94-
FOR
mouvemcnt y perfifle d'auraor plus long·tems,
que
les
cauíes qui retarden! ce mouvemeor fom moiod res: d'ou
nous pouvons conclure que
¡,
mouvtment ne finiroit
point,
ji
lts
f~rtn
r.tardatrites ltoimt nulles.
L'expérience journalierc de
la peíanteur femble dé·
mentir le premier de ces deux príncipes. L a mulrirude
a
peine :\ s'imaginer qu'il
foir nécelfaire qu'un corps
foi r poulfé vers la rerre pour s'en approcber; accoúru·
mée
a
voir tomber un corps des qu'il n'efl pas íoQre–
nu , elle croit que cecte feule
r~ifon
fuffit pour obliger
le corps
a
fe mouvoir. Mais une réflexion bien limpie
peut defabufer de cetre opinion. Qu'on place un corps
fur une table horifontale; pourquoi ce corps ne fe meut–
il pas horifontalement le long de la table , puifque ríen
ne l'en empeche? pourquoi
ce
corps ne fe meut-il pas
de bas en·haut, puifque rien
n~rere
fon mou vement
ton ce fen s? D one, pui(quc
le co'rps fe meur de hau r
en·bas,
&
que par lui-mt'me il el! évidcmment inditfé·
rene
a
fe mouvoir daos un feos pl0r6t que dans un au–
tre , il y a quelque ca
u
fe qui le dérermine :\
fe mou·
voir en ce feos.
Ce
n'efl done pas faos raifon que les
Philofophes s'éronnent de voir tomber une pierre;
&
le
peuple qui rir de leur éwnnemem, le partage bien·rÓt
Jui-m~me
pour peu qu'il refl échi!Te.
ll
y
a
plus: la pi fipart des corps que oous voyons
fe mou1•oir, ne fonr rirés du ce pos que par l'impulfion
vilible de quelque
~urce
corps. Nous devons done erre
naturellemeot portés
a
juger que \e mouvement efl tol1-
jours l'etfet de l'impull1on: ainfi la premiere idée d'un
philofopbe qui
V
OÍ r tomber
Ull
COrps, doir erre que
CC
corps efl poulfé par que) que fluide invilible. S'il arrive
cependant qo'apres avoir approfondi davantage cette rna–
tiere, on rrouve que
la pefanteur oc puilfe s'expliquer
par l'impulfion d'un Buide,
&
que les phénomcnes
fe
refufen r á ceue hj'pothCíe; alors le philofophe doit fu–
fpendre fon jugemenr,
&
peut-erre meme doir·il com·
mencer
a
croire qo'il peor y avoir quelque autre caufe
do mouvement des corps que l'1mpullion;
ou
du moins
(e~
qui c(l auffi conrraire aux
prin~ipes
communément
rc,a;) que
l'impullion des corps,
&
fur-rour de cer–
tains Buides incounus, peur avoir des Jois
toutes diffé·
rentes de celles que l'expérience nous
a
fai r découvrir
jufqu'ici .
Voyez.
A
T TR Ae T 1
o
N .
Un favan t géomerre de nos jours (
17o¡'ell:. Eultri u–
PN{cula,
Berlín , 1746.) prétend que l'amaétion, qnand
on la regarde comme uo príncipe diff'é'rent de
l'impul–
iion, cfl conrraire au principe de la
force d'incrti.,
&
par conféquent ne peut appartenir aux corps; car, dir
ce géomerre, un corps ne peu r fe donoer le mouvement
a
lui·men¡e,
&
par conféquen t oe pellt cendre de
luí–
m~
me vers un aurre corps, fans
y
erre dérerminé par
qu elq ue caufe.
11
fuffit de répoudre
ii
ce raifon nement,
1 °.
que la ten dance des corps les uos vers les autres,
quelle qu'en (oit la caufe, efl une loi de la narure cou–
fi arée par les phénomenes.
17oyt:t.
G
R A
v t
T A T 1
o
N.
;, 0 .
