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GEN
n'avoit paint de baffe fondamenrale naturelle; ce qui pa–
roit appuyer le ryOcme de M. Ramtau, b·eo lain
de
l'mfitmer.
2°.
Qu'il n'dl guere permi> de doil1er, d'a–
prés les livres ancicns qui naos reOent, que les Gtecs
n'eu(Tem en effet ce
genre;
pe01-etre n'érait-il prariqué
que par les inllromtns, Cur leCquel il tO évidemmcot
pradcable , quoiquc tri:;-difficile: auffi étoit·il abandan–
né
de;
le tems de Plutatque. Ce
gtnre
pouvoit pro–
du;re Cur les Grecs, eu égard
a
la Cenfibiliré de
leu~
ore'! le, plus d'effot qu'il n'cn produiroit fur nous, qut
tenoos de notre climat ces arganes moins
délic~ts.
M.
Rameau, il ell vrai,
a
prétendu depuis pea qu'une na–
tion n'dl pas plos favorif¿e qu'une au rre do cllté de l'o–
reille; mais l'e¡périencc ue prouve·t-elle pas le comrai–
re?
&
fans forrir de natre pays, n'y a·t-il pas une dif–
férence marquée
a
cet <'gard entre les
fran~ois
des pro–
"inces méridionales ,
&
ceux qui font plus vers le
Nord?
On a víl
tzu mot
E
N H A
R
M
o
N 1
Q
u
E,
en quoi con–
.fiOe ou peor canfifler ce
genre
dans narre muflque mo–
derne.
11'
y en a propremeot ou il peut y en avoir de
lrOIS
forres;
I'Cilh~rmonir¡:u
(!mple, qui efl produit par
le feul renverfemem de l'accord de feptieme diminuée
daos les modes mineurs,
&
daos lequel, faos enreodre
le quart de roo, on fem fao Effet. Ce
genre
efl évi–
demment poffible, foir pour les iuflrumens,
Coit
méme
pour les voix, puifqu·il edie fans qu'on foit abligé de
faire les quarrs de ron;
c'llt
a
l'ordlle a juger
(¡
foo
etfet cfl agréable, ou du-moins afl<t fupporrable pour
n'ctre pa; tour-a fa ir rej
•rré,
quoiqu'il d01ve d'ailleurs
erre employé rarement
&
fobremeot. Le fccood
genre
eti le
dtntoniqtu·enharmoni'{U<,
daos lequel le quart
de ton a líeu réellemenr, puirque rous les fe mi rons y
font maJ <urs ;
&
le rroitieme
d\
le
chromntiqt~e·enhar
m •niqtte,
daos lequel le quart de ron a égalemelll lieu,
p01tque les fe mi
ro
os y fonr rous mineurs. Ce dernier
¡.mre,
poffible ou non, n'a jamais été exécuré : M.
R amcau af>Ore que le diatonique-eoharmooique peur
l't'tre,
&
méme l'a été par de bons muticiens; maÍ>
M.
k
Ven>, ma\tre
de
mutique de la mérropole de
B<>rdeauk, dcou¡c de ce fai1 dan; un ouvrage pubtié en
l7-f3· ' ' 11
en
nai. dit·il' qu'one dc
partie~
de fym–
.. pno111e frappe
k
la
b
dan; le tems que la h•'ute-contre
, frappe le
[o/
~,
&
enCuite¡,. .vec
mi
~ ·
Si c'efl-
la en quoi cantifl< le
genre
euharmonique, il efl tres–
aifé d'en donner,
&
t<>Ute la mutique le dcviendra,
fi
l'on veur, puifque tour conhtlera daos la maniere
de la copier. On me dira peut· étre que rédlement
il y
3 Ull
quart de
lOO
de
jo/
*
a
la
b,
&
de
fa
a
mi
*:
J'Y
confens; ma's qu'eo réfulle·t-il, Ci les
" deux partís difent la meme chofe ' a la faveur du
<empérameot qui a rappro,hé ces deux notes de
fi
P'
es qu'elles ne fom plus qu'uo feul
&
' meme fon;
, &
fi
l'mrervalle du quarr de roo exifloir réellemeor, il
, n'y
a roint d'oreille a!Tez forre pour rél1ner au tirail ·
, iement qu'elle fauffr iroir daos cef inOaor , ? Qu'op–
p ofer a ce raifonnemem?
l'e~périence
contraire que
M.
