FOR
CODHilir aox efprits aolli-bicn qu'aux corps , néJnmoins
daos rurage ordinaire'
h
forme'
aulli-bien que 13
ma~
~u
re,
s•auriboe aux fculs corps.
J
e défioirois volon–
tiers la
forme
des corps ( laquelle ea
:1
la porrée de oo–
ue efprit,
&
donr nous pouvons JUger),
la 'mefure or1
portio, Je
mot~vemcnt
&
J'arrangement,
qui nous dé–
termine
a
donner
a
cerraine partie de la marierc une dé–
nominarioo parriculiere, piOrOr que roure aotre déoomi–
nation.
Je ne parle pas ici de ceue
forme
qu'oo fuppoferoir
confiller daos un germe ou un atorne paniculiec; elle
forpaifcroir la fagacité de nos feos, puifque nous o'a–
Yons ríen
a
dire de ce que nous ne pouvons cooooirre,
&
que oous oe connoi[fons rico donr l'idée primirive
nc nous foir veuue par la voie de 1' expérience
&
des
fenfatioos .
A u re!le, ce que nous avous die de
la
forme
ordi–
uaire des corps, fuffir pour nous donner dillioéhmenr
1
encendre root ce que uous comprenoos fous le uom
de
foriiJe
purcmeot corporelle. 11 ne faut pourrant pas
croire que par-li nous puillions difccroer tOUJOors en
qooi con!l!le précifément la
forme
de chaque corps ,
c'e!l·a·dirc
en
que! degré de, mouvement, d'arrange–
menr, de fitoation,
&
de configuration de fes panies les
plus perites, con!i!le la
forme
de chaque corps; c'e!l
de quoi s'occupe
la
Phyfique,
&
foovenr avec arTe?. peu
de fuccl:s. Cependant l'aoalogie d'une
forme
a
l'autrc,
&
celle des corps que nous connoi!fons á ceux que nous
ne connoirTons pas, oous donne en général quelque idée
ac la
forme
des corps. Ainfi il arriveroir
a
rout hom–
.me fenfé, qui n'auroit Jamais vO de la farine
&
du pain,
d'
¡
rrouver d'abord a-peu·pres la me!me différence de
formt
&
méme de fubflance, qu'entre du cuivrc
&
de
J'or: mais quand nous lui aurons fair connoltre que la
fub!lance du paio n'e!l autre chofe que de la iitrine doot
les panics fe font
rap~rochées
par la conglutioatioo de
l'eau, qui l'a rendue pftte,
&
ont encure été ferrées par
In cuiflon qui l'a fait devenir paio, il Jugera bieotOt que
l'eaa
&
le fea n'y ont apponé d'autre changemcnt,
ti–
non celu i qui s'e!l fair par les qualit.!s que nous nom–
mons
couleur
&
dt~T<tl.
Nous 1ugerons de mlime qu'avec on changement pa–
reil
cjan~
un degré plns ou moin< contidérable,
&
avec
plus ou moins de tems, ce qui efl aurourd'hoi du plomb
ou du cuivre pourroit bien devenir tout au1re méral,
&
peut-étre de l'or.
Article
twé
dts papírrs de M .
F o
R–
M E Y.
Les philofophes fcholafliques diflinguent la
fi~ure
de
ln
forme'
en ce que la premiere en la difpofiuon des
porties cxtérieures du corps ;
&
la fecunde, ctlle des
partie~
imérieures: c'e!l ce qui donne lieu
a
cette fe ene
ti
plaifante du
mariage forc<,
ou Pat\crace , doéleur
péripatéli.cieo, founent qu·on dnit dire la
figure
d'un cha–
peau'
&
non la
formt'
&
croit que l'état en renverfé
par l'ufage contraire.
·
F
O R M E S U B STA N T 1ELLE , (
Métaphyfiqut.
