GAG
crtt¡: vil le, correfpondant de l'académic
royal~
des Se.
de Puris,
&
aureur de
l'art.
F Ro
T TE M E N T •
nous
les avon> extraitcs d'une de fes !emes.
'
, On demande la probabiliré qu' il y a d' amener
croix en deux coups. Vous dires qu' il n'
y
a que
trnis l!venemens pollibles,
1°.
croix d'aburd,
2.o.
pi-
" le
&
croix, 3°. pile
&
pile;
&
commc de cts éve–
" ncmens deux
lont favorables
&
un nuiflblc, vous
, conclue·¿ que In probabilité d'amener croi' en deux
, coups, dl de deus centre un . Cene conclnlion fup-
pofe deut cho!es; r
0 •
que cerre énumérarion de 10us
les évenemens pcffibles dl complcue;
2°.
qu'il> loor
wu1 troi< égalemenr poffiblcs,
.et¡ue
praclit•<J,
com–
mc dit Bernoulli. ]e convicns avcc l'ous de
b
vé–
rité du prcmier chef; mais nous di!Teroos fur
le fc–
cond point . Je crois que la probabiliré d' amener
croit d' abord efl double de celle d' amencr pile
&
croix ou pi le
&
pile. L a preuve directo que ¡e erais
, en avoir , dl celle-ci .
11
el\ aulli
facile d' arnener
, croix d'abord que pi le d'abord; mais il efl bien plus
, probable qu' on amenera pile d' abord , que pi le
&
, croix : car pour amener pile
&
croix , il
faut non-
feulement amcner pile d'sbord, mais apri:s avoir a–
mené pile, il fau1 enfuite amener croix ; fecond é–
" venement auffi difficile que
le premier . S' il éroit
auffi facilc d'amener en deux coups pile
&
pile que
, pi!
e
en un coup,
il
feroic par la mfme raifon eneo–
re de la memc facil ité d' nmencr pile, pilo,
&
pile
en trois coups ,
&
en général d' amener
n
tois pile
, en
n
coups ; cepcndant qui dl-cc qui ne trOUI'e pas
,
incomparablement plus probable d'amener pile en un
coup, que d' amener pile cenr fois de fui te
?
Voici
une nutre
fa~on
d'enl'ifagcr la chofe. Ou
¡'
amenc–
rai croix du premier coup, ou j' amenerai pile. Si
,
¡'amene croix, JC gagne route la mife de l'auue, fi
,
j'amenc pi le, ¡e ne perds ni ne
ga~nc,
paree qu'en–
" fuire au ti:cond ¡er ¡'ni une ei'pérancc égale :\ la ficn–
" ne. Done, puif'que j'ai chance égalc
a
avoir fa mife
ou
3
n· avoir rit!'n, e'
dl
commc s'
il
rachttoit rour
,
foo rifque, en me don11anc la moiti¿ de la mife. Or
la moicié de fa mife qu'il me donne, avec la mien-
" ne que je raurape, fa it les
~
du !OUt,
&
l'autre moi–
"
ti~
de fa mife qu'il garde fait l'aurre quart du rout :
,
j'ai done rrois parts ,
&
lui une; ma probabilité de
,
reuffir éroit done de 3 contre
1.
Mais voici quelquc
chofe de plus décHif.
11
fuivroit de votre
fa~on
,
Monfteur , de comprer
les probabilités , qu' on ne
, pourroit en aucun nombre de coups gager nvec ra–
riré d'amener In face
A
d'un de'l.
il
rrois faces
A, B,
, e;
car vous la rrou••ere7, totljours de
2.
0
-
1
centre
2 •
n
érar.r le nombre de conps daos lequel on en–
trepr~nd
d'nmener la face
A
.
Voici en cfl'ct tOU> les
eas poffibles en quatre coups, par e1emplc:
A.
B,A.
C,A.
B,B,.A .
B,C,
A.
C,B,A .
C,C,A .
B,B,B,A. B,B,B,B. \ C ,B,B,B.
B , B , C,A. B,B,B,C, C,B,C,B.
B,C,B,A. B,B,C,B. C,B,C ,C.