Rameau a
E
Ore avoir faite,
&
[ur laque!le
e'
efl aux
cannoi!feurs
a
décider.
L 'enharmonique du premier
genre,
oii le quart de
ton n'a poilll lieo,
&
ou
il
fe fait paur ainfi dire feo–
tir fans
e
~re
enrendu, a été employé par M. Rameau
nvec fuccc1 daos le premier
mo~ologue
du
quarri~me
aéte de Dardanus;
&
nous crayons que le mélange de
ce
genre
avec le diaronique
&
le chromarique, aidcroit
beaucoup
a
l'expreffion, fur-rout dans le morceaux od
il faudroir peindre qudque violente agiration de l'ame.
Que! effer, par exemple , le
genre
enharmonique fobre–
rnent ménagé
&
melé de chromatique, n'eílr-il pa1 pro–
duir daos le fameux monologue d'Armide ou le pac–
te efl
li
grand
&
le moficitn
fi
foible; 'ou le cceur
d' Armide fa it ranr de chemio randis que Lulli rouroe
froidement autour de la méme modulatian , fans s'écar–
ter des roure• les plus communes
&
les plus élémen •
ta'res? t\uffi ce monologue efl-il tOut-a-la-fois une tres·
bonne
le~on
de compohrion pour les commenc;ans,
&
un rres-m, uvais modele pour le, hnmmes de génie
&
de go1it.
1\11.
R 1meau, il di vrai, a entrepris do le dé–
fendre contrc les coups qui Jui oot éré portés:
. . . . . . .
Si Pergama dextrá
Defmdi pof!mt, etinm hác defenfa frúf!ent.
M a's ea changeanr, comme il l'a fait, la baífe de Lulli
en
divers endraits, pour répondre aux plus forres ob–
jeétioos de
M
Routfeau, en ruppofaot daos cette batfe
mille chafes
forifcn:mdues
qui ue devroienr pas l'etre,
GEN
&
auxquelles Lulli n' a ¡amais penfé,
il
n'a fair Qué
monrrer cambien les ob¡eétians éroient folides. D'3il–
lcurs. en fe boroanr
a
quelques chang<' mens daos la
bafle de Lulli, crair-an avoir rcchauffé ou pallié la froi–
deur du monologue? ous en appellon\ au propre témoi–
goage de fon célebre défenfeur. E01-il fait ainfi chao–
ter Armice? eílr-il fait marcher la baffe d'une manie–
re
(j
pédeflre
&
fi
triviale? QJ'il compare ce mono–
logue avec la Ccene du fecond aéte de Dardanus ,
&
il Centira la diff¿rence. L es beauré de Lulli foor
:l
lui,
Ces
faurcs vieoneor de l'érar d'enfance od la mulique
étoit de
Con
tems; excuCoos ces faures, mais avoüoos–
les.
La fceoe de Dardaous, que nous venons de cirer,
vienr ici d'auranr plus a-propos ' qu'elle nous fournit
un exemple du
genre cbromnti'{rte
cmployé daos le
, chanr
&
daus la balfe: naus vculons parler de cet cn–
droir,
Et s'il ltoit
""
<ll!ur trop foible, trop Jtnfihle,
D ans de funeftu nll!uds malgrG fui rete
m< ,
Portrritt.-vosu?
&c.
Le chanr
y
procede en mon rant par fe mi- tons , ce
qui ameoe néce!fairemenr le demi-tan m'ncur dans la
mélodie ,
&
par conféquent le
cbromat~qru;
la bafle
faodamentale, a
u
premier vers, defcend de tierce mi–
ueure de la ronique
Jol
fur la dominante too.ique
mi
,
&
remaote
a
la ronique
la
porrunt l'accord m1oeur, la–
quelle devienr enfuire dominante tooique elle-meme ,
c'efl-a-dire porte l'accord majeur.
