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!8

FOI

u-dellus de l'ordre de la noture .

Liv. l. chap. ij.

Cela s'emend arTez bieo. Mais les

Th~ologiens

rcgar–

d<m cotte eiplication comme infuflifante ,

&

ils exi–

genr qu'on dife cncorc que l'aéle de

foi

e!l furoarurel

enmarivement.

f/oy•z

G

RAe E

&

S

u R N A T o RE L.

La

foi

n'dl pas la

pr~miore

grace; car Dieu donne

des graces aux in

ti

deles pour arriver

il

la

foi:

c"e(l la

doélrine catholique .

Dans les définitions

&

les divifioos qu'on a données

de

la

foi

,

on a a!fez ordiuaircment confondu la

foi

comme perfuafion, comme gracc

&

comme verru: c'e(l

pourqnoi nous ollons faire quelques remarques fur ces

définitions

&

ces divilions.

O

u

défioit la

foi,

une venu divinement iofufe, une

lumiere furnaturelle, un fecours, un do n de Dieu qui

nous fait acquiefcer fermcment aux vérités révélée• par

le motif m€ me de !'autoricé de Dieu.

1e crois qu'il faudroit dire que c"e(l une

perfu~fion

ferme des vérités révélées par Dieu, fondée fnr

l'an–

torité de Dieu m€me, fauf

a

faire ernendre enfuite que

cette perfuafion

e(!

méritoire,

&

qu'elle e(! une vertu;

que nous avons befoin d' un

fecours (urnaturel pour

nous y élever,

&

qu' elle e(! une

gro

ce en

ce

feos .

On voit au contrnire dans

la définirion communément

r~'rlc,

la vertu de la

foi,

la grace de la

foi

lll

la per–

fualion que renfcrme la

f oi,

eoticrement confondues .

Quelques théologiens a1oilrent dans cene définition,

apres ces mots

révllées par Diw,

ceux-ci,

&

propo–

fées par I'Eglife.

Mais

1

uenin

remarque que cette addition n'e(l pas

e(Jcotielle

a

la définition de la

foi;

&

que quoique I"E–

glife propofe cornmunémeot les chafes révélées com–

me telles, on peut cependant croire un dogme fans que

l'Eglifc le propofe. Cctte que(iion dépend de

l'e~amen

de celle-ci,

rua11d

&

comm•nt

/'

Eglife propofe-t-e/1,

aux fideln

rm

dogme romme r-tvllé?

On doit en trou–

"er la folutioo aux

articln

E

G L 1sE

&

R

E'v

EL A–

T 1 ON.

On divife la

foi

r

0 .

en habiruelle

&

aéluellc,

&

cet–

te divifion pcut s'eotendre de la

foi

coo!idérée fous les

trois rappons , de perfuafion, de grace

&

de vcrto .

Mais qu'e(i-ce que la

foi

habituelle? Ea-ce une qua–

lit.é habituelle d2us le feos

de

la philofuphie d' Atino–

te? C'e(l fur quoi 1'Eglifo o'a point prononcé défini–

tivemcnt . Cependant depuis In

fin du douzieme fieclc

les Théologiens fe font fervi du terme

d'habitude

pour

.expliquer ce que l'Eglife enfcigne fur la nature de la

grace fanélifiaorc qui efl répandue en l'ame

p~r

les fa–

cremens .

a

favoir que c'e!l quelque chofe d'interne ou

d'inhérent

&

di(iingué des aéles.

La

_foi

e(! auffi acquife ou infufe . On appelle

foi

acquife,

celle qui oait en nous par une multitude d'a·

él

es répétés;

&

;,¡,¡e,

celle que D ieu fa ir nairre fans

aucun aéle préalablo : rdle efl

la

foi

des enfans ou me–

me des adultes, que Dieu JU(iifie daos la réceprion des

facremen <. C'e(l

la doélrine du concite de Trente,

feff.

6

JI

n'efl pas aifé d'expliquer la nature de ccttc

foi

infufe,

&

les príncipes de la philofophic moderne

peuvem d.ifficilement

fe concilier avec ce qu'en difent

les Théologiens.

f/oy_n

HA

n

1

T

u

D E S .

