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33 6

FUN

de co quí pouvoít rnarquer combien la rnt'moíre Icor

en étOI[ chere,

&

de ce qui pouvoít en mcrne terns

contríbuer

a

la rendre précieufe. C'étoít aufli quelque–

fois un hommage qu'on accordoit

:1

la venu, pour ex–

citer dans les citoyens la noble paflion de mériter uu

JOur de pareils honneurs . En un mot , Pline dit que

les

funlrailleJ

chez les Romains étoient une cérémo–

nie facrée : les détails en fonr fon éteodus .

Ello

commen~oit

cette cérémonie facrée di:s le mo–

meot que la perfonne fe mouroic .

11

falloit daos ce!

infla

m

que le plus proche parent,

&

(j

c'étoit des gens

mariés , que le furvivant du mari ou de la fe mme don–

oh

au mourant le dernier baifer cornme pour en rece–

voír !'ame,

&

qu' il luí ferrnat les yeux . On les lui

ouvroit lorfqu'il étoit tür le bucher, ario qu'il parut re–

garder le ciel. On obfervoit en lui fermant les yeux de

lui ferrner la bouche, pour le reodre moins effrayant

&

le faire paroitre commc une perfonne dormaote . On

ótoit l'anncau du doigt du dc!funt, qu'on lui remettoit

lorfqu'on portoit le corps fur le bOcher. On l'appelloit

,lufieurs fois par ron no

ni

a

haute voix' pour connoi–

tre s'il étoit véritablemeo t rnort , ou feulement tnmbé

en léthargie . On nommoit cet urage

conclamatio,

con–

clamation;

&

fu ivant l'explicarion qu' un célebre anti–

quaíre a donnée d'un bas-relief, qui efl au Louvre daos

la falle des 3ntiques' on oe re contentoit pas de la lim–

pie voix pour les perfonnes de qualité , on y ernplo–

yoit le Con des boccines

&

des trompettes , ainfi qu'oo

peut juger par ce bas-rdief. L 'on y voit des gens qui

fonnem de la trompette pres du corps d' une perfonoe

qui paroil vc:uir de rc:ndre les derníers foupirs,

&

que,

felon qu'on peut conJeéturer par les apprc!rs qui y font

repréfentés , on

va

meure entre les mains des libitinai–

res; les foos bruyans de ces intlrumeus frappaot

¡.,

or–

gaues d' une maniere beallcoup plus éclatante que la

voix, donooient des preuves plus certaines que la per–

fonnc étoit vérítablemem mone.

EnCuite no s' adrefloit aux libitinaires pour procéder

aux

funlraillu

fu ivant la volooté du défunt, s'il en a–

voit ordonné , ou celle des parcos

&

des héritiers,

a–

vec le plus ou le moins de dépenfe qu' on y vou loic

faire. Ces libitírraíres étoienc des gens qui vendoient

&

fourniffoienc rout ce qui étoit néce tTaire pour la céré–

monie de1 coovois; oo les appelloit ainfi, paree qo'íls

avoíent leur magalio au temple de

V

éous L ibitine. On

gardoit daos ce temple les regiflres qu'on tenoit

a

R o–

m e do ceux qui y mouroienc;

&

c'cfl de ce1 regiflres

qu'on avoíc tiré le nombre des perfonnes que la pelle y

enleva pendanc uoe automne , du tems de N éron .

Les libitioaires avoient fous eux des gens qu'on nom–

moient

polliné!ores

,

pollioéteurs: c'étoit entre !eurs

mains qu 'on mettoit d'abord le cadavre; ils le lavoienc

daos l'eau chaude,

&

l'embaumoient avec des parfums.

11

paroit qu'ils poiJédoieot la maniere d' embaumer les

corps

a

un plus haut degré de perfeétion, que ne fai–

foient les Egyptien;,

ti

1'

on en croit les relations de

quelques découveotes faites

a

Rome depuís deux cenrs

nos, de tombeaux ou

1'

on a trouvé des corps

ti

bien

confervés, qu"oo les auroit pris pour des perfoones plli–

tóc dormaotes que martes;

r

odmr qui fonoit de ces

tombeaux étoít encore

.ti

forre, qu'elle étourdiffoic.

