fuffira de
dire que l'auteur qui mérite le plus d'€tre confulté ell
Rodrigo Mende-¿ Sylva; qu'il parut eo
1739
quelques
canes de différentes parties de l'Efpagne poor le tcms
des Romains, par le célebre D . Marc Heori Florez
1
GEO
doéleur eo Théologie,
&
hilloriographe de
S .
M. ca–
tholique . Un autre ouvrage pour lequel on doir avoir
encare une attention particuliere, cll la carte de la pro–
vioce de Quito, levée par D. Pedre Maldooado, gou–
verneur de la province de las Efmeraldas en Améri–
que. Cette carte
e
o quatre feuilles,
&
dont le roi d'E–
fpagne a les planches, a été dreffée par
M.
d'Anville
de l'académie royale des Belles- Lettres ,
&
icerétaire
de M. le duc d'Orléans. C'ell le rérultat des opéra•
tions que les académicieos erpagnols
&
fran~ois
firent de
concert pour conllater la véritable figure de la terre .
Si l'Efpagnc n'a pas été fcrtile en géographes comme
les pays voifins, l'on en fera bien dédommagé par le¡
nouveaux ordres du gouveroement, pour lever la carte
du royaume. Des ingénieurs habilcs ont déja été en–
voyés par l'académie de Madrid pour cette grande en·
treprife. Le choix que l'on
a
fait doit répondre de
l'exacfritude d'un ouvrage fi
intéreiTaot pour le progrcs
des connoiffances géographiques.
L'ltalie
a toOjours été recommandable par de graods
hommes eo tour genre . Beaucoup d'ingénieurs ont con–
tribué par leurs travaux particuliers
a
conno¡tre en dé–
tail cette partie de l'Europe: mais il n'y en a pas qui
re roit plus figoalé que Jean Antaine Magín de Pa–
doue.
Il
compota
a
la fin du fei'¿ieme fieclc une
glo–
f(raphie aneienne
&
modtrne,
d'apres la
glograpbie
de
'Ptolomée, comparée
a
l'état aéluel de fon tems. C'ell
a
fon ñls que l'on ell redevable du détail d'ltalie, com–
mencé par fon pere
&
dédié au duc Vincent de Gpn–
:z.aguc duc de Mantoue en
t6oo.
Cet ouvrage campo·
fé de
6r
cartes, a toOjours été tres-ellimé des favans.
R iccioli favaot jéruite de Ferrare, publia en
r
66>,
un
livre ellimable, cootenant toutes les parties de Mathé–
matiques qui
OD!
rapport
a
la
Glographie
&
¡¡
l'Hy–
drographie.
Il
a été un des premiers qoi ait co le def–
fein de réformer la
Géographie
.par les obfervations allro·
nomiques .
. .
Perfonne n'ignore le grand ouvrage. de la
ménd1e~ne
de Rome , entrepris par les PP. Ma1re
&
Bofcov1ch
jéfuites' dont les opérations con.tribuanr eo:ore.
a
déter–
miner la figure de la terre, dotvent prod01re JDcelfam–
ment une ncJ>Uvelle carte de l'état eccléfialliquc.
La
Sr~ede
ne corupte pas beaucoop de géographes •
Les connoiffances qu'on avoit de ce pays da tcms de
Charlemagne n'étoient guere plus certaines que dans les
úecles les plus reculés .
La
premiere carte que l'on ait publiée de la Sucde,
&
qui reffernble en quelque
fa~oo
ii
la configuration
de ce royaume, ell celle d'Ülaüs Magnos archevéque
d'U pfal, qui vivoir daos le
fei:z.iemefiecle.
A cette carte en fuccéda une autre par Adrien Ve–
no,
&
gravée
a
Amllerdam par Hoodius en
1613.
El–
le ell fupérieure
a
la ptécédeme, en ce que l'on y re–
connoit mieux la figure do pays, qu'Upfal y el1 porté
plus
ii
fa vraie latitude,
&
que les mers y prennent une
fi tuation
&
une forme plus approcbantes de la vérité :
mais ces ouvrages, malgré les degrés de perfeélion qu'
ils ont eu fucceffivement, étoienr encare rernplis d'une
intinité de fautes.
Charles IX. coos;ut le deiTein de conno1tre plus par·
ticulierement fon royaume; rnais
il
avoit befoin de géo–
roctres .
11
fe fervit d'A ndreas Bureos, qn'on peut ap–
peller avec rairon le
pere de la gfographie [uldoife.
Il
étoit né eo
tf71 ;
élevé daos l'étude des Mathémati–
ques, il y ñt des progres fi
rapides, qu'il eut la char–
ge de premier architeéle du royaume,
&
de chef des
Mathématic¡ues. Le roi le mit
:l
la tete des arpenteurs
confiitués daos chaque province de fon royaume, pour
lever géométriquement leur dillriél . Bureos recevant
les morceauK levés par ces arpenteurs, en compara une
carte générale du royaame , qui parut
a
Stockholm en
r62}
en
llx
grandes feoilles, gravées par Trautman.
Apres la mort de Gullave Adolphe, la
Glographie
languiiToit en Surde jufqu•a ce que Charles
Xf.
mon–
ta fur le throne . Ce mooarquc non-feulemeot remiren
vigueor les
ancie~s
établiiTemens,
il
les augmenta me•
me
&
les perfeél1onna , en nommanr une commiffion
d'arpenteurs pour la Livouic, l'Eilonie, l'Ingermanie
le Poméranie
&
le duché de Deux- Ponts. Le
baro~
Charles Gripenheim fot mis
a
la t€te de cet établilfe–
ment .
ll
mourut en
1684,
&
eur pour fucceffeur le
colonel comte de Dalhberg , qui pouífa
(j
vivement les
travaux, qu'eo
r689
on pouvoit dooner des carees exa–
éles de toute la Suede, lorrqoe par ordre do roí la pa–
blication en
fut
défendue . L'on reconnot bien· tót
a–
pres l'abns de ces défcnfes . L es
canes
parurent fuc-
cef-