)
terme barbare de 1' ancienne philofophie fcholaflique ,
done on s'e!l principalement fervi pour Géilgner de pré–
tcndns erres marériels qui o'c!toient pounant pas matie–
re . Nous ne nous chargeons pas d'expliquer ce que cela
lignifie: noos dirons feulement, que la queflion
11
épi–
neufc de l'ame des br!tes a dooné occa!ion
a
cene opi–
uion abfurde. Voici , felon tomes les apparences, par
quels degrés les Scholafliques y ont été conduits, ·c·en–
a-dire par quelle fuitc de raifonoemeos ils font parve–
nus
a
déraifonner.
Si les bétes fenrent, penfent,
&
m!
m~
raifonneor,
cnmme l'expérieoce ,parolt le prouver, elles ont douc
en elles un príncipe difiiogué de
la
matiere: car ce fe–
roil renverfer les preuves de la fpiritualité de l'ame, que
de croire que Dieu pui!Te accorder á une fubflance
é·
tendoc le feoliment
&
la penfée. Or li !'ame des bétes
n'en poiot maciere' poorquoi s' éteint-elle
a
la de!lru–
étion de lcur corps? Pourquoi
1'
Erre fuprcme ayant
mis daos les animaux un príncipe de femimcot fembla–
blc
3
cclui qu'il a mis daos l'homme , n'a-t-il pas ac–
cordé
3
ce príncipe l'immonalité qu'il a donnéc
a
no–
tre ame? úa Philofophie de l'école n'a pO trouver a
cene dtfficulté d'au1re réponfe, ilnon que l'ame des be–
tes éloit
matirit/1~
fans ctre
matiere;
au lieu que l'a·
me de l'homme étOit
[pírit11elle:
comme
li
une abfur–
dité pouvoir fervir
;l
réfoudre uoe objeétion;
&
com–
me fi nous pouvions coocevoir un etrc fpirituel fous
une autre idée que fous l'idée négarive d'un
étre q11i
n't/1 potnt
mati~rt.
. L:s pbi\ofoph:s modernes , plus raifonoab les , con–
Ytennent de la fpiritualité de l'ame des betes,
&
fe bor–
'I'ome
Pll.
FOR
1+7
De,,t
.i
dire qu'clle n'.,(l pas immonelle, paree
u~
D!e
l'a \·nulu aiufi.
i\llais l'cxpérieoce nous prouve qoe les
b~tcs
f<>uf–
frent; que feur condirion fur ce point efl a·peu·prh
pareille
a
la hOtre'
&
fou••cnr pire. Or pourquor
D r(U'
cet eue
{l
boo
&
{j
JUfle, 3-1-il candamo¿
}.
[3111
de
peines des
e
tres qoi ne l'om point orlenfé,
&
qu'il ne
peut meme d.!dommager de ces peines dan< une vic
future? Croire que les
b~tcs
femeot,
&
par conféqumt
qu'elles foollrenr, n'efl-cc pas enlever
3
la religion
le:
grand argumeot que faim Augoflin tire des fouftrances
de l'hommc pour prouver le péché origine!?.
Sous
""
Diw
j11jle,
dit ce pere,
10/lle
rr(atltrt qui
fot~jfrt
dott
avo;r
pl,bt.
Defcartes, le plus hardi, mais le plus conféquem des
Philofophes , n'a rrouvé qu'une réponfe
a
cene obJc–
étion terrible: r;'a
ét~
de refufer abfolumem tout fentí–
menr aux animaux; de foOtenir qu'ils nc fouffrenr pniot;
&
que deflinés par le créateor aux befoins
&
ao fervice
de l'homme' ils agifseor en apparence comme des erres
feota os, quoiqu'ils u
e
foicnt réellemeot que des auto–
mates. Toute ao!Ce réponfe, de quclqucs fubt ilités qu'
on l'en•·eloppe, oc peut, felon lui, meme
a
couvcrt
la junice divine. Ceu e m étaphyilque efl fpécieufe fans
doute. Mais le partí de regarder les bótes comme de
pures machines, ell fi révoftant pour la raifoo, qu'on
l'a abandonné, non-obOant les conféqucnces apparentes
du fyncme contra.ire. En etTet commcnt pelH·on efpérer
de perfuadcr
a
dos hommes raifonnables ' que les ani–
maur dont ils font ctl\'Íronnés,
&
qui,
:i
quelqucs legcrcs
ditfc.'rences prcs' loor paroifsenr dts ¿¡res tt:mblables
a
eur, oc font que des machines organifées? Ce ferolt
s'expofer
a
nier les vérités les plus claires. L'ioninél:
qui nous afsOre de l'exiflence des corps, n'e!l pas plu<
fort que celui qui nous porte
~
nttribuer le femimenr
aox animaux.
