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FOI
u-dellus de l'ordre de la noture .
Liv. l. chap. ij.
Cela s'emend arTez bieo. Mais les
Th~ologiens
rcgar–
d<m cotte eiplication comme infuflifante ,
&
ils exi–
genr qu'on dife cncorc que l'aéle de
foi
e!l furoarurel
enmarivement.
f/oy•z
G
RAe E
&
S
u R N A T o RE L.
La
foi
n'dl pas la
pr~miore
grace; car Dieu donne
des graces aux in
ti
deles pour arriver
il
la
foi:
c"e(l la
doélrine catholique .
Dans les définitions
&
les divifioos qu'on a données
de
la
foi
,
on a a!fez ordiuaircment confondu la
foi
comme perfuafion, comme gracc
&
comme verru: c'e(l
pourqnoi nous ollons faire quelques remarques fur ces
définitions
&
ces divilions.
O
u
défioit la
foi,
une venu divinement iofufe, une
lumiere furnaturelle, un fecours, un do n de Dieu qui
nous fait acquiefcer fermcment aux vérités révélée• par
le motif m€ me de !'autoricé de Dieu.
1e crois qu'il faudroit dire que c"e(l une
perfu~fion
ferme des vérités révélées par Dieu, fondée fnr
l'an–
torité de Dieu m€me, fauf
a
faire ernendre enfuite que
cette perfuafion
e(!
méritoire,
&
qu'elle e(! une vertu;
que nous avons befoin d' un
fecours (urnaturel pour
nous y élever,
&
qu' elle e(! une
gro
ce en
ce
feos .
On voit au contrnire dans
la définirion communément
r~'rlc,
la vertu de la
foi,
la grace de la
foi
lll
la per–
fualion que renfcrme la
f oi,
eoticrement confondues .
Quelques théologiens a1oilrent dans cene définition,
apres ces mots
révllées par Diw,
ceux-ci,
&
propo–
fées par I'Eglife.
Mais
1
uenin
remarque que cette addition n'e(l pas
e(Jcotielle
a
la définition de la
foi;
&
que quoique I"E–
glife propofe cornmunémeot les chafes révélées com–
me telles, on peut cependant croire un dogme fans que
l'Eglifc le propofe. Cctte que(iion dépend de
l'e~amen
de celle-ci,
rua11d
&
comm•nt
/'
Eglife propofe-t-e/1,
aux fideln
rm
dogme romme r-tvllé?
On doit en trou–
"er la folutioo aux
articln
E
G L 1sE
&
R
E'v
EL A–
T 1 ON.
On divife la
foi
r
0 .
en habiruelle
&
aéluellc,
&
cet–
te divifion pcut s'eotendre de la
foi
coo!idérée fous les
trois rappons , de perfuafion, de grace
&
de vcrto .
Mais qu'e(i-ce que la
foi
habituelle? Ea-ce une qua–
lit.é habituelle d2us le feos
de
la philofuphie d' Atino–
te? C'e(l fur quoi 1'Eglifo o'a point prononcé défini–
tivemcnt . Cependant depuis In
fin du douzieme fieclc
les Théologiens fe font fervi du terme
d'habitude
pour
.expliquer ce que l'Eglife enfcigne fur la nature de la
grace fanélifiaorc qui efl répandue en l'ame
p~r
les fa–
cremens .
a
favoir que c'e!l quelque chofe d'interne ou
d'inhérent
&
di(iingué des aéles.
La
_foi
e(! auffi acquife ou infufe . On appelle
foi
acquife,
celle qui oait en nous par une multitude d'a·
él
es répétés;
&
;,¡,¡e,
celle que D ieu fa ir nairre fans
aucun aéle préalablo : rdle efl
la
foi
des enfans ou me–
me des adultes, que Dieu JU(iifie daos la réceprion des
facremen <. C'e(l
la doélrine du concite de Trente,
feff.
6
JI
n'efl pas aifé d'expliquer la nature de ccttc
foi
infufe,
&
les príncipes de la philofophic moderne
peuvem d.ifficilement
fe concilier avec ce qu'en difent
les Théologiens.
f/oy_n
HA
n
1
T
u
D E S .
