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172

FOR

elt libre,

&

fe tale fur ce, qu'il

oc

pcut comprendré.

(0)

(1)

F

O

R

TU N E, f. m . (

Mora/e

)

ce mot

~

d•fli!–

rentes acceptions en notre langue : il fignifie ou

la fui–

te deJ

lvenemfnl

t¡ni rende nt ieJ hommu

heureu.r

ore

malhmreux,

&

c'ell l'acception la plus générale ; o u

tm ltat d'opulmee,

&

c'ell eo ce fens qu'on dit

faire

fortunt, avoir de la fortrme.

En fin lorfque ce mot elt

JOÍnt au mot

bon,

il déligne les f3veurs du fexe;

al–

ltr

<n

bonnt forttme, avoir dei bonnes forttlntJ

(

&

non pas, pour le dire en pa!Tant,

de bonnes forttmes,

paree que

bonne fortune

ell

traité ici comme un fcul

mot ) . L'objet de cette derniere acception cll trop peu

férieux pour obtenir place dans un ouvrage tcl que le

nlltre ; ce qui regarde le mot

fortrme

pris dans le pre–

mier fens,

a

été Juffifamment approfondi au

mot

FA–

TAL 1 T

n';

nous nous bornerous done

a

dire ici qucl–

que chofe fur le mot

forttme,

pris dans la feconde ac–

ceptioo.

11

y

a

des moyens vils de

fairt fortrme,

c'ell-a-dire

d'acquérir des richc!fes; il y en

a

de criminels, il y en

a

d'bonnétcs .

Les moyens vils confilleot en général dans le talent

méprifable de faire ba!fement fa cour; ce

talent fe ré- ·

duit , comme le difoit autrefois un prince de beaucoup

d'cfprit'

a

favoir étre aupres des grands

Jiuu

humettr

&

frms honntur

.

JI

faut cepcndant obferver

q11e

les

moyens vils de par venir

a

l'opulence,

ce!Tent

en quel–

que maniere de l'étre lorfqu'on ne les employe qu 'ii

r,

pro,urer l'étroit néce!Taire. Tout ell permis , excepté

le crit:ne, pour fortir d'un état de mifcre profoode; de-

1:'1.

vient qu'il ell fil uven t plus faeile de s'enrichir, en

plrtant de l'indigeoce ablolue, qu'en partant d'uoe

for–

tune

étroite

&

bornée . La néceffité de fe délivrer de

l'indigence, rendant prefque tous les m oyens excuía–

bles, familiarife inCeoliblement avec ces mo yens; il en

collte moins enfuite pour les faire Cervir 3 l'augmenta–

tiou de fa

fortune

.

Les moyens de s'enrichir peuvent etre

eriminels

eo

morale , quoique permis par les lois;

il

ell centre

le

droit natUrel

&

contre l'humanité que des millions d'hom–

m es foient privés du néce!Taire comme ils

le font dans

certains pays , pour nourrir le lu xe (candaleux d'un pe–

tit nombre de citoyens oitifs. U ne injulliee

li

criante

&

li croelle ne peut etre autorif(e par le motif de four–

nir des relfources

il

l'~tat

daos des terns difficiles. Mul–

tiplier les malheureux pour augmenter les re!Tourees ,

c'ell Ce couper un bras pour donoer plus de nourriture

a

1

'autre. Cette inégalité monflrueufe entre la

fortunt

des hommes, .qui fait que les uns périlfeot d'indigeo–

ce, tandis que les autres

regorgent de fuperftu,

étoit

un des principaux argumens des Epicuriens cootre la

providence ,

&

devoit paroitre fans réplique

ii des phi–

loCophes privés des lumieres de l'évangil e. Les hom–

mes engrai!T<!s de la

fubll ance publique, n' ont qu' un

moyen de

réconci lier

leur opuleoce avec la m orale ,

c'ell de rendre abondammctH

:i

l'indigenec ce qu'ils luí

ont enlevé, fuppoíé m eme que

la

morale fo ir parfai–

tement ii

couvert, quand oo donoe aux uns ce dont

on

a

pnvé les autres . Mais pour l'ordinaire ceu l qui

(r) Q!1and méme l'union de l:t

libené

huroaine avcc les divins

d~crcts foit un fecrer

incornpréh~nfible

pour nous

&

qu'il convienne

pour cela s'écrier avcc S.

J

1

:tul :

O • ltitwdo b e.

on ne doit

pour.

tant pa• appeller témérité celle des Philofophes,

&

des Thl!ologiens

qui cherchent d'expliquer, avcc les nrgumens

&

les raifons, J'ap–

p.uente mais non.

ra•

la vraie contradiél:ion.

qui

fe tronve dans

ce myftere . Qu'ils hfent

d:ms les Divint·s

Ecritures

que

l'bomme ell:

libre , que Oieu

a

mis daos les

mains

de

l'homme

b1nNm

i7

m4-

1Nm, 11iltUn

r!7

mortcm;

&:

qu'Us-

li(ent

d'un auuc: cóu!

que: Dieu

a 6xl:

fes irumuables Décreu pour le•

atl:ions

de~

hommes

pri•flJNAm quitl–

')JUVP

b,ni

'tlll

ru4li

tgijf'tnJ .

