sos
GEN
ecne politiquc fingul iere
&
uoovclle, qui confine
a
(ai–
re la guerre fans
l'avoir déclarée, n' étnit pa>
encore
conoue en Europe;
&
eOt-elle été prntiquéc de>-lors
par
les grands états' elle en trop préjudiciable aux pe–
tits, pour qu'dle pui(Je ¡amais étre de leur goOt.
\ 1)
Le duc Charles Emmanuel fe voyant repoulfé
&
fes
géoéraux pendo¡, renon<;a
a
s'emparcr de
Geneve ..
Son
exemple ferv it de lc<;on
a
fes fucce!Teurs;
&
d~put~
c.e
rems, cene ville n'a cc!fé de fe peupler, de
s
enrtc~tr
&
de s'embellir daos le feio de la pai>. Quelques dtf–
feofions inteflioes, doot la derniere a oiclaté en 1738,
on1 de tems en tems altéré legerement la tranquillité de
la république; mais tout a été heureufement pacitié par
la médiation de la France
&
des Cantons confédérés;
&
)a SUreté efl 3UJOUrd'hui ét3blie 3U-dehors plUS forte–
ment que jamais, par deux nouveaux traités , l'un a–
vec la France en 1749 , l'autre avec le
roi de Sardai–
goe en 17.f4·
C'efl une chofe tri:s-fioguliere, qu'uoe ville qui com–
pte
ii
peine
24coo
ames,
&
dont le territoire morcelé
ne contient pas trente villages , ne lailfe pa; d'étre un
état fouverain,
&
une des villes les plus Bori(Jantes de
l'Europe: richc par fa liberté
&
par Con commerce, elle
voit louvent nutour d'ellc tout en feu fans Jamais s'en
relfemir; les évenemens qui agircnt
1'
Europe ne
foot
pour elle qu'un ípeélaclc, dont elle ¡oüit fans y pren–
dre part: anachée aux Fran<;ois par fes alliances
&
par
fon commerce, aux A ng lois par fon commerce
&
par
la
religion, elle prononce avec
imparllalir~
fur la ¡ufli–
ce des guerres que ces deux oations puilfantes fe font
!'une
a
l'autre, quoiqu'elle foit d'ailleurs trop fagc poor
prendre 3UCUtle part
a
ces guerres,
&
JUge
IOOS
)es fou–
verain¡ de l'Europe, faos les flatcr, fans les blelfer,
&
fans les craindre .
La ville efl bien forrifiée, fur-tout du córé du prin–
ce qu'elle redoure le plus, du roi de Sardaigne. Du
córé de la France, elle efi prefque ouverte
&
fans dé–
fenfe_ Mais le fervice s'y fait comme dans une ville de
guerre;
les arfénaux
&
les magalins font bien fourois;
choque citoyen y efl foldat comrne en Sui!fe
&
daos
J'ancienne Rome . On permet aux
G/,evoiJ
de fervir
d~ns
les troupes étrangeres; mais l'érat ne fouroit
a
au–
cone pui!faoce des compagnies avoüées,
&
ne foutfre
daos Con territoire aucuo enrólement.
Quoique la ville foir riche,
l'état efl pauvre par la'
répugo~nce
que témoigne le peuplc pour les oouveaux
impórs, méme les moins onéreux. Le reveno de l'é–
t~t
ne va pas
a
cinq cents mille livres monnoie de Fnin–
ce; mais l'économie admirable avec laquelle il el! ad–
minillré, fuffit .
a
IOUt,
&
produit móme des fommes
en
referve pour les beíoins euraordinaires .
,
On diflingue daos
Gentve
quatre ordres de perfon–
nes: les
ritoyem
qui font tils de bourgeois
&
nés daos
la
vil le; eux
feuls peuvent par venir
a
la magiflrarurc:
les
bo~<rg<DiJ
qui foot
ti
ls de bourgeois ou de ciroyens,
mais nés en pays érranger, ou qui étant étraogers ont
acquis le drott de bourgeoilie que le magiflrat peut con–
férer; ils peovent etre du confeil général'
&
meme do
grand-coofeil appcllé
da
dtttx-cen#I.
