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526

GEN

n'avoit paint de baffe fondamenrale naturelle; ce qui pa–

roit appuyer le ryOcme de M. Ramtau, b·eo lain

de

l'mfitmer.

2°.

Qu'il n'dl guere permi> de doil1er, d'a–

prés les livres ancicns qui naos reOent, que les Gtecs

n'eu(Tem en effet ce

genre;

pe01-etre n'érait-il prariqué

que par les inllromtns, Cur leCquel il tO évidemmcot

pradcable , quoiquc tri:;-difficile: auffi étoit·il abandan–

de;

le tems de Plutatque. Ce

gtnre

pouvoit pro–

du;re Cur les Grecs, eu égard

a

la Cenfibiliré de

leu~

ore'! le, plus d'effot qu'il n'cn produiroit fur nous, qut

tenoos de notre climat ces arganes moins

délic~ts.

M.

Rameau, il ell vrai,

a

prétendu depuis pea qu'une na–

tion n'dl pas plos favorif¿e qu'une au rre do cllté de l'o–

reille; mais l'e¡périencc ue prouve·t-elle pas le comrai–

re?

&

fans forrir de natre pays, n'y a·t-il pas une dif–

férence marquée

a

cet <'gard entre les

fran~ois

des pro–

"inces méridionales ,

&

ceux qui font plus vers le

Nord?

On a víl

tzu mot

E

N H A

R

M

o

N 1

Q

u

E,

en quoi con–

.fiOe ou peor canfifler ce

genre

dans narre muflque mo–

derne.

11'

y en a propremeot ou il peut y en avoir de

lrOIS

forres;

I'Cilh~rmonir¡:u

(!mple, qui efl produit par

le feul renverfemem de l'accord de feptieme diminuée

daos les modes mineurs,

&

daos lequel, faos enreodre

le quart de roo, on fem fao Effet. Ce

genre

efl évi–

demment poffible, foir pour les iuflrumens,

Coit

méme

pour les voix, puifqu·il edie fans qu'on foit abligé de

faire les quarrs de ron;

c'llt

a

l'ordlle a juger

foo

etfet cfl agréable, ou du-moins afl<t fupporrable pour

n'ctre pa; tour-a fa ir rej

•rré,

quoiqu'il d01ve d'ailleurs

erre employé rarement

&

fobremeot. Le fccood

genre

eti le

dtntoniqtu·enharmoni'{U<,

daos lequel le quart

de ton a líeu réellemenr, puirque rous les fe mi rons y

font maJ <urs ;

&

le rroitieme

d\

le

chromntiqt~e·enhar­

m •niqtte,

daos lequel le quart de ron a égalemelll lieu,

p01tque les fe mi

ro

os y fonr rous mineurs. Ce dernier

¡.mre,

poffible ou non, n'a jamais été exécuré : M.

R amcau af>Ore que le diatonique-eoharmooique peur

l't'tre,

&

méme l'a été par de bons muticiens; maÍ>

M.

k

Ven>, ma\tre

de

mutique de la mérropole de

B<>rdeauk, dcou¡c de ce fai1 dan; un ouvrage pubtié en

l7-f3· ' ' 11

en

nai. dit·il' qu'one dc

partie~

de fym–

.. pno111e frappe

k

la

b

dan; le tems que la h•'ute-contre

, frappe le

[o/

~,

&

enCuite¡,. .vec

mi

~ ·

Si c'efl-

la en quoi cantifl< le

genre

euharmonique, il efl tres–

aifé d'en donner,

&

t<>Ute la mutique le dcviendra,

fi

l'on veur, puifque tour conhtlera daos la maniere

de la copier. On me dira peut· étre que rédlement

il y

3 Ull

quart de

lOO

de

jo/

*

a

la

b,

&

de

fa

a

mi

*:

J'Y

confens; ma's qu'eo réfulle·t-il, Ci les

" deux partís difent la meme chofe ' a la faveur du

<empérameot qui a rappro,hé ces deux notes de

fi

P'

es qu'elles ne fom plus qu'uo feul

&

' meme fon;

, &

fi

l'mrervalle du quarr de roo exifloir réellemeor, il

, n'y

a roint d'oreille a!Tez forre pour rél1ner au tirail ·

, iement qu'elle fauffr iroir daos cef inOaor , ? Qu'op–

p ofer a ce raifonnemem?

l'e~périence

contraire que

M.