B , C , C,A. B,C,B,B. •C,B,B,C.
C,B,B,A . B,B,C,C. C,C,C,C.
C,B , C,n . B,C,B,C. C ,C,C,B.
C , C,B , A. B,C,C,B. C,C,B,C.
C,C,C,A. B,C,C,C. C,C,B,B .
11 e!l aifé de l'oir qu'il
y
a ici
lf
cas f<rvorables
&
16 défavorables; de
fa~on
qu'il y a
H -
1 centre
24,
qu'on amenera la facc
A.
11
me paroit done cerrain
que le cas
A
ne peur pas éue regardé comme n'étant
pas plus probable que
le
cas
B, C .'
B,
B-,
~c.
Ces obJeélions , fur-rout
la dermere , méntent fans
doure beaucoup d'auenrion. Cependnnt
il
me parolt toO–
iours difficile de bien expliquer pourquoi
&
comment
l'avantage rcut l!rre triple, lorfqu'il n'y a que deux coups
favorable• ·
&
on conviendra du·moins que la métho–
de ordinai;e par laquelle on efiime les probabilirés daos
ces forres de
J•u~
, efi
trcs-fautive , quand m.emc oo
prétendroit qoe le réfu1rur de cette méthode ferort ex?él;
c'efi ce que nou< e xaminerons plus
a
fond aux
arllclts
)EU, PARI, PROBADILITE',
f.!lc.
(0),
GAG
E
u
R E , (
'}ttrifpmd.
)
efi une conventron fur
une chofe doutcufe
&
iocertaine, pour raifon de laquel–
lc chacun dépofe des gages entre les mains d'un riers,
lefquds doivent
~rre
acquis l celui qui a gagné la
ga–
zcurc.
On fait des
gagcurn
fur des chafes dont l'exécurion
dépend des panies, comme de faire uoe courfe en uo
Tumt VIl.
GAG
379
cert~in
tems
filé,
ou fnr des fairs paiTés, préft-ns, ou
a
I'Cnir, mais don! les pariÍCS
OC
font pas CCrtalllCS.
Les
gagmrts
étoienr ufitées cht'7. les Romaim ; un
les appello1t
(ponjiunn,
paree qu'elles fe faifoiem ordi–
naircmenr par une promelfe r¿ciprOIJue des deux parries,
prr flipulationrm
&
r.Jiipulatio>>rm;
au lieu que daos
les nutres contrnts, l'un lllpuloit, l'nure promwoir.
En France on appelle ce coorrot
J!.dg<urt,
paree qu'
il cfi ordinairernen r
accomp~gné
de conrignarion de ga–
ges ; car
gaga·
lignifie proprement
bailler da gagn
no
coujig>ur /'argmt,
comn1e on dir
gagtr l'amentl<;ga–
grr le rachae.
Néanmoins en Francc on fa11 auffi
les
gagwrn
par limpies promelles réciproques 13ns dépo–
lú
de gages ;
&
ces
gageuTfs
ne lailfenr pas
d'~tre
obli–
garoires, pouri'O qu'dles loient faites par des perforllles
cnpablcs de contraéler
&
fur des ehofes licites,
&
que
s'il s'agir d'un fait , les dcux panics fulfeot également
daos le doute.
Les Romnins
fnifoi~nt
auffi commc nous des
gagell–
rrs
accompagnées de gages, mais les limpies fponlrons
étoienr plus ordinalres .
Ces forres de f'ponlions étoient de deux forres
,!pon–
jio crat }ttdicialiJ
N
lit
luJicra.
Sponjia jttdieialiJ
étoir lorfquc daos on proci:s le de–
mandeur engageoir le défendeur 2 terminer piOrót leur
ditfércnd, le provoquoit 3 gager noe cerraine fomme ,
pour erre payée 3 c.lui qui gagneroit fa cauCe, ourre
ce qui faifoit l'ob¡et de la contellatiun .
Certe premiere Corte de
gagture
fe fJifoit ou par Oi–
pulation
&
rell ipulatioo, ou
per facramtntum.
