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FOR

gnes des idées ,

&

qo'ils prennent différentes dénomi–

nations, fe loo 13 différeoce des points de vOe fous lef–

quels oo envifage leur géoératioo

&

les

idées qu' ils

exprim~ot.

C'efi de-13 que les rnots foor

primitifs

oo

álrivh, ./imp/es

oo

compofis.

Un mot efi

primitif

relativement aux aotres mots

qoi eo foor formés, poor exprimer avec la mcme idée

originelle qoelque idée accefToire qoi la modifie;

&

ceux-ci font les

á!rivés,

door le primitif cll en qoel–

<¡oe forte le germe.

.

Un mot ell

jimple

relativement au:r autres mots qu1

en foot formés , pour cxprirner avec

la

rnEme idéo

quelqu'autre idée particoliere qo'oo luí affocie;

&

ceux–

ci•font les compofés dont le limpie ell en quelque for–

re l'élément.

O

o

doone en géoéral le nom de

ra<ine,

ou de

mot

raáifa/

a

!OUt mor dont un 3Utrc e{l formé, foit par

dérivation

foit par compofltion ; avec ceue dirréreoce

nénnmoins: qu'oo peut appeller

racineJ glniratriceJ

les

mots primitifs

o

l'égard de leurs dérivés;

&

racines

t!–

lt!mentaires

,

les mots limpies

a

l'égard de leurs com–

pofés.

Eclairci/Toos ces définitions pac des exemples tirés de

notre laogue . Voici dellX ordres difterens de mots dé–

rÍ\•és d'une meme racine _génératrice, d'un meme mot

primitif detliné en géoéral

a

exprimer ce fent imcnr de

)'ame qui lie les hommes par la bienveillaoce. Les dé–

rivés du premier ordre fon t

amant, amour, amotlretJX,

amoraw(ement,

qui a¡oOtent

a

l'id~e

primitive du feo–

t imeor de bienveíllance,

l'id~c

acce!Joire de l'inclination

d'on fexe pour l'autre:

&

.cette incl ination étanr pure–

ment aoimale, reod ce fent imeor aveugle, impétueux,

immodéré,

&c.

L es dérivés do fecood ordre foot

mi .. amitié, amical, amicalement,

qui ajoU,ent 3 J'idée

primitive du femimcor de bienveillaoce, l'idée accefsoi–

re d'un jufle fonde!TI'ent, Caos diflioél:ion de fexe;

&

ce fondemeo r étan t raifoooable, reod ce fentimeot é–

clair0age, modéré,

&c.

Ainíi ce fonr deux paffions

toutes dllféreotes qui font l'o'b¡er foodamental de la

li–

gnification commuoe des mors de chacon de ces deox

ordres: mais Ges deux patlions ponent l'une

&

l'autre

fnr un fentimenr de bienveillance, comme for une ri–

ge commune. Si nous les mettons rnaioteoant en pa–

ralle!e, oous verrons de nouvclles idées accefsoires

&

:waloglles mod ifier !'une ou l'aurre de ces deux

idées

fondamentales: les mots

amant

&

amí

expr'ment les

fu¡ets en qui fe trou ve !'une ou l'aurre de ces deux paf–

/ions .

.An¡ottr

&

amitié

expriment ces paffioos memes

d'uoe maniere abClraite,

&

comme des

e

tres réels; les

mot•

amottrettx

&

amical

ferveor

a

qualifier le fujer qui

efl affeél:é par !'une ou par l'aurre de ces paffions: les

rnots

amottrn¡fement' amicaitment'

ferveot

a

modifier

la fignilication d'un autre mor, par l'idée de cette qua–

Jilicarion.

Amant

&

ami

foor des noms concrets ;

a–

mour

&

amitiE

des noms

abnraiu ;

amoutteux

&

ami–

tal

font des ad¡eél:ifs;

amoureufemmt

&

amicalement

font des adverbes.

La fyllabe générarrice commuoe

a

rous ces mors efl

la fyllab.e

am

,

qui fe rerrouve la rneme daos lés mors

latins

amator, amor, amatorius, amatorie,

&c.