M
1is encare
une fois ce qu'ils difent
a
ce fujet, n'appnnient pas
~
la
foi.
On a donné le nom de
foi informe
il
celle qui
fe
uouve daos un
fujet detlitué de la grace fanélifiaote;
&
oo appelle
foi formre,
celle qui le rrouve réunie a–
-vec la grace fanélifiaote. Les fchnla(iiques du xi1.
&
du rii¡. liecle ont imaginé cctte divifion.
L'apórre S. Paul 3ppelle
foi vivt
,
celle qui opere
par la charité qui
e(!
IOiote
a
l'obfervarion de la Joi
de Dieu;
&
S. 1acques appclle
foi morte,
celle qui
fe trouvc fans les ceuvrcs . La doéhine catholique etl
que la
foi
fans
les ceuvres ne fuffit pas pour la JU{lj–
ficatioo.
f/oyez
le concite de Trente,
fe.D: vj. de jtt(l.
1\1ais comme S. Paul relove l'efficace de la
foi
pour
la Ju(lification ,
&
femble rabai!fer celui des ceuvres,
&
que S. Jacques au conrraire releve
le mérite des
roo,·res: de-la e(! néc une grande
~ifpute
entre les Cal–
"ini(ies
&
les Carholiques, fur la pan qu"il faut don–
ner aux ceuvres
&
a
la
foi
dans la ju(iification. Nos
rhéologieos ont accufé les Calvioi(ies d'en ·cxclurc ab·
folumcm les ceuvres.
JI
e(! vrai que Calvin s'etl ex–
primé fur cette matiere avec beaucoup de dureté: qu'on
life lé chapitre
xj. xiJ. IiiJ.
&
fuiv. du
/iv.
Ill.
de
i>iflitution.
Cependant les Arminieos dam le fein
me–
me du Proteflamifme, fe font efforcé> de rapprocher fon
opinion de celle des Catholiques. C'e(l un des points
de doélrioe qui les divifc
d~s
Gomari(les ; peut-€tre
FOI
pourroit-oo expliquer favorablemeot ce que Calvin a
dit la-de!fus .
.le oe citerai que ce qu"on lit au chapi–
tre X\'J· de l'in(iir. liv.
111.
Ita li'{ttet quam vtrum
/il
nos non fine •peribuJ,
'"'!'"
tamrn per optrn ;uft•fi·
cari.
J/oyn
J
os
T 1F 1
e
A T
toN.
Enfin on divife la
foi
en
implicite
&
explicite. On
peut croire
implicirement une vérité, ou paree qu'oo
croit une autre vérité qui la renferme, o u paree qu'oo
e(! foil mis
a
!'autoricé qui l'enfeignc,
&
difpof¿ :\
re–
cevoir d'elle cette vérité des qu'on [aura qu'elle l'cnfei–
gne.
La
plos grande partie d<S fimples daos t<>ores
les
communions, croyem les dogrnes de
!enrs
églifes d'onc
foi
implicite en ces deux fms-13.
Daos l'églife carholique il y a des dogmes qu'il fuffit
de croire d"une
foi
implicite,
&
d'autres qu'il c(l né–
ce!Taire pour le falut de cro ire explicitemcnt. Ceci nous
donne Iieu d'cntrer dans la que(iioo de la néceflité de
la
foi
pour le falut. On voit bien que quoique la divi–
lion de la
foi
implicire
&
explicite ne regarde la
foi
qu'corant qu'elle e(! une perfualion, la néceffité de la
fo•
regarde auffi la grace
&
la verto de la
foi.
Voila
ponrquoi nous avon< renvoyé ici cette importante que–
flion, dont
l'csam~n
termioera cet article.
1•
ne me propofe pas cependant de la traiter métho–
diquement ; cet article en déJa
trop long:
je
me con–
teurerai de
faire
ici quelques réflexions générales fur
cctte mariere,
&
c'e(l peut-l:tre ainfi que
la Théolo–
gie devroit etre traitée daos l'Encyclopédie , ¡e
VCUI
dirc qu'il faudroit
fe contenter des réftexions philofo–
phiques qu'on peut faire fur ces ob¡ets
imponans,
&
renv oyer pour le fond aux ouvrages théologiqucs.
