GEN
S'il "' oit remponé quelque grande viéloire
il ne
mauquoit guere d'envoyer nu
fénat des
lettres 'ornées
de feu11lcs de laurier, par lefquelles il lui rendoit com–
pt< du fucces de
fes armes ,
&
lui demandoit qu'
¡¡
'ouhit bien décerner en fon nom, des fupplications
&
des aélions de g1aces aux dicux. Le decret du
fénat
é10it fouvent une
af
s~ronce du triomphe pour le vain–
queur,
tri11mphi prd!
rogati.va. Ce fut cet honneur du
triomphe, qui dans les beoux jours de la
républiquc
Dnimn ta11t de fes
ghtéra11x
~
ioire les plus grands
ef~
101 ts pour obtenir la viéloirc.
l\lais des qu'ils eurcnt paiTé les Alpes
&
les mers,
&
qu'lis eurent féjourné plu.lieurs campagnes avec
les
légions dans les pays qu'ils foOmettoient , ils
fentirent
leuts forces, difpoferenr des armées,
&
s'arrogerent le
triomphc, fans daigner le demander ou
f~nat
. Les fol·
dats 3 leur tour commencuent
~
ne reconnoltre que
leur
ginhal,
a
fonder fur lui toures leurs efpérances,
&
~
regard<r la ville de loin : ce ne furent plus
le'
foldat< de la république, mais de Sylla, dé Pompée,
de Céfar . Rome doura quelquefois ,
li celui qui étoit
~
la tete d'uoe armée daos une province, étoit fon
g<–
nlral
ou fon ennemi.
Entin, quand les empereurs eurent
fucc~dé
3 la
r~publique, ils garderent pour eux les triomphes,
&
don–
nerent 3 cks gens qui Icor marquoient un devoüement
inviolable, le commandement d"' armées; alors ceu¡
qui furent nommés
ginlraux,
craigna111 d'enrreprendre
l:le trap grandes che,fes, en ti<ent de petiles . lis mo–
dérerent aif¿tmnt leur gloire que rien ne foOtenoit'
&
fe conduifirenr
de
maniere qu'clle ne réveill!lt que l'at–
tenrion,
&
non pas la ¡aloufie des empereurs, afin de
ne poinr paroirre de1•ant leur throne avec un éclat que
leurs yeux ne pouvoient foutfrir.
(D.
J
)
G
~N
E'R AL'
r.
m.
(
Art mi/ie.
&
Hift. mod.
)
en France le
g fnéral
efl ordinairement le maréchal de
Fraoce, qui a fous lui des lieutenans généraux
&
des
marcichaux de camp pour 1' aider dans
fes
fonélions :
ces derniers officiers font appellés
~tficicrs
glniraux
,
paree qu' ils n'
appanicnnent
d aucun corps
panicutier,
&
qu'ils commandent indifféremment tout le corps de
l'a1mée fous les ordres du
·giniral
en chef.
On ne peut guere fe difpenfer d'entrer ici daos quel–
que détail fur les qu2lités qu'
e~ige
1' emploi de
glnl–
ral:
mais l'"o fera parler lur ce fuJel M. le maréchal
de Saxe. C'efl aux grands maltres, comrne cet illuflre
giniral,
qu'il appartieot de prefcrire les regles
&
les
préceptes pour marcher fur leurs traces
&
fervir avcc
la
m~me
di!linélion .
, La premie« de toutes les qualités du
glnlrnl,
dit
,
le célebre maréchal que nous vrnons de nommer,
,
e(! la valeur,
fans laquelle ¡e fais peu de cas des
, autres, paree qu'elles deviennent inudles: la feconde
" efl 1' efprit;
il doit <!tre courageux
&
fertile en ex–
" pédienl: la troifieme en la fante.
, Le
g rnlral
doit avoir le
talcnt des promptes
&
, heureules reiTourcc>: favoir pénétr:r les hommes,
&
" Icor erre impénétrable ; la capacité de fe
pr~ter ~
,
tout; 1' aélívité JOÍnte
~
1' inrelligence ; 1' habileté de
,
faire en tout un choix coovenablc ;
&
la Jufldfe du
difcernemenr .