Que fi cette tendance n'efl point produite par l'im–
pulfion, ce que nous
o
e décidons pas, en cecas la pré·
f~nce
d'u n aurre corps (uffit pour alrérer le mouvemenr
de celui qui Ce meu t;
&
que comme l'aélion de !'ame
fur le corps n'empeche pas le principe de la
foru d'i·
nertie
d'~tre
vrai, de méme l'aélion d'un corp1 fur un
autre, exercée
a
dillanee, ne nuit point
a
In
vériré de
ce príncipe, paree que dans
l'énoncé de oe príncipe ,
on fait abflraétion de toures les caufes ( quelles qu'elles
puilfeor erre ) qui peuvent altérer
le mou vemenr du
corps, foit que nous puiffions comprendre ou non
la
maniere d'agir de ces
fo•·as.
L e me me géometre va plus loin; il enrreprend de
prouver que la
force d'imrtie
efl incompatible avec
la
faculté de penfer, paree que cene dernierc faculté en–
tralne la propriéré de changer de foi·meme fon étar:
d'ou il conclut que la
force d'inerti e
érant une pro–
priété reconnoe -de la maritre , la facul té de penfer n'cu
fauroit etre une. N ous applatldirTons au 'lele de cer au.
teur p<)Ur chercher une nou velle prenve d'uoe vérité que
nous ne prétendons pas combatrre : cependanr
a
conli–
dérer la chofe uniquemeCH en philofophes, nous ne vo–
yons pas que par cene nouvelle preuve
il ait fair un
grand pasen M étaphyfique . La
force d'inertie
n'a lieu,
comme l'expérience le prouve, que dans la matiere bro–
te, c'efl·a-dire dans
la matierc qui n'efl poin r onie
3
no priocipe
inrelligenr dont la volonté la meut: ainli
foit que la mariere
re~oive
par elle·méme la faculté de
penfer
(ce
que nous fommes bien éloigoés de croirc),
foit qu'un priocipe intelligenr
&
d'une nature différeme
Jui foir uní, des-lors elle perdra la
force d'inertie,
ou,
pour parler plus e>taélement, elle nc paroitra plus
obé'ir
/
FO.R
a
cette
force.
Sans doure il n'efl pas plus aifé de con·
ce voir commen t ce príncipe incelligcnt, uni
a
la lll3tie–
re
&
ditterent d'elle, peut agir fur elle pour
il
nwuvoir,
que de comprendre comment la
force
d'it~tTrie
pcnt f.o
concilier avec la faculté de penfer, que les iVbtériali–
fl~s
auribuen.t fauíTemcor aux corps·: mais nor·s (ummes
certains par la religion, que la matiere ne peur pent'er;
&
nous fommes certains par l'expérience, que l'ame
a–
git fur le corps. T enons-nous-en done
a
ces
deu~
vé-
1ités inconreflables, fans entreprcndre de les concilicr.
F
ORe
11.
V
t
ve,
ott
f
ORe
11.
n E S
C
O R 1' S E
1'<
M
o uvE
M E N T;
c'efl un ter me qui a été imaginé par
M . Leibnit7., pour diflinguer la
force
d'un corps aétuel–
lement en mouvement, d'a1•ec la
force
d'un corps qui
n'a que la tendance
a
u mouvement, fans
fe mouvoir
en effcr: ce qui
a
beloin d'érre expl iq ué plus au long.
Suppofoos, dir
M.
L eibnir1. ,
1111
corps pefant appu–
y~
fur un plan horifontal .
Ce
corps fait un efforr pour
defcendre;
&
cet eilon efl continuellemeot arreté par
la réliOance du plan; de forte qu'il fe réduir a one lim–
pie tendance au monvrment. M. Leibnirz appelle cc t–
te
fo rce
&
les
~urres
de la mi' me nature,
fortei mor·
tn.
lmaginons au contraire, ajoO re le meme philofophe ,
un eorps pefanr qui ctl jccté de bas en hnur,
&
quien
montanr
ralentit roOjours fo n mouvement a caufi: de
l'aétion de la pefanteur, jufqu'a ce qu'entin la
force
foi r rotalemen r perdue, ce qui arrive lorfqu'il
efl
par·
venu
a
la plus grande haureur a laquelle il peor mon–
tee; il efl vifible que la
force
de
ce
corps fe dérruit par
degrés
&
fe confume en s'exer<;anr.
M .