Ou dil1ingue en Théologie
la
néceffité de préccpte
&
la néceffité de moyen. Les différeuces qu"on affigne
entre l'uoe
&
l'autre font bien legeres
&
de peu d'uti–
Jité daos les grandes quc(iions de la néccffité de la
foi,
de la grace, du baptcme,
&c.
en eff<t ces dcux né–
ceffités f<>nt égalemen' forres, puifqu'on e(l également
puni pour ne pas accomplir le préccpte,
&
pour ne pas
fe fervir du moyen.
Une des dittérences qu'on allegue entre l'une
&
l'au–
tre,
&
qui mérite
d'~tre
rrmarquée,
e(!
que l'ignorao–
cc invincible cxcufe de péché dans les chafes qui font
de oéceffiré de précepte; au lieu qu'elle n'excufe point
daos le> chafes qui
font de néceffité de moyen:
Ne–
ceflitas mrdii,
dit Suares
d, neaflitatr fidei, non tx–
(1'[at:tr per tgnorantiam
invinc,bi/em.
Les Théolog'ens ne décidcnt pas expref!"émen t que
cette ignnrance iovincible a11
lieu quelquefois ,
&
ils
n'expliquent pas bien nertement
fi
elle e(l abfolument
&
méraphyfiquement
invincible : mais
li
1'
on enten–
doir par l'ignorance invincible de la
foi,
do Dapréme,
&c.
l'état d'un hom_mc qui e(! daos une ir¡Jpoffioililé
abfolue, qui n'a aucun moyen ni prochain ni éloigné
d'arriver
a
la
foi,
d'avoir le bapreme , en foOrenanr que
la
foi,
le bapreme,
&<.
font
oéce~aires
poor un
tel
homme, on diroic une grande abfurdué; car on diroit
que Dieu ordonoe comme abfolument néceiJaires
des
chnfe> abfolument impoffibles.
'
~a
néceffiré de
1~
foi
po~r
le falur, e(! un dogme
capnal dans la doélnne chréucone: les Théologiens qui
ont voulu y mettre quelques adouci!femens,
&
ufer de
quelques cxplicarions, fe fonr toOJODrs écartés des prín–
cipes re' O',
&
font en fort petit nombre: ain!i la
foi
efl néceflaire d'une néceffité de moyen: de forre que
fans la
foi,
on n"arrive Jamais au falut.
Cette propofition,
la foi eft nlc.Jfaire a
u
falut,
ctl
fynon yme de celle ci,
borJ I"Eglife pomt de {alut,
par–
ce qu'on n'e(l daos
l'Eglife que par la
foi;
&
li-tót
qu'on a la
foi,
on e(! daos l'Eglire.
L e feos de cettc propolition,
la foi
ejl
tJ<rrlfaire
""
falttt,
e(! qu'il y a des vérités paniculieres dont la
foi
explicite e(i néceffaire pour etre fauvé; autrement cette
propolirion feroit vogue
&
ne fignifieroit rien.
Un dogmc quelconque e(! cril d'une
foi
ell-plicite
Iorfqu'il e(! direélemeot l'objet de la perfualion que ren:
fermc
la
foi,
lorfque
la propolirion qui !'exprime
e(!
préfente
a
l'efprit de celui qui croit;
&
ce meme dug–
me fem ce O d'nne
foi
implicite,
fi
on croir géuérale–
merlt ou
a
l'autorir€ de Dieu . qoi le rivelE.-, ou
o
cellc
de l'Eglife qui le profe!fe, fans a\•Oir d'idt!e di!linde
de ce que Dieu révele. Les fimples qui croyent rout
ce que l'Eglife croir, ont une
foi
implicite de benucoup
de dogmes que les pcrfonnes plus in(iruites croyent ex–
plicitement.
Tons les dogmes que- l'Eglife préfente aux 6deles
comme révélés, font l'objet d'uoe perfuafion que D icu
exige
d'eu~
lorfqu'ils cooooiffeot
&
le dogme
&
la
dt-