Quelque~

Pbilofopbes , comme le célebre

l!omponace donr il

en parlé

daos le prcmier tome de cene Ency–

clop~die

(

Art.

.Arifl•rclifmt

pag

f64.

col.

l..

6n) ont penfé d'une

rnanierc impie , que ou

l'h•mmt n'tft

fAJ

U6rt,

ou

Ditu

nt c.nnoit

p1int

lts

th•fcl /11JUrtl,

&

7~'tnJrt

rn riw dtuu

/1

tours

dn

itJtnt–

"'t"' .

Pour convaincre done ces cfpriu llbenins

il cA:

né~O:üre

de proaver, que ICJ. divios d¿crets vont de caneen avec

la

liber–

té .

Plufieuu Peres de 1'Eglife, tous les TM:ologiens pour ainfi dire,

lSc

plufieurs

Philofophes ont taché de débroailler ce na:ud;

&

leurs

111uO:res

f:uigne• ne

rnérirent

pas.

le

noru de téménré, ni de phi..

lofophie orgueilleufc.

L'

~uteur

de cel article

aprC~

a.voir propofé

:~.ve~

toute l'énergie

les

d1fficutu!a: qui

(e

rencontrent dans une tclle

quefhoo,

veut

qu"on

l'~dmire

en filence , mai.s ce filence (era

toí'!.jours

(u(peél,

lorfqu'on

néglige .

le."

plauliblea

preuves avec lefquclles

on

démomre la non

contrad1ébon de.s div-ins décrett

~vec

la

liben~ ,

On écrat de Ar..

machan théologien

cholaflique tres-fubtil qu'il fe

f.u-igu:.,

inurile–

mcnt

l.O

:'lonées pour

dénoller ce myllere;

&.

le célebre

C;~rdin:~.l

aae't.J.D en refen.'a

b.

ConnoiflanCC

:lCX

(0\.va.n.s plus

hCUfCUX

d'un au..

,re

Sieilt-

~taia

f1

oqu• conritltout S.

Thgma.

daa1 la

Somme. nou'

FOR

ont caufé la m ifere du peuple , croyent s'scquíttcr en

la plaignahl' ou m eme fe difpeofeot de la plamdre .

.

Les moyens honnetcs de fairt

fort11nc,

foo t

ceu~

qut

viennent du talent

&

de l'ind ull rie;

á

la tece de ces mo–

yeos, on doit placer

le Commerce. Quelle

difl~rence

pour le fage entre la

fortune

d'un cnurtilao faite

a

for–

ce de balfeffes

&

d'imrigues,

&

celle d'un négocianc

qui ne doit fon opulence qu'a lui-méme,

&

qui par

cctte opulence procure le b1en de l'état! C'ell une é–

trange barbarie dans nos mceurs,

&

en m eme !" ms u–

ne contrad iélion bien ridicule, que le eommeree, c'e!l–

ii-dire la m:10iere la plus noble de s'enrichir, foit regar–

dé par les nobles avec mépris ,

&

qu'il ferve néau–

moins

~

acheter la nobleíle. Mais ce qui met le com–

ble ii la contradiélion

&

ii

la barbarie , ell qo'on pui!fe

fe procurer la noble!fe avec des richelfes acquifes par

toutes fortes de voies.

Voya:.

N o

ll

L

E S S

n .

Un moyen sOr de fairc

fortu ne,

c'efl d'etrc conti–

nuellement occupé de cet objet,

&

de n'c!tre pas fcru–

puleux fur le choix des route> qui peuveot y condui–

re. On demandoit

a

Newtan comment

il

avo1t pü

trouv<r le fylleme du mo nde:

e'

eft,

difoit ce grand

philofophe,

pour

y

avoir penfé fa ns

affe.

A

plus forte

raifon réuffira-t-on par cette opimatreté dans des eotre–

prifes moins difficiles , fur - toot qoand ou fera réfolu

d'employer toutes fortes de ''oies . L 'efpric d'in trigue

&

de maoége efl done bien méprifable, puifque c'ell l'e–

fprit de tous ceux qui voudront l'avoir,

&

de ceux qui

n'en ont point d'autre .

11

ne faut d' autre talent poor

faire

fortmre,

que la réfolu tion bien déterminée de la

fa ire

de la patience,

&

de l'audace. D 1fons plus:

les

moy~ns

honnetes de s'enrichir, qooiqu'ils lu ppofent quel–

ques difficultés réelles

:i

vaincre, n' en préfentent pas

toOjours autant qu'on pourroit Je pLnfer . On tilit l'hi–

fl oire de ce philofophe, :\ qui fes enncmis reproehoient

de oe

m~priCer

les richdJes, que pour n'avoir pas l'e–

fprit d'eo acquérir.

11

fe m it dans le cornmerce, s'y

enrichit en un an, dillribua fon gain

a

fes am is ,

&

le

remit eofuite

a

philoCopher.