M

1is encare

une fois ce qu'ils difent

a

ce fujet, n'appnnient pas

~

la

foi.

On a donné le nom de

foi informe

il

celle qui

fe

uouve daos un

fujet detlitué de la grace fanélifiaote;

&

oo appelle

foi formre,

celle qui le rrouve réunie a–

-vec la grace fanélifiaote. Les fchnla(iiques du xi1.

&

du rii¡. liecle ont imaginé cctte divifion.

L'apórre S. Paul 3ppelle

foi vivt

,

celle qui opere

par la charité qui

e(!

IOiote

a

l'obfervarion de la Joi

de Dieu;

&

S. 1acques appclle

foi morte,

celle qui

fe trouvc fans les ceuvrcs . La doéhine catholique etl

que la

foi

fans

les ceuvres ne fuffit pas pour la JU{lj–

ficatioo.

f/oyez

le concite de Trente,

fe.D: vj. de jtt(l.

1\1ais comme S. Paul relove l'efficace de la

foi

pour

la Ju(lification ,

&

femble rabai!fer celui des ceuvres,

&

que S. Jacques au conrraire releve

le mérite des

roo,·res: de-la e(! néc une grande

~ifpute

entre les Cal–

"ini(ies

&

les Carholiques, fur la pan qu"il faut don–

ner aux ceuvres

&

a

la

foi

dans la ju(iification. Nos

rhéologieos ont accufé les Calvioi(ies d'en ·cxclurc ab·

folumcm les ceuvres.

JI

e(! vrai que Calvin s'etl ex–

primé fur cette matiere avec beaucoup de dureté: qu'on

life lé chapitre

xj. xiJ. IiiJ.

&

fuiv. du

/iv.

Ill.

de

i>iflitution.

Cependant les Arminieos dam le fein

me–

me du Proteflamifme, fe font efforcé> de rapprocher fon

opinion de celle des Catholiques. C'e(l un des points

de doélrioe qui les divifc

d~s

Gomari(les ; peut-€tre

FOI

pourroit-oo expliquer favorablemeot ce que Calvin a

dit la-de!fus .

.le oe citerai que ce qu"on lit au chapi–

tre X\'J· de l'in(iir. liv.

111.

Ita li'{ttet quam vtrum

/il

nos non fine •peribuJ,

'"'!'"

tamrn per optrn ;uft•fi·

cari.

J/oyn

J

os

T 1F 1

e

A T

toN.

Enfin on divife la

foi

en

implicite

&

explicite. On

peut croire

implicirement une vérité, ou paree qu'oo

croit une autre vérité qui la renferme, o u paree qu'oo

e(! foil mis

a

!'autoricé qui l'enfeignc,

&

difpof¿ :\

re–

cevoir d'elle cette vérité des qu'on [aura qu'elle l'cnfei–

gne.

La

plos grande partie d<S fimples daos t<>ores

les

communions, croyem les dogrnes de

!enrs

églifes d'onc

foi

implicite en ces deux fms-13.

Daos l'églife carholique il y a des dogmes qu'il fuffit

de croire d"une

foi

implicite,

&

d'autres qu'il c(l né–

ce!Taire pour le falut de cro ire explicitemcnt. Ceci nous

donne Iieu d'cntrer dans la que(iioo de la néceflité de

la

foi

pour le falut. On voit bien que quoique la divi–

lion de la

foi

implicire

&

explicite ne regarde la

foi

qu'corant qu'elle e(! une perfualion, la néceffité de la

fo•

regarde auffi la grace

&

la verto de la

foi.

Voila

ponrquoi nous avon< renvoyé ici cette importante que–

flion, dont

l'csam~n

termioera cet article.

1•

ne me propofe pas cependant de la traiter métho–

diquement ; cet article en déJa

trop long:

je

me con–

teurerai de

faire

ici quelques réflexions générales fur

cctte mariere,

&

c'e(l peut-l:tre ainfi que

la Théolo–

gie devroit etre traitée daos l'Encyclopédie , ¡e

VCUI

dirc qu'il faudroit

fe contenter des réftexions philofo–

phiques qu'on peut faire fur ces ob¡ets

imponans,

&

renv oyer pour le fond aux ouvrages théologiqucs.