Rameau a

E

Ore avoir faite,

&

[ur laque!le

e'

efl aux

cannoi!feurs

a

décider.

L 'enharmonique du premier

genre,

oii le quart de

ton n'a poilll lieo,

&

ou

il

fe fait paur ainfi dire feo–

tir fans

e

~re

enrendu, a été employé par M. Rameau

nvec fuccc1 daos le premier

mo~ologue

du

quarri~me

aéte de Dardanus;

&

nous crayons que le mélange de

ce

genre

avec le diaronique

&

le chromarique, aidcroit

beaucoup

a

l'expreffion, fur-rout dans le morceaux od

il faudroir peindre qudque violente agiration de l'ame.

Que! effer, par exemple , le

genre

enharmonique fobre–

rnent ménagé

&

melé de chromatique, n'eílr-il pa1 pro–

duir daos le fameux monologue d'Armide ou le pac–

te efl

li

grand

&

le moficitn

fi

foible; 'ou le cceur

d' Armide fa it ranr de chemio randis que Lulli rouroe

froidement autour de la méme modulatian , fans s'écar–

ter des roure• les plus communes

&

les plus élémen •

ta'res? t\uffi ce monologue efl-il tOut-a-la-fois une tres·

bonne

le~on

de compohrion pour les commenc;ans,

&

un rres-m, uvais modele pour le, hnmmes de génie

&

de go1it.

1\11.

R 1meau, il di vrai, a entrepris do le dé–

fendre contrc les coups qui Jui oot éré portés:

. . . . . . .

Si Pergama dextrá

Defmdi pof!mt, etinm hác defenfa frúf!ent.

M a's ea changeanr, comme il l'a fait, la baífe de Lulli

en

divers endraits, pour répondre aux plus forres ob–

jeétioos de

M

Routfeau, en ruppofaot daos cette batfe

mille chafes

forifcn:mdues

qui ue devroienr pas l'etre,

GEN

&

auxquelles Lulli n' a ¡amais penfé,

il

n'a fair Qué

monrrer cambien les ob¡eétians éroient folides. D'3il–

lcurs. en fe boroanr

a

quelques chang<' mens daos la

bafle de Lulli, crair-an avoir rcchauffé ou pallié la froi–

deur du monologue? ous en appellon\ au propre témoi–

goage de fon célebre défenfeur. E01-il fait ainfi chao–

ter Armice? eílr-il fait marcher la baffe d'une manie–

re

(j

pédeflre

&

fi

triviale? QJ'il compare ce mono–

logue avec la Ccene du fecond aéte de Dardanus ,

&

il Centira la diff¿rence. L es beauré de Lulli foor

:l

lui,

Ces

faurcs vieoneor de l'érar d'enfance od la mulique

étoit de

Con

tems; excuCoos ces faures, mais avoüoos–

les.

La fceoe de Dardaous, que nous venons de cirer,

vienr ici d'auranr plus a-propos ' qu'elle nous fournit

un exemple du

genre cbromnti'{rte

cmployé daos le

, chanr

&

daus la balfe: naus vculons parler de cet cn–

droir,

Et s'il ltoit

""

<ll!ur trop foible, trop Jtnfihle,

D ans de funeftu nll!uds malgrG fui rete

m< ,

Portrritt.-vosu?

&c.

Le chanr

y

procede en mon rant par fe mi- tons , ce

qui ameoe néce!fairemenr le demi-tan m'ncur dans la

mélodie ,

&

par conféquent le

cbromat~qru;

la bafle

faodamentale, a

u

premier vers, defcend de tierce mi–

ueure de la ronique

Jol

fur la dominante too.ique

mi

,

&

remaote

a

la ronique

la

porrunt l'accord m1oeur, la–

quelle devienr enfuire dominante tooique elle-meme ,

c'efl-a-dire porte l'accord majeur.

