FOI
dé6nition de l'Eglife:
&
en ce feos, la
foi
de tous les
dogmes, m eme de CeO
A
quÍ parotrfent mOÍih
elfcOIÍe]~
ell
nécdfaire au falut: mais comme on pcut fans dan:
g<r
ignorcr en beaucoup
de
poims
&
ces dogmes
&
la
defini11on,
&
qu'il
fuffi t de croire en général ce que
J'Egl1t"e enleigne, o n peut dire qu'il n'y a qu'un cer–
tain
nomb~e
de vérités, dont la
fo i
el! nécel1aire au
fa!
u
t.
On demande quels font les dogm es don t la
foi
ex–
plicite dl nécerfaire au
ia lut. Les Théol<>giens demeu–
rent communément d'accord qu'outre l'e,itl"nce
&
les
nttributs de D ieo,
il
efl nécerfaire de croire en Di<u
comme l'auteur de la grace; en
J.
C. comme m édia–
teur entre D ie u
&
les ha
m
mes,
&
D ieu lui-méme;
:~u
myflere
de
l'l ncaroation
&
a
celui de la Trinité des
Perfonnes .
Cependant leur doélrine n'efl pas fur cela abfolument
conllame
&
uniforme; I'Eglife meme
n'a
pas décidé cet–
te grande quel! ion. Ce
t.
cfl
el
a
ir par la
liberté qu'on
s'en donné d'augmenter ou de rellraindre le nombre des
articles qu'il faut croire
de-foi
e'plicite , Í<>us p<ine de
damnation. Sauces, .Soro, Vega , Maldonat,
H~gues
de Saint-Viélor , A!exand re de Hales, Albert· le-Grand,
Scot, Gabriel
Biel,
&
c.
ont regardé
b
foi
implic,¡e en
]efus·Chrift comme luffi fan te pour le fJ!ut.
C'efl fue
te merne príncipe que Payva d' A ndrada,
<¡tuft. orthodox.
R obert H ·>lcot•; Erafme,
pr<t:fat.
in
tufcuJ.
<;:allius ,
de
anjmabru
P~ganorrm:,
ont érigé en
for
fuffi lante pour le falut la bonne
foi
&
les venus des
Payens.
Jueoio remarque que l'opin;on de Suari:; n'a pas é1é
condamnée exprerfémem, mais qu'il ne fau1 pas la fui–
vre daos la pratique: je ne fais pas ce qu'il ernend par
la pratique de cene opinioo;
ma;~
il eft clair que Sau–
TCS
cfl en oppolidon avec
In
phip~rt
des pe res, avec
la doélrine la plus
re~ue
daos l'Eglife.
Quant
a
l"opinion des nutres th¿ologiens que nnus
a–
vons cités, on fent bien que c'ell abufer des termes,
que de dir< que ces
hom1~1es
payens avoienr une
foi
im–
plicitc, poifque leurs opinions , quoique conformes a la
doélrine chrétienne fue l'unité de D ieu, lui éwien t op–
pofées daos plolieurs autres non moins nécella1res
a
croire.
11
y a bcaucoup de ch,fes néceffaire< au
falut d'une
necdliré de mnyen: le b3pteme; la
foi
infufe;
la
foi
explicite en D ieu , comm" l'aureur de la nature; In
foi
explicite en D ieu, comme outeur de
la grace; In
{oi
ex plicite des myflere< de la Trinité
&
de I'Jncornation;
&
par conféquem la
foi
explicite en J . C. la ¡ullló co tion;
la grace en général,
&
e.
De
WlHe't
ce!t
choft:s,
celte qui en de premiere
né–
ceffi¡¿ ,
di
la grace de la 1ullifica!inn,
~
laquelle tou–
res les amres font fubordonnécs. Le hap1eme en le fwl
rnoyen que Dieu a;, érabli pour arquém la
¡uflifica–
rioo,
&
pour clfacer la tache
nriJ~inellr:
c'en par·la que
le
b~ptc!me
ell necérfaire d'une néceffi1é de moyen ; ou
doit
d~re
la mcme chofe de la
foi.
