S
FOI
La
foi
con!idl!rl!e comme perfuatlon
a
pour ohjet
cenaine> vérites qui apparticnncnt
a
la religion chré–
li<one . D tléreot<S forres de véritél appartiennent
a
la
religton chrétienn< ; celles qui forvent de fondement
a
tout le Chnlliam(me ,
&
eu géoéral
3
·toUie rtligion ;
celies qui conilatent l'amhenticité de la révélation ap–
pon ée par Jefus-Chn(l ; celles enfiu que ceue révéla·
tion reconnue pour autheUiique, coofacre
&
en(eigne
~ux
hommes .
A
quoi
il
faut ajouter une vérité capitale,
l'autorité
infaillible del' Egli(e établie par Jefus-Chrill, qui e(l
aC.Orement une vérité chrétienne felon wus les théolo–
giens catholiques, puifqu' elle entre pour beaucoup daos
toute l'économie de la religion.
L es Théologiens n' om pas diílingué avec affez de
foin ces différens ob¡m de la croyance chréticnne. l ls
ont dé
ti
ti la
foi
chrétienne ( con!idérée comme per–
fua!ion ) , l'adhélion de l'efprir aux védtés rév¿Iées
&
propofées par l'Eglife comme relles .
Cene détinitioo entcuduc
a
la lettre, tend
a
exclure
des ob¡ets de la
fo i
chrétiennc les priocipes de la reli–
gion naturelle' ceux qui fervenr de fondemeor a la ré·
vélation,
&
m.:me le dogme capital de
1'
infaillibilité
de I'Eglife, pour ne
lai!fer cene dénomination qu'aux
dogmes proprement révélés
&
propofés par l' Eglife ,
¡:xer,an t l'auwrité qu'elle a re,ae de Jefus-Chrill .
Au fond,
il
eíl peu important qu'on accorde ou qu'
on refu(e
le nom de
foi
a une croyance qui a pour
objet quelqu'un de ces principes, pourvO qu' on con·
vienne qu' ils font tous partie de la doélrioe chréticn–
ne ; mais il ell e!femiel de connoltre les motifs de la
perf~alion
d'un chrétien par rapport
a
ces ditl"t!rem or–
dres
d~
vérité•. Cene coonoi!fance fervira
a
nou
é–
claircr fur
la nature de
la
foi
chrétienn~
conlidérée
comme per(ua(Jon .
Do moti[1 de
la perfuafion
'!'"
rtnfermr la foi.
11
fJut remarquer d'ahmd que nous ne regardons ici la
foi
qu' emant qu'
el
le
<11
une pcrfualioo railonnée ,
&
que
OOUI
mell()lll a pan tout ce que I'Efpm . fainr
O·
pere dans les ames; que li on dir que cene perlualion
me
me ell produite par l'e(prit-faint' nous rtmarquerons
encare que dans la doélrine cathol ique
le
faio t Efprir
cíl le
principe,
&
non pas le
moti[
de croire,
&
que
nous parlons ici des motifs proprement dits de
la
foi
chrétienne.
L e
rhrltitn
rr~oit
plufieurs forres de vérirés.
1°.
Tuus les príncipes de la religion naturelle, com·
me
l'e>~llence
de D eu , fes anributs moraux ,
1'
im·
ffi •lflalité de !'ame , la dtlférence du bien
&
du mal ,
&c.
2°.
T ous les principes que l'autorité de la révélation
fuppofe d'une m 1niere encore plus prochaiue, comme
les miracles qui onr fcrvi
a
conllater la miffion de Je–
fus-Chriíl, les récits de Ca
•·ie , de fa mort, de (a ré·
furrcél ion,
&c.
la vérité
&
l'io fpiration
de~
Ecrirures,
otl tous ces faits
font en dép6t ; en un mot tout ce
qui ell préalable ou parallele dans l'ordre des connoif–
fances,
a
C~tte
vérité générale,
/a
rr/igion chr/tirnne
efl imanle de Diru
.
3°.
Le dogme de l'autorhé iofailliblc de l'Eglife que
la révélation exprime
ti clairement,
&
qui dev ient puar
lui une regle de croyaoce par rapport
a
tous les dog–
IJleS comroverfés.