Les
habitanJ
font
des étrangers, qui ont permiffion du magillrat de de–
meurer dans la ville,
&
qui n'y font rien .autre chofe •
En fin
les
natifi
font lrs ñls des habitaos; ils ont quel–
qurs priv iléges de plus que leurs pe res, mais ils font
exclus du gouvernement .
A
la teto de la républiq ue font quatre fyndics , qui
ne p<uvent l'etre qu'uo an,
&
nc le redev•nir qu'aprcs
quatre ans. Aux fyndics cfl JOint le petit confeil, com–
pofé de vingt confeillers, d'un
thréforier
&
de deox
fecréta ires d'état,
&
un autre corps qn'on appelle
de
la
jufiice.
Les affaires JOUroalieres
&
qui demanden! ex–
pédition, foit criminelles, foit civiles, font
l'obj~t
de
ces deux corps.
Le grand-confeil efi compofé de deu¡ ceots cinquan–
te ciroyens ou bourgeois; il efl ¡uge des grandes cau–
fes civiles, il fait grace, il bar monnoie,
il
élit les mem–
bres du petit-confeil, il délibere fur ce qui doit étre por–
té au confeil général . Ce confeil général embralfe le
corps eotier des ciroyens
&
des bourgeois, excepré ceux
qui n'ont pas vingt-cioq ans, les bgnqueroutiers,
&
ceux
(1)
Jean Calvin ne fut pas
appell~
p.u
les Génevois dans
Jeur
Ville,
comme
il
s'en fuit de l'[t;l)ie,
Se
de
Ferr:ue
oi) il avoit
été
dém;tndé
p:¡r cene DuchellC , il
;uriva
de
fon
libre
.:arbitre
tl:lns GenCve
:wc:c.Antoine fon frere le 14 Senembre 1536. Guillaumc F:uel
&
Amo1ne
From~nt
le• ¡Kincipans prédicJ.teQrs de cene Ville le fol–
hciteren; de •'Y
arrC.t~r
comme il
~t.
Mais le :13. AVril de 1'.1.a-
GEN
qui ont eu quelque Bétri!fore. C'efi
a
cettc alfemblée
qu'appartiennent le pouvoir légi,sl3tif,
k
droit de la gu:r–
re
&
de la paix, les alliances, les impót',
&
1'6leébon
des principaux magiflrats, qui fe fait da
m
la
cathédr~le
avec beaucoup d'ordre
&
de décence, quoiquo
le
nom–
bre des votans foit d'environ 1
soo
perfonnes.
On voit par ce détail que le
gouver~ement ~e
Gt–
ntve
a tous les avantages
&
aucun des mconvémons de
la démocratie · rour efl
fous
la dirrélion des fyndics,
tout émane
d~
petir-confeil pour la délibération,
&
tour
retourne
a
lui pour l'execution : ainíi il femble. que
la
ville de
GtntVt
ait pris ponr
modd~
cette l01.
fi
~age
du gouvernement des anciens
G~~m~1ns;
dt mr1JortbuJ
rebur
prin,ipu
confult.ant, de maJorzbu_s
~mnn,
tia ta–
men, ut ea t¡uorum
peno pltbem
arbztr11~m
efl, apucl
princzpa
prtrtraéitntur .
Tacitc,
J(
m"r. G_(rm.
.
Le droit civil de
Genev<
efl prefque tout uré du droll
romain, avec quelques modificatioos: par ex.e.mple-
u
o.
pere ne peut ¡omais
difpof~r
que de la monté de fon
bien en faveur de qui il lui plair ; le retle fe parr•ge é–
galem~lll
entre fes enfans . Certe loi afsOre d'un c6té
la dépendance des enfaos
&
de l'autre elle prévieot l'ia–
JUflices des peres.
M . de Moorefquieu appelle avec raifon une
¿,/(,
loi
1
cclle qui exclut des charges de la
république les cito–
yeos qui n'acquineot pas les dertes de leur pere apres
fa mort'
&
a
plus fortc raifon ceux qui o' acqument
pas leurs dettes propres .