•• 11 doit ctre doux'
&
n'avoir aucune efpece d' hu–
meur; ne favoir ce que e' efl que
In haine ; ponir
,
fans rniféricorde,
&
fur-tout ceux qoi lui
fonr
les
, plus chcrs; mais Jarnais ne fe f3cher ; etrc toujours
, affligé de fe voir dans la néceflité de fuivre
ii
la ri–
" gueur les regles · de
la
difcipline m1liraire ;
&
avoir
,
roQ¡ours de,·ont les yeux 1' cxemple de Manlius ;
,
s'óter de l'idée que c'efl lui qui punit;
&
fe perfua–
" der
a
foi-meme
&
aux aotres , qu'il ne fait qu' ad-
miniflrer les lois miliraires . Avec ces qualités, il fe
fera aimer, craindre,
&
fans doute
ob~ir
.
, Les parties d'uo
¡Jnlral
font intinies. Uart de
fn~
, voir faire fubfifler une armée, de la ménager; cel01
" de fe placer de
fa~on
qu'il ne poirTc etre obligé de
combaure que lorlqo'il le
~eut;
de choifir
fes p_o–
" fles, de ranger fes troupes en une infinité de
ma~le" res,
&
favoir profirer do moment fa1•orable qu1 fe
,
trouve dans les batailles
&
qui décide de leur fue –
" ces . Too tes ces chafes 'font immenfes
&
aoOi va-
riées que les lieux
&
les hafards qui les produifent.
,
11
faut pour les voir, qu'un
ghdral
ne
Ít>it oc–
''- copé que de l'ennemi un JOOr d'aftaire: l'exameo des
,
lieu•
&
cel ui de fon arrangement pour fes rroupes,
doit étre prompt comme le vol d'uo aigle; fa difpo-
" lition doit étre courte
&
fimple. 11
s'ngit de dire ,
, par nemple, la premiere li¡¡oe attnquera,
la
fe con-
GEN
, de fot'ltiendra; ou
tel corps attaquera
&
tel foutien–
,
dra.
,
11 faudroit
~ue
les
glnlraux
qui fonr fous lui fuf–
" fcnt bien bornés pour ne pas favoir exécuter cet or–
" dre, (,¡ faire faire la manreuvre qui convient chacun
" a
fa divifion; ainfi )e
g/Nira/
ne doit pUS S'en
OCCU–
n per ni s'en embnrra(fer; car s'il veut raire
le fer–
" gent de bataiile
&
etre par-tOUt, il fera précifément
, comme la mouche de la fable, qui croyoit faire mar–
"
cher un coche.
,
11 faut done qu'un J<>Or d'atfairc un
ginlra/
ne faf–
fe rien; il en verra mieux ; il fe conlervera le joge–
" ment plus libre,
&
il fera plus eo état de profirer
, des firoations oú fe
trouve l'ennemi pendant la durée
,, du combat;
&
quand rl verra fa belle, il devra baif–
" fer la main pour fe porter
a
tOute' Jambes dans l'en-
droit défeétueux ; prcndre les premieres troupes qu'il
,
trcuve
ii
portée, les faire avancer rapidement,
&
pa–
" yer de fa perfonnc: e' efl ce qui gagne le. batailles
&
les décidc. ]e ne dis point ou ni comrnent ce–
" la fe doit faire, paree que la variété des lieux
&
cel–
" le des diljJOiitions que le combat produit, doivcnt
le
, démontrcr; le tout ell de le voir
&
d'en favoir pro–
"
fircr.
,, Bien des
gf,frflux
en chef ne font occupés un
, JOllr d'atfaire, que de faire marcher les
troupes bien
, droite<; de voir li elles confervent bien leurs diflan–
" ces ;. de répondre aux queflions que les aides de camp
,
Icor viennent faire; d'en envoyer par-tout,
&
de
courir eux-mfm,s fans cerTe; entin ils veulent tout
,
faire, moyennant quoi ils ne font rien .