Voy.
Do
M 1 N A N·
TE .
Cette dominante ronique remonte
a
fa tanique
rl,
·qui daos le fecond vers dtfcend de tierce mineure fur
la dominante tnniq ue
ji,
pour
n
monrer de -la
~
la ro·
nique
mi .
Or une marche de bafle foodamenrak dans
laquelle la ronique qui pone l'accord mineur, refle fur
le mi'me degré pour devenir dom.nanre ronique, ou
daos laquelle la bafle defcend de tierce d'une toniquc
fur une dominame , produir nécerfairement le chroma–
tique par l'effet de l'harmonie.
Vo)<Z
eH
Ro
M A
r
1-
Q
o
E
&
nos i/lmenr d,
Mu_/iq:~e
.
Le
gmre
chromatiqoe qui procede par femi·tans en
monrant, a été employé avec d'aurant plus de vériré
daos ce m'>rceau, qu'il noos paro\t repréCcmer parfai–
remenr les rons de la narure.
U
o
excellent aéteur ren–
doit infailliblemenr le fecond
&
le rroitieme vers cnm–
me ils font norés en élcvant fa vo:x par femHons;
&
nous remarque:ans que
fi
on chanroit cer endrait
comme oo chante le récitatif iralieo, fans appuyer fur
les fons' fans les 61er' a-peu-prcs comme
(J
on par–
loir ou oo lifoir, en obfervaor feulemenr d'entonner ¡u–
fle, on n'apperce,•roit poior de ditférence entre le chan t
de ce morceao
&
une belle déclamarioo rhéarrale: voila
le modele d'on boo réciratif.
J
e oe fai, pour le dire en pa!Tant, fl la mérhode de
chanrer ootre récitatif
~
l'iralienne, feroir impraucable
fur narre théatrc .
Dan~
les récitJiifs b'en faits, elle o'a
point paru choquante a d'ex celleos conno treurs devane
lefquels j'en ai fair e!Tai; ils
l'onr
unanimemenr préfé–
rée a la langueur iofipide
IY.
iofupponable de norre chant
de l'apéra, qui devienr rous les
JOors
plus rrainanr, plus
froid,
&
d'un ennoi plus morrel. Ce
<l""
Je
crois pou–
voir af;Orer, c'efl que quaod le récitatif
etl
bon, cerre
maniere de le chanrer le faic re!Tembler beaucoup mieur
a la déclamation .
J
'ajoOre, par la meme raifoo , que
tour réciratif qui déplaira éranr chaoré
de
cette forre ,
fera iofailliblemeot mauvais ; ce Cera une marque que
l'arrifle n'aura pas fui vi les rons de la oarure, qu'il doit
avoir toil¡ours préfens. Aiofi un muticien veur-il voir
li
fon récitatif efl bou ? qu'il l'effaye en le chaot.tnt
a
l'iralienoe;
&
s'il luí dépla\t en cer érat , qu'il en ta!fe
un nutre. On peur remarquer que les deu.r ver; du
monologue d' Armide , que
M.
R auffeau rrouve les
moios mal déclamés ,
Eft-ce ain_/i
r¡r~c
¡e dois me vmgtr attjorrrd'h11i
l
Ma
&ulere s'ltetnt
q~<and
j'approche de
fui,
font en effet ceox qui, étaot récirés
ii
l'italieooe, au–
roieot moíns l'air de chanr . Nous prians le kétcur de
nous pardooner cerre legere d:grcffion, donr une partie
cilt
peu1-~1re
éré mieu'x placée
a
RE'
e
r
T A
r
1 F;
mais
on ne fauroit rrop fe harer de dire des vérirés uriles
&
de propofer des vues qui peuvenr conrribuer au pro:
gres de l'arr.
(O)
GEN"
E,
(
Peintllre . )
Le mor
genre
adapté a l'art
de la Peiotore, ferr propreRlent
a
ditlioguer de la claf–
fe