Apres que le corps éroic ainfi embaumé, on le re–

veroit d'un habit blanc nrdinaire ' c'etl· i -dire de

13

to–

ge. Si cependant c'étoit une perfonne qui eOt paffé par

l~s

charges de la répub lique , oo lui meuoit la robe de

la plus haute dignité qu'il eut poflédée'

&

on le gar–

(loit aioli fept JOurs, pendant lefquels on préparoit touc

ce qui etoit néceflaire pour la pompe des

funiraillu

.

On

1'

expofoit fous le vefiibule , ou

a

!' entrée de fa

maifon , couché fur un líe de pacade, les piés tournés

vers la porte , ou

1'

on metto;t un rameau de cyprbs

pour les riches,

&

pour les autres feulemeot des bran–

ches de pío, qui marquoienc égalemenc qu'il y avoit-la

un mon.

11

refioit tou¡oms un homrne aupri:s du corps,

pour empc!cher qu'on ne volftt quelque chofe de ce quí

étoit autour de luí : mais lorfque e' étoit une perfoooe

du premier rang, il y

~voic

de ¡eones garr;ons occupés

a en chaffer les mouches.

Les fept jours éraoc expirés, un héraut poblíc an–

nonc;oit le oonvoi, en criant:

exequiar

L.

rel L .

fi/ii,

911ibtu

•fl

commodum ir., tempur eft;

ollus ( c'cfl-l –

dire

ti/e) •x a>dibus •ff•rtur; ceux qui voudront affi–

fl•r. aux ob{<qtus d' ¡m u/, fi/s d' un t<l, font avertÍJ

'fll'tl

e/1 tems

d'y

aller préfontenunt, on emporl<

l.

corps

.le

la

~at{o'!

.

11

n'y avoit oéaornoins que les pareos ou

les amts qur

Y

~fliflaffeot,

1t

moios que le défuor o'eOc

ren4'i

des

fervtce¡ confidérables

a

la république; alor¡

FUN

le peuple s'y trouvoit ;

&

s' il nvoic commaodé les ar–

mées, les foldats s' y rcndoicnt aufli, portant leurs ar–

mo. reuverfées

le

fer en·bas. L es ltéteurs ren•crfoienc

pareillemcnt leurs faifccaux.

Le corps étoit porté fur un petir lit qu'!)n nommoit

exaphore,

quand il n'y avoit que fix portcurs;

&

oéftJ–

phore

t

s~il

$

1

en uouvoit huit.

étoient ordina:remtnt

les pareos, qui par honncur en faifoient l'office, ou le>

fils du défuot s'il en avojt . Poor un empereur, le lrt

étoit porté par des fénateurs ; pour un général d' ar–

rnée, par des officiers

&

des foldats . A

1'

égard des

gens de commune condition , e' éroic daos une cfpece

de bierre découverte qu' ils étoieot portés par quatre

hommes , de ceux qui gagnoient leur vie

:i

ce m ·tier .

On les appelloit

v e{pillones,

paree que pendant un tres–

Jong·tems on obferva de ne faire les convois que vers

le foir: maís dan la fuire on les fit aotant de JOUr que

de nuit . Le défunt paroiffoit ayant fur )a tete une cou–

ronne de fleurs,

&

le vífage découvert,

:l

moins que

fa maladie ne l'eOt entierernent défiguré; en ce cas on

avoit foín de le cou vrir .