(O)

FoR T UNI!, (

Mythol. Littlr. )

tille de Jupiter,

divinité aveugle, bifarre,

&

fantafque , qui dan> le

!"y–

fleme du Paganifme prétidoit

il

t(lus les évenem ens ,

&

difl ribuoit les biens

&

les maux feloo lon capt ice .

JI

o'y en cut jamais de plus rél éré'e , ni qui a't été

adorée fous tant de dilférentes formes . E lle u'efl pas

cependant de la premiere antiquité dans le m o nde . Ho–

mere oe l'a pas connue, du-moins il o'en parle pnim

dans fes deux poemes;

&

l'on a remarqué que le mot

.,,;X•

oe s'y tro uve pas une feule fois. H éfiode n'eo par–

le pas davamage, quoiqu'il nous ait lai!Té une tille tres–

exaéle des dieux , des dée!fes,

&

de

leurs géoéalo–

gies.

L es Romains re<;O Fent des Grecs le eulte de la

For–

tlll':t,

fous le regne de Servius Tullius, qui luí dédia

le premkr temple

a

u m arché public;

&

fa lbtue de bois

rella, dit-on , tou te en tiere , aprcls un incendie qui brO–

la l'édifiee. D ans la fu ite la

Fortune

devint

ii R

ome

la déefle la plus fl!tée : car elle eut

a

elle íeule·

p.us

de tem ples que les

a

utres divinité's réunies . T cls

fon t

ceux de

.Fort:me

favorable ,

Fortune

primigéoie, bon-

oe

1rouverons plufieuu raifous plauGble• pour ez-pliquer les diflicultE.t

qu¡ a

'oppofc:nr . Je

r~rois

trop long

fi

Je

voulois apporter les rai–

fon.ll

de cet

illunre

Dofreur.

&

des autres SchQiaA:ique•

Je m"ar–

rcte:r

oti

dan~

celle

de S. Auguíhn

N111

tft

con{u¡wtlll,

ut

ji

du

ccr..

1111

tft

omntiiTD

ordo

CAII{IIrHm ,

idu nihil

fit

rn n•flr.t

t oiMntAti¡

•r–

lntri•

i

&

ipf•

t¡H

pp;

n~ftr•

"IIOitMI#ICS

in

•a11{•rum

ordin

t [Hnt ( de

Civ

Dei

L1b

f ·

cal'·

9

de

Lib. arb. Lib.

ca.p. 4·)

c

'ctt-3-d.re

b.

divine pre(cience ne change pas la n:tture

des

Etre.t,

mais !:uf–

fe

1~.!11

oéceCfairc• dans

leur

~1:1t née<ff:~.ire,

h:.s

hhre'

d:lns

la

li..

bené; puifque

njhil

tltt•l

tjJ't

Ali'Jwid

urrum

lj141d

fir

libtrHm ,

ji

11t

,. ,

e,.;

itl

""Mm

•ft ,

ttNII"

¡,¡,,.MNr

•pcr•nti

'IIÍI

t

Gtno1-tji

Eltm mtt.Jphyf 11m.

2..

c•t

4

app

~

3G

f":

2.00 )

Nous

achc·

verons

ct'ue·

note en

obf~

:rv.J.ot,

qu'unc

vra1t. remérité en celle

do

nier la dirtinélion qui

paff~

co

rre l'aél:ion ph)'lique

&

ta

mornle.

Quo Dieu foit

l'Auttn

dt

lfHt

f•n1

/'rt,

Ju

pichi,

&:

<J..Ue

l>ieu pro–

duife

tut

¡,

phyfi,ue

,

f•n'

m

pr11J,.;,.,

lt

,,.,,.l,

c'eft

une

ltotl:rine

gé:néralcmem cnfeignée, paree

que

Dicu concourt comme coofer–

nteur

de

l'onivers

a

toutes

Jes aél-ion•;. rn:lis

fi

elles

ont une in ..

tt:rieura mal ice qui

en

un dérangemcnt

des

Loix Divines , ou com..

me difent les Scbolaftiques une privation.

cett~

malice peut

étrc

feulcment

:tttribuée

3 l'homme On ne cloit

pa1

rcpliquer ,

':UC:

l'on

ne comprcnd p

ummtnt

la f•t.tlft

dt

Dit•

ptwt o ncurir

4

,.,.

fhyfitJ'U

•u.¡Jitl

lt

mor11/

tjl

ni.u ff•trtmtnl

att.sch:;

celui qni n'cll.

p:u enforcclé: des

prmcip~:s

perven Je Colhns,

&

de B1yle, qui

(e fcrdrent

d'an

tel :ugument pour faire

traompher

leur impié:té .

connotrr:l

qoe Dieu concourc

poor

cet effct 3 ces atlion.s qoi ont

unie l:t m:alice poor ne poioc 6ter l:1

liben~

des méme.s aétions.

qui fe reo lent

d•gnc• Je pemc

paree qu'ellcs fonr.

Ubres ;

pcrd1ti•

fHII

t.~

lt

Jfr~t/.