4°.
Tout<S
les vérités que
1'
Eglife luí propofe
a
croire. Voyons quels Cont daos
1'
efprit d' un chrétien
les motifs
d~
la perfuafion de toutes ces vérités .
L es Théologiens ont dit genéralement que les véri–
tés qui appartiennent il
la
foi,
font crOes par le motif
de la révélation.
&
encore que ces véritél doiven t
e–
tre propofées aux
ti
deles par l'autorité de I'Egli(e. Sous
le nom de vérités qui appartiennent
a
la
foi;
quelques–
uns onr cnm?ris meme
les vérirés du premier ordre ,
&
le plus grand nombre au moins celles de la feconde
f,•
de la troilieme e!"pece . Mais je crois qo'il faur re–
llteindre
&
expllquer Ieur a(fertion pour la rendre exa·
éte .
Quoique toutes les vérités de ces différens ordres ap–
panicnoent
a
la
foi'
puifqu'oo ne peut donner attein–
te a
UIIC
fcule qo'OO
lle renverfe Ja
religion apportée
aui hnmme> par Jefus·Chrill, cependant on les croir
P"'
diff¿rens .motif, qu'il ne fant pas confondre .
La perfuallon des vérités de
1~
premiere
&
de la fe–
conde clafle, a pour fundement les preuves , les raifonoe–
rnens,
&e.
les moufs de crédibilité que la raifon feule nous
prélente.
Ce,
principes foot antérieurs
~
toure révéla–
tinn,
&
par conféquent ils ne peuvent etre erOs par le
mo1if de
1~
révélation.
Entran~
daos <¡uelque détail.
FOI
Comment croire raifonnablem nt l'cxiflence de D ieu
par le motif de la vérac té de D teu
?
O
1
fuppoferoir
ce qu'on cherche
a
fe prnuver
1
foi meme.
JI
[Attt
9"'
celui
'{tÚ
J'appro<he de Dieu, croyr d'ahord qu'i/
efl,
&
'{U'i/ ,¡,ompenf<
ctttx
'fUi Ir
cbfrcbcn&.
Acce·
dm tem ad Drum oportre credue quia efl,
&
'fllOd irJ·
'fUirrntibuf [< re
muneratorji:.
Hebr.
'J·
6.
L'eniC:mble des
mirac.kspar lefquel< Jel"os-Chrill
a
conllaté fa mitfion, celui de fa rélurreélion en particu–
lier ' qui a forv i de fceau a tous les a
u
tres. ne fon r
pas crus non plus par le motif de
la révélation (¡e ne
dis pas qu'ils ne fc>i<nt pas crus de
foi
dtvine)
~
ce–
la par la raifon qu'en donne l'ap6rre:
Si Chriftllf
non
refurrexit, vana eft
jidtJ
noflra;
fi
Jefus Chrill n'el!
pas reOufcité, notre
foi
eíl vaine , c'eil·a-dire que la
vérité de la
révélatipn appnrtée aus hommes par J
e·
fus-Chrill, fuppofe la réfurreélion
&
le' au•res miracles
de l'inílituteur du Chriiliani(me ; d'oti il
fuit que dans
l'ordre du raifonnemem
&
des connuillanres, on recott·
noit la divinité de ceue révélalion paree qo'elle
di
ap–
puyée fur
les mtracles
&
fur la réfurreélion de Jefus–
Cbrill ;
&
on ne croit pas le; mtraeles
&
la réfurre–
élion de Jefus-Chrill par l'autorité de cette meme ré-
vélation.
.
N ous pla,ons au rang des vérité> qui nc .peuvem
i:–
tre crues par le motif de la révélalion daos
l'ordre du
ra fonncment' l'exi11ence de la rúélation
m~me'
c'ell–
a
dire la vérité
&
la divinité des liv res dans lefquels la
ré••élation eíl en dép6t , paree qo'on ne peut pas eroí–
re cet enfemble de la révélation par le motif de la ré·
vélarion
&
de la véracité de Dien , Can;
tomber dans
un cercle vicieux .