Apres que les rnaitres de cérémonie du convoi

a–

voienr marqué

a

chacun ron rang' la marche com–

men\oic par un trompeue

&

les ¡oüeurs de llute qui

¡oüoienr d' une maniere lugubre . lis étoienc futvís de

plus ou de moins de gens , qui portoíeot des torches

allumées . Prochc du lit étoit un archimime qoi contre–

fatfoit roures les manieres du défunt;

&

l'on portoit de–

vant le lit couvert de pourpre, toutes les marques de¡

dignités dont il avoit été revetu : s' il s' étoit (Jgoalé

i

la guerre, oo

y

faifoit paroirre les préfens

&

les cou–

ronoes qu'il avoit

re~(ls

pour fes belles aétrons, les é–

tendarts

&

les dépouilles qu"il avoir remportés fur les

ennemis . On y portoit en particulier fon bulle repré–

fenté en cire , avec ceux de fes ayeux

&

de les pareos,

montés fur des bois de Javelines, ou placés daos des

chariors · mais oo n'accordoít point cette dillinétion

:l

ceux

qu~on

nommoit

novi homlnu'

c'efl

p

a.

dirc gens

qui

commen~oient

Jeur nobleffe,

&

dont les ayeux n'au–

roienc p(l lui faire honneur. On obfervoit aufli de ue

poin t porrer les bufles de ceux qui avmenr été con–

damnés pour

e

rime, quoiqu' ils eullent potlédé des di–

gn'rés; la loi le défendoit .

T

outes ces figures fe re–

plat;oien t eofuite dans le licu ou elles étoient gardées ,

Au convoi des empereurs , on faífoit encore portrr fur

des chariots, le< images

&

les Cymboles des provinces

&

des villes

fubJU~uécs.

L es affranohis du dMunt fuivoienr cette pompe por–

tant le bonnet qul étoit la marque de leur libet té: en–

fa ite marchoient les en fans,

les-

~a

reos,

&

les amis

a–

trati'

c'efl-a dirc en deuil, vetos de noir; les

611

do

délbot avoient un voile fur la téte: le; filks vétue< de

"blanc' avoient les

cheveu~

épars fans coerture'

&

mar–

choot nuds piés; apres ce corrcge vcnoient le; pleureu–

fes,

pra>fic"':

c'étoient des fc:mmes dont le métier éroir

de faire des lam•ntations fur la mon du défunt;

&

en

pleuranr, elles chantoient fes loüanges fur des airs lu–

gubres '

&

donooient le too

a

tous. les autres .

Lorfque le défunt étoir une perfonne il luflre, on por–

toit fon corps au

roflra

daos la place romarne, ou la

pompe s' arréroic pendan! que que)qu' un de fes enfans

ou des plus proches pareos faifoít ron oraifon fonebre'

&

c'efl ce qu'on appelloic

lardare pro roflris:

cela ne

re pratiquoir pas feulerneot pour les hommes qui s' é–

tOicnt dillingués daos les emplois, mais encore pour les

dames de condition; la républiquc avoit permis de les

loüer publiquement, depuis que ne s'étaot point trouvé

a(fez d'or daos le rréfor publ ic, pour acquitler le

vcrtt

que Camille avoit fait de dooner une coupe d' or

l

Apo llon delph ien, apres la prife de la vil le de Vc"ies,

les dames romaioes y avoieot volont>rremeot contribu6

par )e facrifice de )eurs bagueS

&

de Jeurs bijDUX.

De la place romaine on alloit

a

u lieu ou

1'

011

de–

voit enrerrer le corps

~u

le brO!er; on fe rendoit done

au champ de Mars qui éto it le lieu oú fe fJífoit or–

dinairrment cette cé;émonie : car on ne bruloit poinr

les corps daos

b

vílle . Ou avoit eu fo•o d'avance de

dreiTer un bucher d'if, de pio, de melhe, ou d'aurres

pieces de bois aifé a s' enflarnmrr, arrangées les unes

fur les autres en forme d'autel, fur lequel on pofott le

corps ve

m

de fa robbe; on

1'

arrofoit de liqucurs pro–

pros

a

répandre une boone odeur; on Iui coupoit un

doigt pour l'eoterrer, avee une feconde cérémonie; on

luí rournoit le vifage vers le ciel ; on lui rnettoit daos

la bouche une piece d' argent, qaí t!"toic ordinairement

uoe obole , pour payer le droit de paiTage

a

Caroo.

Toat le bucher étoit en viroooé de cypres: alors le¡

plai