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180

FOU

Ful~oru

nunr ttrrifiros, (onitumt¡ste, mttllmt[Ht

Mi[ubant optri, jlammifgs,. ft'JIIacibus iras.

JEneid.

f/111.

431.

S

tace en le feul des anciens qui ait donné la

foudre

~

1~

d<effe Junon; car Servíos nfsílrc, for l'autorité des

livres étrufques , dans lefquels tout le cérérnonial des

dicox étoit reglé, qu'il

o'y

avoir que Jupiter, Vulcain,

&

Minerve, qui poffont la lancer. Chaqoe

foudrc

ren–

fermoit trois rayons de gréle, trois de pluie, trois de feu,

&

trois de vents.

La

foudre

de Jupiter en figurée eo deux manieres;

l'uoe, en une cfpece de tifon 6amboyaot pat les deux

bouts, qui ne monuent qu'une tlatnme; l'::nurc, en uue

machine poinme des deux cótés, armée de deu1 fleches.

Lucíen femble lui donner cctte dernierc forme, lorfqu'il

nous repréfcnte fort plaifammeot ]upiter fe plaignant de

ce qo'ayant depuis peu lancé fa

foudre

longue de dix

piés contre Anaxagore, qui nioit l'exirlence des

dicu~,

Périclcs détourna le coop qui porta for le temple de Ca–

flor

&

de Pollux,

&

le réduifit

en

cendres: par cet éve–

nement, la

foudre

s'éroit prefquc brifée contre la picrre;

&

fes deux principales poinres avoieot été tellernent

émouffées, que le maltre des dien! ne pouvoit plus s'en

fervir fans les racommoder .

La principale divinité de Séleucie, fclon

P:~ufania.s

,

étoir la

foudre,

qo'on hoooroit avec des hymnes

&

des

cérémonics tootes particuliercs; peot-étre étoit-ce J upiter

meme qu'on honoroit ainfi fous le íymbole de la

fott ·

dre.

Quoi qu'il en foit, oo voit !ur quelques m<!dailles

do cene ville un

foudre

pofé fur une table que Trillan

prend pour un autel;

&

il regarde c:es tnédaillcs comme

un monument de ce culre fu bli f1aur encare faus Elioga·

bale

&

Ca!acalla, de qui font les médailles.

La

fotJdre

repréfentoit un pou voir égal aux dieux;

c'en pourquoi Apelles peignit Alexandre dans le temple

de Diane d'Ephefe, tena

m

la

fo,dre

a

la rnain: c'efl en–

~ore

par ceue raifof'l c;u'o:¡

tr~·c

fur ies

méd~lillc~

ro·

maincs que la

foudre

y

accc.mpagoc quelqucfoh

la

re

des empcreurs, camme daos des médai les d'Augurle. La

flateric des peuples affervis s'erl por tée

a

des baffe(fes

bien plus étranges .

Jeque?. me pnroít plus heureux que Ménagc daos l'éty–

mologie do mot

fottdre;

il

le dérivc de

fudr

,

terme

de

13

laogue des Cimbres, qui fignióe

rhalwr,

brlllt~re,

&

moll<•emeut rapide.

(D.

J.)

F o

u

D R E, (

Litttrat.)

les furpreuans effets que pro–

duit la

foudre,

ont fourni de tout tems une amplc matie–

re

3

la Coperilition des peuples. Les Ramaius fcrvironr

de prcuve,

&

me difpenfent d'en chercher ailleurs.

l is dirlinguoient deux íones de

fottdT',

celles du jour

&

celles de la noit; ils donnoietH les premicres

á

Jupi–

ter,

&

les fccoudes au dieu Summanos;

&

ti la

fot~dr<

grondoit

en!

re le ¡our

&

la nuit, ih l'appelloient

frtlgrtr

provorfllm,

&

l'attribuoie nt con¡ointemeot

a

]

upiter

&

n

Summanos.

Non conteos de cene dirlinél:ioo générale, ils tiroicnt

toures fortes

d~

préfagcs de la

fortdr<.