Ou dil1ingue en Théologie

la

néceffité de préccpte

&

la néceffité de moyen. Les différeuces qu"on affigne

entre l'uoe

&

l'autre font bien legeres

&

de peu d'uti–

Jité daos les grandes quc(iions de la néccffité de la

foi,

de la grace, du baptcme,

&c.

en eff<t ces dcux né–

ceffités f<>nt égalemen' forres, puifqu'on e(l également

puni pour ne pas accomplir le préccpte,

&

pour ne pas

fe fervir du moyen.

Une des dittérences qu'on allegue entre l'une

&

l'au–

tre,

&

qui mérite

d'~tre

rrmarquée,

e(!

que l'ignorao–

cc invincible cxcufe de péché dans les chafes qui font

de oéceffiré de précepte; au lieu qu'elle n'excufe point

daos le> chafes qui

font de néceffité de moyen:

Ne–

ceflitas mrdii,

dit Suares

d, neaflitatr fidei, non tx–

(1'[at:tr per tgnorantiam

invinc,bi/em.

Les Théolog'ens ne décidcnt pas expref!"émen t que

cette ignnrance iovincible a11

lieu quelquefois ,

&

ils

n'expliquent pas bien nertement

fi

elle e(l abfolument

&

méraphyfiquement

invincible : mais

li

1'

on enten–

doir par l'ignorance invincible de la

foi,

do Dapréme,

&c.

l'état d'un hom_mc qui e(! daos une ir¡Jpoffioililé

abfolue, qui n'a aucun moyen ni prochain ni éloigné

d'arriver

a

la

foi,

d'avoir le bapreme , en foOrenanr que

la

foi,

le bapreme,

&<.

font

oéce~aires

poor un

tel

homme, on diroic une grande abfurdué; car on diroit

que Dieu ordonoe comme abfolument néceiJaires

des

chnfe> abfolument impoffibles.

'

~a

néceffiré de

1~

foi

po~r

le falur, e(! un dogme

capnal dans la doélnne chréucone: les Théologiens qui

ont voulu y mettre quelques adouci!femens,

&

ufer de

quelques cxplicarions, fe fonr toOJODrs écartés des prín–

cipes re' O',

&

font en fort petit nombre: ain!i la

foi

efl néceflaire d'une néceffité de moyen: de forre que

fans la

foi,

on n"arrive Jamais au falut.

Cette propofition,

la foi eft nlc.Jfaire a

u

falut,

ctl

fynon yme de celle ci,

borJ I"Eglife pomt de {alut,

par–

ce qu'on n'e(l daos

l'Eglife que par la

foi;

&

li-tót

qu'on a la

foi,

on e(! daos l'Eglire.

L e feos de cettc propolition,

la foi

ejl

tJ<rrlfaire

""

falttt,

e(! qu'il y a des vérités paniculieres dont la

foi

explicite e(i néceffaire pour etre fauvé; autrement cette

propolirion feroit vogue

&

ne fignifieroit rien.

Un dogmc quelconque e(! cril d'une

foi

ell-plicite

Iorfqu'il e(! direélemeot l'objet de la perfualion que ren:

fermc

la

foi,

lorfque

la propolirion qui !'exprime

e(!

préfente

a

l'efprit de celui qui croit;

&

ce meme dug–

me fem ce O d'nne

foi

implicite,

fi

on croir géuérale–

merlt ou

a

l'autorir€ de Dieu . qoi le rivelE.-, ou

o

cellc

de l'Eglife qui le profe!fe, fans a\•Oir d'idt!e di!linde

de ce que Dieu révele. Les fimples qui croyent rout

ce que l'Eglife croir, ont une

foi

implicite de benucoup

de dogmes que les pcrfonnes plus in(iruites croyent ex–

plicitement.

Tons les dogmes que- l'Eglife préfente aux 6deles

comme révélés, font l'objet d'uoe perfuafion que D icu

exige

d'eu~

lorfqu'ils cooooiffeot

&

le dogme

&

la

dt-