Ce n'en que paree
que fans la perfualion explicite de certaios dogmes D ieu
n'accorde point la ¡uft;fication aux adul!es, que ceue
fui en nécetlaire. La
foi
infufe, felon les Théologiens,
nccnmpng ne wíl¡otm la ¡nflification;
&
réciproquement.
Pour dé1erminer avec précilion c,,mment lo
foi
efl
nécellaire au falnr, faifons une hypnthele. Suppof.,ns
qu 'un enfant baptifé,
&
par conféquen t ¡u!lrfié, efl é–
le•·é parm1 des payens ou de
fauva~es;
&
que cet en–
fant paC\•cnu
a
l'age de raifon
&
adu lte.
,¡,
quelques
¡ours en obl<rvant fidelement la loi n01urelle,
&
m eurt
fans s'etre rendu coupable d'aucun péché mortel :
il
n'y
a
aucun théologieo qui
mil!
dire que cet enfant ¡unifié
en
J.
C. dans lequel il n·y a plus de damnarion felon
la parole de
1'
api\!Ce,
nihil damnationis ejf in iis qui
funt in Chrifto 'jeftt,
&
qui n"a point perdu la grnce
de la ¡ullificarion, n'obtieot pas le falut éternel: cepen–
dant il eil adulte; il n'a pas lo
foi
explicite: la
foi
ex–
plicite n'ell done néceffaire qu'i ca ulc de la ¡uflitication
avec laquelle elle
ctt
tnO¡ours liée. En eff"et ,
fi
l'adulte
étoit encare coupable du péché origine!, il n'obtiend roit
pos le falut é1ernel: mais ce ne feroi1 pas précil"ément
&
uniqucmen t
á
caufe du défaut de
jQi
explicite, mais paree
qu'il ne f"roit pas ¡unifié . On ne s'cxplique done pas
nvec alfn de neueu!, lorfqu'on dit que la
foi
expl;cite
efl nécelfaire aus adultes d'une néceffité de mnyen. Voi–
ci comment cela doit s'entendre. L'eufant baprifé
&
manquan1 de la
foi
explicite, parveoant 3 ¡· ufage de
raifun ,
&
pécham mortellement, perd
la ¡ollice habi–
tuelle . Or, pour etre ¡uflifié de nouveau, la
foi
expli–
cite luí en nécelfaire ; paree que la
foi
explicite efl né·
'I"o"u V JI.
FOI
I9
cerfaire
&
pdalablc 3 la réception de la grace d" la ju–
nification daos les adultes.
On dnit dire la m
o
me chofe'
a
plus forre rai(An' de
l'enfant coupable do péché origine!, parve11ant
a
l'ufage
de raifon,
&
mourant apeé; avnir péché monellement.
Quant
a
celui qui meurt adulte
&
encare coupablc
du péché origine! , móm" fans avoir péché mcnelle–
m eot : commc retan la doélrine chrélienne ' la
IUfl ;fi–
cation q ui renferme la
foi
infufe ne peut lui étre accor–
dée, qu'au préalable il n'aitla
fo•
e~plicite;
cene
foi
ell
auffi pour [ui néceffaire d'une nécellité de moyen, mais
toO¡ours
a
raifon de la ¡ollificatinn .
Quelques dogmes dans la doélrine chrétienne femblent
augmemer la dureté apparente de celui-la;
&
d'nutres la
temperen!:
les premiers. La
foi
efl une grace que
D ieu ne
perfonne' me me
á
celui qui fait !OUt
· pour l'<>btenir . Hors de I'Egli!e point
nds foot que D1eu ne pem pas com–
le; que la
foi
n' efl pas la premiere
grace ·
donne
a
IOUS
les hommes des
lllO-
yens
le falu t .
On
rqutr qu'on regarde comme de
foi
en
Théologie les dogmes ngourcux de
la néccf!ité abfo–
lue de la
foi;
au lieu qu"on !Caite de fenumens picux
les princ •pe> qui peuven t lui fervir de correélif. C'eft
ainfl qu'on dit moden<ment que
la volon1é de D ieu
de fauver rous les homm<s,
&
la concelli on des mo–
yens t"uffifans pour le lalm ,
font des fenumens preux
&
qui approchelll de
13
foi.
j"avoue que cene
difl~ren
ce
m'a IOUJOUrS fait quelque peine.