Quand, par eKem·

pie , elle étoit partie de l'oricnt,

&

GUe n'ayant fait

<Jil'd'!lcurer quelqu'un, elle re

tourno

it do memo c6té'

c'étoi~

le

figne

d'oo booheur

pnrf.i.lt

.,fltmm,e

f~lieitatis

¡;r.,.fagiurn

comme P line

le

racon tc

a

l'occalion de

Silla. Les

foudret

qui faifoient

plu~

de bruit que de mal,

ou celJcs qoi ne fig11itioient rien, étoient nommées

·zn2na

•&

bruta fulmina;

cclles qui prometloient du hicn

&

do mal s'n. pdloicnt

[ntrdho fulmiJJn;

&

la plOpart des

foudrcJ

de cette efpcce étOiem prtli:s pour une marque

de la colere des

dieo~:

tdle fut

la

foudre

qui tomba

dans le camp de Cra!Jus; elle fut regurdée comme un

a

''aot-cnoreur de

Í.1

défaite;

&

telle encore, felon A m–

mico Marccllin, fut celle qui précéda la mort de l'crn–

peretJt Valentinien . De ces

foudru

de mauvaife augure

il

y

en avoit

don~

on ne pou1oit évtter le préfage pa;

aucune e¡piatíon,

inuprabilt fulmcr.;

&

d'autres don t

le malheur pouvoit erre détouroé par des

céré~onics

rel igieníes,

piabilc fu/meo.

La langue latine s'enrichit de

la

finte confiance qo'on

donnoit a

u~

augures tiré> de la

foudu

O

u

appella

con–

crlr."" [rrlm;,;a

cellcs qut aruvoient lor!qu'on délibéroir

Je qoelque a!taire publique;

auélorati'iJo frrlmrna,

cdles

qoi t<•mbnient aprcs ks d.'roérations prrfe>, comme poor

lt:s

autorif~r; monitor~

a ftllmins,

celles qui aveniCfoient

de ce qu'11 fa!loit

b

ter;

d,praario fulmiu,>

1

cellts qoi

svoient arparence de danger . üns qu'il y en eOt poor–

rant dfeéll\ ement:

puflulatoria fulmtna

1

ce!les qui

de–

maodoicnt le rétabli!Tement des íacrióces ioterrompos;

FOU

familiaria fu/milla;

celles qui préf.,gcoient le mol qol

devoit

~rrinr

a

quelque f:unille;

publicJ

¡;.¡,,,,,

cel–

les dont on

tirair des prédiélions générate> pour troi•

cents ans;

&

pritJMa

[t~lmrna,

celles dont les rrcJ,a;ons

parriculieres ne s'<!tendoient qu'au terme de dix nnoé •.

Ainfi les Ramains porrercnt au plus hout comble d'cx–

travagance ces folies; ils

'· inrcnt JOf<¡u'j croire que le

tonnerre étoit un bon augure, quand on l'emendoit du

cóté droit ,

&

qu'il éroir au contraire un

llgne iatal ,

quand oo l'entcndoit du cóté gauchc; il n'étoir pas

m~mc pcrmis, fui

va o

t le roppnrt Je

Ci~éron,

de tenir les

olftmbléc; publiques lorfqu'il

tonnon ,

]ove t011a111<,

fdgmmr!<, romitia populi habcrr neJas:

L es cndroits frappés de la

fottdrc

étoten r répurés fa–

eró;

&

cumme fi Jopiter eOr voulu íe les approprier,

il n'étoit plus permis d'en faire des ufeges prophanes.

11

y

élc"oit des aotels au dieo

tonnant, avec cette

iu:cription ,

dto

Jrdmi>~atori.

Les uufpices purifioient

toot lieu

f:ltls

eiCeption fur Jeque\

13

fouJrr

étoit tom–

bn·,

&

le confncroient par le locrificc d'uue brrbi

ap·

pelléc

bidms,

c'erl-a-dire

3

qui les dents avoicnr pouffé

en hont

&

en-bns; ce lieu Íéparé de t!)ut nutre, s'nppel–

loít

bidmtal,

du nom de la brebis qu'on avoit immo–

lée,

&

on regardoit pour impies

&

pour

(~cdl~ges

ceox

qui le prophaooient ou en rernooicn t

les bornes; c'en–

la

e~

qo'Horace appclle quelqoe pan

movtre bidenral.

Tout

C<

qui avoit éré brQlé ou

noir~i

par la

foudre

étoit placé fous

1111

note\ coovert,

&

les nugotes étoient

chnrgo!s de ce Í<>in.