..

a–

mictu,

amicC,

amiciúa,

&c.

&

qui vient probabltment

du mot grec

d¡u,

una,

Jim11l;

racine qui exprime atlez

bien l'affiniré de deux cceurs

réoois par une bienveíl–

lance muruelle .

Les mots

eñnem

i,

iniraitil,

font des

tnots

compo–

fés , qui oor pour racines élémenraires les mots

amí

&

amitié,

atlez peu altérés pour y erre reconnoi/Tables,

&

le pctir mor

in

ou

en,

qui dans la compofition mar–

que fouvcot oppoflrion,

voycz

P

R

u·r o s

1 T 1

o

N •

Ainfi

cnnemi

flgnifi" l'oppofé

d'ami; inímitii

exprime

le feotímeor oppofé

3

l'amitil.

JI en e{l de meme

&

daoS rollte aurre Jaogue, de !Ollr

mot radical, qui par fes di verfes inHexioos, oo par fon

union

il

d'aurres radicaux , fert

a

exprimer

les diverfes

combinaifons de l'idée fondamentale dom il ell le íigne,

avec les différtnres idées acceffoires qui peuvem la mo–

difier ou

luí

l!rrc a(fociées.

JI

y a daos ce procédé

commun

il

tomes les langues un art

íingulier, qui efl

peur-etre la preuve la plus corrtplette qu'elles defcendent

toures d'une

rn~rne

langue, qui efl

la fouche originel–

Je: cerre fouche a produit des premieres branches, d'ou

d'aurres fonr forries

&

fe fonr étendoes enfuite par de

oombreufes ramiticarions . Ce qu'il y a de dilt'érenr d'u–

ne langoe

a

l'autre, vieot de leor divifioo meme, de

Jeur difiinél:ion, de leur diverflté: mais ce qu'on trouve

de commun daos leurs procédés géoéronx, prou,•e !'uní–

té de leur premiere origine. j'eo dis

~utanr

des racines,

FOR

foit

g~oér~trices

foit élémentaires, que l'on retrouve les

mémes daos quantité de langues, qui femblenr d'ailleurs

avoir entre elles peu d'analogie. Tout le monde fair

:i

cet égard

ce

que les langaes greque, latine, telltonc,

&

cel{ique, onr fogrni

nll~

langues rnoderne de l'Europe,

&

ce que celles·ci ont moruellemenr emprunro_ les u–

nes des nutres;

&

il efl conllanr que l'on rrou ve daos

lo

langue des Tannres , dans celle des Per(es

&

des

Turcs,

&

daos l'allemand moderne, plulieurs radicaux

cemmllns.

Quoi qu'il en (oit, il réfulte de ce qui vienr d'l!tre

dit, qu'il y a deox efpeces générales de

formatiom

qui

embra!Tent rout le fyflcme de la génératton des mors ;

ce font la c0mpofition

&

la dérivation.

La

compo}ittOt1

e(l la matiere de faire prendre

a

un

mot, au

m

oyen de

fon uoioo

a~c

quelqu'all tre, les

formes établies par l'ufage pour exprimer les idées par–

ticulieres qui peuveor s'a!Jocier

a

ceJie donr

il

eíl le

type .

La

áérivati011

ell la maniere de faire prendre

a

UD

mor, au moyen de fes diverfes ioftexions,

les fórmes

établies par l'ufage pour exprimer les idées accetfoires

qoi peuvenr modifier celle dont il ell le

type.

Or deux fortcs d'idées acce!Toires peovenr moditier

une idée prirnitive: les unes, prifes daos la chofe me–

me, inftuem rellemenr fiJr celle qui leur ferr en qoel–

que forte de bafe, qo'elles en font une toure aurre i–

dée;

&

c'efl

á

l'égard de cette oouvelle e(oece d'idées,

que la prerniere prend le nom de

primieive;

telle ell

l'idée cxprimée par

camr•,

a

l'égard de ce! les expri–

rnées par

cantare, cantitare, cant11rire: canere

préfen–

re l'aél:ion de chanter, dépouillée de roure autre

idée

acce/Toire;

cantare

l'olfre avec une

idée d' augmeora–

tion;

cantitare,

avec une idée de répérition;

&

can·

turire

préfeote cette aél:ion comme l'objet d'un deilr

vi

f.