(]e
db
l'mfrmblr dr la rlvi/asion ,
car l'authenticité d'une parlie de la révélolion d'un
li–
vre en particulier, par exemple, pourroit i:tre prouvée
par l'autorité d'un aUire ltv re dont on aurou déjil éta·
bli
lo
vérité
&
la divinité) ; ¡e ne vo1s pas cummem
no peut révoquer cela en
dout~.
11
efl bien clair qu'on
fuppofera l'état de la quetlion ,
(j
on emreprend d'éta·
blir. ou ce qui efl la meme chofe ' li on cro:t que
l'Ecrirure eíl
la parole de D ieu fur l'autorité de
l"E·
crnure conhdérée comme la parole de Di,·u . De boni
théoln~ien<
demeurent d'accord de ce prin6pe.
Seh•n Holdeu ,
Analyf divina! fidri lib.
1
c. jv.
/u
ricits de 1 Ecriture
&
cetu
7Jb·ie! univer(dlemen& re–
co~nue,
t¡IU
/'E, riture
eft la /"rol.: de Dieu, ne
f~nt
putnt a proprrmrnt parl.r "vi l
tJ,
& '"
font pornt
d<J
artrcle~
ott dtJ dogma de la foi divine
&
cotho·
Ji'!'"
.
On peut rapprocher de ceci ce que nou< citerons plu;
bas du
P.
J uenm,
&
l'aoalyfe de la
fot
que nous pro·
pofrrons.
D 'habiles gens parmi les
t héolo~;ens
proteílans nnt
foOtcnu la meme
rh
•fe. L a
drvinitl de
1
Erriture,
felon la Placene ,
eraité dr In for divine, liv.
l .
ch. v.
n•efl pomt un artule dt> foi;
~·efl
un príncipe
&
un
fo>tdtment dr /3
foi
qtt'tl faut pro:n;rr non par
1
E–
triture, maiJ
ftJT
d'autrtJ rnifonJ
...
Bien loin
t¡He
la fo;
noul
en
per{suldc-
1
noru ne
croyonJ
'JIIt
paree
'{U< now en fommo prr{ttadh.
L es vér ités de ceue premiere
&
de cene feconde
clalle n'étant poior
a
proprcment parler révélées
&
n'étant poim croes par le motif de la révélation lans
la
foi
raifcmnée, nc loor point non plus l'ob¡et des dé–
cilions de !'Egli!"e;
&
ceci forme une autre exception
a
la propo!ittou générale , que les dogmes de
foi
fonr
propofé>
aux
ñdeles par l'au torité infaillible de l'Egli–
fe ; car I'Eglife n'ule vis-a ·vis de> fiddes de Con
io–
faill ible autorilé, qu'en ltur propofant les dogmes pro–
prement rév€lés dout elle el\ ¡uge, que Con auwrité
m
eme
ne ti.tppole poim. Or ces verités de la premiere cla!fe ne
peuvem
~tre
propofées comme révélées, mais
leole–
ment comme démontrées vraie> par le1 lum•eres de la
railon, ind¿pendamment de toute
efpc~e
d'auwrité. Et
d'ailleurs. quand el le; fúoitnt
a
propremenr parler ré–
vélées comme l'autorité de l"Egli (e les Cuppofe , elles
oe pourroient
erre
crues fur l'autoriré de I'Eglife, mais
feulement par le molif de la révé alion . Voyez ce que
oous dirons plus bas de l'analyfe de la
{oi.
Vnila ce que¡'avois
a
dire des motiís dé la
foi
de ces
vérités de la premiere
&
de la
feconde efpece . La
perfuafioo du dogme capital de l'i
0
faillibiliré de l'Eglifc
que j'ai placé au
troilicme rang , a pour motif la ré–
vélation meme, puifque cettc autorité infaillible de I'E–
glife
e(\
éta~lie
fur .des pa!fages
rres:clairs des livres
proto-canomques qm fonr
le fond meme du Chrillia–
oifme,
&
dont aucun chrétien ne conrefie la vérité
&
la divinité.
Maii