Voy.

Do

M 1 N A N·

TE .

Cette dominante ronique remonte

a

fa tanique

rl,

·qui daos le fecond vers dtfcend de tierce mineure fur

la dominante tnniq ue

ji,

pour

n

monrer de -la

~

la ro·

nique

mi .

Or une marche de bafle foodamenrak dans

laquelle la ronique qui pone l'accord mineur, refle fur

le mi'me degré pour devenir dom.nanre ronique, ou

daos laquelle la bafle defcend de tierce d'une toniquc

fur une dominame , produir nécerfairement le chroma–

tique par l'effet de l'harmonie.

Vo)<Z

eH

Ro

M A

r

1-

Q

o

E

&

nos i/lmenr d,

Mu_/iq:~e

.

Le

gmre

chromatiqoe qui procede par femi·tans en

monrant, a été employé avec d'aurant plus de vériré

daos ce m'>rceau, qu'il noos paro\t repréCcmer parfai–

remenr les rons de la narure.

U

o

excellent aéteur ren–

doit infailliblemenr le fecond

&

le rroitieme vers cnm–

me ils font norés en élcvant fa vo:x par femHons;

&

nous remarque:ans que

fi

on chanroit cer endrait

comme oo chante le récitatif iralieo, fans appuyer fur

les fons' fans les 61er' a-peu-prcs comme

(J

on par–

loir ou oo lifoir, en obfervaor feulemenr d'entonner ¡u–

fle, on n'apperce,•roit poior de ditférence entre le chan t

de ce morceao

&

une belle déclamarioo rhéarrale: voila

le modele d'on boo réciratif.

J

e oe fai, pour le dire en pa!Tant, fl la mérhode de

chanrer ootre récitatif

~

l'iralienne, feroir impraucable

fur narre théatrc .

Dan~

les récitJiifs b'en faits, elle o'a

point paru choquante a d'ex celleos conno treurs devane

lefquels j'en ai fair e!Tai; ils

l'onr

unanimemenr préfé–

rée a la langueur iofipide

IY.

iofupponable de norre chant

de l'apéra, qui devienr rous les

JOors

plus rrainanr, plus

froid,

&

d'un ennoi plus morrel. Ce

<l""

Je

crois pou–

voir af;Orer, c'efl que quaod le récitatif

etl

bon, cerre

maniere de le chanrer le faic re!Tembler beaucoup mieur

a la déclamation .

J

'ajoOre, par la meme raifoo , que

tour réciratif qui déplaira éranr chaoré

de

cette forre ,

fera iofailliblemeot mauvais ; ce Cera une marque que

l'arrifle n'aura pas fui vi les rons de la oarure, qu'il doit

avoir toil¡ours préfens. Aiofi un muticien veur-il voir

li

fon récitatif efl bou ? qu'il l'effaye en le chaot.tnt

a

l'iralienoe;

&

s'il luí dépla\t en cer érat , qu'il en ta!fe

un nutre. On peur remarquer que les deu.r ver; du

monologue d' Armide , que

M.

R auffeau rrouve les

moios mal déclamés ,

Eft-ce ain_/i

r¡r~c

¡e dois me vmgtr attjorrrd'h11i

l

Ma

&ulere s'ltetnt

q~<and

j'approche de

fui,

font en effet ceox qui, étaot récirés

ii

l'italieooe, au–

roieot moíns l'air de chanr . Nous prians le kétcur de

nous pardooner cerre legere d:grcffion, donr une partie

cilt

peu1-~1re

éré mieu'x placée

a

RE'

e

r

T A

r

1 F;

mais

on ne fauroit rrop fe harer de dire des vérirés uriles

&

de propofer des vues qui peuvenr conrribuer au pro:

gres de l'arr.

(O)

GEN"

E,

(

Peintllre . )

Le mor

genre

adapté a l'art

de la Peiotore, ferr propreRlent

a

ditlioguer de la claf–

fe