r6
FOI
Tous les aureors qui ont écrit en faveur de la religion,
établilfeot ce príncipe .
3°.
Ceue certitude n'efl pas fupérieure
a
cellc que
nous avons des vérités mathématiques, ou limplement
.évidentes daos le genre méraphylit¡ue . Cela efl cla1r.
4°. 11
y a un feos daos lequel on peut dire que cet·
re cenitude ell
inférieure
a
celle que nous avoos des
"érités évidentes,
&
un feos daos Jequel oo doit dire
qu'ellc l'égale.
L'impoffibilité qu'une propofition évidente foir fauf–
fe, efl la plus grande qu'on puilfe
im~gioer
;
&
eu é·
gard
a
cette impoffi bilité fous ce rappon purement mé–
raphylique, la cerritude que nous nvons qu'un tel dog–
me ea révélé,
&
en général toute efpece de cerrita·
pe
daos le genre moral ,
dl
inférieure
a
la certirudc
des vérirés évidcotes .
Mais comme on ne peut pas refufer fon alfcntiment
au x preuves qui érablilfent que D ieu a révélé ce que
nous Crofons, non plus qu'aux vérités évidemes; com–
rne celui qui fe
refufe ii ces preuves abufe de fa rai–
fon, autant que celui qui nie uoe vérité mathématique;
cc¡mme
la certitude mora\e a dans fon genre autant
d'aélioo
&
de force fur
\' efprir pour eo tirer le con–
fenremeor ,
q.uela dérnonflrarion
la plus complete;
comrne cet
te cerrirude efl tres· aoalogue
~
la maniere
dom
les hommes jug<nt ordinairemenr des objers,
qu'
elle nous ell familiere, que c'efl eelle que nous fu ivons
le plus communément,
&c.
je erais qu'
ea
tous ces
fens on peut dire que la cerdmde morale , lorfqu' elle
~:tl
arrivée
a
un cerrain degré,
&
par conféqueoc
la
certitnde que nous avons de
b
réalité
&
de l'exiflen·
ce de la révéladoo ' que nous fuppofons élcvée
a
ce
m~me
degré, que cette certitude, dis- ¡e, ell égalc
~
¡:elle que nous avons des véricés év1demes
&
mathé·
¡naliques .
Quanc
a
)a cerricude que nous avons eles vérirés du
genre moral, oo peuc voir par ce que nous venons de
"dice, que la cerdrude drs dogmes de
foi
ne lui e() pas
inférieure, mais égale
&
du méme genre.
JI
fuffic d'expoler ces príncipes,
/l¡
ils n'onc pas be–
foin de preuves. ]'avoue que ¡e
n~ con~ois
pas corn–
ment on
a
pO foütenir férieufement que la
foi
efl plus
cerraine que la raifon . Les parrifaos de co11e opinioc¡
n'onr
pas pris garde qu' ils détruifoient d' une main ce
qu'ils élevoienr de I'aotre . La
foi
fuppofe \a raifon ,
.&
la raifon conduit
:l
\a
foi
.
Avant de croice par le
modf de la révélation,
i1
fau r en conflater
1'
exifience
par
\¡:
fecours de la raifon meme.
Or
comme la
raifon n'efl pas pour nous un guide
plus
,_a,,
lorfque nous conflatons
1'
ex iflence de la ré·
;vélatipn , que lorfque nous nous en fervons pour re–
.conooitre la véricé d' un rhéoreme ou
1'
exillence de
Céfar, les vérités que nous cro:yons d'apces la révéla–
tion con flarée.
ne
peuvenr etre plus cercaines que le
.théoreme
&
l'eKiflence de Céfar . Dans les deux cas,
c'efl roil¡ours
la meme raifoo
&
les mémes \umieres.
J'a¡o[¡cerai
:1
aeci quelques réRexions.