On

cmployoit en punículier certains

prtrres nommés par Fellns

{Jr~tf.rtari,

pour puritier les

arbres foudro}'éS.

Jls

f•ifoienr

:l

ce fu¡et un Cncrifice

a–

vec de la pare cuite fous

la cendre , comme nous l'ap–

prend t;infcriprion riréc d'une table de bronze anriquc

trouvéc

a

Rome,

&

citée par nos antiqttpires.

A vanr cene puritication, les arbres

frap~és

de la

fou–

drt

pnOoieot pour etre fune!les,

&

perfonne n'ofoit eo

approciter. Aoffi dnns le

Trinummru

,¡,

Plaote,

all.

iij.

fr.

2.

un efclavc voolant détouroer un vicillard d'al–

lcr

a

un

rnaifon de campagne, il lui dit: gardez.-vons

en

bien;

car les arbres y ont éré frappt!s

de

la

fottdrt;

le< pourceaux

y

meuretH; les brcbis

y

devicnnenr ¡;aleofes,

&

p~rdem

Jcur tOiÍon.

l'line rapporte qu'il n'étoit pas ·permis de brOler le corps

de ceux que la

foudrc

avoit tués,

&

qu'il Calloit fim·

plemcnt

les inhumer, fuivaor l'ordonnance de

N

urna.

En effet Ferlus, au mot

oui[ttm

1

cite dcux lois

a

ce

CUJCI:

homo

ji

Jrdmmt ocri[111 e(J, ei jujft¡ nr,lln fieri

oport<t;

l'autre e!l

con~ue

en ces termes :

ji

hominm fu/–

m;nibru ouifit,

'"

(uprJ

gmua

tol/iso;

au

lieu que

l'ufage conrraire fe ptatiquoit daos les funérailles ordi·

naires. ou l'ou mertoit les corps fur les gcnoux pour

les hoifer

&

pour les laver, cornrne il parolt

p~r

ces vers

d'Albinovaous:

At

miferanda parms Jttpremn nu¡tft ofada fixit,

Frígida nu movlt membrn, tremmte fi»,.

.

JI faut, poor le dire en paffant,

que

ce point de reli·

gi<>n n'en füt pas un chez les Grecs, puifque Capanée ,

:;prcs avoir été frappé du feo de Jupiter , rc.¡ot le! hon–

n<u•s du bOcher,

&

qu'Evadné ía femmc s'élonp daos

l<s ftammes, pour confondre fes cendres a1 ce celles de

fon cher époux. Mais les Romoins s'éloignercnt de cct·

te iMe

&

en prirem une autre

1

daos la períqa!ion que

les períonnes martes d'un coup de

foudre

:ivoienr

tll!

foffifamment purifiées par le feo, qui les avoir privés de

[a

1•ie.

Enfin an regardoit géoéralement

taos ceux qui

a–

voient eu le malheur de périr par la

foudrt,

comme

des fcélérats

&

des impies, qui a voieot

re~

O

Icor ch5ti–

meut du ciel;

&

c'erl par c:eue raiCoo que l'empercur

Corus, qui fot picio de courage

&

de venus,

dl

m is

au rang des rnaovais prioces par qoelqucs auteurs.

Ce détnil fuffit, fans doute, pour faire conooitre les

égnrernens de la Cuperrlition payeone; íur laquellc Séne–

qoe obferve judicieuíerneot, que c'erl une marque d'un

efprit foib_le que d'a¡oOter foi

a

de pareilles íorifes,

&

du

s'tmagu:~r

que ]upiter lance les

foudro,

qo'il rcn·

\'erfe les colonnes, les arbres, les !latu

es,

&

m~me

fes

im:~ges;

ou qne lai!Taot les facriléges impunis

1

il s'arnufe

a

brúler fes propres autels,

&

3

foudroyer des animaux

i110ocens. Le geore huroaio

1

qooiqo'auJoord'hui plus é–

cla:ré íur la oature

&

la formarioo de la

f•udre

1

n'e!l

pas encare guéri de toutes ces vaines fuperrluions.

Ccpcodant

1 ~

leél:eor curieox de morceaut de liuéra–

!lne íur cet arricle , en uoovera beaucoup dans

les

fa–

vans commentateurs de Plioe, de Perfe, de Jov énal ,

&

de