L eibnit7.
ap–
pelle
force 'lJive
cette derniere
jora,
pour la d;fl ingoer
de la premiere , qui nalr
&
menrr a
u
·mémc inllant..;
&
en général,
il
appelle
force
.,¡,,~
la
.r<.rce
d'un corps
qui fe meut d'un monvement
cora inuel~l·mcm
rerardé
&
rallen ti pa r des obflacles, juíqu':i e,
~u'enfin
ce mou·
vemenr foit anéanti, apre< avoir é1é fuccetli
vem<~H
di·
m inué par
des
degrés infentibles. M . L eibnil'l convien t
que la
force
morte efl comme le produit de la marre
par la vlreffe
'lJÍrtttdle,
c'efl-a·dire avec Jaqnelk le corps
rend
a
fe mou voir, fuivnn t l'opinion commune. A in fi
pour que deux corp·s qui fe
choquenr ou qui fe tirent
dire'étemeo t, fe fa(fem équilibre, il faur que le produit
de la msffe par
la vltefle
virtud/e
Ítlit
le
meme de
part
&
d'autre . Or en ce cas, la
force
de chacun de
ces déux corps efl une
force
mocee, puifqu'elle efl ar·
r<!r(!e rout-a-la-fois
&
comcne en Con c1Hier par une
for ·
ce
contraire. D one daos ce cas, le produit de la maf–
fe par la viterTe doir
repr~fenrer
la
force.
Mais M. L eib–
oir'l.
foutient que la
forct viv•
doit fe mefurer autre·
ment,
&
qu'elle efl comme le produit de la matfe par
le quarré de
la vltcffe; c'efl·a-dire qu'u n corps qui a
une cenaine
force
lorfqu'il fe meut avec une virelfe
donnée, aura une
force
quadruple, s'il fe meot avec u·
ne vltelfe double; une
foru
neuf fois auffi grande, s'il
fe
meur avec une vhelfe triple ,
&<.
&
qu'en générnl ,
(j
la vlrelfe
eíl
fucceffivemeot
r,
2.,
3, 4,
&c.
la
force
(era
comme
2;
4,
9 ·,
16,
&c.
c'cfl·á-dire com–
me les quarrés des nombres
r,
2,
3, 4:
au líeu que
li
ce
corps n'étoit pas réellemenr en mouvement, mais
tendoír a (e mouvoir avec les vlrelfes
1, 2,
3. 4·
&r.
fa
force
n'étanr alors qu'one
forre
morte , feroít com–
me
1 , 2,
3 ,
"t,
&
e.
Daos le fyfleme des adverfaires des
forces viveJ,
la
force
des corps en moovemenr efl 100jours proponion·
nelle a ce qu'ou appclle aurremcnt
qua1Jttti de mou'lJt·
mtnt,
c'efl-a-dire (tU produit de
la
maffe des C<>rps par
la vitelfe; au lieu que daos le fytleme oppofé, elle etl
le produir de la quantiré de mouvemcnr par la vire!Te.
Pour réd uire cene queflion
á
fon énoncé le plus lim–
pie, il s'agit de (avoir fi
la
force
d'un corps qui a une
certaine v!te!Te, devienr double ou quadruple quand fa
virelfe devient dooble. Tous le' Méchaniciens avoient
erO ju fqu'a M . L eibnitz .qu'elle étoit timplemeor dou–
ble: ce grand philofophe foOt im .le premier qn'elle étoir
quadruple;
&
il le prouvoit par le raifonnement fuivan t .
L a
force
d'u n corps nc fe peor
m~furer
que pnr tes ef–
fets
&
par les obflaclcs qu'elle luí fair vnincre. Or fi
un corps pefan r étant jecté de bas en hnu r avec une cer·
taioe vitefle monte
a
la hauteur de quinze piés, il doit,
de l'aveu de tou r le monde, momee
il
la hauteur de
6"
piés, érant jetté de bas en hau r avec une
''itelfe
double,
voyez
A e e
E'
1.
E' R A T
1o
N .
11
fair done daos
ce dernier cas quatre fois plus d'etfct,
&
fue monte qua–
ere fois plus d'obflacles: fa
force
efl done qoadruple de
la premiere. M . Jean Bernoolli,
d~ns
fo n
di[co11rs fur
In
(oiJ
áe la (OmmtmiratÍPn da rno11vemmt
,
imprimé
en