On rrou–
ve nombre d'cxemplcs de
gagwres
faites par
llipula–
rions
réciproques daos
les oraifons de Cicéron pour
Quintius, pour Cecino
a-
centre Verri:s, dans fou
li•·rc
des ojfictJ;
daos
Varron, Quintilien,
&
nutres autenrs.
La gageure
per
facrammt.umcfi lorfque
l'ot~
dépo·
foir des gages
in d!dc facra
.Les Grecs pratrquo1ern
auffi ces forres de
g~~wrcJ,
comme le remarque Bu–
Me
.
lis dépofoienc 1argent daos
le prytanée; c'éroit
ordinairemcnt
le dixiemc de ce qui fsifoir l'objet du
preces, lorfque
la
aomcllarion étoit elltre particuliers,
&
le cinquicrnc dans les caufes qui intére!foicllt la ré–
p11blique, comme le remarque Julius F'ollux . Vnrron
' explique tres· bien ceue efpece de
gagettrc
ou
configntt –
tion
dnns
Con
livre
11.
de la langtte latine.
C'efi li1ns
doute de·l:l qu'oo avoit pris l'idée de l'édit des contigua–
tions, autrcment appcllé de 1'
abrh,iation des pro
ces,
donné en r )63,
&
que l'on voulut renouveller en 1587,
par leqnel roUI demandcuT ou appe llant devoir eonli–
gner une cerrainc fomme prl'pOrtioonée
a
I'OOJCt de la
contefiation;
&
s'il obtenoit
~
fes fins, le défendcur
ou in timé étoit obligé de
lui
rcmbourfer une pareille
fomme.
L'ufagc des
gagwrcJ
judiciaircs fut
peu-~·peu
abolí
a
Rome; on
y
fubllitua l'aélion de calomnie,
pro de–
cimá earte litiJ,
dont il efi parlé aux
injlie. de pwr:ll
ttmere lieiga11t.
ce qui érant auffi tombé en non· ufa–
ge, fur depuis rétabli par la novclle
1
n
de
]ufiinien.
On difiinguoit auffi chez les Romains deux forres de
gagcurcs,
ludicrcJ .
L'une qui fe faifoit par
(l
ipulation
réciproque,
&
dont on rropve un extmple mémorable
dans Pline,
liv.
IX.
chap.
xxxv.
ou il rapporre la
ga–
gmrc
de Cléoparre centre Antaine;
&
daos Valere Ma–
xime,
liv.
11.
ou efl rapporrée la
gagmrc
de Val<rius
coorre Luélatius .
11
efi auffi parlé de ces
galíwro
en
la
loi 3· au
digefi~
de alto ltt(H
&
aleat.
qu1 dlr,
li–
ottif!e in lrtdo qtti virttttis
cat~[<í
fie [fonjionem factre;
fui~ant le~
lois,
Cornclia
&
Publiettl
,
aliaJ non li–
Dt~iff(
,
L'autre Corte de ga¡;eure,
ludiere
,
fe fai
foit en dé–
pofaot des gages, comme on voit daos une églog.ue de
Virgile.
D•pono, t11 di<
mu11m
t¡uo pignort rcrttt
·
11
en efi parlé daos la loi
ji rtm,
au digefie
depr.c–
fcriptiJ vcrbiJ
,
par laquellc on voit qu'o
n metlcrr af–
fez ordinairement les annea
ux en gage,
~
omr.neéta~t
plus en main que roure aurre cho.re
:Ji
'f"'J,
d1t l.a
lo!,
(ponfioniJ taufd annulos
ar;.up(rlt,
11~c
ruldat. vtllorr,
pr.cfcriptiJ verbis advcr[ttJ mm aélto comprtrt
.
Pla–
nude rapporre que Xamus mal rrc d'Efope, ayant parié
qu'il boiroit route l'eau de la mer, a•·o11 donné Con an–
neau en gage. Cene fonc de gageure
ptr
dtpqfitronmz
pignor
11
m
étoir la [eule ufirée ch<7.
les Grecs, comme
il réfulte d'un paiTage de DémoOhene; lequel en par–
lant d'une
gagwrc,
dlt qu'elle ne pouvoir (ubliOer ,
paree que l'on avoit retiré les ¡;ages.
Bbb
2.
On