L'on n'étend point les drgrés de parcnté qui prohi–
ben¡ le mariage, au-deli de ceux que morque le Lé–
vitique : ainfi les coofins- germa;ns peuvent
fe maricr
enfemble; mais auffi point de dilpenfe daos les cas pro–
hibés . Oo accorde le divorce eo cas d'adulrere ou
do
défertion malicieufe, apri:s des proclamatioos JUridiqoes.
La juflice criminelle s'cxerce avec plus d' exaélitudc
que de rigueur. La queflion, dé¡
a
abolie daos plulieoli
états.
&
qui dev roit
1'
etre par-rout comme une cruau–
té inotile, efl profcrire 3
Gen<v•;
no ne la donoe qu'a
des criminels déj:l condamnés
:l
mort, pour découvrir
leurs complices, s'il efl
néce!f~;re.
L'accufé pem de–
mander communicarion de la procédure,
&
fe faire
a(:
fiflcr de fes pareos
&
d'un avocat pour plaider fa cau–
fe devant les juges
a
huís ouverts. Les fentence• crimi•
nelles fe rendem dans la place publique par les fyndics,
avec beaucoup d'appareil.
On ne connoit pcint
:1
GmJve
de dignité héréditai–
rc; le
ti
ls d'un premier magiflrat reflc conrondu dans
la fnule, s'il ne s'en tire par fon mérite. La noblelfc
ni la richelfe ne doonent oi
rang , ni prérogativcs, ni
facilité pour s'élever aux charges: les br gues font fé–
veremeot défendues . Les emplois fom fi peu lucratifs,
qu'ils n'ont pas de quoi exciter
la cupidité; ils ne peu–
vem tenter que des ames nobles, par la confidération
qoi y efi anachée.
On voit peu de proces; la plUpart font accommodés
par des amis communs, par les avocats méme,
&
par
les juges.
Des lois fomptuaires dtfendent
1'
ufage des pierreries
&
de la dorure, limitent la dépenfe des funérailles,
&
obligent tous les citoyens
:l
aller
~
pié daos les roes:
on n'a de voimres que pour la campagoe . Ces lois ,
qu'oo regarderoit en France comme trop féveres,
&
preíqae commc barbares
&
inhumaines, ne
font poiot
nuiGbles aux véritables commodités de la vie, qu'on
peut !OUJOOrs fe procurer
a
peu de
frais ; elles ne re•
trancheot que le fafle, qui ne contribue point au bon–
heur,
&
qui ruine fans érre urile.
11
n'y a pem-e rre point de ville oi\ il
y
ait plos de
mariages heureux;
Gentvt
efl fur ce poiot
:1
deos cems
ans de nos mceurs. Les réglemens comre le luxe font
qu'on ne craiot point la multitude des enfans; aioli le
luxe n
'y
ell poinr, comme en France , un de> grands
obflacles
ii
la population.
On ne fouflre point
a
G1ntv•
de comédie;
ce
n'efi pas
qu'on y defapprouve les fpeélacles en eux-memes, mais
on craint, dit-on, le goOt de parure, de diffipation
&
de
libertinage que les troupes de comédiens répandent parmi
la ¡cuneífe. Cependant ne feroit-il pas poffible de remé–
dtcr
:i
cet inconvéni•n1, par des Jois féveres
&
bien exé-
cu-
~éc ~oS. C::a~vin.
&
Fa~el
furent
bannis
folemnellement paree que
m
lrb:r• Cnntatt Tp·•""'
tfft
v•l•urlfllt
Mais enfaite 2 c.3ofe des
inRances
redoublée.~
du
Mag¡(\:r,n
do:
Berne.
&.
de.
c.1bales
.:mifi~
cieuf~s
des
Olmis
de Calvin,
·
&:
de
F:uel
on
revo
qua J'urét J e 1.m:ti 1141 Q11oique Calvin retourn1t
~ Gen~ve
au
comrueoceme.ntde
J':too~e
1541. o\) il mounn la 17. tttai lJ6j.