11
en au moins aof!i
certain que Dieu donne :\
taos les hommes des mo–
yens fuffi fans pour arriver
á
la
foi'
qu' ¡¡ en certain
qu'il exige qu'ii> ayent la
foi.
L 'un
&
1"
a
m
re dogme
me li:mblem emrer entntiellement dans léconom1e de
la religion .
E ncare quelques réflexioos .
]'
ai dé¡
a
aveni que je
oe m'alfervillois
a
aucun ordre.
Celui qui en fuppofam la nécellité de la
foi
en
J.
C.
pour le falut, diro11 que des payeos
&
des fauvages ,
foot élevé>
a
ceu e connoiífance par un fecours
ex~ra
ordinaire de Dieu,
&
par la grace,
&
qu'ils ont
r<'~íl
le
don de In
joi,
diro11 une chofe peu vrairfemblable,
mais
n'av~nceroit
ritn
de contraire
a
la doélrioe chré–
tienne: car la doélrine chrétienne
n'efl
pas que hors
ceux qui fon t vitiblement de
1
Eglife,
&
qui on t co–
lelldu
&
re~
u la parole de
1'
E vangile ,
tous les nutres
périffent étcrnellemen t ; e' eft fi:ukment que celui qui
ne croit point
f<ra condamné ; que celui qui oe fera
point de I'Eglife par la
foi
n'entrera poim daus le ro–
yau me des Cieux: mais elle ne decide pas que hors
ceux qui font viliblement de
1'
Eglife ,
&
qui ont
re~u
par les moyens ordinaires la prédication de I'Evangile,
aucun o'ait la
foi:
en un mol ceue propofilion ,
hors
de I"Eglife
&
fans la foi point de falttt,
n'en pas
1~
mórne que cellc·ci,
hors de
/"
Eglife •·ifible point de
f•i.
L e dogme de la nécdliré
de
1a
foi
nc
re~uit
done
aucune attcin te de l'opinion de
Ct'UX
qui difc::m que des
payens
&
des fauvaglS fe font
fau111!s
par la
foi.
Mais,
dil-on,
ce~
gens-13 ne peovent pas
croire,
fe–
Ion ce paffage de
S.
Pau! :
qt10modo credent
,
ji
.,•.,
aTtdi~rtaJt;
t¡uomodo nudient
,
fine
predrcante
?
ils loot
done fau vés lans la
foi?
'
Ces
théologiens répondent, que
les payens
&
!es
fau vages en quellion ne peuveot pas croire par
1
s voies
ordinaire1; ma1s que ríen n'empeche que D ieu n'éclai–
re leur efpri1 euraordinairemem; que perfonne oe peut
bornee la pui(Jance
&
la honré de D ieu ¡ufqu':i d6ci–
der qu'il n'accorde ¡amars ces fecours exrraordioaires,
&
qu'il efl bien plus raifuonable de le penfer, que de
s'obiliner
a
croire que IOUS ceux
a
qui t'Evangile n'
a
pas é1é préché,
&
qui font
la plus grande panie du
gen re humain, péri(Jent éternellement, fans qu'un feul
arrive au
falut que Dieu veut pounant accorde r
a
taos .
Cependaot on voit que l'hypothefe de ce fecours ex–
traord~naire
ell abfolument gra1uite .
On éprou vc quelque difficul!é
a
concilie
enfemble
la néceffite
&
la graruité de
lo
foi.
Si la
foi
ell nécellaire ;
&
li
taos
les hommes ont
des m oyens fuffi lans pour arriver au falut, il
e~
clair
que D icu donne
ií
tous les hommes de>· moyens fuf–
fifans pour arriver
~
lo
foi.
D es moyeus luffif•ns pour arriver
ii
la
foi,
font ceux
dont le bon urage amene certamement
&
in:ailliblcment
le don de la
foi
,
autrement ces moyens ne
l<roient
pas fuffifaos; de forre que celui qui ufe de ces moyens ,
autant qu'il eft eo lui ,
re~oit
tou¡ours la graco de la
e~
foi,