Les allrres

id~es

acce/Toires qui peuvent modi6er

l'i–

déc primitive, vieonenr non de la

chof~

meme, mais

des différens poinrs de vuc qu'envifage l'ordre de l'é–

nonciation; enforte que la premiere idée demeure au

fond roil¡ours la meine: elle preod alors

a

l'égard de

ces idées acce!Toires, le oom

d'idt!. principalt:

telle eft

l'idée exprimée par

canere,

qoi demeore la meme daos

la fignification des

m~

o.HS

cano, cani!, ctutit, canimtu,

canitiJ, canttht:

tous ces mots ne dífff:renr emre eux:

que par ·les idées acceffoircs des perfonnes

&

des nom–

bres;

voyez

PE R S

o

N N E

&

N o

M B RE.

Daos rous ,

l'idée principale ell celle de l'aé1:1on de chanter préfen–

rement: telle efl encare l'idée de l'aél:ion de chao ter at–

tribuée

a

la

premiere perfoooe,

:1

la perfonne qoi parle;

laquelle idée efl rouJOUrs la méme dans la flgnificarion

des mots

cano

,

canam, cantbam

,

caner~m,

cecini,

cecintram, cecintro, ceciniffem;

tous ces mors oe

dif–

ferenr entr'eux que par les 1dées acce!Toires des rems.

Voyez

·TE M S.

Telle efl en fin

l'idée de

chanttur de profeffion,

qui

fe retrouve la m

eme

daos

les

mots

cantator, canta.·

toriJ, cantatori, cantatorcm, cantaeore

~

cantatorei

,

cantatort1m, calt"tatoribta;

lefquels ne ditt"trent eo[re eux

que par les idées acceffoires des cas

&

des nombres _

1/oya.

CAs

&

NoMBRE.

De cette dillérence d' idées acce/Toires naitfeot deult

fones de dérivarion; l'uoe que l'on peut appeller

pbilo–

Jophique,

paree qu'elle fen

a

l'e~preffion

des idées ac–

cefTOICCS propres

a

la nature de l'idée primirive,

&

que

la oature des

idées efl du

retfort de

la Philofopbie ;

l'antre, que

l'on peut nommcr

grammaeica/,

,

paree

qu'elle fert

a

l'expreffioo des poiots de vOe ex igés par

l'ordre de l'éoonciotion,

&

que ces pnints de vOe font

du refsort de la Gramrnaire.

La dérivadon p.hilofophique eíl done la maniere de

faire prendre

a

un mot, au moyeo de

(es

diver fes in–

fiexions, les formes établies par

l'ufage pour

es

primer

les idées accetToires qui peuvent modi6er en elle-meme

l'iMe primitive, fans rappon

a

l'ordre de l'éoonciation :

ainfi

cantare, cantitare, tanttJrire,

foor dérivés philo–

fophiquemem de

<anert;

paree que l'idée primitive ex–

primée par

emure

y

efl modili6e en elle-meme,

&

fans

allcun rapport

3 1'

ordre de

1'

énonciotion .

Felicíor

&

feliú./Jimru

font auffi dérivés philofophiquement de

fe–

/ix.

pour les memes raifons.

La dérivarion grammaticale efl la maniere de faire

preodre

3

un mot, au moyen de fes divl"rfes infiexions,

les fnrmes érablies par l'ufage pour exprimer les idées

accerfoires qoi peuvent préfenter l'idée princ!pale, fo!ls

dillereos poinrs de vOe relar'fs

a

1'

ordre de

t'

énoncia–

tion : 3inli

taniJ, tanit, canimru, caNitit,

(anunt,

ttf-

ne-