Que! partí faut-il done prendrc fur
lo
queflion de l'n–
me des betes
?
Croire, d'aprcs k feos commun , que
les betes fouffrent ; crnire en mcme tems ' d'apies la
religion ' que nutre ame en fplritoclle
&
imrnortefle'
que Dieu efl toOjours fage
&
tnOjours JO!le;
&
favoir
ignorer le rclle.
C'efl par une fuite de cette mcme ignorance , que
nous n'expliquerons jamais comment les animaux, avec
des organes pareils aux nótres, avec des fenfations fem–
blablcs'
&
fouvent plus vives' rellem bornés
a
ces
me–
mes fenfations, fans en tirer, co mme nous , une foule
d'iMes abOraites
&
réftéchies , les notioFts métapbyli–
ques, les langues , les lois, les Sciences ,
&
les Arts.
Nous ignoreroo> du·moins jufqu'ou la· réftexion peut
poner les animaos,
&
poorquoi elle ne peut les porter
au-deU. Nous ignorerons aulli tOUJOUrS,
&
par les mé–
mes rai(ons , en quoi confitle l'inégalité des efprits; li
ceue inégaliré efl dans les ames , ou dépend unique–
mem de la difpofition du corps , de l'éducation , des
circoonances, de la fociété , comment ces différentes
caufes peuvem inftue r fi différemment fur des ames qui
fcroient toures égales d'aillcurs; ou comment des fub–
flaoces fimp,les peuvem €tre inégales par leor nature .
Nous ignorerons fi l'ame penfe oo fent IOUJOUrs;
Íl
la
penfée e!l la fubtlaoce de l'ame, ou non; fi elle peuc
fubfiner fans penfcr ou feotir; en quel tems l'ame com•
menee
a
etre unie au corps '
&
mille aotres chofes
ti:mblables . Les idées iooées fonr une chimere que l'H–
périence réprouve: mais la maniere dont nous acqoé–
rons des fenfarions
&
des idées réftéchies , quoique
proovée par la me me expérience' n'e!l pas moios in–
compréhenfible. Toute la Philofophie, fur une infinité
de matieres, fe borne
:l
la aevife de Mootagne . L'in–
telligence fupreme a mis au-devaor de uotre vue u!l
voile que nous voudrioos arracher eo vain : c•en un
tri–
lle fort pour notre curiotité
&
notre amour- propre ;
mais c'efl le forr de l'humanité.
Ao re!le la définition que nous avons donnée du
mot
forme
ft~bflantitllt
,
ne doit pas s'oppliquer
~
l'ufa–
ge qoi en fair de ce mcme mor dans _le
pr~mrer
ca–
non do concile général de Vienne, qut dc!crde contre
le cnrdelier Pierre Jean d'Olive, que
'{rtt<Of1'{!"
oftra
foútenir qtte l'amt
r~i(onnable
n'tft P.fiJ
effe.nt!ellemtnt
la forme fubflantitlle du eorps
~Jtmam
'·
dott tt'.t te,u
pour
herltiqt~e.
Ce decret, qu oo auron peut-etre dll
énoncer plus clairemenr, ne prouve pas, comme que!–
ques
incr~dules
l'ont prétendu, que du tems du coocr–
le de Vienne on admettoit la matérialité de
l'~me
, ou
du-moios
qu'~o
n'avoit pas l'idc!e di!lioéte de fa fpiri·
¡ualité : car I'Eglife ne peut oi fe tromper, ni par con–
féquent
v~rier
fur cette matierc importante •
Voy.
A~~
E .
T~
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