D aos !'examen de cette queflioo, les Théologiens onr
fair ce me femble deux fautes. D'ab"rd ils n'ont com·
paré que
k
mocif immédiat qui noos fait croire
a
la
propoíition révélée, c'efl-
a-
dire la véracité de D ieu ,
au rnocif de \' évidence qui nous
fair accorder norre
alfentimenr
a
une vérité mécaphyfique oo rnarhémaci·
que : au lieu que pour eflimer la certitude de la
foi,
il
fa\loit nécelfairemeo t avoir égard aux autres "mocifs fub–
ordonnés, par \efquels on coallate l'exiflence de la ré–
vé\atioo;
&
d~mander
ti
l'enfemble des motifs qui af·
ftlrent la vérité d'un dogme de
foi,
doit produire une
certitude plus grande que celle qu'engendre l'évideoce.
La rairon de cela efl que le motif de la véraciré de
Dieu ne peur agir
fur l'efprir,
&
y faire naitre la
foi
(
eotant quo perfualioo), qu'aurant qu' on fe convainc
que Dieu a vraimenr révélé le dogme en queflioo; que
fi
on n'a pour fe coovaincre fur ce dernier point que
des preuves doüées d' un cerrain degré de force, ou
daos le genre moral , la cenitude de motif de
la
foi
!le ce dogme fera aotli daos le genre moral,
&
n'aura
que le.
m~
me
d~gr6
de force;
&
quand rn2me oo fup–
pofero¡t le motif de la véracité divioe s'élcver en par–
ticolier
a
un degré de cercitude plus graod ,
)e
ne vais
pas que la cernrude d'uo dogme
&
de la
f••
en géoé–
ral dílr
~n
erre plus grande . Qo' on me perrneue une
compara¡fon. Ce motif de la véraciré divine efl lié a–
vec
~lulieurs
autres, _en
fuppofe pluíieors auttes , qoe
}a
ra1fon feu le four011 . Je me repréfence ces morifs
comme une chaloe formée de p\utieurs chainons, par–
JilÍ
Iefqqel¡ il
r
e¡¡ a
U!J
ou deux plus fom gue 19s
FOI
autres;
&
d'on aurre c6té je regarde lei motifs qoi ap·
puient une vérité évidence, comme une chalne com·
pofée de p\utieurs chainons égaux ,
&
femblables aux
pecitS cha\nons de la premiere . Cette premierc chalne
ne fera pas plus forre que la feconde,
&
ne foiltiendra
pas un plus grand poids. Vous aurez beau me fairc re–
marqoer \a force
&
la gro!Jcur de quclques • uns des
chainoos de cel\e-lil . Ce n'ell pas par-la, vous dirai·
je, qu'elle compra;
&
comme dans fes
e~droits ~oib\es
elle peut fe rompre aufli facilemeoc que
1
antre, ti faur
convenir que 1' une n' efl pas plus forre. que .1' aurre .•
C'cfl ain ú que daos l'alfemblage des moufs quc produt·
feor la perfuafion d'un dogme de
foi,
la cerricude
fu~é
rieure qu' oo prereroit au morif de la
v~rncité
de _D1eu
ne pourroit pas cendre \e dogme de
[ot
plus cerra111.
]e
dis
la urtitt<de
ft~pirieur<
'l"'on prllerot< an
.m~tif de la vlraciti de /Jitu,
paree que ceue fupénon ·
té n'efl rien moins que prouvée. L' impoffibiliré que
Dicu nous trompe érant foadée fur l'évidence meme,
n'efl pas plus grande que
1'
impoflibi\ité qu'il
y
a que
l'évidence nous trompe .
L'autre faute qu'on a commife en rrairam cette que–
Ilion, efl de l'avoir
con~lie
daos \es
termes les plus
généraux, ao lieu de la parricolorifcr.
!1
ne fa\loir pas
demander,
la foi df-<llt auffi certaine qtu la raifon,
mais
un
dogm< de foi
en
particu/i.r
?
Cene propoli·
tion, par exemple,
il
y
a
troiJ Perfonn<J en Diw
,
efl-elle auffi cercaine de la cenitude de mocif ( '"' pre–
nanr tour I'enfemble des motifs qui la fonc croire) que
celles-ci
zm
&
dtux font troiJ?