Je
les
re~ar
de comme des gens
a
qui la
t~te
toume.
&
qur oe
voyent plus rien; qui ne favent
fuire que ce qu'ils
ont fait
toute
leur vie, Je veux dire, mener des
,
troupos méthodiqu; ment . D'oú vieot cela?
~·efl
que
tres·peu de gens s occupenr des grandes partres de la
guerre; que les officiers parTent leur vie
a
faire erer–
" cer des noupes,
&
croyent que l'ort militaire conlifle
feulemeut dans cette partie: lorfqu'ils parviennenr au
" commandcment des armées, ils y font rout neufs;
;: &
faute de favoir faire ce qu'il faut, ils font ce qu'
,.,
ils favent.
, L'uoc de ces panies efl méthodique, je veux di–
" re, la difcipline
&
la maniere de combatrre;
&
l'au–
" tro efl
f~blime
: aulli ne fatH-il point choilir pour
,., celle ci des hommes ordinaires pour l'adminillrer.
, L'on doir, une fois pour toutes, établir une ma·
, nierc de combanre que
les
troupes doivent favoir,
, arnfi que les
gi,lraux
qui les menent: ce font dcr
,
r<gi<s
géné~ales,
comme, par eHmpie, qu'il
faot
, garder les dillances dans
la marche; que lorfqu'oo
, charge, il faur le faire vigoureufement; que s'il fe fait
" des troüées dans la premiere ligne . c'efl
a
la fecon-
de
it
les boucher; il ne faut point d'écritures poor ce–
,. la, c'efl
l'a b e
des troupes: rien n'efl
li
aifé;
&
le
,
glnlral
ne doir pas y donner toute fon attention,
, comme la plGpan le font. Mais ce qui mérite too-
te fou artcntion, c'efl la conrcnance de
l'ennemi,
,
les mouvemens qu'il fait,
&
oú
il
porte fes troo>pes:
il faur chercher
ii
lui Jonner de la jaloufie dans un
, endroit, pour lui faire faire quclque faulfe démarche,
,
le déconcerrer; protiter des momens,
&
fa voir por–
" ter le coup de morr oú il faut. Mais pour tout ce–
" la, il faut fe conferver le jogement !ibrc,
&
n'ctre
, point occupé de petites chofes , .
R éveries,
ou
mé–
moiru fur la Gutrrc, par
M. le maréchal de
Sa~e .
Si l'oo veut s'inflrnire plus particulierement de tout
ce qui concerne l'emploi de
glnlral,
on pourra co.n–
fi•lter
V
egece, le
commmtair. fur Polybe
du chevaher
Folard, les
riftexiom militair.s
de M. le marquis de
Santa-Crux, &r.
(Q)
GE'N&:,RALDES DRAGONS,
(Art milit.)c'eft
le colonel général de ce corps auquel on donne fou–
vent ce titre daos l'ufage ordinaire. , M. de Buuffiers
, a le régiment des gardes vacant por la mort de M.
, de
la Feuillade,
&
vend fa charge de
g<néral des
,
drago11s
au comte de Teffé,.
/1brlgl chronologtqllc
de l'btjloir. de Franco par
M. le préliden r Hen¡¡ult.
Le corps des drago,;s a un autre chef, c'ell le me–
flre de camp
g(,lral:
~n
l'_obfence de ces deux officiers,
c'efl le plus ancicn bngadrer du corps qor en a le com–
mandemenr .
Lorfque Jes dragons font mt!lés daos les brigades de ca–
valerie
ils doivem obéir
a
celui qui commande; s'il ar–
rive
q~e
ce fon un offic1er de dragons, il ell en cecas
fous les ordres du
ginlral
de la cavalerie; s'il fe trou–
l'e
daos le¡ brigades m:lées de 'IVaieric
&
de dragons,
Utl