Célnr a conquis les
Gaales. )e croi' que
fi
un eü t coo<;O
la quellioo en
ces termes, on fe feroit contenté de dire que la
foi
efl
autr~
cerraine que la raifon; en etfet on auroit v(¡ clai·
rement que la cerritude de ce dngme dépend de la vé–
racicé de Dieu
&
des preuves qui confl>t<llt que ce dog–
me efl révélé,
&
que parmi ces preuves il en entre
plufieurs doot \a cenitude oe s'éleve pas au-deffus de
la certitude mécaphytique, pour ne pas dire qu'elle de–
meure au-delfous .
J'épargne aux \eéleurs les difcuffions étendues que les
fcholalliques om fait fur ceue matiere. Pour décidcr
une femblable quellion, il fuffit d'un príncipe
ela
ir;
&
ctlui que nous avons donné nous pacoit avoir cette
qualité . C'dt le cas
oü
l'on peut dirc , qu'il ne fau t
pas écouter des ob¡eétions comre une thefe dernontrée .
Jufqu'a-préfenc nous avons confidéré \a
fo i
comme
P•rfuafion;
nous avons remarqué que dans la doélrioe
catholique elle efl auffi une verru
&
une grace: uous
alloos la regarder par ces deux ditférens c6tés.
La
foi <fl
une
vtrtlt
.
C'efl
le frncimeot unanime
de cous les PP.
&
de rous les Théologieos , qu'elle ell
rnéritoire; ce qoi ne peut convenir qu';i une vertu ; ce
qu'il oous feroir facile de prauver ,
fi
nous oe crai–
gnions pas d'érre trop longs.
U
oe difficu\té fe pn!fente, qu'il ell nécelfaire de re–
foudre . La
foi
ell une perfualioo de cenaines véricés;
la petfnalion ell le réfu\tat des preuves , fur
le(qud\cs
ees vérités peuvenr etre appoyées . D e quelquc efpece
que foieot ces vérités , les preuves qui nous y condui–
fenr font puremenr fpécularives,
&
il n'apparrient qu'ii
l'efpric d'en ¡uger. Quelle que foir la force de ces preu–
ves en elles-mEmes, la perfuafion ne peut qu'etre con·
féquente
a
l'efret qu'e!les produifenr fur l'efpric qui les
examine . Or cela pofé, que! mérire peur·il y avoir
a
trouver ces preuves bonnes.
&
que! démérice
a y
re–
fufer fon alfeocirnem
?
ll
n'y a ni crirne ni vercu
a
oe
pas croire vrai ce qu'oo oe ¡uge pas alfez bien prouvé
&
3
croire vrai ce qu'oo rrouve démomré. Ec il ne
fau~
pas peofer que paree qu'il efl queflion de rel igioo daos
ce! examen, l'incrc!dulité
y
foit plus crimine\Ie; paree
qoc comme les preuves !ont du genre moral '
00
a
droir d'en juger comme on juge daos toute aucre qoe–
flioo.
U
o homme n'efl pas coupable devant D ieu do
oe point ero ir
e
une nouvelle de guerre, fur la dépoll–
rioo d'un grand nomb¡e de témoinS" m<!me oculaires ·
oo o'a poinr encare fair un péché en morale de
cetr~
efpece d'incr6dulité; l'iocoovaincu, en macicre de reli–
gion refufe' fon alfeotimeoc
a
des preuves de mtrne
cfpece; puifqoe celles qui appoieot la rcligion font aol!i
do genre moral;
il
le refofe par la
m
eme raifoo , c'efl-
3-dire paree qu'il ne le , croit pas fut!ifaotcs:
fon in–
conviétion n'efl done pas on erime,
&
fa
foi
ne feruit
poi
m
uoe venu.
On
peot cooti rmer cela par l'aororité des plus habi·
les Philofophes:
JI
n'y a
a:ttrt '<hof•,
die S'gravefan–
de (
lntrod. ad Philofoph.
) ,
dam un p<gtmmt, t¡tt'
1111'
p<rctptiop;
& .
ceux t¡lli <roymt t¡ue la d.!!<rmi-
lfQ-